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Oh! comme tu es bien changée (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2023



Maram al-Masri
    
Oh! comme tu es bien changée
je ne te reconnais plus

Est-ce toi Maram?

Maram la sirène de Lattaquié
la fiancée de la mer
la fleur de Damas
la rose du désert?

Ton sourire est sans larmes
tes yeux portent des histoires
des déceptions
où sont passés l’odeur de l’innocence
et l’éclat de tes lèvres?

Sur mon visage ont passé
les baisers, le soleil, les vents
et les mains

Le temps y a posé
la robe froissée de son voyage.

(Maram al-Masri)

Recueil: La robe froissée
Editions: Bruno Doucey

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«ON AIME REVENIR AU CHEMIN DE L’ENFANCE» (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023



Illustration: Céline Roussin
    
«ON AIME REVENIR AU CHEMIN DE L’ENFANCE»

On aime revenir, quand le temps a passé
Au chemin de l’enfance où l’on voudrait revivre
Les jours pleins d’innocence où le cœur a laissé
Avec son plus beau chant, l’âme d’un espoir ivre…
— Cherche à le retrouver tu sentiras, que rien
N’est plus jamais semblable à l’image adorée.
L’inexorable a fui tandis que, déjà, vient
L’heure de tout quitter à l’ombre mordorée.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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Nul ne guérit de son enfance (Jean Ferrat)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




    
Nul ne guérit de son enfance

Sans que je puisse m’en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière me fait sauter sur ses genoux
Mes parents, l’été, les vacances, mes frères et sœurs faisant les fous
J’ai dans la bouche l’innocence des confitures du mois d’août

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Les napperons et les ombrelles qu’on ouvrait à l’heure du thé
Pour rafraichir les demoiselles roses dans leurs robes d’été
Et moi le nez dans leurs dentelles, je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles, l’odeur troublante de l’amour

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Le vent violent de l’histoire allait disperser à vau-l’eau
Notre jeunesse dérisoire, changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer, l’image d’un père évanoui
Qui disparut avec la guerre, renaît d’une force inouie

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Celui qui vient à disparaître, pourquoi l’a-t-on quitté des yeux ?
On fait un signe à la fenêtre sans savoir que c’est un adieu
Chacun de nous a son histoire et dans notre cœur à l’affût
Le va-et-vient de la mémoire ouvre et déchire ce qu’il fût

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Belle cruelle et tendre enfance, aujourd’hui c’est à tes genoux
Que j’en retrouve l’innocence au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras, ouvre ton âme, que j’en savoure en toi le goût
Mon amour frais, mon amour femme
Le bonheur d’être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance
Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance.

(Jean Ferrat)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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Mon enfance (Monique Serf)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




Illustration
    
Mon enfance

J’ai eu tort, je suis revenue dans cette ville au loin perdue
Où j’avais passé mon enfance
J’ai eu tort, j’ai voulu revoir le coteau où glissait le soir
Bleu et gris, ombres de silence
Et j’ai retrouvé comme avant
Longtemps après
Le coteau, l’arbre se dressant
Comme au passé

J’ai marché les tempes brûlantes
Croyant étouffer sous mes pas
Les voies du passé qui nous hantent
Et reviennent sonner le glas
Et je me suis couchée sous l’arbre
Et c’était les mêmes odeurs
Et j’ai laissé couler mes pleurs
Mes pleurs

J’ai mis mon dos nu à l’écorce, l’arbre m’a redonné des forces
Tout comme au temps de mon enfance
Et longtemps j’ai fermé les yeux, je crois que j’ai prié un peu
Je retrouvais mon innocence
Avant que le soir ne se pose
J’ai voulu voir
La maison fleurie sous les roses
J’ai voulu voir
Le jardin où nos cris d’enfants
Jaillissaient comme source claire
Jean-claude et Régine et puis Jean
Tout redevenait comme hier
Le parfum lourd des sauges rouges
Les dahlias fauves dans l’allée
Le puits, tout, j’ai tout retrouvé
Hélas

La guerre nous avait jeté là, d’autres furent moins heureux je crois
Au temps joli de leur enfance
La guerre nous avait jeté là, nous vivions comme hors-la-loi
Et j’aimais cela quand j’y pense
Oh mes printemps, oh mes soleils, oh mes folles années perdues
Oh mes quinze ans, oh mes merveilles
Que j’ai mal d’être revenue
Oh les noix fraîches de septembre
Et l’odeur des mûres écrasées
C’est fou, tout, j’ai tout retrouvé
Hélas

Il ne faut jamais revenir aux temps cachés des souvenirs
Du temps béni de son enfance
Car parmi tous les souvenirs, ceux de l’enfance sont les pires
Ceux de l’enfance nous déchirent
Oh ma très chérie, oh ma mère, où êtes-vous donc aujourd’hui?
Vous dormez au chaud de la terre
Et moi je suis venue ici
Pour y retrouver votre rire
Vos colères et votre jeunesse
Et je reste seule avec ma détresse
Hélas

Pourquoi suis-je donc revenue et seule au détour de ces rues
J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche
Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie
Et ne dort jamais mon enfance?

