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Poésie

Posts Tagged ‘inhumain’

Sonnet III (Louise Labé)

Posted by arbrealettres sur 28 juin 2022



Illustration: Domenico Ghirlandaio

Louise Labé
    
Sonnet III

Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !

Ô cruautés, ô duretés inhumaines,
Piteux regards des célestes lumières,
Du cœur transi ô passions premières,
Estimez-vous croître encore mes peines ?

Qu’encor Amour sur moi son arc essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu’il se dépite, et pis qu’il pourra fasse :

Car je suis tant navrée en toutes parts
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour m’empirer, ne pourrait trouver place.

(Louise Labé)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Oeuvres poétiques
Traduction:
Editions: Gallimard

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La brebis et le chien (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2020




    
La brebis et le chien

La brebis et le chien, de tous les temps amis,
Se racontaient un jour leur vie infortunée.
Ah ! Disait la brebis, je pleure et je frémis
Quand je songe aux malheurs de notre destinée.
Toi, l’esclave de l’homme, adorant des ingrats,
Toujours soumis, tendre et fidèle,
Tu reçois, pour prix de ton zèle,
Des coups et souvent le trépas.
Moi, qui tous les ans les habille,
Qui leur donne du lait, et qui fume leurs champs,
Je vois chaque matin quelqu’un de ma famille
Assassiné par ces méchants.
Leurs confrères les loups dévorent ce qui reste.
Victimes de ces inhumains,
Travailler pour eux seuls, et mourir par leurs mains,
Voilà notre destin funeste !
Il est vrai, dit le chien : mais crois-tu plus heureux
Les auteurs de notre misère ?
Va, ma sœur, il vaut encor mieux
Souffrir le mal que de le faire.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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DIEU (Thór Stefánsson)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2020



Illustration: Tineke Storteboom
    
DIEU

La plupart du temps
l’homme conduit son navire
entre le brisant et la vague
sans trop d’effort
comme si son expérience
l’avait focalisé sur le pilotage automatique
de la raison,
de la tolérance et de l’amour humains.

Mais parfois, c’est comme si
une main invisible et inhumaine
débranchait le pilotage automatique
et conduisait le navire délibérément
droit sur la falaise et faisait exploser la montagne
avec les habitants du pays
et l’équipage du navire
dans un déchaînement de violence incontrôlable.

Cette main se réclame
le plus souvent
de Dieu.

***

GOD

Most of the time,
man steers his ship
by the middle course
without much difficulty,
as if his experience
had put it on automatic pilot
of human reason,
tolerance, and love.

But sometimes it‘s like
an invisible, inhuman hand
disconnects the automatic pilot
and steers the ship deliberately
right onto the rocks and blows up the mountain
with the people of the country
along with the crew of the ship
in an uncontrollable outburst of rage.

Most of the time,
the hand misuses
the name of God.

***

GOD

Meestal
stuurt de mens zijn vaartuig
zonder al te veel moeite
tussen klip en golf
alsof zijn ervaring
hem op automatische besturing van de rede,
van de tolerantie en van de menselijke liefde heeft gezet.

Maar soms is het alsof
een onzichtbare en onmenselijke hand
de stuurautomaat heeft uitgeschakeld
en opzettelijk het schip
recht op de klif afstuurt en de berg opblaast
met de bewoners van dat land
en de bemanning van het schip
in een uitbarsting van oncontroleerbaar geweld.

Die hand misbruikt
heel dikwijls
de naam van God.

***

BÓG

Przez większość czasu
człowiek steruje swoim okrętem
kursem środkowym
bez wielkich trudności,
jak gdyby jego doświadczenie
podłączyło go do automatycznego pilota
ludzkiego rozumu,
tolerancji i miłości.

Ale czasami bywa, że
niewidzialna, nieludzka dłoń
odłącza automatycznego pilota
i prowadzi okręt z premedytacją
wprost na skały, roznosi górę
z ludem krainy
i załogą okrętu
w niepohamowanym wybuchu furii.

Przez większość czasu
ta dłoń nadużywa
imienia Boga.

***

GOTT

Die meiste Zeit
steuert der Mensch sein Schiff
ohne allzu viel Mühe
zwischen Klippe und Wellen
als könne seine Erfahrung
sich auf den Autopiloten der Vernunft,
der Toleranz und der menschlichen Liebe verlassen.

Aber manchmal ist es so, als ob
eine unsichtbare, unmenschliche Hand
den Autopiloten abschaltet,
das Schiff absichtlich direkt
auf die Klippe steuert, den Berg sprengt,
mitsamt den Bewohnern des Landes
und der Besatzung des Schiffes,
in einem Ausbruch unkontrollierbarer Gewalt.

Diese Hand nennt sich
in den meisten Fällen
Gott.

***

***

ΘΕΟΣ

Συχνά ο άνθρωπος στο μέσο δρόμο
οδηγεί το πλοίο του
και δίχως δυσκολία
αυτόματος πιλότος οδηγούμενος
απ’ το λογικό, υπομονή κι αγάπη.

