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Poésie

Posts Tagged ‘impérissable’

Ce faix voluptueux (Bhartrihari)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2023




    
Ce faix voluptueux des seins arrondis,
ces yeux tremblants,
ces lianes mobiles des sourcils
et ce frais bourgeon des lèvres
causent un trouble certain au coeur des hommes,
que le désir aveugle :
mais comment cette ligne impérissable de félicité
que le dieu aux armes de fleurs a dessinée lui-même,
comment est-il possible que ce gazon noir,
semé en son milieu,
allume encore une chaleur plus grande ?

(Bhartrihari) (VIIe siècle)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’HÔTE (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



    

L’HÔTE

J’ai découvert mon être profond, sans-mort ;
masqué par la façade mentale, immense, serein
il affronte le monde avec le regard des Immortels,
dieu-spectateur de la scène humaine.

Ni douleur ni tourment du coeur et de la chair
ne peut violer ce sanctuaire silencieux et pur.
Le danger et la peur, lévriers du Destin, rompant leur laisse
déchirent le corps et les nerfs — l’Esprit intemporel est libre.

Éveille-toi, rayon de Dieu et son témoin en ma poitrine,
dans la substance impérissable de mon âme
Hôte tout-puissant, de flamme, impénétrable.
La Mort approche et la Destinée prend son dû ;

Il entend les coups qui fracassent la maison de la Nature :
calme Il se tient, puissant et lumineux.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Lumière (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



Illustration
    
Lumière

Lumière, Lumière sans fin ! L’obscurité n’a plus de place,
les gouffres ignorants de la vie livrent leur secret :
les abysses inconscients encore insondés
s’étalent miroitants dans une vaste expectative.

Lumière, Lumière hors du temps, immuable et solitaire !
S’ouvrent les portes saintes, scellées, mystérieuses.
Lumière, Lumière qui brûle du coeur de diamant de l’Infini
et vibre en mon coeur où fleurit la rose immortelle.

Lumière ivre bondissant le long des nerfs !
Lumière, embrassement de Lumière ! Chaque cellule,
passionnée, frappée par ce muet flamboiement d’extase
conserve un sens vivant de l’Impérissable.

J’avance dans un océan de prodigieuse Lumière
joignant mes profondeurs à Ses hauteurs éternelles.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Chant Alterné (Leconte de Lisle)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021



Chant Alterné

I
Éros aux traits aigus, d’une atteinte assurée,
Dés le berceau récent m’a blessée en ses jeux;
Et depuis, le désir, cette flèche dorée,
Étincelle et frémit dans mon coeur orageux.

II
Les roses de Sâron, le muguet des collines,
N’ont jamais de mon front couronné la pâleur;
Mais j’ai la tige d’or et les odeurs divines
Et le mystique éclat de l’éternelle Fleur.

I
Plus belle qu’Artémis aux forêts d’Ortygie,
Rejetant le cothurne en dansant dénoué,
Sur les monts florissants de la sainte Phrygie
J’ai bu les vins sacrés en chantant Évohé !

II
Un esprit lumineux m’a saluée en reine.
Pâle comme le lys â l’abri du soleil,
Je parfume les coeurs; et la vierge sereine
Se voile de mon ombre à l’heure du sommeil.

Dans l’Attique sacrée aux sonores rivages,
Aux bords Ioniens où rit la volupté,
J’ai vu s’épanouir sur mes traces volages
Ta fleur étincelante et féconde, ô Beauté!

II
Les sages hésitaient ; l’âme fermait son aile ;
L’homme disait au ciel un triste et morne adieu :
rai fait germer en lui l’Espérance éternelle,
Et j’ai guidé la terre au-devant de son Dieu !

I
O coupe aux flots de miel oit s’abreuvait la terre,
Volupté ! Monde heureux plein de chants immortels !
Ta fille bien aimée, errante et solitaire,
Voit l’herbe de l’oubli croître sur ses autels.

II
Amour, amour sans tache, impérissable flamme !
L’homme a fermé son coeur, le monde est orphelin.
Ne renaitras-tu pas dans la nuit de son âme,
Aurore du seul jour qui n’ait pas de déclin?

(Leconte de Lisle)

 

 

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Chant (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



 

Chant

la beauté est un coquillage
de la mer
où elle règne triomphante
jusqu’à ce que l’amour la réduise à merci

pétoncles et
pattes de lion
sculptées sur la
musique des vagues en déroute

accents impérissables
répétés jusqu’à ce qu’
oeil et oreille se couchent
ensemble dans le même lit

***

Song

beauty is a shell
from the sea
where she rufes triumphant
till fove has had its way with her

scallops and
lion’s paws
sculptured to the
tune of retreating waves

undying accents
repeated till
the ear and the eye lie
down together in the same bed

(William Carlos Williams)

 

 

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2ème retouche à la mémoire (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2020



Duy Huynh - (66)

 

2ème retouche à la mémoire

des riens impérissables
sèment de blancs cailloux

l’ombre énorme
bat comme un coeur

(Daniel Boulanger)

Illustration: Duy Huynh

 

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Renaissance (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2020



Illustration: Nicholas Roerich

    

Renaissance

La félicité divine n’atteint pas si tôt sa plénitude en nous,
tout ne finit pas pour nous en une vie ;
il n’est pas de terme à notre esprit
ni à la joie qu’il recherche.

