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Poésie

Posts Tagged ‘insulte’

OBSESSION (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018



OBSESSION

Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ;
Vous hurlez comme l’orgue et dans nos coeurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.

Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui ; ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer.

Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu!
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !

Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon oeil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.

(Charles Baudelaire)

 

 

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Derrière les vitres (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 29 août 2018



Illustration: Grégoire Mathieu
    

Derrière les vitres
l’insulte est moins cruelle
l’affront plus lointain
moins vive la froidure
impossible la main qui frappe
mais moins gai le sourire
plus triste l’au revoir
plus lourde la chaleur
impossible la main tendue

Pris entre le désir
de celles qui protègent
et le refus des mêmes
qui nous prennent au piège
nous appelons le vitrier
dès que l’une se brise
condamnés par la vie
décidée, indécise
aux vitres perpétuelles

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Traduction:
Editions: Gallimard

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CONSCIENCE (Eugène Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2018



Illustration: Hokusaï
    
CONSCIENCE

Quand le coq a crié
La chair et le soleil,

Quand la basse-cour entière
A crié pour le sol
Par ses gorges d’insulte,

C’est la loi que la nuit
S’annonce et prend contact
Par ses mains de terreur,

Où les terriers connaissent
Des corps tremblants et doux,
frêles comme du trèfle.

(Eugène Guillevic)

 

Recueil: Terraqué suivi de Exécutoire
Traduction:
Editions: Gallimard

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Mes Miroirs (Paul Louis Rossi)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2018



 

Mes Miroirs

Je n’ai qu’un geste à faire
Pour que les murs de ma chambre
Tous les murs de ma chambre
Se recouvrent de miroirs
Ils ne m’aiment pas les miroirs

Ils me guettent
Avec leurs yeux mille facettes
Leurs yeux fixes et froids de félin
Leurs reflets de caméléons
Et leurs langues de verre
Dures et glacées

Ils me renvoient mon image les miroirs
Comme une grimace
Comme une insulte
Comme on lance une pierre
Comme un griffe-visage

Je peux bien les frapper à mon tour
Les broyer en petits morceaux
Leur jeter des étoiles en pâture
Les provoquer les caresser
Les démonter pièce par pièce
Ils se reconstruisent d’eux-mêmes
Ils restent là au bord de mes plaies

Vous qui m’aimez
Ne me laissez pas seul
Face à mes miroirs
Quand tous les marteaux du monde
Quand tous les cailloux de la route
Ne briseraient pas
L’éclat de rire de leur verre

(Paul Louis Rossi)

Illustration

 

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La sensation qu’un autre (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018



    

La sensation qu’un autre

La sensation qu’un autre souffre en moi,
que sans mon rire, il mangerait ses poings.
Je suis son baume, il est ma déchirure
mais nous luttons pas à pas tous les deux.

De la douleur je me ferai le pitre
et je dirai la blessure d’un être
à mon image, un homme dans la nuit
et qui ressemble à mon visage vrai.

Masque après masque il me faut le trahir,
garder sa joie en réserve, sa joie
pour m’épargner de jeter quelque insulte
à la beauté du monde, à la beauté.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Cloisons sans plaisir (Balbino)

Posted by arbrealettres sur 21 août 2017



 

Cloisons sans plaisir

Dans les H.L.M.
on entend tout,
les insultes
les verres qui volent
les enfants qui pleurent
Question pour un champion
car la voisine est sourde.

Dans le mien
à 19 heures précises
le mec
du dessus
jetait sa collection de billes
par terre
PLIC PLIC PLIC PLIC PLIC
je n’ai jamais compris
pourquoi.
Ça l’occupait sûrement
de les ramasser
une par une
oubliant
les traites
les gosses
le chômage.

Dans les H.L.M.
on entend le bruit sourd
des corps qui s’écroulent.

Dans les H.L.M. on entend les voisins
dire du mal des voisins
qui auraient dit du mal d’autres voisins
et ainsi de suite.
On entend les youyous
les jours de mariage
et ça franchement
c’est pire
qu’une perceuse
contre un tuyau
métallique…
mais au moins
c’est joyeux.

Dans les H.L.M.
on entendait un con chanter
(c’était moi)
et un autre qui jouait
du djembé
pendant
des heures.
Putains de jeunes.

