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Posts Tagged ‘insolence’

Tu as beau déceler le mensonge (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023



Illustration: Robert Auer
    
Tu as beau déceler le mensonge
bousculer les idées incassables
qu’on jette à la figure
saigne l’inaccompli

on est bien plus que ce qu’on vit

nos cris des chuchotements inaudibles
paroles de l’infans qu’on n’entend pas

pieds nus
une défaite lourde aux tempes
l’avenir ceinturé

quel éveil à attendre
encore toujours obstinément
sans l’« illusion de la fin»?

faute de preuves quelles boutures çà et là égarées
à replanter sans cesse?

en nous le pouvoir illimité d’imaginer
donner du souffle à la beauté qu’on frôle
en faisant vivre ainsi ce qui n’existe pas

rien n’efface l’élégance d’une robe qui tombe
le tremblement d’une main sur un corps
et que l’insolence du sang nous emporte!

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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LE GRAND DÉFI (Jacques Rabemananjara)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021




LE GRAND DÉFI

I

Ton corps était tendu de grâce et d’insolence :
Le grand défi brillait d’un feu de diamant
dans tes yeux où l’amour en pleine virulence
rutilait comme un astre au fond du firmament.

Nous reprîmes le chant de nos premières fêtes :
Le monde de nouveau chancela sous nos poids,
tellement nous étions lourds de tous nos émois ;
royale tu m’ouvris les alcôves secrètes.

Aussitôt jaillissant du sarcophage d’or
telle tu m’apparus qu’en songe j’avais prise :
reine Néfertiti sans voile ni trésor,

ayant pour seul atour sa beauté reconquise
ou bien, livrée à la caresse de nos brises,
ondine d’Alassour, nymphe des lacs du Nord.

II

Royale tu m’ouvris les alcôves du ciel :
Par quel prodige, par quelle métamorphose
dans ton lit devenu l’axe de toute chose,
l’Univers retrouva son centre essentiel !

Ce fut le tourbillon fantastique des sens
pris soudain dans la ronde éternelle des astres.
Et tel fut le combat que jouant les désastres
il nous rongea les os et nous brilla le sang.

Cherchant de nos volcans les plus riches vestiges
nous tournions, nous tournions sur nos propres vertiges
avant la chute d’or dans le cratère en feu.

Le bonheur renaissait de la chaude coulée
des laves dévalant les flancs nus et nerveux
de ta divinité de nouveau révélée.

III

O Déesse, voici le temps de l’apogée :
La terre disparaît avec son rituel
et son cortège de soucis habituels.
C’est l’ivresse du ciel par l’amour propagée

qui déferle sur nous en beaux cyclones d’or.
Quelle force nous lance au-delà de nous-mêmes,
plus haut que notre rêve et plus loin que la mort.
Le zénith nous délivre un message suprême

pour franchir la frontière au col de l’infini.
Nous avons à passer la charge la plus lourde
dont un simple mortel se soit jamais muni.

Notre soif est si grande et si fraîche la gourde
que du désert brillant le sable et les rocailles
s’en trouvent attendris jusque dans les entrailles.

(Jacques Rabemananjara)

Illustration

 

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LA RETOURNÉE (Gérard Mordillat)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2021



Illustration: Pascal Renoux
    
LA RETOURNÉE

Au lit elle est à l’oeuvre
Etonnant sa beauté
D’un sourire qui s’affiche
Et se pare d’insolence

Les yeux brouillés d’orage
Et d’abandon mêlés
Le songe qui la retourne
Ravit la retournée

Ses soupirs énergiques
Couvrent la page blanche
Ventre à terre !
Son cri est un torrent

Les anges qui sont bons
Savent la satisfaire
Les anges ?
Oui, les anges…
Et le sien le premier
Qui au feu remet
Deux ou trois fois le fer

(Gérard Mordillat)