Κι άλλες φορές ένα αόρατο χέρι
αποσυνδέει τον αυτόματο πιλότο
και κατευθύνει το πλοίο του
στα βράχια και στο βουνό να εκτιναχτεί
μ’ όλον τον πληθυσμό του τόπου
και με το πλήρωμα
σε πανικό αλλοπρόσαλο.

Τις πιο πολλές φορές
όλα τα κάνει στ’ όνομα
του Θεού.

***

DIO

Il più delle volte,
l‘uomo conduce la nave
dritta per le sue rotte
senza troppe difficoltà,
come se la sua esperienza
avesse messo il pilota automatico
dell‘umana ragione,
tolleranza, e amore.

Ma a volte è come se
un‘invisibile mano, disumana,
disconnettesse il pilota automatico
e guidasse la nave deliberamente
dritta contro le rocce e facesse saltare i contrafforti
con gli abitanti della terra
insiema all‘equipaggio della nave
in un‘incontrollabile esplosione di rabbia.

Il più delle volte,
la mano fa cattivo uso
del nome di Dio.

***

DIOS

Muchas veces
el hombre conduce su barco
entre el escollo y la ola
sin gran esfuerzo
como si su experiencia
la hubiese puesto en el piloto automático
de la razón, de la tolerancia y del amor humano.

Pero a veces, es como
si una mano invisible e inhumana
desconectase el piloto automático
conduciendo la nave deliberadamente
directa al acantilado y reventando la montaña
con los habitantes del país
y la tripulación de la nave
en un estallido de violencia incontrolable.

Esa mano abusa
tantas veces
del nombre de Dios.

***

DUMNEZEU

Ades își potrivește omul
cursul corăbiei
fără strădanii ocolind
prăpăstii și talazuri.
Îndemânarea-i vine parcă
de la pilotul automat al dreptei judecate,
ce-l ocrotește cu nespusă bunătate.

Se mai întâmplă însă uneori
să întrerupă din senin o mână
contactul cu automatul milostiv.
Atunci zadarnic se-opintește
bietul cârmaci, căci stânca nemiloasă
atrage barca și scufundă
țărmuri și barcagii deopotrivă
pe veci împreunați în aprigă furtună.

Mâinii adesea i se pune
unul și-același nume
Dumnezeu.

***

上 帝
大多数时候
人通过不很费力
的中间航线
驾驶他的航船
好像他的经历
已经装上了
人类的理性、 宽容
和爱的自动驾驶仪。
但有时它就像
一只看不见、非人道的手
断开这自动驾驶仪
带着这个国家的居民
带着这船上的船员
在无法控制的怒火中
而故意把船开到
岩石上和撞爆高山。
大多数时候
这只手用
上帝的名义。

***

神の名で

ほとんどの時間
人は海の中道を歩み、 たやすく 舵を取る
経験が豊かなので
まるで自動操縦みたいに
それは人の理性と 忍耐
そして愛の力によって
しかし時には
目に見えない人間でない
何者かの手によって
自動操縦は解かれ
船は故意に岩に乗り上げ
山を打ち砕く
その国の人々と乗組員とともに
激しい怒りの爆発によって
たいていは人の手は
神の名を悪用するのだ

***

***

(Thór Stefánsson)

 

Recueil: ITHACA 618
Traduction: Français Thor Stefánsson – Nicole Barrière / Anglais Stanley Barkan / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka / Allemand Wolfgang Klinck / Russe Daria Mishueva / Grec Manolis Aligizakis / Italien Luca Benassi / Espagnol Rafael Carcelén / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Chinois William Zhou / Japonais Naoshi Koriyama / Arabe Sarah Silt / Persan Sepideh Zamani /Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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COMPTINE DES CIVILISATIONS (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2019




    
COMPTINE DES CIVILISATIONS

Pigeon vole voici voilà
voici la veuve voilée
harpe des douleurs
fleurie et transpercée
Vierge ou Niobé.

Voici voilà en la arena
le taureau qui s’est arrêté
il ne sera pas mis à mort
le public le torero
dans un verre d’eau se sont noyés.

Pigeon hibou vautour vole
vol à l’immensité
un fémur renversé
un osselet de pierre
pour prier pour siffler.

Le Sphinx Janus Uranus
je ne sais quels dieux trouvés
abandonnés oubliés
inconnus mais révérés.

Les ruines l’ossuaire
civilisations éteintes
les cités imaginaires
inhumaine vérité
bien au-delà de la Terre
s’endorment dans les stellaires
monastères ministères
cimetières.

Poussière poussière
poussière lumière
désert étoilé.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard

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QUAND M’ACCOMPAGNE (Umberto Saba)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019




    
QUAND M’ACCOMPAGNE

Quand m’accompagne la pensée
de toi dans cette nuit où je me réfugie,
parfois, loin des horreurs du jour — m’étreint
figé comme statue une telle douceur.

