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Poésie

Posts Tagged ‘incliner’

Je pense à toi (Salih Diyab)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023



Illustration: Amedeo Modigliani
    
Je pense à toi
sur mon chemin
pour trouver la maison
pour voyager tranquille
vers le soir
et arriver indemne
au matin

en passant
la longue file des jours
aux cous inclinés tels des
portraits de Modigliani
je traverse midi
où la désolation
est un olivier luisant

chaque fois que je ferme
mes yeux sur ton odeur
je vois la petite main
de la rose
mes pensées bleuissent
deviennent cerfs-volants
mon coeur divague
plus qu’une fenêtre

j’ouvre la porte
j’entre doucement
pour que ton sommeil se promène
à la manière d’un ange

***

(Salih Diyab)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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S’il était inéluctable pour moi (Mundhr Masri)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2023



    

S’il était inéluctable pour moi

S’il était inéluctable pour moi
de choisir un dieu
à adorer et à servir
le dieu de ma grand-mère
celui qu’elle envoyait pour m’accompagner
où que j’aille
celui à qui elle confiait de me surveiller où que je sois
serait mon dieu.

Il m’arriva d’adorer le feu autrefois
il m’arriva d’adorer une idole
autrefois j’adorais un chef
autrefois j’adorais une femme
autrefois
je n’adorais personne
puis je n’ai pas trouvé d’autre échappatoire que
d’incliner ma tête
quand ma grand-mère m’a dit :
il vaut mieux
que tu remettes ta vie
entre les mains de dieu
plutôt qu’entre les mains
des hommes.

Le dieu de ma grand-mère est mon dieu

***

(Mundhr Masri)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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NOËL (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



 


    
NOËL

Comme si je n’avais jamais vécu dans cette maison
qui, libérée des meubles lourds,
essaye à présent de garder l’équilibre.
Pareille à une louve qui soudain s’est retrouvée
dans une clairière, je tourne en rond
autour du sapin de Noël
incliné au milieu du salon vide.
Deux louveteaux posent en silence
leurs museaux dans la neige
et regardent les pommes sèches
et les guirlandes parmi les branches.
Mais la lumière qui rayonne de leurs yeux
lave tous les îlots boueux dans le courant
de la Voie lactée
et nous entrons avec des chaussures propres
dans une autre année.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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Une nuit dans la montagne (Chang Jian)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Une nuit dans la montagne

Posé à même la montagne inclinée,
Je suis l’errance d’une barque fragile,
Dont l’écho rappelle ma destinée.
Elle flotte, légère, sur les flots lourds,
Et fuit mon regard dans l’ampleur du ciel.
Le soleil s’épuise alors dans l’horizon
Et ma vue entre soudain dans le demi-jour d’une lumière indécise.
Un dernier rayon considère encore la cime des arbres
Et la pointe des roches chenues.
Tandis que le lac se teinte d’encre noire,
Des nuages rouges témoignent encore de l’astre défunt.
L’ombre des îles, plus noire encore
Se détache des eaux assoupies
Qui reflètent un instant le souvenir du jour ;
Mais déjà l’obscurité pèse sur les bois et les collines,
Et le trait confus du rivage
Se trouble dans mon regard impuissant.

La nuit vient, l’air est vif ;
Le souffle du nord crie implacable
Et pousse les cormorans vers la rive.
Ils attendront l’aurore entre les roseaux.
La lune coquette se montre sur les eaux lisses.
Je prends mon luth
Et accompagne ma solitude.
Mes doigts caressent les cordes en sanglots ;
Le chant disperse au loin ses accords.
Le temps s’envole ;
Un frisson de rosée me rappelle à l’heure tardive.

(Chang Jian)

(VIIIe siècle)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Pourquoi (Guido Gezelle)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022



 

Pourquoi, pourquoi, triste saule,
debout au bord du ruisseau,
laisser jusqu’à ses épaules
descendre tes longs rameaux… ?
Est-ce l’amour qui te presse
d’incliner ton feuillage, est-ce
de ta mère les genoux…

(Guido Gezelle)

 

 

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GRAAL (Gil Jouana)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022



Illustration: Alice de Miramon
    
GRAAL

Je voudrais retourner là-bas,
Où chaque geste portait charge utile,
Où mentir ne venait pas au jour,
là-bas, où je sais bien que tu m’attends,
les yeux couverts de nuages
que le matin oublie chaque jour
un peu plus de balayer.

