Le don du poème est à la fois
insolite et familier.
On aborde des terres inconnues
dont on pressentait
l’air et le sel.
(Andrée Chedid)
Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023
Le don du poème est à la fois
insolite et familier.
On aborde des terres inconnues
dont on pressentait
l’air et le sel.
(Andrée Chedid)
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Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2022
Illustration: George Hyde Pownall
Nocturne
Des Irlandaises vendaient sous les portes
des pommes de terre qui me brûlaient les doigts.
Quel vent désolé vous apporte
Londres, mon Londres d’autrefois ?
Les chats cousaient les maisons l’une à l’autre
d’un fil noir, d’un fil roux, d’un fil blanc.
Ils faufilaient le jour et la nuit l’un à l’autre.
Des « derelicts » dormaient, distingués, sur des bancs.
La Tamise montait, mais en nappes légères
d’odeurs et de brouillards ténus.
Que de songes ainsi, dans l’ombre, sont venus
se prendre à vos chapeaux, nocturnes passagères !
L’Adelphi, vers le flot glissait en froides pentes
qu’une lanterne transperçait.
Et l’ivresse nouait sa forme titubante
aux « street lamps » qu’elle enlaçait.
Parfois un rat, qu’un bruit insolite déloge
s’enfonçait dans la vase avec un sifflement.
L’éternité bat dans vos cœurs comme une horloge,
Pèlerins de la nuit qui marchez en dormant.
J’ai frôlé, jeune encor, sans mesurer le risque,
ces épaves du temps perdu,
Cléopâtre dressant sa petite obélisque,
montrait le ciel d’un doigt tendu.
Elle perçait de l’aiguille,
votre opaque intensité,
nuit de Londres où scintille,
l’astre du déshérité.
Le bruit d’un pas, ce tendre ami des rues désertes
sonne encor dans mon souvenir.
Mon cœur attend au seuil d’une porte entrouverte,
ce qui ne peut plus revenir.
Mon cœur perçoit au loin le convoi qui déraille
avec ses morts et ses vivants.
Quelqu’un court dans la nuit derrière un brin de paille
mais c’est le vent, mais c’est le vent.
(Germaine Beaumont)
Posted in poésie | Tagué: (Germaine Beaumont), aiguille, ami, apporter, attendre, autrefois, épave, éternité, banc, battre, blanc, brûler, brin, brouillard, bruit, chapeau, chat, ciel, Cléopâtre, coeur, convoi, coudre, courir, déloger, dérailler, désert, désolé, derrière, distingué, doigt, dormir, enlacer, entr'ouvrir, faufiler, fil, flot, forme, frôler, froid, glisser, horloge, insolite, intensité, irlandais, ivresse, jeune, jour, lanterne, léger, loin, Londres, maison, marcher, monter, montrer, mort, mseurer, nappe, nocturne, nouer, nuit, obélisque, odeur, ombre, opaque, paille, pas, passager, pélerin, pente, percer, percevoir, perdu, pomme, porte, rat, revenir, risque, roux, rue, s'enfoncer, scintiller, se prendre, seuil, sifflement, songe, sonner, souvenir, ténu, temps, tendre, terre, tituber, transpercer, vase, vendre, venir, vent, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 mai 2021
Il était un jeune homme qui dit
« Dieu doit trouver insolite
de penser qu’un hêtre
doit continuer d’être
quand la cour est déserte. »
Réponse:
« Monsieur, votre étonnement m’étonne,
je suis toujours dans la cour.
Et c’est pourquoi le hêtre
continuera d’être
puisqu’il est observé par Votre bien dévoué,
Dieu.
***
There was a young man who said
« God Must find it exceedingly odd
To think that the tree
Should continue to be
When there’s no one about in the quad. »
Reply:
« Dear Sir: Your astonishment’s odd;
I am always about in the quad.
And that’s why the tree
Will continue to be
Since observed by, Yours faithfully,
God.”
