Les gens qu’on ne regarde pas
Sont des trésors oubliés
Y avait tant de choses en toi
Et peu de gens pour les aimer
Moi je garde nos images
Que je regarde souvent
Avant de tourner la page
Faut le vouloir, finalement
Et demain
Je referai le chemin
Mes pas juste à côté des tiens
S’il n’y a que du cœur qu’on voit bien
Avant toi, je ne voyais rien
Les gens qu’on ne regarde pas
Sont des livres jamais lus
Moi j’ai vu au fond de toi
Un vieux roman qui m’a plu
Mais t’es pas parfait peut-être
Mais tout est à l’imparfait maintenant
Tu es de ceux qu’on regrette
Parfois géniale, parfois gênant
Et demain
Je referai le chemin
Mes pas juste à côté des tiens
S’il n’y a que du cœur qu’on voit bien
Avant toi, je ne voyais rien
Avant toi, j’avais pas d’horizon
J’avais l’cœur en carton
Je ne voyais que moi
Merci pour ça
Un vagabond errant
Une faille dans le vent
J’étais qu’un demi-moi
Avant toi
Avant toi
Avant toi
Avant toi
Et demain
Je referai le chemin
Mes pas juste à côté des tiens
S’il n’y a que du cœur qu’on voit bien
Avant toi, je ne voyais rien
les saisons de solitude,
tes yeux,
tes mains tristes
à ras bord d’une chanson.
Nos lieux imparfaits.
Ce corps quand les murs commencent à créer des formes
aux noms absents.
C’est un pieu dans la mer
la barricade de nos soupirs
contre l’aphonie de la tendresse.
Mondes innombrables ! Nous rêvons à eux.
Qui nous dit que leurs habitants inconnus ne songent pas à nous, eux aussi,
et que l’espace n’est pas travers par des vols de pensées
comme il l’est par les effluves de la gravitation universelle et de la lumière?
N’existe-t-il pas, entre les humanités célestes,
dont la Terre n’est qu’un modeste hameau,
une immense solidarité,
à peine pressentie par nos sens imparfaits
(Camille Flammarion)
Recueil: Astronomie des dames
Traduction:
Editions:
Le désir transparent que tout arrive dans l’éclair ;
la peur que les jambes cassent ;
l’idée d’une certaine perfection, même imparfaite, telle turquoise ;
la profondeur, toujours :
le ciel.
(Franck André Jamme)
Recueil: La récitation de l’oubli
Traduction:
Editions: Flammarion
Allons vieille imperfaite, Vieille il vous faut sortir,
Vous estes si infecte qu’on ne vous peut sentir.
Sortez à la pareille, videz ceste maison,
Branlez le fesson la vieille, branlez le fesson.
Allons vieille barbue
Qui n’avez que deux dans,
Et si estes vestue
En flle de quinze ans,
Sortez…
Allons vieille vileine,
vileine jusqu’au bout,
Vostre puante allaine
Se sent desia par tout.
Sortez…
Allons vieille inutile,
Inutile à tout bien,
A vostre oeil qui distille
Le veiller n’en vaut rien.
Sortez…
Allons vieille ridée,
Suant, puant, teton :
Ce n’est pas une idée
Que ce que nous voyons.
Sortez…
Allons vieille effroiable,
Vray remede d’amour,
Allez à tous les diables,
C’est là vostre séjour.
Sortez…
Allez vieille bossue,
Eschine à dos de lut,
Quand un endroit vous sue,
Tout le reste vous put.
Sortez…
Allons jambe tortue,
Oeil coullant, nez puant,
Orde salle et bossue,
Corps infect et puant,
Allons face vermeille,
Rouge comme un tison,
Branlez le feson.
***
Come now, imperfect old woman,
Old woman, you must go out,
You are so foul that we cannot bear you.
Get out of this house,
Shake your buttocks, old woman, shake your buttocks
Let’s go, bearded old woman,
You have only two teeth,
And if you are dressed
Like a girl of ffteen,
Get out…
Let’s go, ugly old woman,
ugly to the tips of your fngers,
Your stinking breath
Can already be smelt everywhere.
Get out…
Let’s go, useless old woman,
Useless for anything,
To your eye that distils
Watching out for it is worthless.
Get out…
Let’s go, wrinkled old woman,
Sweating stinking breast:
It is not an idea
What we see.
Get out…
Let’s go, frightful old woman,
A true remedy for love,
Go to hell,
That is your dwelling place.
Get out…
Go on, old hunchback,
Lute-backed spine,
When a place makes you sweat,
All the rest stinks.
Get out…
Let’s go, twisted leg,
Runny eye, stinking nose,
Filthy, repugnant old humpback,
Vile, stinking body,
Let’s go, crimson face,
Red as a brand,
Shake your buttocks.
***
Nun denn, Ihr abgetakelt‘ Schachtel,
Alte, Ihr müsset hier heraus,
Ihr stinkt ja so abscheulich,
Dass man Euch gar nicht riechen möcht.
Heraus nun gleich,
Leert dieses Haus,
Und rühret Euern Arsch!
Nun denn, da, olle Bärt‘ge
Die Ihr habet nur zwie Zahn‘,
Auch wenn Ihr seid gekleid‘t
Als Jungfer von fünfzehn Jahr‘n,
Heraus nun gleich,…
Nun denn, alte Scharteke,
Scharteke bis zum Ende,
Euer stinkend‘ Atemduft
Verpestet schon überall die Luft!
Heraus nun gleich,…
Nun denn, alter unnützer Besen,
Unnütz für alles hier!
Eurem tränend‘ Aug‘
Das Wachsein nicht viel taugt!
Heraus nun gleich,…
Nun denn, alter, gar falt‘ger Drachen,
Schwitzend, stinkend Busen!
Das sieht nach gar nichts aus,
Was uns hier ist vor Aug‘!
Heraus nun gleich,…
Nun denn, gar alter Trampel,
Ihr wahrlich‘ „Liebesapfel“,
Schert Euch zu allen Teufeln,
Da bleibet Ihr dann geut!
Heraus nun gleich,…
Nun fort, alte und garst‘ge Krumme,
Mit einem Buckel wie‘ne Laut‘!
Wenn ein‘ Stell ist wie verpest‘,
Dann stinket auch der Rest!
Heraus nun gleich,…
Nun denn, Bein krumm,
Aug‘ triefend, Nas‘ schniefend,
Schmutzig‘ & bucklig‘ Drecksweib,
Unsäglich‘ und elendig‘ Leib!
Nun fort, krebsrot‘ Gesicht,
Rot wie ein glühend‘ Scheit,
Rührt Euern Arsch so breit!
Une porte perd son cadre
monte d’un cran vers le ciel
la grande fenêtre la rejoint
la maison perd le toit
la terrasse se promène avec le linge qui sèche
les formes du temps changent de repères
les souvenirs s’en mêlent
le passé n’est plus simple
le futur descend l’escalier étroit
la maison loge des bribes d’imparfait
sous le dôme de l’improbable.
(Tahar Ben Jelloun)
Recueil: Que la Blessure se ferme
Editions: Gallimard