Je voudrais, quand la chaleur
retourne se cacher entre les céréales
et que l’horizon lance son dernier cri d’orgueil,
arriver par le versant de ton sommeil
où tu tisses le suaire de ta patience,
et voir par la fenêtre
ton visage incliné sur nos souvenirs,
et te tendre la main
comme si j’étais seulement allé
te cueillir un bouquet.

Mais je ne sais plus où fleurit ce
là-bas, ni même si jamais tu existas.

(Gil Jouana)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Vent qui souffle (Sôseki)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2021




    
Vent qui souffle
Sur les pétales diaphanes
Incline le coquelicot

(Sôseki)

 

Recueil: Haïkus
Traduction: Elisabeth Suetsugu
Editions: Philippe Picquier

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La fille de joie (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2021



Je l’ai vue les seins presque nus
Sur les trottoirs de la ville
Les lèvres peintes
Les cils charbonnés
Avec des bas longs
Comme un chagrin d’enfant
Et des jarretelles roses
Comme des bonbons acidulés
La fille de joie
Au regard triste
Je l’ai reconnue
Elle a voulu se cacher
Mais elle m’a souri
Je n’ai pas osé lui parler
Mais j’ai incliné la tête.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

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Veni, vidi, vixi (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2021



Illustration: Désiré François Laugée
    
Veni, vidi, vixi

J’ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs
Je marche, sans trouver de bras qui me secourent,
Puisque je ris à peine aux enfants qui m’entourent,
Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs ;

Puisqu’au printemps, quand Dieu met la nature en fête,
J’assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour ;
Puisque je suis à l’heure où l’homme fuit le jour,
Hélas ! et sent de tout la tristesse secrète ;

Puisque l’espoir serein dans mon âme est vaincu ;
Puisqu’en cette saison des parfums et des roses,
Ô ma fille ! j’aspire à l’ombre où tu reposes,
Puisque mon coeur est mort, j’ai bien assez vécu.

Je n’ai pas refusé ma tâche sur la terre.
Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici.
J’ai vécu souriant, toujours plus adouci,
Debout, mais incliné du côté du mystère.

J’ai fait ce que j’ai pu ; j’ai servi, j’ai veillé,
Et j’ai vu bien souvent qu’on riait de ma peine.
Je me suis étonné d’être un objet de haine,
Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé.

Dans ce bagne terrestre où ne s’ouvre aucune aile,
Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains,
Morne, épuisé, raillé par les forçats humains,
J’ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle.

Maintenant, mon regard ne s’ouvre qu’à demi ;
Je ne me tourne plus même quand on me nomme ;
Je suis plein de stupeur et d’ennui, comme un homme
Qui se lève avant l’aube et qui n’a pas dormi.

Je ne daigne plus même, en ma sombre paresse,
Répondre à l’envieux dont la bouche me nuit.
Ô Seigneur, ! ouvrez-moi les portes de la nuit,
Afin que je m’en aille et que je disparaisse !

(Victor Hugo)

 

Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus

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Le chat et le miroir (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
Le chat et le miroir

Philosophes hardis, qui passez votre vie
À vouloir expliquer ce qu’on n’explique pas,
Daignez écouter, je vous prie,
Ce trait du plus sage des chats.
Sur une table de toilette
Ce chat aperçut un miroir ;
Il y saute, regarde, et d’abord pense voir
Un de ses frères qui le guette.
Notre chat veut le joindre, il se trouve arrêté.
Surpris, il juge alors la glace transparente,
Et passe de l’autre côté,
Ne trouve rien, revient, et le chat se présente.
Il réfléchit un peu : de peur que l’animal,
Tandis qu’il fait le tour, ne sorte,
Sur le haut du miroir il se met à cheval,
Deux pattes par ici, deux par là ; de la sorte
Partout il pourra le saisir.
Alors, croyant bien le tenir,
Doucement vers la glace il incline la tête,
Aperçoit une oreille, et puis deux… à l’instant,
À droite, à gauche il va jetant
Sa griffe qu’il tient toute prête :
Mais il perd l’équilibre, il tombe et n’a rien pris.
Alors, sans davantage attendre,
Sans chercher plus longtemps ce qu’il ne peut
Comprendre,
Il laisse le miroir et retourne aux souris :
Que m’importe, dit-il, de percer ce mystère ?
Une chose que notre esprit,
Après un long travail, n’entend ni ne saisit,
Ne nous est jamais nécessaire.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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