Posts Tagged ‘insensible’
Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022

Le Bon Ménager
(conte)
Un campagnard bon ménager,
Trouvant que son cheval faisait trop de dépense,
Entreprit, quelle extravagance !
De l’instruire à ne point manger.
« Que ne peut, disait-il, une soigneuse étude ?
Retranchons à diverses fois,
D’abord une poignée, et puis deux et puis trois ;
Par une insensible habitude,
L’animal trop gourmand viendra sans doute à bout
De ne plus rien manger du tout. »
Charmé d’une pensée et si rare et si fine,
Petit à petit il réduit
Sa bête à jeûner jour et nuit.
Fier d’un si beau succès il bénit sa lésine ;
Il croit, plein d’allégresse, avoir atteint son but.
Mais courte l’allégresse fut ;
Bientôt, de cruelle famine,
L’étique palefroi mourut.
Le campagnard surpris au désespoir se livre :
« Quel malheur, dit-il, est le mien !
Mon cheval justement, hélas ! cesse de vivre,
Dans le temps qu’il sait l’art de ne manger plus rien. »
(Bernard De La Monnoye)
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Posted in poésie | Tagué: (Bernard De La Monnoye), allégresse, animal, art, atteindre, à bout, étique, étude, bénir, but, campagnard, cesser, charmer, cheval, croire, cruel, dépense, désespoir, entreprendre, extravagance, famine, fier, fin, gourmand, habitude, hélas, insensible, instruire, justement, malheur, manger, ménager, mourir, palefroi, pensée, petit à petit, poignée, rare, réduire, retrancher, sans doute, savoir, se livrer, soigneux, succès, trouver, venir, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2022

L’ONDINE
Une ondine voguait dans la baie azurée,
Par la pleine lune éclairée.
Elle lançait au ciel, pour effleurer la lune,
L’écume d’argent des lagunes.
On voyait dans les eaux, tremblante palpiter
La nuée à l’éclat reflété.
Et l’ondine chantait sa chanson qui captive
Les humains écoutant sur la rive.
Et l’ondine chantait: «Dans mon sombre séjour
Luit un pâle reflet du jour.
On y voit des troupeaux de poissons d’or errants,
On y voit des palais transparents.
Et là sur le grand banc de sable au fond des eaux,
A l’abri de touffus roseaux,
Dort un fier chevalier, des vagues le butin
Apporté d’un pays lointain.
Dans le calme des nuits, pour nous c’est une joie
Que de peigner ses cheveux de soie.
Sur son front, sur sa bouche, immuablement froids,
Nous l’avons embrassé maintes fois.
Mais nos ardents baisers n’ont pu le remuer,
Il demeure froid et muet.
Sa tête sur mon sein retombe, en se penchant,
Il reste insensible à mon chant.»
Telle était la chanson plaintive de l’ondine,
Au-dessus de la vague argentine.
On voyait dans les eaux, tremblante palpiter
La nuée à l’éclat reflété.
(Michel Lermontov)
Recueil: Michel Lermontov Poèmes
Traduction: Igor Astrow
Editions: Du Tricorne
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Posted in poésie | Tagué: (Michel Lermontov), abri, apporter, ardent, arge, argent, au-desus, azuré, éclairer, éclat, écouter, écume, baie, baiser, banc, bouche, butin, calme, captiver, chanson, chanter, chevalier, cheveux, ciel, eau, effleurer, embrasser, errer, fier, fond, froid, front, humain, immuable, insensible, joie, jour, lagune, lancer, lointain, luire, lune, muet, nuée, nuit, ondine, or, palais, palpiter, pays, pâle, peigner, plaintif, pleine lune, poisson, refléter, reflet, remuer, retomber, rive, roseau, sable, séjour, se pencher, sein, soie, sombre, tête, tin, touffu, transparent, trembler, troupeau, vague, voguer, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2021

