Posts Tagged ‘idylle’
Posted by arbrealettres sur 29 mars 2022

Illustration: ArbreaPhotos
BERCEUSE
Endormons-nous, petit chat noir.
Voici que j’ai mis l’éteignoir
Sur la chandelle.
Tu vas penser à des oiseaux
Sous bois, à de félins museaux…
Moi rêver d’Elle.
Nous n’avons pas pris de café,
Et, dans notre lit bien chauffé
(Qui veille pleure.)
Nous dormirons, pattes dans bras.
Pendant que tu ronronneras,
J’oublierai l’heure.
Sous tes yeux fins, appesantis,
Reluiront les oaristys
De la gouttière.
Comme chaque nuit, je croirai
La voir, qui froide a déchiré
Ma vie entière.
Et ton cauchemar sur les toits
Te dira l’horreur d’être trois
Dans une idylle.
Je subirai les yeux railleurs
De son faux cousin, et ses pleurs
De crocodile.
Si tu t’éveilles en sursaut
Griffé, mordu, tombant du haut
Du toit, moi-même
Je mourrai sous le coup félon
D’une épée au bout du bras long
Du fat qu’elle aime.
Puis, hors du lit, au matin gris,
Nous chercherons, toi, des souris
Moi, des liquides
Qui nous fassent oublier tout,
Car, au fond, l’homme et le matou
Sont bien stupides.
(Charles Cros)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Cros), aimer, appesanti, au fond, épe, éteignoir, berceuse, bois, bras, café, cauchemar, chandelle, chat, chauffer, chercher, coup, cousin, crocodile, croire, déchirer, dire, dormir, entier, fat, faux, félin, félon, fin, froid, gouttière, griffer, gris, heure, homme, horreur, idylle, liquide, lit, matin, matou, mordre, mourir, museau, noir, nuit, oaristys, oiseau, oublier, patte, penser, pleur, pleurer, railleur, rêver, reluire, ronronner, s'éveiller, s'endormir, souris, stupide, subire, sursaut, toi, toit, tomber, veiller, vie, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020

EUSSE-JE ailleurs trouvé l’amour? — le jour s’endort
A l’occident, reviens : ne t’ai-je pas menée
Où flotte le parfum suave d’un rêve mort,
Ó Berthe, ô ma Gretchen, ô ma douce Renée?
… Tes grands yeux, et ta natte ingénue, et ta voix
Rieuse et musicale en naïves répliques,
Et ta candeur céleste alors que tu m’expliques
Les pourquoi fabuleux des choses que tu vois…
Heure unique d’amour inconsciente et chaste,
Crépuscule brûlant d’un radieux été; —
Oh! l’Idylle candide et tendre que c’était,
Malgré que soit venu cet autre soir néfaste.
Assis à tes genoux, dans l’ombre où se noyait
Ta forme, j’écoutais ta voix, comme en extase :
Chaque contour naïf me semblait une phrase;
Les mots inespérés et fous, que m’envoyait
Le souffle printanier de ta lèvre mutine,
Paraissaient onduler à l’entour de ton corps :
Pour moi, couleurs et sons se confondaient, alors,
En l’ivresse d’aimer une femme enfantine…
(Francis Vielé-Griffin)
Illustration: Margarita Sikorskaia
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Posted in poésie | Tagué: (Francis Vielé-Griffin), aimer, amour, candide, contour, corps, enfantine, extase, fabuleux, femme, idylle, inespéré, ivresse, naïf, natte, onduler, réplique, revenir, s'endormir, souffle, tendre, trouver, voix, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 mai 2020

Ah ! l’idylle encore une fois
qui remonte du fond des prés
avec ses bergers naïfs
pour rien qu’une coupe embuée
où la bouche ne peut pas boire
pour rien qu’une grappe fraîche
brillant plus haut que Vénus!
(Philippe Jaccottet)
Illustration: Maurice Greiffenhagen
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Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2020

