Posts Tagged ‘interrompre’
Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2022

Depuis la toute légère enfance je suis en pourparlers avec moi-même,
je mène de moi à moi un entretien que le monde s’évertue à interrompre.
Pour continuer à me parler, j’ai commencé d’écrire.
Ce qui se dit en moi n’est pas dans mes livres.
Les livres sont un contre-bruit au bruit du monde.
Ce qui se dit en moi est confié au silence, n’est rien que du silence.
Les livres frôlent ce silence.
Ils ne le touchent pas, ils le frôlent.
Les livres sont presque aussi intéressants que le silence.
Ecrire est presque aussi passionnant que ne rien faire
et attendre les premières gouttes de pluie dans les concertos pour piano de Mozart.
(Christian Bobin)
Découvert chez la boucheaoreilles ici
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Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022

Illustration: Giovanni Giacometti
Les anges Nella
ne sont pas
comme on voit dans la peinture
des serviteurs aux mains de femme
des messagers aux manières tendres
aux ailes sucrées
Les anges c’est vrai nous amènent quelque chose
mais avant de l’amener
il leur faut débarrasser notre coeur
de tout ce qui l’encombre
comme on passe une éponge sur la table
avant d’y déplier une dentelle
une soie très fragile
qu’un rien pourrait salir
Les anges comme je les sais
n’ont qu’un seul travail
qui est d’arrêter de suspendre
interrompre la vie ordinaire
l’eau courante de la vie
comme on dresse un barrage sur un fleuve
pour avoir un peu plus d’eau d’énergie
Après on peut reprendre poursuivre
après on peut entendre
la bonne nouvelle
de vivre
après seulement
Les anges ne sont pas des personnes
ne sont que des silences
de purs silences gardiens
On peut en voir souvent
si on regarde bien
dans les jardins publics
auprès d’une femme
penchée sur son enfant
ou d’un arbre
incliné sur son ombre
(Christian Bobin)
Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), aile, amener, ange, arbre, éponge, barrage, coeur, débarrasser, dentelle, eau, encombrer, enfant, femme, fleuve, fragile, gardien, interrompre, jardin, main, messager, ombre, ordinaire, peinture, personne, poursuivre, reprendre, serviteur, silence, soie, sucre, suspendre, tendre, travail, vie, vivre, voir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022

« Vous cherchez du côté du plus grand…
C’est tellement plus simple : J’attends le printemps.
Ce que j’appelle le printemps n’est pas affaire de climat ou de saison.
Cela peut surgir au plus noir de l’année.
C’est même une de ses caractéristiques :
Quelque chose qui peut venir à tout moment pour interrompre, briser
– et au bout du compte, délivrer.
Le printemps n’est rien de compréhensible
– c’est même ce qui lui permet de tenir dans trois fois rien
– un bruit, un silence, un rire.
Il se moque de conclure.
Il ouvre et ne termine jamais.
Il est dans sa nature d’être sans fin.
Ce que j’appelle le printemps ne va pas sans déchirure.
C’est une chose douce et brutale.
Nous ne devrions pas être surpris de ce mélange.
Si nous le sommes, c’est que la vie nous rend distraits.
Nous ne faisons pas assez attention.
Si nous regardions bien, si nous regardions calmement,
nous serions effrayés par la souveraineté de la moindre pâquerette :
elle est là, toute bête, toute jaune.
Pour être là, elle a dû traverser des morts et des déserts.
Pour être là, toute menue,
elle a dû livrer des guerres sans pitié.
Ce que j’appelle le printemps est une chose du même ordre…
Dans le printemps, rien de tranquille ni de gagné d’avance.
Lorsqu’il arrive, nous ne nous y retrouvons plus.
Presque rien n’a changé et ce presque rien change tout.
Nous nous accoutumons trop vite à ce que nous avons.
Dieu merci, le printemps vient remettre du désordre dans tout ça.
Nous découvrons que nous n’avons jamais rien eu à nous,
et cette découverte est la chose la plus joyeuse que je connaisse. »
(Christian Bobin)
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Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022

Cet arbre est depuis peu de vos amis.
Vous reconnaissez vos amis
à ce qu’ils ne vous empêchent pas d’être seul,
à ce qu’ils éclairent votre solitude
sans l’interrompre.
(Christian Bobin)
Illustration: ArbreaPhotos
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Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022

Complainte de printemps
Chasse donc ce loriot jaune
Qu’il cesse de chanter sur la branche !
Son chant interrompt mon rêve
Jamais je n’atteindrai Liao-xi !
(Jin Chang-xu)
Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil
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Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2020