Nos âmes et le ciel sont d’égale stature
et de naissance immémoriale ;
impérissable semence, moule infini de la Nature,
ils ne furent point façonnés sur terre,

ni à la terre ne lèguent-ils leurs cendres,
mais en eux-mêmes ils perdurent.
Un avenir sans fin affleure sous tes paupières,
enfant d’un passé sans fin.

De vieux souvenirs nous reviennent, de vieux rêves nous submergent,
êtres disparus que nous avons connus,
fictions et portraits ; cadres insaisissables –
ils se détachent, austères et solitaires.

Tous nos espoirs, tous nos rêves, trésors du souvenir,
sont prévisions mal déchiffrées,
mais de quelle vie, de quel lieu? Seul peut le dire
qui mesura les cieux illimités.

Le Temps est une convention tenace ; avenir et présent
vivaient dans le passé ;
ils sont une même image que nos volontés complaisantes
en trois plans ont projetée.

Le passé oublié est en nous immortel,
nos naissances et la fin proche
déjà accomplies. Vers une cime, à bout de souffle,
parfois nos âmes s’élèvent,

d’où notre pensée revient fortifiée ; car en surgit
l’immense océan du Temps
dont la houle infinie s’étend devant nos yeux,
et ses sublimes symphonies ;

et parfois, levant ce voile du mental
l’esprit regarde et voit
les âges disparus dont héritent nos vies
et les siècles à venir :

il voit des royaumes labourés par les vagues refouler l’océan –
là où surgi des troubles profondeurs
se dresse maintenant Himâlaya, il voit la marche formidable
des flots mesurer la moitié du monde ;

ou bien derrière nous, la trame se dénoue
et sur ses fils nous contemplons –
courses anciennes des étoiles, lieux jadis parcourus
dans un temps dont le souvenir s’est effacé.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Dies irae (Leconte de Lisle)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2019



Dies irae

Il est un jour, une heure, où dans le chemin rude,
Courbé sous le fardeau des ans multipliés,
L’Esprit humain s’arrête, et, pris de lassitude,
Se retourne pensif vers les jours oubliés.

La vie a fatigué son attente inféconde ;
Désabusé du Dieu qui ne doit point venir,
Il sent renaître en lui la jeunesse du monde ;
Il écoute ta voix, ô sacré Souvenir !

Les astres qu’il aima, d’un rayon pacifique
Argentent dans la nuit les bois mystérieux,
Et la sainte montagne et la vallée antique
Où sous les noirs palmiers dormaient ses premiers Dieux.

Il voit la Terre libre et les verdeurs sauvages
Flotter comme un encens sur les fleuves sacrés,
Et les bleus Océans, chantant sur leurs rivages,
Vers l’inconnu divin rouler immesurés.

De la hauteur des monts, berceaux des races pures,
Au murmure des flots, au bruit des dômes verts,
Il écoute grandir, vierge encor de souillures,
La jeune Humanité sur le jeune Univers.

Bienheureux ! Il croyait la Terre impérissable,
Il entendait parler au prochain firmament,
Il n’avait point taché sa robe irréprochable ;
Dans la beauté du monde il vivait fortement.

L’éclair qui fait aimer et qui nous illumine
Le brûlait sans faiblir un siècle comme un jour ;
Et la foi confiante et la candeur divine
Veillaient au sanctuaire où rayonnait l’amour.

Pourquoi s’est-il lassé des voluptés connues ?
Pourquoi les vains labeurs et l’avenir tenté ?
Les vents ont épaissi là-haut les noires nues ;
Dans une heure d’orage ils ont tout emporté.

Les grandes visions sous les cèdres pensifs,
Et la Liberté vierge et ses cris magnanimes,
Et le débordement des transports primitifs !

L’angoisse du désir vainement nous convie :
Au livre originel qui lira désormais ?
L’homme a perdu le sens des paroles de vie :
L’esprit se tait, la lettre est morte pour jamais.

Nul n’écartera plus vers les couchants mystiques
La pourpre suspendue au devant de l’autel,
Et n’entendra passer dans les vents prophétiques
Les premiers entretiens de la Terre et du Ciel.

Les lumières d’en haut s’en vont diminuées,
L’impénétrable Nuit tombe déjà des cieux,
L’astre du vieil Ormuzd est mort sous les nuées ;
L’Orient s’est couché dans la cendre des Dieux.

L’Esprit ne descend plus sur la race choisie ;
Il ne consacre plus les Justes et les Forts.
Dans le sein desséché de l’immobile Asie
Les soleils inféconds brûlent les germes morts.

