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Poésie

Posts Tagged ‘impétueux’

Août (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022



Varlam Chalamov
    
Août

Soir. Le jardin noir éclaire
Les pommes fondantes.
Comme des boucles d’oreilles
Elles pendent aux branches.

C’est l’instant de la danse
Impétueuse des feuilles,
Des rafales de vent,
Du pourpre et de l’or des cieux,
Des lacs et des herbes.

Les oiseaux tracent avec inquiétude
Au-dessus de leur nid cercle après cercle,
Et tantôt ils reviennent,
Tantôt s’éloignent vers le sud.

Lentement les nuits s’obscurcissent.
C’est toujours la touffeur.
L’été ne veut pas attendre plus,
Mais l’automne n’est pas venu.

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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C’est un aimant qui vous attire (Béatrice Bastiani-Helbig)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2022




    
C’est un aimant qui vous attire
Et qui vous fait perdre le nord,
Un amant venu vous séduire
Qui fait mouche au premier abord,

Aussi brillant que feux de rampe,
Impétueux comme un ressort,
L’espiègle génie de la lampe
Paru pour vous jeter un sort.

C’est alors un feu de broussaille
Que le mistral vient attiser,
Un incendie qui vous assaille
Que vous ne pouvez maîtriser.

C’en est fait ! C’est le coup de foudre !
Ici ! Maintenant ! Pas demain !
Vous devez tous deux vous résoudre…
Le désir exulte soudain.

Vous vous embrasez corps et âme,
Dualité faite unité,
Simplement un homme, une femme
Qui goûtez à l’éternité…

(Béatrice Bastiani-Helbig)

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LONGUE, ENDORMIE (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2021



 

Illustration: John Everett Millais
    
LONGUE, ENDORMIE

Longue, endormie comme une énigme,
dans une verte agonie sous les eaux,
longue et lente, lontaine et presque aveugle,
tant soit peu divine dans un nuage
blanc et fluide, inachevée
dans une lumière de lymphe parmi le reflet des arbres
et les petits miroirs lisses
du fond de l’eau,
longue, endormie comme une énigme,
impétueusement silencieuse,
elle traverse les images scintillantes,
traîne derrière elle les feuilles desséchées,
et s’en va recueillir les caresses immobiles
dans son visage tremblant de lune blanche.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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PAYSANNE DU VERCORS (Gabriel Cousin)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020



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PAYSANNE DU VERCORS

La pièce de terre est si pentue que la moisson se fait à fa faucille,
à genoux, poignée par poignée.
Aujourd’hui la femme est allée briser les mottes des sillons bruns.
La fatigue l’a prise là, comme un amant impétueux.
Et sur la pente, face au vide, dans le seul bruit du torrent tout en bas, elle dort.
Elle dort à même sa terre trop coriace pour être abandonnée,
trop dure pour être vendue, trop pénible pour être oubliée.
Elle dort sous le regard des faces nord encore gelées,
dans l’odeur d’étable, de silex et de sueur,
au milieu de ses jupons, comme une bête humaine.
Elle dort sous l’écriture des réacteurs
qui là-haut incisent la glace bleue du ciel, gravant leurs sillons blancs.

(Gabriel Cousin)

Illustration: Camille Pissarro

 

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LA FIN (Armand Robin)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2019




    
LA FIN

Au bout de l’effort immense,
Me voici vainement
Arbre tempétueux

Inhabile mortel appliqué,
Plus ignorant que le plus humble des miens,

Plus ancien…

(Armand Robin)

 

Recueil: Ma vie sans moi suivi de Le monde d’une voix
Traduction:
Editions: Gallimard

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Les Soeurs de Charité (Arthur Rimbaud)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2018



Illustration: Alex Alemany
    
Les Soeurs de Charité

Le jeune homme dont l’oeil est brillant, la peau brune,
Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu,
Et qu’eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
Adoré, dans la Perse, un Génie inconnu,

Impétueux avec des douceurs virginales
Et noires, fier de ses premiers entêtements,
Pareil aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales,
Qui se retournent sur des lits de diamants ;

Le jeune homme, devant les laideurs de ce monde,
Tressaille dans son coeur largement irrité,
Et plein de la blessure éternelle et profonde,
Se prend à désirer sa soeur de charité.

Mais, ô Femme, monceau d’entrailles, pitié douce,
Tu n’es jamais la Soeur de charité, jamais,
Ni regard noir, ni ventre où dort une ombre rousse,
Ni doigts légers, ni seins splendidement formés.

Aveugle irréveillée aux immenses prunelles,
Tout notre embrassement n’est qu’une question :
C’est toi qui pends à nous, porteuse de mamelles,
Nous te berçons, charmante et grave Passion.

Tes haines, tes torpeurs fixes, tes défaillances,
Et les brutalités souffertes autrefois,
Tu nous rends tout, ô Nuit pourtant sans malveillances,
Comme un excès de sang épanché tous les mois.

– Quand la femme, portée un instant, l’épouvante,
Amour, appel de vie et chanson d’action
Viennent la Muse verte et la Justice ardente
Le déchirer de leur auguste obsession.

Ah ! sans cesse altéré des splendeurs et des calmes,
Délaissé des deux Soeurs implacables, geignant
Avec tendresse après la science aux bras almes,
Il porte à la nature en fleur son front saignant.