Vois comme sur la vaste rivière,
Portés par les eaux réveillées,
Vers l’immense infini de la mer,
Les blocs de glace voguent d’affilée.
Qu’ils s’irisent au soleil éclatant,
Ou bien la nuit, dans les ténèbres,
Tous, fondant inexorablement,
Ils voguent vers un même terme.
Tous ensemble, petits et grands,
Perdant la forme qu’ils avaient jadis
Tous, insensibles et indifférents,
S’en vont rejoindre les fatals abysses.
Ô toi, mirage de notre esprit,
Toi, notre petit
Moi humain,
N’est-ce point là le sens de ta vie,
N’est-ce point là ton vrai destin ?
(Fiodor Tiouttchev)
Recueil: POÈMES
Traduction: traduit du russe par Sophie Benech
Editions: Interférences
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Posted in poésie | Tagué: (Fiodor Tiouttchev), abysse, affilée, éclater, bloc, destin, eau, ensemble, esprit, fatal, fondre, forme, glace, grand, humain, immense, indifférent, inexorable, infini, insensible, iriser, jadis, mer, mirage, nuit, perdre, petit, porter, réveiller, rejoindre, rivière, sens, soleil, ténèbres, terme, vaste, vie, voguer, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2020

Attendez le prochain bateau
Belle, sous la mauvaise étoile,
Un soir, une dame à vapeurs,
Sur le pont d’un bateau à voiles
Soupirait pour un voyageur.
Mais insensible aux vœux d’un cœur
Il aimait une dame à voile
Au bord d’un navire à vapeur.
Oh! Demoiselles fragiles,
Coquettes des miroirs d’eau,
Voici le port, voici l’île,
Attendez le prochain bateau.
Plus tard, devenue dame à voile,
À bord d’un navire à vapeur,
Elle revit ce voyageur
Blanchi aux feux de son étoile.
Mais il avait perdu son cœur
Sur le pont d’un bateau à voiles
Aux pieds d’une dame à vapeurs.
Oh! Demoiselles fragiles,
Coquettes des miroirs d’eau,
Voici le port, voici l’île,
Attendez le prochain bateau.
(Louise de Vilmorin)
Illustration: Claude Théberge
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Posted in humour, poésie | Tagué: (Louise de Vilmorin), aimer, attendre, étoile, île, bateau, belle, coeur, dame, demoiselle, feu, fragile, insensible, navire, perdre, port, revoir, soupirer, voyageur | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 mai 2020

L’amour et la mort
Regardez-les passer, ces couples éphémères !
Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment,
Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
Font le même serment :
Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
Avec étonnement entendent prononcer,
Et qu’osent répéter des lèvres qui pâlissent
Et qui vont se glacer.
Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse
Qu’un élan d’espérance arrache à votre coeur,
Vain défi qu’au néant vous jetez, dans l’ivresse
D’un instant de bonheur ?
Amants, autour de vous une voix inflexible
Crie à tout ce qui naît : „ Aime et meurs ici-bas !
La mort est implacable et le ciel insensible ;
Vous n’échapperez pas.
Eh bien ! puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure,
Forts de ce même amour dont vous vous enivrez
Et perdus dans le sein de l’immense Nature
Aimez donc, et mourez !
[…]
(Louise Ackermann)
Illustration: Alexander Daniloff
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Posted in poésie | Tagué: (Louise Ackermann), amour, arracher, éphémère, étonnement, bonheur, cieux, coeur, couple, enivrer, enlacé, espérance, fort, inflexible, insensible, ivresse, lèvres, mort, nature, pâlir, poussière, promesse, prononcer, se glacer, sein, serment, trouble, vieillir | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019