Puis je me lève et reprends mon chemin.
De moi se sont éloignées la jeunesse et la gloire.
Autre souci des autres me sépare.
Mais la pensée de toi, que tu vis, me console
de tout. Tendresse immense,
comme inhumaine…

***

QUANDO IL PENSIERO

Quando il pensiero di te mi accompagna
nel buffo, dove a volte dagli orrori
mi rifugio del giorno, per dolcezza
immobile mi tiene come statua.

Poi mi levo, riprendo la mia vita.
Tutto è lontano da me, giovanezza,
gloria; altra cura dagli altri mi strana.
Ma quel pensiero di te, che tu vivi,
mi consola di tutto. Oh tenerezza
immensa, quasi disumana!

(Umberto Saba)

 

Recueil: Comme on cherche un trésor
Traduction: Franc Ducros
Editions: La Dogana

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Ô Vous (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 8 septembre 2018




    
Ô Vous par qui la vie est peine
Et mal, et mort, je crois très bas
À la Bonté haute, inhumaine,
Terrible, qu’on ne comprend pas.

(Marie Noël)

 

Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Traduction:
Editions: Gallimard

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De l’espace (Alda Merini)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2018



 Illustration: Pascal Renoux
    
De l’espace, je veux de l’espace, tant d’espace
où me mouvoir, blessée, avec une douceur infinie
je veux de l’espace pour chanter, croître
errer, sauter le fossé
de la sagesse divine.
De l’espace, donnez-moi de l’espace
que je pousse un cri inhumain
ce cri de silence que pendant si longtemps
j’ai touché du doigt

(Alda Merini)

 

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LES BOUTONS DE ROSE (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2018



 

Illustration: Cornelis van Haarlem
    
LES BOUTONS DE ROSE

Je vois deux boutons de rose
Près d’éclore sur ton sein;
Mon Eglé, permets que j’ose
Les caresser de ma main.
Eh quoi ! ta vigueur s’oppose
A mon amoureux dessein !

Mais ta résistance est vaine !
Tu veux me favoriser !
Je veux, ma belle inhumaine,
Les couvrir d’un long baiser…
Rends-toi, je suis hors d’haleine,
L’amour doit m’autoriser !

Je suis heureux, je les touche.
Oh ! moment tant souhaité !
Je vais y coller ma bouche
En dépit de ta fierté…
Ciel ! une épingle farouche
Trouble mon activité !

De mon mal, tu ris, mutine !
Mais je ne m’en fâche pas…
Même accident, j’imagine,
Serait moins rare ici-bas,
Si la rose sans épine
N’offrait que peu d’appas !

(Anonyme)

 

Recueil: Poètes du Baiser
Editions: Société des Éditions LOUIS-MICHAUD

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C’ÉTAIT LE SOIR, ET NOS PEAUX SE TOUCHAIENT (Attila József)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2018



Illustration: Omar Ortiz    
    
C’ÉTAIT LE SOIR, ET NOS PEAUX SE TOUCHAIENT

C’était le soir. Tombant du ciel d’été.
De fous désirs, ardents comme une flamme,
Intimement m’ont visité.
Ma peau touchait ta peau de femme.
Toute ma vie, alors, pulsait
Sur le petit espace
Où ta peau, soudain, à ma peau se fiançait.

Je le sais à présent, c’est toi qu’il me fallait,
Que je cherchais, lorsque ma raison fit surface.
Vous, lointains inhumains,
Ô vous ! petites fleurs à la fine corolle,
— Aux fins dessins,
Entendez-vous de son doux giron la parole ?
Elle est pour moi trop lourde assurément :
La totalité de la femme!
Telle une abeille bourdonnant,
Dès lors, de tout mon coeur bruissant,
Lanceur de comètes, je clame:

Que sont auprès de toi le vignoble au soleil,
Le céleste animal au pelage d’aurore
Empli de fraîcheur dès l’éveil
Ou bien encore
Le bercement matinal des buissons
Sur les coteaux intacts aux tendres mamelons !
Des baisers de la femme
Bouillonne sous ta peau
Toute la gamme.
Souvent j’ai peur, car nous formons un écheveau
Inextricable ! Et s’il me reste quelques fibres
Qui semblent libres,
Tu t’en saisis. Ô combien nous nous désirons !
Mais si c’est même amour que tous deux respirons,
Je le vis tel un roc dessous lequel j’enrage
Et toi comme un coussin plus léger que nuage.

(Attila József)

 

Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus

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BRÈCHE (Paul Auster)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2018



 

BRÈCHE

La pulsation d’une pierre
dans l’air blanc que je respirerai,

une pierre,
lancée par-delà la respiration,
comme ce pouvoir d’en finir avec
les pierres.

La perfection
et l’accélération du manque, ranimée
par la soif de sang
que tu étanches dans la pitié. L’inhumain
air blanc.

Partout où
je me dénie
le monde s’ouvre,

s’ouvre
et te fait place
pour que tu vives.

(Paul Auster)

Illustration: Andrej Gorenkov

 

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