Posts Tagged ‘insecte’
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

POUR VIVRE ICI
I
Je fis un feu, l’azur m’ayant abandonné,
Un feu pour être son ami,
Un feu pour m’introduire dans la nuit d’hiver,
Un feu pour vivre mieux.
Je lui donnai ce que le jour m’avait donné :
Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,
Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés,
Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.
Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,
Au seul parfum de leur chaleur;
J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée,
Comme un mort je n’avais qu’un unique élément.
II
Le mur de la fenêtre saigne
La nuit ne quitte plus ma chambre
Mes yeux pourraient voir dans le noir
S’ils ne se heurtaient à des ruines
Le seul espace libre est au fond de mon coeur
Est-ce l’espace intime de la mort
Ou celui de ma fuite
Une aile retirée blessée l’a parcouru
Par ma faiblesse tout entier il est cerné
Durerai-je prendrai-je l’aube
Je n’ai à perdre qu’un seul jour
Pour ne plus même voir la nuit
La nuit ne s’ouvre que sur moi
Je suis le rivage et la clé
De la vie incertaine.
III
La lune enfouie les coqs grattent leur crête
Une goutte de feu se pose sur l’eau froide
Et chante le dernier cantique de la brume
Pour mieux voir la terre
Deux arbres de feu emplissent mes yeux
Les dernières larmes dispersées
Deux arbres de feu me rendent la vie
Deux arbres nus
Nu le cri que je pousse
Terre
Terre vivante dans mon coeur
Toute distance conjurée
Le nouveau rythme de moi-même
perpétuel
Froid plein d’ardeur froid plein d’étoiles
Et l’automne éphémère et le froid consumé
Le printemps dévoué premier reflet du temps
L’été de grâce par le coeur héros sans ombres
Je suis sur terre et tout s’accommode du feu.
IV
Autour des mains la perfection
Mains pâles à déchirer le sang
Jusqu’à ce que le sang s’émousse
Et murmure un air idéal
Autour de tes mains la nature
Compose ses charmes égaux
À ta fenêtre
Aucun autre paysage
Que le matin toujours
Toujours le jour au torse de vainqueur
La jeunesse comblant la chair
En caressant un peu la terre
Terre et trésor sont mêlés
En écartant quelques brins d’herbe
Tes mains découvrent le soleil
Et lui font de nouveaux berceaux.
V
Aucun homme n’est invisible
Aucun homme n’est plus oublié en lui-même
Aucune ombre n’est transparente
Je vois des hommes là où il n’y a que moi
Mes soucis sont brisés par des rires légers
J’entends des mots très doux croiser ma voix sérieuse
Mes yeux soutiennent un réseau de regards purs
Nous passons la montagne et la mer difficiles
Les arbres fous s’opposent à ma main jurée
Les animaux errants m’offrent leur vie en miettes
Qu’importe mon image s’est multipliée
Qu’importe la nature et ses miroirs voilés
Qu’importe le ciel vide je ne suis pas seul.
(Paul Éluard)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Éluard)mer, abandonner, aile, ami, azur, chair, chaleur, champ, charmé, ciel, clé, cri, découvrir, distance, fête, fenêtre, feu, flamme, fleur, forêt, herbe, heurter, hiver, ici, idéal, image, insecte, jeunesse, larme, miroir, montagne, multiplié, murmurer, nature, nu, nuit, parfum, perdre, perpétuel, réseau, regard, rivage, ruine, s'émousser, saigner, soleil, souci, terre, vainqueur, vide, vigne, vivre, voile, voir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022

Illustration: Catherine Ernst
L’ÉVENTAIL DES SOURCES
Chacune a ses qualités
sa couleur et son débit
son odeur et sa saveur
ses vertus médicinales
ses gargouillis et murmures
ses insectes et fougères
son genre d’inspiration
(Michel Butor)
Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari
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Posted in poésie | Tagué: (Michel Butor), éventail, couleur, débit, fougère, gargouillis, genre, insecte, inspiration, médicinal, murmuré, odeur, qualité, saveur, source | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
La cigale
La voix de la cigale a résonné du côté de la route occidentale ;
Elle jette dans une rêverie profonde l’hôte qui porte une coiffe du sud.
Comment supporterais-je patiemment la vue de ce frêle insecte,
Qui vient, tout près de ma tête blanche, répéter son chant douloureux !
La rosée, trop lourde pour ses ailes, appesantit sa marche, et l’empêche de prendre son vol
Le vent, qui souffle avec violence, emporte ses cris étouffés.
Les hommes ne veulent pas croire à ce qu’il y a de pur et d’élevé dans le secret de son existence
Puis-je espérer qu’il s’en trouve un, pour faire connaître à tous ce que renferme mon coeur
(Luo Binwang)
(milieu du VIIe-début du VIIIe siècle)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Luo Binwang), aile, appesantir, élève, étouffer, blanc, côte, chant, cigale, coeur, coiffe, connaître, cri, croire, douloureux, empêcher, espérer, existence, frêle, hôte, homme, insecte, jeter, lourd, marche, occidental, patient, porter, près, prendre, profond, pur, répéter, résonner, rêverie, renfermer, rosée, route, secret, souffler, sud, supporter, tête, trouver, venir, vent, violence, voix, vol, vouloir, vue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