(Ronald Knox)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Ronald Knox), étonnement, étonner, continuer, cour, désert, dévoué, Dieu, dire, hêtre, insolite, jeune homme, observer, penser, toujours, trouver | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2020
Du sable au creux d’une main… (Extrait)
Comme
le Khamsine
du désert
Tu as passé
dans ma vie
et pour toute
trace
Tu n’as laissé
que des sillons
vagues
et ce répit
de grâce
Je ne suis
je Te prie de croire
ni poète
ni écrivain
et pourtant quelque esprit
me pousse
à prendre la plume
griffonner les quelques pensées
palpables
que j’essaie
dans ma hantise rêverie
de toucher du doigt
Je ne suis
je Te prie de croire
ni poète
ni écrivain
et pourtant Tu vibres en moi
comme une pensée
insolite
qui vient déranger
l’instant
où je vis
je Te prie de croire
Je ne suis
ni poète
ni écrivain
mais une pensée
vouée à l’éternel néant
où tout est vibration
dans l’engrenage transitoire
où tout est rien
je ne suis
qu’une vibration
dans la myriade des mortels
(William J.-F. Syad)
Posted in poésie | Tagué: (William J.-F. Syad), écrivain, éternel, creux, croire, déranger, désert, doigt, engrenage, esprit, essayer, grâce, griffoner, hantise, insolite, instant, laisser, main, mortel, myriade, néant, palpable, passer, pensée, plume, poète, pousser, prendre, répit, rêverie, rien, sable, sillon, toucher, trace, transitoire, vague, vibration, vibrer, vie, vivre, vouer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 juin 2019
Illustration: René Magritte
LE MOT ET LA CHOSE
Ce qui nous importe aujourd’hui,
ce n’est plus seulement la rencontre insolite
d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table d’opération,
mais le passage subit du Fictif au Réel.
J’imagine quelque chose
qui commencerait par une phrase et finirait pas une corde.
Ou bien un son qui tombe sur le sol,
et soudain, c’est une pierre!
La corde, on s’y pend,
n’est-ce pas?
Et la pierre,
elle vous tue?
(Jean Tardieu)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Tardieu), aujourd'hui, chose, commencer, corde, fictif, finir, imaginer, importer, insolite, machine à coudre, mot, parapluie, passage, phrase, pierre, réel, rencontre, se pendre, sol, son, subit, table d'opération, tomber, tuer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 mars 2019
UNE invasion de paroles
tente d’assiéger le silence,
mais, comme toujours, échoue.
Elle essaie alors de coincer les choses
qui habitent le silence,
mais n’y arrive pas davantage.
Elle va finalement encercler les paroles
qui cohabitent avec le silence,
alors se produit l’imprévu :
le silence se convertit en paroles
pour mieux protéger les paroles
qui cohabitent avec lui.
Et pendant que l’invasion des autres paroles
se dissipe comme un souffle furtif,
l’insolite s’accomplit :
les paroles qui restent
ressemblent alors beaucoup plus au silence
qu’aux autres paroles.
(pour René Char)
***
UNA invasión de palabras
trata de acorralar al silencio,
pero, como siempre, fracasa.
Intenta luego arrinconar a las cosas
que habitan et silencio,
pero tampoco lo consigue.
Y va por fin a cercar a las palabras
que conviven con el silencio,
pero entonces se produce lo imprevisto :
et silencio se convierte en palabra
para proteger mejor a las palabras
que conviven con él.
Y mientras la invasión de las otras palabras
se desvanece como un soplo furtivo,
se completa lo insólito
las palabras que quedan
se asemejan ahora mucho mas al silencio
que a las otras palabras.
(para René Char)
(Roberto Juarroz)
Posted in poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), arriver, assiéger, échouer, cohabiter, coincer, convertir, davantage, encercler, essayer, furtif, habiter, imprévu, insolite, invasion, parole, ressembler, rester, s'accomplir, se dissiper, se produire, silence, souffle, tenter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2019
Tu vas par la montagne ainsi que vient la brise
ou le brusque courant qui descend de la neige
et ta palpitante chevelure confirme
les ornements altiers du soleil dans les feuilles.
Tout l’éclat du Caucase est tombé sur ton corps
comme dans un interminable petit vase
où l’eau changerait de chant et de vêtement
à chaque mouvement du fleuve transparent.
Par les montagnes le vieux chemin des guerriers
et en bas furieuse brille comme une épée
l’eau, entre des murailles de mains minérales,
jusqu’à ce que tu reçoives soudain des bois
le bouquet ou l’éclair de quelques fleurs d’azur
et l’insolite flèche d’un parfum sauvage.
***
Por las montañas vas como viene la brisa
o la corriente brusca que baja de la nieve
o bien tu cabellera palpitante confirma
los altos ornamentos del sol en la espesura.
Toda la luz del Cáucaso cae sobre tu cuerpo
como en una pequeña vasija interminable
en que el agua se cambia de vestido y de canto
a cada movimiento transparente del río.