Mais
dans les H.L.M. j’ai eu beau écouter
pas une fois
au milieu
de ces nuits
les gémissements d’une voisine
ni les
«oh oui!
encore !»
de rigueur.
C’est à se demander
comment ces milliers de gosses
qui courent
dans la cité
ont été conçus.
Dans le silence !
et ça ne fait
que
commencer…

(Balbino)

 

 

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Ballade des pendus (Fabrizio De André)

Posted by arbrealettres sur 10 août 2017




    
Ballade des pendus

Nous mourûmes tous à grand peine
avalant un dernier cri
donnant des coups de pied au vent
nous vîmes la lumière s’estomper.

Le hurlement emporta le soleil
l’air se resserra
des cristaux de mots
le dernier blasphème.

Avant que tout ne fût fini
nous rappelâmes aux vivants
que le prix à payer pour mal
fait en une heure est la vie.

Puis nous glissâmes dans le froid
d’une mort sans abandon
récitant l’antique credo
de ceux qui meurent sans pardon.

Que celui qui se moqua de notre défaite,
de la grande honte, d’être
étouffé de la sorte
apprenne à connaître le nœud.

Que celui qui répandit la terre sur nos os
et reprit tranquillement son chemin
rejoigne lui aussi la fosse hagard
dans la brume du petit matin.

Que la femme qui cacha derrière un sourire
la gêne de se souvenir de nous
découvre chaque nuit sur son visage
une insulte du temps et une scorie.

Nous cultivons pour tous une rancœur
qui a l’odeur du sang coagulé
ce qu’alors nous appelâmes douleur
n’est qu’une conversation suspendue.

***

Ballata degli impiccati

Tutti morimmo a stento
ingoiando l’ultima voce
tirando calci al vento
vedemmo sfumar la luce.

L’urlo travolse il sole,
l’aria divenne stretta
cristalli di parole
l’ultima bestemmia detta.

Prima che fosse finita
ricordammo a chi vive ancora
che il prezzo fu la vita
per il male fatto in un’ora.

Poi scivolammo nel gelo
di una morte senza abbandono
recitando l’antico credo
di chi muore senza perdono.

Chi derise la nostra sconfitta
e l’estrema vergogna ed il modo
soffocato da identica stretta
impari a conoscere il nodo.

Chi la terra ci sparse sull’ossa
e riprese tranquillo il cammino
giunga anch’egli stravolto alla fossa
con la nebbia del primo mattino.

La donna che celò in un sorriso
il disagio di darci memoria
ritrovi ogni notte sul viso
un insulto del tempo e una scoria.

Coltiviamo per tutti un rancore
che ha l’odore del sangue rappreso
ciò che allora chiamammo dolore
è soltanto un discorso sospeso.

(Fabrizio De André)

 

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Les premiers (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2017



La floraison du bâton

[12]
Ainsi les premiers — c’est écrit,
seront les individus tordus ou torturés,

hors-ligne, hors-champ du soi-disant progrès du monde ;
le premier à recevoir la promesse était un voleur ;

la première à voir en réalité Sa vie-après-la-mort ,
était une femme déséquilibrée, névrotique,

honnie naturellement pour avoir quitté sa maison
ne pas s’être occupée du ménage… ou était-ce Marie de Béthanie ?

en tout cas — quant à cette autre Marie
et ce qu’elle fit, tout le monde le sait,

mais il n’est pas attesté
où exactement et comment elle trouva la boîte d’albâtre ;

d’aucuns disent qu’elle avait pris l’argent du ménage
ou l’argent du tronc des pauvres,

d’aucuns disent qu’elle n’avait rien avec elle,
ni bourse, ni besace,

ni pièce d’or ou d’argent
frappée à l’effigie de César.

[ 13]
En tout cas, elle conclut un étrange marché
(du moins, certains le disent) avec un Arabe,

un étranger sur la place du marché ;
en fait, il avait une petite maison, une échoppe

installée à gauche, à l’arrière du marché
quand on passe par la porte du bas ;

ce qu’il avait n’était pas à vendre ; il allait
à un couronnement, à des obsèques — en même temps –

ce qu’il avait, sa myrrhe inestimable, introuvable ailleurs
était pour la double cérémonie, funérailles et intronisation ;

sa myrrhe et son encens n’étaient pas ordinaires
et d’ailleurs, n’étaient pas à vendre, dit-il ;

il écarta sa robe d’un geste noble
mais la femme peu virginale ne saisit pas l’allusion ;

elle avait vu la noblesse de première main ;
rien ne l’impressionnait, c’était facile à voir ;

elle ne s’inquiétait pas de se voir acclamée ou
dédaignée par lui ou pire ; que sont les insultes ?

elle savait comment rester détachée,
un autre péché impardonnable,

et quand des pierres étaient lancées,
elle n’était tout simplement pas là ;

elle n’était pas là et puis elle apparut,
pas vraiment une belle femme — ne penses-tu pas ?

certainement pas jolie ;
ce qui frappa l’Arabe était qu’elle était imprévisible ;

ce n’était encore jamais arrivé — une femme —
eh bien — en tout cas, lui, il connaissait le monde — une dame

n’avait pas saisi l’allusion, ne s’était pas gracieusement soustraite
devant un geste implicite de congé

et sans offense apparente en fait,
pour sortir par la porte.