Recueil: Le linceul du vieux monde
Traduction:
Editions: Le temps qu’il fait

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Un méandre de rivière (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



Un méandre de rivière
Sous un manteau d’ombre
Me renvoie l’image
Des amours perdues

Je m’exile dans ma propre ville
Sous la moisissure du ciel

J’entends de nouveau les musiques colorées
A chaque carrefour
Ou dans un parc troublé
Par un sentiment d’inquiétude
Hanté par des sculptures vivantes

Sous un ciel endommagé
Par l’insolence du soleil
La rue retentit
Et la rivière se blottit
Dans cette ville

A l’horizon la colline opulente
De l’Hautil domine la Seine
Dans la paix des brouillards
Ses pentes ruissellent de verdure
Et un loin de limpidité
Tremble sur un coteau de vigne bleue

J’écoute la musique de la ville.

CONFLANS 1981

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

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Vous (Emmanuelle Le Cam)

Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2018



Illustration
    
Vous.

Et notre
commune
peur.

L’angoisse de soi,
du non-soi, ou du soi
volé.

L’appétit de vivre
sans contraintes autres
que celles de la voile
ou de la plume.

Insolence-liberté en nous,
vouloir si pur.

(Emmanuelle Le Cam)

 

Recueil: Unique demeure
Traduction:
Editions: Le dé bleu

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LA SOLITUDE (Saint-Amant)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2018



LA SOLITUDE

Oh ! que j’aime la solitude !
Que ces lieux sacrés à la nuit,
Éloignés du monde et du bruit,
Plaisent à mon inquiétude !
Mon Dieu! que mes yeux sont contents
De voir ces bois, qui se trouvèrent
A la nativité du temps
Et que tous les siècles révèrent,
Être encore aussi beaux et verts
Qu’aux premiers jours de l’univers !

Que je trouve doux le ravage
De ces fiers torrents vagabonds,
Qui se précipitent par bonds
Dans ce vallon vert et sauvage !
Puis, glissant sous les arbrisseaux,
Ainsi que des serpents sur l’herbe,
Se changent en plaisants ruisseaux,
Où quelque Naïade superbe
Règne comme en son lit natal,
Dessus un trône de cristal !

Que j’aime à voir la décadence
De ces vieux châteaux ruinés,
Contre qui les ans mutinés
Ont déployé leur insolence !
Les sorciers y font leur sabbat ;
Les démons follets s’y retirent,
Qui, d’un malicieux ébat,
Trompent nos sens et nous martyrent ;
Là se nichent en mille trous
Les couleuvres et les hiboux.

L’orfraie, avec ses cris funèbres,
Mortels augures des destins,
Fait rire et danser les lutins
Dans ces lieux remplis de ténèbres.
Sous un chevron de bois maudit
Y branle le squelette horrible
D’un pauvre amant qui se pendit
Pour une bergère insensible,
Qui d’un seul regard de pitié
Ne daigna voir son amitié ….

(Saint-Amant)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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L’art (Herman Melville)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2017



Illustration: Eugène Delacroix
    
L’art

En des moments sereins, heureux, nous rêvons
A nombre de beaux projets inincarnés.
Mais pour donner forme, créer de la vie qui palpite,
Que de choses dissemblables doivent se rencontrer et s’unir
Flamme pour fondre — vent pour geler ;
Patience affligée — énergies joyeuses ;
Humilité — mais orgueil et dédain ;
Intuition et savoir — amour et haine ;
Insolence — respect. Tout cela doit s’unir
Et se fondre avec le coeur mystique de Jacob,
Pour lutter contre l’ange — l’art.

(Herman Melville)

 

Recueil: L’Oeil du Poète Herman Melville
Traduction: Christophe Marchand-Kiss et Charles Cestre
Editions: Textuel

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La source (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2016



sur l’accord de l’herbe et des nuages
ses lèvres feuille et flamme
toujours plus nue la beauté chante l’insolence

(Daniel Boulanger)

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