[…]
Le mal appellera toujours le mal
Il y aura toujours plus d’enfants que de pères et de mères
Ici l’orage gronde
Je dis adieu aux insectes et aux dieux
J’écoute en silence le cri transparent des étoiles
Et chaque pas de plus vers l’exil
M’éloigne et m’éloignera chaque jour davantage
Jusqu’à ce que j’atteigne
L’ultime refuge en moi
Plus profond que moi-même
***

(Radovan Pavlovski)
Adaptation de Jean-Pierre Spilmont
d’après une traduction de Konstantin Plevnès
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Radovan Pavlovski), adieu, appeler, atteindre, écouter, étoile, cri, davantage, Dieu, enfant, exil, gronder, insecte, mal, mère, moi-même, orage, pas, père, plus, profond, refuge, s'éloigner, silence, transparent, ultime | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2022

PAYSAGE DE L’ENFANT ALLANT CHEZ LES REGENTS
Ce grand silence liquide
habitant les tonneaux,
ces minuscules insectes
s’essayant en vain à dévorer la peau des vierges,
les charrons buvant près du chardon bleu,
les frelons fabriquant leur miel blanc,
l’abeille distillant son miel blond,
les chaudrons fulgurants
que l’on frotte de cendre mouillée,
les bruits de fin d’orage,
l’âcre fumée
de la mauvaise herbe brûlée
en tas dans les jardins à buis
et le portrait d’un roi
au mur de la cuisine
et l’argile et le plâtre
dans les royaumes humides,
tout est Courrier d’une impossible aurore ;
voilà qu’elle est déjà tout en haut de la côte
la veuve
qui conduit par la main jusqu’au lointain collège
l’enfant à tignasse rouge.
(Jean Follain)
Illustration: Georges Paul François Laurent Laugée
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), abeille, argile, aurore, charron, collège, dévorer, distiller, enfant, frelon, fulgurant, insecte, jardin, liquide, miel, paysage, plâtre, roi, rouge, royaume, silence, tignasse, tonneau, veuve, vierge | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022

PRES DE L’EAU
Avant que l’eau ne bouille tristement
elle tressaille en son étendue
dans le soir de couleur
et mains et vêtements
de celle qui la surveille
et timbre de sa voix
sont juste ceux des pauvres
tels qu’en image on les figure
dans les paysages de neige.
Derrière le papier de tenture
l’insecte pourtant meurt réfugié
la terre tourne et reverdit
dehors à la clarté dernière
on démolit de vieilles murailles
qu’entourent ronces et ciguës
de lourds chapelets de pierres tombent
des chevaux se cabrent et hennissent
pour peupler de bruits l’univers.
(Jean Follain)
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Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022
Je te convie à la topaze,
à la niche
de la pierre jaune,
ses abeilles,
au miel gelé
de la topaze,
son jour d’or,
la famille
de la tranquillité réverbérante :
Il s’agit d’une église
minuscule, établie dans une fleur,
comme une abeille, comme
la contexture du soleil, feuille d’automne
de la plus jaune profondeur,
de l’arbre incendié
foudre à foudre, éclair à corolle,
insecte, miel, automne
se sont transformés en sel du soleil:
ce miel-là, ce frisson du monde,
ce blé du ciel
ont été travaillés pour se changer enfin
en soleil tranquille, en topaze pâle.
(Pablo Neruda)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022
Illustration: Kitty Crowther
COMPTINE D’ÉTÉ
à réciter sous le soleil avec un choeur d’insectes
L’été, je chasse les mots autant que les mouches bleues.
Et s’ils reviennent silencieux me tourner autour de la main,
je les écris aussitôt pour en avoir fini avec le chatouillis de leurs pattes de mouche.
(Carl Norac)
Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse
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Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022

le ciel comme un enfant monte en haut des arbres
l’eau devenue senteur
traverse
les fleurs de Rome s’appellent Danaë dans le lit
le bruit de Rome dans les cimes
oscillantes
ivres insectes tonnelles des cris
et le soleil mis en sacs légers ici
et là
la peau s’irrite
beauté d’arbre comme un cheval musclé sur la mare
plus loin l’école de danse des jeunes pommiers
(Michel Deguy)
Illustration: Gustav klimt
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Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022
Mais moi, vapeur, forme de neige,
souffle de soi-même excédé,
Vais-je rompre le sortilège
de ma vaine mobilité?
J’étais aveugle – on me délivre –
Sourde – je découvre ma voix
mes yeux, pour la première fois,
savent l’envol d’un insecte ivre.
(Robert Ganzo)
Illustration: Michel Ogier
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