[ 14]
Il était aisé de voir qu’il n’était pas un marchand ordinaire ;
elle en était certaine — il était ambassadeur ;

presque personne à qui l’on puisse faire confiance
avec cette marchandise précieuse,

bien que les jarres fussent scellées,
la fragrance s’en échappait un peu,

et la rumeur s’était propagée,
même quand on parvenait à rester à l’écart

des lieux habituels des marchands ;
certains disaient que cette distillation, cette essence

durait littéralement à jamais, avait ainsi duré —
bien que personne naturellement, ne sût en fait

ce qu’il y avait ou non dans les boîtes d’albâtre
des princesses des rois de Hyksôs,

c’étaient des jarres d’onguent, sans nul doute ;
mais qui allait les ouvrir ?

des charmes y étaient gravés,
sigils et figures étaient peints sur toutes les jarres ;

personne ne démantelait les tombes,
ce serait pure méchanceté — mais il savait une chose,

son peuple avait pendant des siècles et des siècles,
chuchoté les secrets des processus sacrés de la distillation ;

ce n’était jamais écrit, même en symboles, car ils savaient ceci —
aucun secret n’est en sécurité avec une femme.

***

So the first—it is written,
will be the twisted or the tortured individuals,

out of line, out of step with world so-called progress;
the first to receive the promise was a thief;

the first actually to witness His life-after-death,
was an unbalanced, neurotic woman,

who was naturally reviled for having left home
and not caring for house-work … or was that Mary of Bethany?

in any case—as to this other Mary
and what she did, everyone knows,

but it is not on record
exactly where and how she found the alabaster jar;

some say she took the house-money
or the poor-box money,

some say she had nothing with her,
neither purse nor script,

no gold-piece or silver
stamped with image of Caesar.

In any case, she struck an uncanny bargain
(or so some say) with an Arab,

a stranger in the market-place;
actually, he had a little booth of a house

set to the left, back of the market
as you pass through the lower-gate;

what he had, was not for sale; he was on his way
to a coronation and a funeral—a double affair—

what he had, his priceless, unobtainable-elsewhere myrrh
was for the double ceremony, a funeral and a throning;

his was not ordinary myrrh and incense
and anyway, it is not for sale, he said;

he drew aside his robe in a noble manner
but the un-maidenly woman did not take the hint ;

she had seen nobility herself at first hand;
nothing impressed her, it was easy to see;

she simply didn’t care whether he acclaimed
or snubbed her—or worse; what are insults?

she knew how to detach herself,
another unforgivable sin,

and when stones were hurled,
she simply wasn’t there;

she wasn’t there and then she appeared,
not a beautiful woman really—would you say?

certainly not pretty;
what struck the Arab was that she was unpredictable;

this had never happened before—a woman—
well yes—if anyone did, he knew the world—a lady

had not taken a hint, had not sidled gracefully
at a gesture of implied dismissal

and with no apparent offence really,
out of the door.

It was easy to see that he was not an ordinary merchant;
she saw that certainly—he was an ambassador;

there was hardly anyone you could trust
with this precious merchandise,

though the jars were sealed,
the fragrance got out somehow,

and the rumour was bruited about,
even if you yourself managed to keep out

of the ordinary haunts of the merchants;
some said, this distillation, this attar

lasted literally forever, had so lasted—
though no one could of course, actually know

what was or was-not in those alabaster boxes
of the Princesses of the Hyksos Kings,

there were unguent jars, certainly;
but who would open them?

they had charms wrought upon them,
there were sigils and painted figures on all the jars;

no one dismantled the tombs,
that would be wickedness—but this he knew,

his own people for centuries and centuries,
had whispered the secret of the sacred processes of distillation;

it was never written, not even in symbols, for this they knew—
no secret was safe with a woman.

(Hilda Doolittle)

Illustration: Léonard de Vinci

 

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LA SAGESSE M’A ROMPU LES BRAS (Anne Hébert)

Posted by arbrealettres sur 25 juin 2017



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LA SAGESSE M’A ROMPU LES BRAS

La sagesse m’a rompu les bras, brisé les os
C’était une très vieille femme envieuse
Pleine d’onction, de fiel et d’eau verte

Elle m’a jeté ses douceurs à la face
Désirant effacer mes traits comme une image mouillée
Lissant ma colère comme une chevelure noyée

Et moi j’ai crié sous l’insulte fade
Et j’ai réclamé le fer et le feu de mon héritage.