Les Ascètes, assis dans les roseaux du fleuve,
Écoutent murmurer le flot tardif et pur.
Pleurez, Contemplateurs ! votre sagesse est veuve :
Viçnou ne siège plus sur le Lotus d’azur.

L’harmonieuse Hellas, vierge aux tresses dorées,
À qui l’amour d’un monde a dressé des autels,
Gît, muette à jamais, au bord des mers sacrées,
Sur les membres divins de ses blancs Immortels.

Plus de charbon ardent sur la lèvre-prophète !
Adônaï, les vents ont emporté ta voix ;
Et le Nazaréen, pâle et baissant la tête,
Pousse un cri de détresse une dernière fois.

Figure aux cheveux roux, d’ombre et de paix voilée,
Errante au bord des lacs sous ton nimbe de feu,
Salut ! l’Humanité, dans ta tombe scellée,
Ô jeune Essénien, garde son dernier Dieu !

Et l’Occident barbare est saisi de vertige.
Les âmes sans vertu dorment d’un lourd sommeil,
Comme des arbrisseaux, viciés dans leur tige,
Qui n’ont verdi qu’un jour et n’ont vu qu’un soleil.

Et les sages, couchés sous les secrets portiques,
Regardent, possédant le calme souhaité,
Les époques d’orage et les temps pacifiques
Rouler d’un cours égal l’homme à l’Éternité.

Mais nous, nous, consumés d’une impossible envie,
En proie au mal de croire et d’aimer sans retour,
Répondez, jours nouveaux ! nous rendrez-vous la vie ?
Dites, ô jours anciens ! nous rendrez-vous l’amour ?

Où sont nos lyres d’or, d’hyacinthe fleuries,
Et l’hymne aux Dieux heureux et les vierges en choeur,
Eleusis et Délos, les jeunes Théories,
Et les poèmes saints qui jaillissent du coeur ?

Oh ! la tente au désert et sur les monts sublimes,
Où sont les Dieux promis, les formes idéales,
Les grands cultes de pourpre et de gloire vêtus,
Et dans les cieux ouvrant ses ailes triomphales
La blanche ascension des sereines Vertus ?

Les Muses, à pas lents, Mendiantes divines,
S’en vont par les cités en proie au rire amer.
Ah ! c’est assez saigner sous le bandeau d’épines,
Et pousser un sanglot sans fin comme la Mer !

Oui ! le Mal éternel est dans sa plénitude !
L’air du siècle est mauvais aux esprits ulcérés.
Salut, Oubli du monde et de la multitude !
Reprends-nous, ô Nature, entre tes bras sacrés !

Dans ta khlamyde d’or, Aube mystérieuse,
Éveille un chant d’amour au fond des bois épais !
Déroule encor, Soleil, ta robe glorieuse !
Montagne, ouvre ton sein plein d’arôme et de paix !

Soupirs majestueux des ondes apaisées,
Murmurez plus profonds en nos coeurs soucieux !
Répandez, ô forêts, vos urnes de rosées !
Ruisselle en nous, silence étincelant des cieux !

Consolez-nous enfin des espérances vaines :
La route infructueuse a blessé nos pieds nus.
Du sommet des grands caps, loin des rumeurs humaines,
Ô vents ! emportez-nous vers les Dieux inconnus !

Mais si rien ne répond dans l’immense étendue,
Que le stérile écho de l’éternel Désir,
Adieu, déserts, où l’âme ouvre une aile éperdue !
Adieu, songe sublime, impossible à saisir !

Et toi, divine Mort, où tout rentre et s’efface,
Accueille tes enfants dans ton sein étoilé ;
Affranchis-nous du temps, du nombre et de l’espace,
Et rends-nous le repos que la vie a troublé !

(Leconte de Lisle)

Illustration: Jean-Claude Forez

 

 

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Le silence (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2018



Illustration
    
Le silence

Écoute, bien-aimée : je lève la main —
Écoute ce bruit…
Quel est le geste des solitaires
que ne guettassent tant de choses ?
Écoute, bien-aimée : je ferme les paupières,
et c’est aussi un bruit qui va vers toi.
Écoute, bien-aimée : je lève les paupières…
… mais pourquoi donc n’es-tu pas là ?

Le moindre de mes mouvements
reste imprimé sur la soie du silence;
la moindre émotion reste, impérissable,
imprimée sur le rideau des horizons.
Sur mon souffle s’élèvent et s’abaissent
les étoiles.
Les parfums à ma lèvre s’abreuvent
et je reconnais les poignets
d’anges lointains.
Seule toi à qui je pense :
tu n’es pas là.

(Rainer Maria Rilke)

 

Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil

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Le Mal (Pär Lagerkvist)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2018




Peut-être le Mal a-t-il une demeure éternelle,

Une aire lointaine, désolée, inaccessible

Où l’on aspire en vain à la rédemption,

Quelque chose d’impérissable comme la lumière même

(Pär Lagerkvist)

Illustration

découvert chez Lara – lien ici

 

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