Pardonnes-tu ma jalousie en rêve
Et mon amour follement agité?
Tu m’es fidèle, alors pourquoi sans trêve
Rendre craintif mon esprit tourmenté?
Dis-moi pourquoi tu veux paraître aimable
Envers chacun de tes admirateurs,
Donner à tous, espoir invraisemblable,
Ton beau regard, triste ou plein de douceur?
Tu m’as saisi, m’as fait perdre la tête,
Asservissant mon amour malheureux,
Ne me vois-tu, seul et silencieux,
Plein de tourment, de dépit, quand s’apprête
A t’encenser tout ce monde étranger?
Pour moi, cruelle, aucun mot, aucun geste!
Veux-je m’enfuir, prêt à te supplier,
De ton regard, tu ne me dis pas: reste!
Une beauté me tient-elle un discours
A double sens, toi tu restes tranquille,
Et même gaie en blâmant cette idylle,
Et moi j’en meurs: tu parles sans amour.
Si mon rival éternel t’a surprise
A mes côtés, en tête à tête assise,
Pourquoi vient-il te saluer, narquois?
Qu’est-il pour toi? Dis-moi donc de quel droit
Devient-il blême et pris de jalousie?
Et quand vient l’heure indiscrète du soir,
Pourquoi dois-tu, seule, le recevoir,
Nue à moitié, quand ta mère est partie?
Mais je suis préféré. Seule avec moi
Tu es si tendre. Et que tu es ardente
Dans tes baisers ! Ton âme est éloquente
Quand tu me dis ton amour avec foi.
Tu crois que mes tourments, je les invente.
Mais je suis préféré: je te comprends.
Epargne-moi, s’il te plaît, toute offense:
Ne sait-tu pas que j’aime fortement,
Ne sais-tu pas qu’atroce est ma souffrance.

(Alexandre Pouchkine)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2019

Illustration
Idylle morte
Que fait donc à cette heure Rita ma douce andine
de jonc et de cape;
maintenant que m’asphyxie Byzance, et que sommeille
en moi le sang, comme un pâle cognac.
Où peuvent être ses mains qui d’un humble geste
repassaient dans le soir des blancheurs futures ;
maintenant, sous cette pluie qui m’enlève
l’envie de vivre.
Que sont devenus sa jupe de flanelle; ses
rêves; sa démarche;
sa saveur de canne à sucre d’un Mai villageois.
Elle doit être au soir sur le seuil regardant quelque nuage,
puis elle dira en tremblant : « Quel froid il fait… mon Dieu!»
et pleurera sur les tuiles un oiseau sauvage.
(César Vallejo)
Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion
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Posted by arbrealettres sur 24 août 2019

Litanies des derniers quartiers de la lune
Eucharistie
De l’Arcadie,
Qui fais de l’œil
Aux cœurs en deuil,
Ciel des idylles
Qu’on veut stériles,
Fonts baptismaux
Des blancs pierrots,
Dernier ciboire
De notre Histoire,
Vortex-nombril
Du Tout-Nihil,
Miroir et Bible
Des Impassibles,
Hôtel garni
De l’infini,
Sphinx et Joconde
Des défunts mondes,
Ô Chanaan
Du bon Néant,
Néant, La Mecque
Des bibliothèques
(Jules Laforgue)
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Posted in poésie | Tagué: (Jules Laforgue), bible, bibliothèque, ciboire, deuil, histoire, idylle, impassible, infini, Joconde, litanie, miroir, néant, oeil, Sphinx, stérile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 août 2019

Dimanches
Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve…
Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.
Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles.
Passe un pensionnat (ô pauvres chairs ! )
Plusieurs ont déjà leurs manchons d’hiver
Une qui n’a ni manchon, ni fourrures
Fait, tout en gris, une pauvre figure.
Et la voilà qui s’échappe des rangs,
Et court ! Ô mon Dieu, qu’est-ce qu’il lui prend
Et elle va se jeter dans le fleuve.
Pas un batelier, pas un chien Terr’ Neuve.
Le crépuscule vient ; le petit port
Allume ses feux. (Ah ! connu, l’décor ! )
La pluie continue à mouiller le fleuve,
Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve.
(Jules Laforgue)
Illustration: Léon Spilliaert
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Posted in poésie | Tagué: (Jules Laforgue), émouvoir, batelier, bergère, chaland, crépuscule, dimanche, feu, figure, fleuve, hiver, idylle, mouiller, pleuvoir, pluie, repos, s'échapper, se jeter, ville | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2019