Voulant y laisser pousser son âme bénie comme une vigne
Elle avait taillé sa place entre mes côtes.
Longtemps son parfum m’empoisonna des pieds à la tête

Mais l’orage mûrissait sous mes aisselles,
Musc et feuilles brûlées,
J’ai arraché la sagesse de ma poitrine,
Je l’ai mangée par les racines,
Trouvée amère et crachée comme un noyau pourri

J’ai rappelé l’ami le plus cruel,
la ville l’ayant chassé,les mains pleines de pierres.
Je me suis mise avec lui pour mourir sur des grèves mûres

Ô mon amour, fourbis l’éclair de ton coeur,
nous nous battrons jusqu’à l’aube
La violence nous dresse en de très hautes futaies
Nos richesses sont profondes et noires pareilles
au contenu des mines que l’éclair foudroie.

En route, voici le jour, fièvre en plein coeur scellée
Des chants de coq trouent la nuit comme des lueurs
Le soleil appareille à peine, déjà sûr de son plein midi,
Tout feu, toutes flèches, tout désir au plus vif de la lumière,
Envers, endroit, amour et haine, toute la vie en un seul honneur.

Des chemins durs s’ouvrent à perte de vue sans ombrage
Et la ville blanche derrière nous lave son seuil où coucha la nuit.

(Anne Hébert)

Illustration: Fidel Garcia

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Berceuse (Wystan Hugh Auden)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2017



Illustration: Printemps-Eté-Automne-Hiver
    

Berceuse

Pose ta tête endormie, mon amour
Humaine sur mon bras infidèle ;
Le temps et les fièvres consument
La part de beauté
Des enfants pensifs et la tombe
Prouve que l’enfant est éphémère ;
Mais que dans mes bras jusqu’au point du jour
Repose cet être vivant,
Mortel, coupable, mais pour moi
Beauté absolue.

L’âme et le corps n’ont point de bornes ;
Aux amants étendus
Dans leur pâmoison coutumière
Sur la pente enchantée de son indulgence
Vénus gravement apporte la vision
D’une compassion surnaturelle,
Un amour, un espoir universels ;
Tandis qu’une intuition abstraite
Eveille parmi les glaciers et les rocs
L’extase sensuelle de l’ermite.

Certitude, fidélité
Sur le coup de minuit passent
Comme les vibrations d’une cloche,
Et les fous à la mode poussent
Leurs cris ennuyeux de pédants ;
Chaque centime de la dépense,
Tout de que prédisent les cartes redoutées
Sera payé, mais de cette nuit
Que pas un murmure, pas une pensée
Pas un baiser ni un regard ne soient perdus.

Tout meurt, la beauté, la vision, minuit :
Que les vents de l’aube qui demeurent
Soufflent sur ta tête rêveuse
Annonçant un jour d’une telle douceur
Que les yeux et le cœur qui cogne puissent louer
Ce monde mortel et s’en satisfaire ;
Que les midis de sècheresse te voient nourri
Par les puissances irréfléchies,
Que les nuits d’insulte te laissent vivre
Sous la garde de tout amour humain.

***

Lullaby

Lay your sleeping head, my love,
Human on my faithless arm;
Time and fevers burn away
Individual beauty from
Thoughtful children, and the grave
Proves the child ephemeral:
But in my arms till break of day
Let the living creature lie,
Mortal, guilty, but to me
The entirely beautiful.

Soul and body have no bounds:
To lovers as they lie upon
Her tolerant enchanted slope
In their ordinary swoon,
Grave the vision Venus sends
Of supernatural sympathy,
Universal love and hope;
While an abstract insight wakes
Among the glaciers and the rocks
The hermit’s carnal ecstasy.

Certainty, fidelity
On the stroke of midnight pass
Like vibrations of a bell,
And fashionable madmen raise
Their pedantic boring cry:
Every farthing of the cost,
All the dreaded cards foretell,
Shall be paid, but from this night
Not a whisper, not a thought,
Not a kiss nor look be lost.

Beauty, midnight, vision dies:
Let the winds of dawn that blow
Softly round your dreaming head
Such a day of welcome show
Eye and knocking heart may bless,
Find the mortal world enough;
Noons of dryness find you fed
By the involuntary powers,
Nights of insult let you pass
Watched by every human love.

(Wystan Hugh Auden)

 

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