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Poésie

Posts Tagged ‘inquiet’

Amour (Michel Ange)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023



Michel Ange 
    
Amour , si tu veux que je brûle et souffre encore sous tes lois,
rends-moi ce jeune âge où, libre de tout frein,
je me livrais aveuglément à tes feux ;
rends-moi cette angélique beauté
dont la perte a privé la nature de tous ses charmes ;

Rends-moi ce besoin inquiet de porter çà et là
mes pas devenus si tardifs sous le poids des ans ;
rends enfin à mes yeux leurs larmes ,
à mon sein le feu qui l’embrasait.

Mais s’il est vrai que tu vives de pleurs,
de ces pleurs doux et amers que versent les mortels ,
qu’attends-tu désormais d’un vieillard défaillant ?

Il est temps que mon âme, prête à passer sur l’autre rive ,
soit accessible aux traits d’un autre amour,
et brûle d’un feu plus noble que le tien.

(Michel Ange)

 

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Sous la sérénité d’une fenêtre ouverte (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2022




    
Sous la sérénité d’une fenêtre ouverte
un matin avec le froid
le coeur bat
inquiet de ne pouvoir tout contenir
un ciel avec nuages
une rumeur de vie violente
le roulement des mondes dans le loin
et des mains vers soi qui viennent
pour donner corps à la beauté
la concrète beauté
où toute peur un instant s’absout

être dans le pli d’un instant
où se joignent
le plein et l’abîme
comme au seuil d’une clarté
qui donne sur sa nuit forestière

la sensation
exubérante
d’une espérance
d’un appui idéal
entre deux néants

sous la sérénité d’une fenêtre ouverte

(Jean-Pierre Siméon)

 

Recueil: Là où dansent les Éphémères 108 poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Surpris mais pas inquiet (Alain Borer)

Posted by arbrealettres sur 17 décembre 2022




    
Surpris mais pas inquiet
par le flash du poème
un dieu se cache derrière sa main
doigts écartés

(Alain Borer)

 

Recueil: Là où dansent les Éphémères 108 poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Il y a ce matin (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022



Il y a ce matin sur les arbres, les murs et dans le ciel,
une lumière si tendre qu’elle semble s’adresser aux morts plus qu’à nous
– à moins que ce ne soient les morts qui nous l’envoient,
comme on écrit une lettre rassurante à des parents un peu inquiets.

(Christian Bobin)

Illustration

 

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Sensations (Hippolyte Taine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Sensations

Des cils roides et longs, antennes hérissées,
Font sentinelle autour de son nez frémissant ;
Et le plus léger bruit qui le frôle en passant
Élargit sur son front ses oreilles dressées.

Quand la nuit a brouillé les formes effacées,
Il voit ; le monde noir à son regard perçant
Ouvre ses profondeurs ; il distingue, il pressent ;
Ses sens plus acérés aiguisent ses pensées.

Des craquements de feu courent sur son poil roux ;
Tout le long de sa moelle un tressaillement doux
Conduit l’émotion en son âme inquiète.

Les poils de son museau vibrent à l’unisson,
Et sa queue éloquente a le divin frisson,
Comme une lyre l’or aux mains d’un grand poète.

(Hippolyte Taine)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Le Pays (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Le Pays

C’est un petit pays qui se cache parmi
ses bois et ses collines;
il est paisible, il va sa vie
sans se presser sous ses noyers;
il a de beaux vergers et de beaux champs de blé
des champs de trèfle et de luzerne,
roses et jaunes dans les prés,
par grands carrés mal arrangés;
il monte vers les bois, il s’abandonne aux pentes
vers les vallons étroits où coulent des ruisseaux
et, la nuit, leurs musiques d’eau
sont là comme un autre silence.

Son ciel est dans les yeux de ses femmes,
la voix des fontaines dans leur voix;
on garde de sa terre aux gros souliers qu’on a
pour s’en aller dans la campagne;
on s’égare aux sentiers qui ne vont nulle part
et d’où le lac paraît, la montagne, les neiges
et le miroitement des vagues;
et, quand on s’en revient, le village est blotti,
autour de son église,
parmi l’espace d’ombre où hésite et retombe
la cloche inquiète du couvre-feu.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

 

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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Les difficultés essentielles (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2021



 

Monsieur mes ses chaussettes
Monsieur les lui retire.