Por los montes el viejo camino de guerreros
y abajo enfurecida brilla como una espada
el agua entre murallas de manos minerales,
hasta que tú recibes de los bosques de pronto
el ramo o el relámpago de unas flores azules
y la insólita flecha de un aroma salvaje.
(Pablo Neruda)
Posted in poésie | Tagué: (Pablo Neruda), azur, éclair, épée, bouquet, briller, brise, chemin, chevelure, feuille, fleur, fleuve, guerrier, insolite, montagne, muraille, neige, ornement, parfum, sauvage, soleil, transparent, vase | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
J’AI CHERCHÉ DANS CETTE VILLE
J’ai cherché dans cette ville une rue parfaite
pour son silence et la splendeur de ses pierres,
dans cette rue, la maison la plus simple, habitée
d’un peuple calme et désinvolte
d’artisans, d’ombres, d’oiseaux de nuit.
Une femme oppose au mur laiteux de ma chambre
le miel de ses jeunes épaules.
Insolite dans le grand deuil de son immense chevelure,
bougeant parfois comme une voile,
caressant la fenêtre, un livre,
un couteau
de ses doigts légers comme plume,
intouchable, intouchée,
elle occupe armée le mince territoire où je vaque.
L’ai-je vraiment élue ?
M’a-t-elle vraiment choisi ?
Une autre ne saurait-elle aussi bien, aussi mal, ouvrir et
fermer tour à tour mes yeux qui cherchent un miroir ?
(Jean Joubert)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Joubert), arme, artisan, élu, épaule, bouger, calme, caresser, chambre, chercher, chevelure, choisir, couteau, désinvolte, deuil, doigt, femme, fenêtre, fermer, habité, immense, insolite, intouchable, intouché, léger, livre, maison, mal, miel, miroir, mur, nuit, occuper, oiseau, ombre, opposer, ouvrir, parfait, peuple, pierre, plume, rue, savoir, silence, simple, splendeur, territoire, vaquer, ville, voile, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 mai 2018
Corps, que sais-tu de moi
pour ainsi me fixer
dans la mélancolie du soir,
tu me scrutes, tu penses, bouges
la tête où perdure l’insolite
l’air
de ce qui fut notre jeunesse.
Et maintenant
que la traversée s’annonce longue et qu’il n’est
rien, semblerait-il, à quoi nous ne fussions morts,
corps nu, dis-moi,
que sais-tu de moi pour ainsi me fixer
au bord obscur et effacé de cette mer.
***
Qué sabes, cuerpo, tú de mí
que así me miras
en esta tarde melancólica,
me escrutas, piensas, mueves
la cabeza donde insólito dura
el aire
de aquella nuestra juventud.
Y ahora
que la navegación se anuncia larga y nada
parecería haber que no hubiéramos muerto,
desnudo cuerpo, dime,
qué sabes tú de mí que así me miras
en la borrada orilla oscura de este mar.
***
What do you know, body, of me
that you look at me so
on this melancholy afternoon,
scrutinize me, think, move
your head where strangely remains
the air
of that our youth.
And now
that the navigation promises to be a long one and nothing
would seem as if we had not died,
naked body, tell me,
what do you know of me that you look at me so
on the erased dark shore of this sea.
(José Ángel)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Illustration: Hippolyte Flandrin
Posted in poésie | Tagué: (José Ángel), air, bouger, corps, effacé, fixer, insolite, jeunesse, mélancolie, mer, mort, nu, obscur, penser, perdurer, s'annoncer, savoir, scruter, soir, traversée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 mars 2018
Des chevaux de corail effondrés sur la mer,
Et cette musique insolite
Charmant un arc-en-ciel que le rêve suscite,
Traduisent ton orgueil amer.
Es-tu l’écorché vif, l’ange chu de l’échelle
De Jacob, après le combat ?
Ta force s’est réduite à cette aile qui bat,
Et t’appartient ce sang qui gèle.
Grande comme un soleil une nocturne main,
Encense la rue où tu passes,
Et, sous ses doigts pourtant si bleus, les maisons lasses
Ferment leur coeur, et ton chemin.
(Jules Tordjman)
Posted in poésie | Tagué: (Jules Tordjman), aile, ange, arc-en-ciel, échelle, écorché, battre, charmant, chemin, cheval, coeur, combat, corail, doigt, effondré, encenser, fermer, insolite, las, main, maison, mer, musique, rêver, rue, sang, soleil, traduire | Leave a Comment »