(Monique Serf)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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PÊCHER EN FLEUR (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2023




    
PÊCHER EN FLEUR

Le pêcher sous les fleurs explose,
Toutes ne viendront pas à fruit,
Lumineuse écume de roses
Sur l’azur où la nue s’enfuit.

Fleurs aussi montent mes pensées,
Cent par jour… Laisse-les fleurir,
Laisse, le fruit de ces journées,
C’est le secret de l’avenir.

Il faut des fleurs en abondance.
Innocence et jeux ont leur droit,
Sinon pour nous, ce monde étroit
Serait vide de jouissance.

***

VOLL BLÜTEN

Voll Blüten steht der Pfirsischbaum,
Nicht jede wird zur Frucht,
Sie schimmern hell wie Rosenschaum
Durch Blau und Wolkenflucht.

Wie Blüten gehn Gedanken auf,
Hundert an jeden Tag —
Laß blühen ! laß dem Ding den Lauf !
Frag nicht nach dem Ertrag !

Es muß auch Spiel und Unschuld sein
Und Blütenüberfluß,
Sonst wär die Welt uns viel zu klein
Und Leben kein Genuß.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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ART DU VOYAGE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023



    

ART DU VOYAGE

Voyager sans but plaît à la jeunesse,
Mais l’âge en venant m’affadit ce goût
Et je ne pars plus sans savoir pour où,
Sans qu’un but précis, un désir me presse.

Hélas, pour celui qui suit un dessein,
Voyager n’a plus la douceur première
Dont étincelait forêt ou rivière
A chaque nouveau détour du chemin.

Pour rendre à l’instant la fraîche innocence
Que n’occulte plus quelque astre rêvé,
Voyager doit être un art retrouvé :

Du vaste univers partager la danse
Et vers un lointain longtemps cultivé,
Même sans bouger, rester en partance.

***

REISEKUNST

Wandern ohne Ziel ist Jugendlust,
Mit der Jugend ist sie mir erblichen ;
Seither bin ich nur vom Ort gewichen,
War ein Ziel und Wille mir bewußt.

Doch dem Blick, der nur das Ziel erfliegt,
Bleibt des Wanderns Süße ungenossen,
Wald und Strom und aller Glanz verschlossen,
Der an allen Wegen wartend liegt.

Weiter muß ich nun das Wandern lernen,
Daß des Augenblicks unschuldiger Schein
Nicht erblasse vor ersehnten Sternen.

Das ist Reisekunst : im Weltenreihn
Mitzufliehn und nach geliebten Fernen
Auch im Rasten unterwegs zu sein.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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RETOUCHE A LA SEIZIÈME ANNÉE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



 

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RETOUCHE A LA SEIZIÈME ANNÉE

Au pré de l’innocence
la ruche tes cheveux
et mes yeux tes abeilles

(Daniel Boulanger)

Illustration: Véronique Dubois

 

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Je n’ai jamais écrit qu’ainsi (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



Illustration: Nupur Choudhary
    
Je n’ai jamais écrit qu’ainsi : porté par plus léger que moi, dans les bras
— non pas de l’ange — mais de la vie passante, de l’étincelante rumeur de vivre.
Il faut du temps pour atteindre à l’innocence du jour.

Il faut du temps pour parvenir à la simplicité d’une langue.
Il faut du temps pour apprendre,
et plus encore de temps pour rire de ce qu’on vient d’apprendre.

Rire de son savoir comme de son ignorance.
Rire comme le printemps dans les yeux,
comme l’enfance dans la voix,
comme la pluie dans les livres.

Car il pleut dans les livres.
Une pluie fine glisse sur les pages, tombe sur le coeur.
Dans ce livre la pluie chantait au bout de mes doigts,
tambourinait sur le papier, rafraîchissait la chambre.

Dans ce livre la pluie portait le nom d’une femme,
éclairante dans sa voix, juste dans son coeur : Nella. Nella Bielski

(Christian Bobin)

 

Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana

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Toutes les fleurs se ruent vers nous (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Toutes les fleurs se ruent vers nous
en nous léguant de leur vivant
leur couleur et leur innocence.
Les contempler mène à la vie parfaite

(Christian Bobin)

 

 

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Il y a un chemin, une possibilité de chemin (Michel Houellebecq)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2022



 

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Il y a un chemin, une possibilité de chemin
Et il y a également un signe
Qui est donné à certains,
Mais certains sont indignes.

Entre les fleurs du canapé
Mes yeux se frayaient un chemin
Je renonce à me disculper,
Il y a l’oeil et puis la main.

La possibilité de vivre
Commence dans le regard de l’autre
Tes yeux m’aspirent et je m’enivre,
Je me sens lavé de mes fautes.

La délivrance, je sens venir la délivrance
Et la vie libre, où se tient-elle ?
Certaines minutes sont vraiment belles,
Je reconnais mon innocence.

(Michel Houellebecq)

Illustration: Sarolta Bán

 

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