Mais la noire alchimie et les saintes études
Répugnent au blessé, sombre savant d’orgueil ;
Il sent marcher sur lui d’atroces solitudes
Alors, et toujours beau, sans dégoût du cercueil,

Qu’il croie aux vastes fins, Rêves ou Promenades
Immenses, à travers les nuits de Vérité
Et t’appelle en son âme et ses membres malades
0 Mort mystérieuse, ô soeur de charité.

(Arthur Rimbaud)

 

Recueil: Rimbaud Cros Corbière Lautréamont Oeuvres Poétiques complètes
Traduction:
Editions: Robert Laffont

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Naguère, il y eut un jeune homme (Sôseki)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2018




    
Naguère, il y eut un jeune homme qui, après avoir laissé un poème en testament,
s’est jeté du haut d’une cascade de cent ciquante mètres, dans un torrent.

Je pense que ce jeune homme a sacrifié sa précieuse vie pour le seul mot de beauté.

Cette mort est impétueux, mais il est difficile d’expliquer le motif qui a conduit à cette mort.
Ceux qui n’en saisissent pas le sens, peuvent-ils s’en moquer ?

(Sôseki)

 

 

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JE suis venu vers toi (Francis Vielé-Griffin)

Posted by arbrealettres sur 2 juin 2018



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JE suis venu vers toi, Mer, comme vont tes fleuves
Impétueux et forts, rongeant le frein des rives,
Tes fleuves triomphants dans leurs courses déclives,
Les fleuves souriants et doux où tu t’abreuves;

Je suis venu noyer mon coeur en tes flots gris,
Mon coeur et ma pensée altière d’insurgé;
Moi dont le rêve aventureux a voyagé
Confiant vers la gloire acerbe du mépris;

Ó Mer, je suis venu vers toi, l’Insatiable,
Vers le gouffre oublieux et vers l’immense tombe,
Engloutir mon orgueil en l’abîme où retombe
La buée éphémère au mirage implacable;

Mer, prends mon coeur, avec ses rêves chers et vains,
Et mon amour futile et son ambition,
Mer, dans l’oubli passif de toute vision,
Je veux errer parmi le deuil de tes grands pins;

Car, par la plaine ensoleillée et dans l’ivresse,
J’ai marché, radieux de gloire anticipée;
Mer d’oubli, sois le but de ma folle équipée :
Voici que sombre au large un soleil en détresse…

(Francis Vielé-Griffin)

 
Illustration: ArbreaPhotos

 

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C’est l’instant qui est éternel (Piero Bigongiari)

Posted by arbrealettres sur 14 mai 2018



 

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C’est l’instant qui est éternel

C’est l’instant qui est éternel : il n’a de fin
qu’hors de lui ; et en lui explosent
et les signes et les songes, de ce qui n’est pas
le temps dont l’auréole déjà s’atténue.

Le vent qui s’est fait impétueux
fond et le feu et la cendre, il tisse
dans son contre-instant le plus sec
son repos désormais impossible.

Je suis là, lui hurles-tu, je suis là
les nids sont pleins de déplumés
qui guettent leurs ailes à l’éclair
des tempêtes. C’est ce qui reste de moi

de ces instants fatals d’une fête
renfermé dans ses immortels numéros.
Le pied déjà, ne foule plus les traces
de sa dernière mue.

Tout est sommeil, jusqu’au bonheur
Dans cette métamorphose des formes
dans leur ultime réalité — qui sait ?

(Piero Bigongiari)

Illustration: Jeanie Tomanek

 

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L’Inspiration (Louise Colet)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2017



Illustration: Michael Putz-Richard 
    
L’Inspiration

Ah ! lorsque débordait ainsi la poésie,
Torrent impétueux, brûlante frénésie,
Dans mon âme vibraient d’indicibles accords ;
Comme sous l’ouragan bat la vague marine,
Sous la muse mon cœur battait dans ma poitrine,
Mais ma lyre jamais n’égalait mes transports !…
Par l’inspiration je restais oppressée,
Comme la Druidesse au sommet du Dolmen ;
J’implorais, pour donner un corps à ma pensée
Ton langage éthéré, musique, écho d’Eden !

Il est des sentiments, mystérieux, intimes.
Qu’aucun mot ne peut rendre, et que toi seule exprimes ;
Ces rêves, incompris du monde où nous passons,
Ces extases d’amour, d’un cœur qui vient de naître,
Alors, j’aurais voulu, pour les foire connaître,
Moduler sous mes doigts de séraphiques sons !

J’aurais voulu, penchée à la harpe sonore,
Répandre autour de moi l’âme qui me dévore,
Dans des flots d’harmonie aux anges dérobés !
Oui, j’aurais voulu voir, quand mon âme est émue,
Tous les cœurs palpitants, d’une foule inconnue,
Sous mes accents divins demeurer absorbés !

Vains désirs ! jeune aiglon, on a coupé mes ailes,
On a ravi mon vol aux sphères éternelles,
Pour me faire marcher ici-bas en rampant !
Si la Muse, parfois, vient visiter ma route,
Mon chant meurt sans écho, personne ne l’écoute ;
Et l’hymne inachevée en larmes se répand !

(Louise Colet)

 

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