AUSCHWITZ
Là-bas, à Auschwitz, loin de la Vistule,
mon amour, le long de la plaine nordique,
dans un champ de mort: froide et funèbre,
la pluie sur la rouille des poteaux
et les barbelés entortillés de l’enceinte :
ni arbre ni oiseaux dans l’air gris
ou surgissant en nous, mais l’inertie
et la douleur que laisse la mémoire
à son silence sans ironie ni colère.
Tu ne veux ni élégies, ni idylles : juste
des raisons à notre destin, ici,
toi qui t’émeus des contrastes de l’esprit,
incertaine d’une présence
claire de la vie. Et la vie est ici,
dans chaque non qui semble être une certitude :
ici nous entendrons pleurer l’ange, le monstre
et nos heures futures
parcourir l’au-delà, qui est ici, éternel
et mouvant, et n’est pas une image
de rêves, de possible pitié.
Ici les métamorphoses, les mythes.
Sans nom de symboles ni de dieu,
ils sont la chronique, les lieux de la terre,
ils sont Auschwitz, mon amour. Pareil au cher corps
d’Alphée et d’Aréthuse qui subitement
se changea en fumée d’ombre.
De cet enfer ouvert par une inscription
blanche : « Le travail vous rendra libre »
s’échappa continuellement la fumée
de milliers de femmes poussées
à l’aube hors des chenils contre le mur
du stand ou suffocant en criant
pitié avec leurs bouches
de squelettes sous les douches à gaz.
Les retrouveras-tu, soldat, dans ton
histoire en forme de fleuves, d’animaux,
ou bien es-tu toi aussi cendres d’Auschwitz,
médaille de silence ?
Il reste de longues tresses enfermées dans des urnes
de verre encore nouées par des amulettes
et les ombres infinies des petits souliers
et des écharpes hébraïques : ce sont les reliques
d’un âge de sagesse et de savoir
où l’homme connaissait la mesure des armes,
ce sont les mythes, nos métamorphoses.
Sur les plaines où l’amour, les pleurs
et la pitié pourrirent, sous la pluie,
là-bas, un non frappait au fond de nous,
un non à la mort, morte à Auschwitz,
afin que dans ce trou elle ne se relève plus
des cendres, la mort.
(Salvatore Quasimodo)
Recueil: Ouvrier de songes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: LA NERTHE
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Posted in poésie | Tagué: (Salvatore Quasimodo), amour, amulette, ange, animal, arbre, arme, Auschwitz, élégie, éternel, barbelé, cendre, certitude, champ, chenil, clair, colère, contraste, corps, crier, destin, Dieu, douche, douleur, enceinte, entortillé, esprit, femme, fleuve, frapper, froid, fumée, funèbre, gaz, idylle, image, inertie, ironie, libre, médaille, mémoire, métamorphose, monstre, mort, mur, mythe, non, oiseau, ombre, pitié, plaine, pleur, pleurer, pluie, poteau, pourrir, pousser, présence, raison, rêve, rouille, s'émouvoir, silence, soldat, squelette, suffoquer, surgir, symbole, travail, trou, urne, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 juin 2018

Aussi belle que la main de l’aimée
sur la mer.
Aussi seule.
J’écris pour vous.
La douleur est un coquillage.
On y écoute perler le cœur.
J’écris pour vous,
au seuil de l’idylle,
pour la plante aux feuilles d’eau,
aux épines de flammes,
pour la rose d’amour.
J’écris pour rien,
pour les mots luisants
que trace ma mort,
pour l’instant de vie
éternellement dû.
Aussi belle que la main de l’aimée
sur le signe.
Aussi seule.
J’écris pour tous.
Je vous écris d’un pays pesant
comme les pas du forçat,
d’une ville pareille aux autres
où les cris camouflés
se tordent dans les vitrines;
d’une chambre où les cils ont détruit,
petit à petit, le silence.
Vous êtes, destinatrice prédestinée,
ma raison d’écrire;
l’inspiratrice joyeuse du jour et de la nuit.
Vous êtes le col du cygne assoiffé d’azur.
Aussi belle que la main de l’aimée
sur les yeux.
Aussi douce.
Je vous écris avec la chair des mots accourus,
haletants et rouge.
C’est bien vous qu’ils entourent.
Je suis tous les mots qui m’habitent
et chacun d’eux vous magnifie avec ma voix.
J’ai besoin de vous pour aimer,
pour être aimé des mots qui m’élisent.
J’ai besoin de souffrir de vos griffes
afin de survivre aux blessures du poème.
Flèche et cible, alternativement.
J’ai besoin d’être à votre merci
pour me libérer de moi-même.
Les mots m’ont appris à me méfier
des objets qu’ils incarnent.
Le visage est le refuge des yeux pourchassés.
J’aspire à devenir aveugle.
Aussi belle que la main de l’aimée
sur le sourire de l’enfant.
Aussi transparente.
(Edmond Jabès)
Illustration: William-Adolphe Bouguereau
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Posted by arbrealettres sur 10 mai 2018

IDYLLE
Amour, tais-toi, mais prends ton arc ;
Car ma biche belle et sauvage,
Soir et matin, sortant du parc,
Passe toujours par ce passage.
Voici sa piste, ô la voilà !
Droit à son coeur dresse ta vire,
Et ne faux point ce beau coup-là,
Afin qu’elle n’en puisse rire.
Hélas ! qu’aveugle tu es bien !
Cruel, tu m’as frappé pour elle.
Libre elle fuit, elle n’a rien ;
Mais las ! ma blessure est mortelle.
(Jean Vauquelin de la Fresnaye)
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Vauquelin de la Fresnaye), amour, arc, aveuglé, bîche, belle, blessure, coeur, frapper, fuir, idylle, libre, mortel, passage, piste, rire, sauvage | 1 Comment »