Monsieur met sa culotte
Monsieur la lui déchire.

Monsieur met sa chemise
Monsieur met ses bretelles
Monsieur met son veston
Monsieur met ses chaussures:
au fur et à mesures
Monsieur les fait valser.

Quand Monsieur se promène
Monsieur reste au logis

quand Monsieur est ici
Monsieur n’est jamais là

quand Monsieur fait l’amour
Monsieur fait pénitence

s’il prononce un discours
il garde le silence,

s’il part pour la forêt
c’est qu’il s’installe en ville,

lorsqu’il reste tranquille
c’est qu’il est inquiet

il dort quand il s’éveille
il pleure quand il rit

au lever du soleil
voici venir la nuit;

Vrai! c’est vertigineux
de le voir coup sur coup
tantôt seul tantôt deux
levé couché levé
debout assis debout!

Il ôte son chapeau
il remet son chapeau
chapeau pas de chapeau
pas de chapeau chapeau
et jamais de repos.

(Jean Tardieu)

 

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Vers où ? (Claude Vigée)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2021




    
Vers où ?

Esprits inquiets, jetés par un vent de folie
dans le noir tourbillon des jours indifférents,
vers qui va notre cri,
jusqu’où vaguent nos corps errants
promis depuis toujours aux feux de l’agonie,
papillons affolés voltigeant dans la nuit ?

(Claude Vigée)

Recueil:
Traduction:
Editions:

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YGGDRASIL (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



    
YGGDRASIL*

Je suis né d’un songe de la terre
rêvant qu’elle s’unissait au ciel.

J’ai grandi dans l’ombre inquiète de racines
toujours assoiffées d’obscur.

Et j’ai fleuri dans l’allégresse de la sève
et l’offertoire des frondaisons.

Je suis l’axe du monde,
vivant défi des temps carbonifères.

L’alliance de l’ombre et de l’éclair,
le tremplin des orages,

l’esprit des sources
et des souffles.

Je suis le sommeil et l’éveil,
le silence et la symphonie.
Je suis l’oratoire des astres,
et mes feuillages s’impatientent
des apocalypses à venir.

J’abrite en mes branches
l’aspic et l’alouette,
l’ogre et l’océanide,
le singe et la sylphide,
le ver et la vestale.

J’abrite l’hier des fauves,
les présent des oiseaux
et le demain des hommes.

J’abrite le nid des anges
et les couvées du ciel.

Je suis l’axe du monde.

        
*Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains
au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre.
Il abritait en ses racines les divinités du destin,
en ses branches toute l’humanité
et en son sommeil le palais des dieux.

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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LES OIES INQUIETES (Gaston Couté)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2020



Illustration: Christiane Marette
    
LES OIES INQUIETES

Les oies qui traînent dans le bourg
Ainsi que des commères grasses
Colportant les potins du jour,
En troupeaux inquiets s’amassent.
Un gros jars qui marche devant
Allonge le cou dans la brume
Et frissonne au souffle du vent
De Noël qui gonfle ses plumes…

Noël ! Noël !
Est-ce au ciel
Neige folle
Qui dégringole,
Ou fin duvet d’oie
Qui vole.

Leur petit œil rond hébété
A beau s’ouvrir sans trop comprendre
Sur la très blanche immensité
D’où le bon Noël va descendre,
A la tournure du ciel froid,
Aux allures des gens qui causent,
Les oies sentent, pleines d’effroi,
Qu’il doit se passer quelque chose.

Les flocons pâles de Noël
– Papillons de l’Hiver qui trône –
Comme des présages cruels
S’agitent devant leur bec jaune,
Et, sous leur plume, un frisson court
Qui, jusque dans leur chair se coule.
L’heure n’est guère aux calembours,
Mais les oies ont la chair de poule.

Crrr !… De grands cris montent parmi
L’aube de Noël qui rougeoie
Comme une Saint-Barthélemy
Ensanglantée du sang des oies ;
Et, maintenant qu’aux poulaillers
Les hommes ont fini leurs crimes,
Les femmes sur leurs devanciers
Dépouillent les corps des victimes.

(Gaston Couté)

 

 

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