BLASON DÉDORÉ DE MES RÊVES
Je suis fils de mes origines
J’en ai les rides les ravines
Le sang léger la sève épaisse
Les sommets flous les caves sombres
La rosée et la rouille
Je m’équilibre et je chavire
Comme les couches de terrain
Et je m’étale et je me traîne
Je brûle et je gèle à jamais
Et je suis insensible
Car mes sens engloutissent
La chute et l’ascension
La fleur et sa racine
Le ver et son cocon
Le diamant et la mine
L’œil et son horizon
(René Char)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (René Char), ascension, blason, brûler, cave, chavirer, chute, diamant, engloutir, fils, flou, geler, horizon, insensible, oeil, origine, ravine, rêve, ride, rosée, rouille, s'équilibrer, sang, sève, sombre, sommet, terrain, ver | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2019
![Danny Quirk g31 [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/07/danny-quirk-g31-1280x768.jpg?w=591&h=865)
Mon corps est transparent
Et je regarde vivre ma vie
Que mon coeur chronomètre
Mais cela est trop effrayant
Je ne puis regarder ainsi tout l’hiver
J’aperçois le point de fuite
Puisque mon corps est transparent
Je vais passer au travers
Mais les musiciens où sont-ils
A quoi peut penser la feuille qui tombe
Elle qui fut si verte
Et habituée à dominer
Elle doit penser que nous allons marcher sur elle
Et son arbre comme il doit avoir de la peine
Que le méchant lui enlève ainsi une à une toutes ses feuilles
Les arbres ont donné bien des filles à l’automne
Tout au long de leur si longue vie
Que de piteux concubinages
Que de chagrin doit s’amasser au fond de leur vieux coeur
Mais on ne s’aperçoit de rien
L’arbre paraît insensible quand le vieux lui prend ses filles
Et les feuilles tombent en tournoyant aimablement
Elles finissent sur une figure de ballet
En vérité
Les feuilles savent mieux tomber que nous
(Pierre-Albert Birot)
Illustration: Danny Quirk
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Posted in poésie | Tagué: (Pierre Albert-Birot), ballet, chronomètre, coeur, concubinage, corps, dominer, effrayant, feuille, fille, hiver, insensible, marcher, musicien, prendre, tomber, transparent, vert, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2019
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Posted in méditations | Tagué: (Walt Whitman), être, coquille, forme, insensible | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 avril 2019

LES SONGES DE L’INANIMÉ
Le vagabond des millions d’années
l’Inanimé
s’efforce Il monte il trébuche à travers
le va-et-vient l’affiche lumineuse
des nuits et des jours.
ll s’approche il monte, l »Inanimé, le vagabond,
il heurte de son bâton
les bords du chemin éboulé
ll peine il gémit il s’efforce
d’être un jour ce qu’il rêve,
de prendre vie.,
de troquer l’insensible contre la douleur
d’échanger l’innombrable
contre l’unique,
contre un destin.
Futur empereur future idole
le caillou vagabond
limé couturé par l’embrun
veut gravir les degrés prendre figure
faire éclore sur sa face camuse
une bête qui brame
un philosophe qui bougonne
un saint qui se tait
un dieu qui souffre et qui meurt
(Jean Tardieu)
Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Tardieu), affiche, ébouler, échanger, éclore, bâton, bête, bord, bougonner, bramer, caillou, chemin, couturer, destin, Dieu, douleur, embrun, empereur, gémir, gravir, heurter, idole, inanimé, innombrable, insensible, limer, lumineux, monter, mourir, peiner, philosophe, rêver, s'efforcer, saint, se taire, songe, souffrir, trébucher, troquer, unique, va-et-vient, vagabond, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2018

Dans la terre torride, une plante exotique
Penchante, résignée : éclos hors de saison
Deux boutons fléchissaient, d’un air grave et mystique ;
La sève n’était plus pour elle qu’un poison.
Et je sentais pourtant de la fleur accablée
S’évaporer l’effluve âcre d’un parfum lourd,
Mes artères battaient, ma poitrine troublée
Haletait, mon regard se voilait, j’étais sourd.
Dans la chambre, autre fleur, une femme très pâle,
Les mains lasses, la tête appuyée aux coussins :
Elle s’abandonnait : un insensible râle
Soulevait tristement la langueur de ses seins.
(Remy de Gourmont)
Illustration: Diego Dayer
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