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Poésie

Posts Tagged ‘insignifiant’

Est maintenant (Georges Perros)

Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2018



Illustration    
    
est maintenant comme si
je ne vous avais jamais connues
jeunes filles insignifiantes
qui remettraient en croix Jésus
c’est comme si jamais
je n’avais touché vos lèvres
au point d’en avoir envie
de vous prendre toute, toutes.
Je vous regarde avec la stupeur
d’un qui serait mort et
ressusciterait parmi vous,
non pour vous.
Mon désir arde en moi
mais n’a plus d’avenir
et vous me regardez en riant
comme il y a longtemps
mais ce n’est plus le même rire
mais ce n’est plus le même temps.

(Georges Perros)

 

Recueil: J’habite près de mon SILENCE et 27 autres poèmes
Traduction:
Editions: Finitude

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Chaque matin, je me prépare à exister (Dominique Sampiero)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2018



Chaque matin,
je me prépare à exister
et je n’arrive
qu’à cette pauvre présence
d’arbre foudroyé,
de flaque plus ou moins vivante
selon les averses.

Dieu n’est rien,
rien d’autre que Dieu,
le dire est un supplice.
L’essence du miracle est sa durée
et la forme qu’il manifeste
dans l’insignifiant.

(Dominique Sampiero)

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Il ne faut pas travailler tout le temps (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



Illustration: René Baumer
    
Il ne faut pas travailler tout le temps.
Il faut prendre des temps,
prendre son temps.

Il faut digérer. Oui.
C’est dans la digestion des connaissances
que réside le talent.

L’essentiel est de n’avoir pas de minutes vulgaires ou insignifiantes.
Ennuyez-vous.

Car ce jour-là vous prendrez un porte-plume et un papier
et vous ferez peut-être un chef-d’oeuvre.
Tout est dans la qualité de l’ennui.

Aimer les mots. Aimer un mot.
Le répéter, s’en gargariser.
Comme un peintre aime une ligne,
une forme, une couleur.

Autour d’un mot se coagule une phrase, un vers, une strophe, une idée.
Ah ! quel beau mode d’extériorisation !
Et extérioriser, c’est tout!

Sans doute par la quantité d’idées, de sentiments qui se sont incendiés pour la produire
ou bien parce qu’elle s’attache à un pivot qui n’est pas en vous.

Je crois que les œuvres très extériorisées sont très rares.
Le style c’est d’extérioriser!

(Max Jacob)

 

Recueil: Conseils à un jeune poète
Traduction:
Editions: Gallimard

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Un arrosoir (Hugo von Hofmannsthal)

Posted by arbrealettres sur 26 mai 2018



Un arrosoir, une herse à l’abandon dans un champ,
un chien au soleil, un cimetière misérable,
un infirme, une petite maison de paysan,
tout cela peut devenir le réceptacle de mes révélations.

Chacun de ces objets, et mille autres semblables
dont un oeil ordinaire se détourne avec une indifférence évidente,
peut prendre pour moi soudain, en un moment qu’il n’est nullement en mon pouvoir de provoquer,
un caractère sublime et si émouvant,
que tous les mots, pour le traduire, me paraissent trop pauvres
[..]

Cherche, parmi tous ces objets misérables et grossiers de la vie paysanne,
celui, posé ou appuyé et n’attirant point l’oeil,
dont la forme insignifiante, dont la nature muette
peut devenir la source de ce ravissement énigmatique, silencieux, sans limite.

(Hugo von Hofmannsthal)

Illustration: Patrick Martin

 

 

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Il y a quelque chose (Roger Quesnoy)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



Il y a quelque chose
et on l’atteint parfois par des riens,
des insignifiants considérables.

(Roger Quesnoy)

 

 

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La bibliothèque (Alexàndra Galanou)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2018




    
La bibliothèque

Des livres réconciliés
jusqu’à l’asphyxie
s’entretiennent sans bruit
avec le pendule du mur.

Des pages
en attente
accompagnent ce qui écoute
le silence habitant des nuits.
Elles attendent une ouverture,
ne serait-ce qu’un souffle de vie
momentané, insignifiant.
Effleurement fugitif
qui les feuillette.

À la tige desséchée
d’une rose
pend la promesse
d’une visite
sans cesse remise.

(Alexàndra Galanou)

 

Recueil: Dans les recoins des mots
Traduction:
Editions: Circé

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On tire les volets pour la nuit (Jean-Pierre Chambon)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2018




    
On tire les volets pour la nuit
encore une journée enfuie
déjà emportée dissoute dans le fleuve du temps
tout un menu fretin d’événements insignifiants
d’émotions minuscules

(Jean-Pierre Chambon)

 

Recueil: Tout-venant
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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DÉDICACE (Albert Boissière)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2017



DÉDICACE

Je t’apportais des fleurs, des roses, de la vie ;
Comme en rêvant, je semais, au long des chemins,
Des fleurs, des roses, de la vie, à pleines mains,
Et je trouvais insignifiante la Vie…
Sous mes doigts prestigieux, et d’un geste allier,
J’effeuillais mon cœur las, au détour du sentier.

Les hypocrites trouvaient ma constance vaine
Et j’épuisais le sang anème de mes veines
A paraître celui que je n’étais pas,
A semer toutes mes roses sous tous les pas.

Mais je t’ai rencontrée, un soir de lilas tendre,
Et j’ai rassemblé sur ma poitrine la gerbe
Eparse des fleurs, des roses et de l’herbe
Mauvaise qu’est la vie, odeur de lilas tendre !

Et, pour complaire à ton subtil enchantement,
O ma très belle, ô ma très bonne au Bois Charmant,
Par le parc idéal où pleurent les fontaines,
En l’égrènement doux de musiques lointaines,
— Loin de les effeuiller, au détour du sentier,
J’ai rangé les fleurs de mon cœur en ton herbier.

(Albert Boissière)

Illustration: Marc Chagall

 

 

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C’est maintenant comme si (Georges Perros)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2016



C’est maintenant comme si
je ne vous avais jamais connues
jeunes filles insignifiantes
qui remettraient en croix Jésus
c’est comme si jamais
je n’avais touché vos lèvres
au point d’en avoir envie
de vous prendre toute, toutes.
Je vous regarde avec la stupeur
d’un qui serait mort et
ressusciterait parmi vous,
non pour vous.
Mon désir arde en moi
mais n’a plus d’avenir
et vous me regardez en riant
comme il y a longtemps
mais ce n’est plus le même rire
mais ce n’est plus le même temps.

(Georges Perros)

Illustration

 

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UN GESTE (Yannis Ritsos)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2016


 

UN GESTE

Voici quelque chose qui te plaît subitement, quelque chose
d’insignifiant, tel ce geste de la femme
qui ôte du vase les fleurs desséchées —
elle ne les jette pas tout de suite, elle s’attarde, elle songe,
un geste en suspens, une sorte de regret anticipé —
si on lui parle, elle n’entendra pas — un geste
entièrement sourd comme le mot qu’on ajoute au poème —
puis on se tourne pour lui demander : « Tu disais quelque chose? »
Et peu importe désormais que la guerre soit déclarée
et que de grands avions déchirent le couchant,
ombres noires à double tranchant dans l’incendie.

(Yannis Ritsos)

Illustration: Rémy Disch

 

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