Consentir
Derrière l’horizon
Tout au revers de soi
Nul obstacle
N’interrompt le regard
Tout s’accomplit
Tout s’accorde
Quand mort et vie
S’abordent.
(Andrée Chedid)
Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2020

Camille Claudel
VALSE POUR CAMILLE CLAUDEL
Mettre le cap près du soleil…
Ian Curtis
Tu tournes sans relâche
jusqu’à enlacer l’univers
tu cherches
infiniment
cette seconde avant le contact
celle qui nous mène
à l’essentiel vertige
tu tournes et t’en retournes
en suspens continu
en volutes instables
toute une vie en bascule
pour ce seul tourbillon
qui te prend maintenant
ce lent tourbillon de langueur
cette ronde enfantine
qui fait vaciller les siècles
en drapé de nuit
douce et profonde
l’enroulement
l’étreinte
l’ardent abandon
jamais
tu n’interromps
le souffle du vivant
par effleurements
par torsades
par souvenirs renversés
tu avances
petite châtelaine de l’intensité
spontanément universelle
tu avances et tournes
promesse
des plus savants déséquilibres
par sinuosités
par accès de véhémence
par étourdissements
voici le temps
d’offrir toute ta lumière
fol amour
qui tout emporte
tu sombres
et prends les poissons du ciel
dans un flot d’onyx
tu écoutes
ce qui tournoie en toi
pour jaillir
hors de tous les sillons
labourer les nuages
pénétrer la parole
éclairer les atomes
nue
si sauvage et si nue
te laissant submerger
par l’impossible
sous l’emprise d’un amour
qui se déverse
sans fin dans l’amour
bienheureuse
par l’étendue
de ta seule consumation
sous l’emprise d’un tourment
de haute haleine
tu sens
palpiter l’invisible
possédée dépossédée
tu ramasses
les comètes errantes
pour en faire des fagots
allez
allez
entre dans la ronde
jusqu’à son point de rupture
allez
entre dans la ronde
pour recueillir la vie
jusque dans la mort
allez
trois petits tours encore
et puis t’en vas vers le silence
(Zéno Bianu)
Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Zéno Bianu), abandon, accès, aller, amour, ardent, atome, avancer, éclairer, écouter, étendue, étourdissement, étreinte, bascule, bienheureux, cap, châtelain, chercher, ciel, comète, consumation, contact, déposséder, déséquilibré, doux, draper, effleurement, emporter, emprise, enfantin, enlacer, enroulement, entrer, errer, essentiel, fagot, flot, fol, haleine, haut, impossible, infiniment, instable, intensité, interrompre, invisible, jaillir, jamais, labourer, langueur, lumière, maintenant, mener, mort, nu, nuage, nuit, offrir, onyx, palpiter, parole, pénétrer, point, poisson, posséder, prendre, profond, promesse, recueillir, relâché, renverser, retourner, ronde, rupture, s'en aller, sans fin, sauvage, savant, se déverser, se laisser, seconde, sentir, siècle, silence, sillon, sinuosité, soleil, sombrer, souffle, souvenir, spontané, submerger, temps, torsade, tourbillon, tourment, tourner, tournoyer, univers, universel, vaciller, valse, véhémence, vertige, vie, vivant, volute | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 février 2020

Illustration: ArbreaPhotos
ET S’IL PLAIT
Et s’il plaît à la lune
De coucher sur les dunes
Et s’il plaît au soleil
D’ajourner son réveil
Et s’il plaît à la source
D’interrompre sa course
Et s’il plaît à l’oiseau
De quitter son rameau
Et s’il plaît à l’orage
De brouiller le rivage
Et s’il plaît au violon
D’imiter l’oisillon
Laissons faire les Muses
Et que chacun s’amuse
D’un éclair, d’un rayon
D’un vol de papillon
(Isabelle de Gill)
Recueil: Arpèges
Traduction:
Editions: Les Délices
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Posted in poésie | Tagué: (Isabelle de Gill), ajourner, éclair, brouiller, coucher, course, dune, faire, imiter, interrompre, laisser, lune, muse, oiseau, oisillon, orage, papillon, plaire, quitter, rameau, rayon, réveil, rivage, source, violon, vol | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2019

je râle après ton absence – toujours hélée jamais
acquise jamais
interrompu le coeur
(Guy Viarre)
Recueil: restes noirs
Traduction:
Editions: Fissile
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Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2019

Illustration: Lauri Blank
La dormeuse
La tombée de la nuit semble être prise d’un sortilège.
Sur la toile, l’étoile du soir ne s’est pas couchée.
Ayant dénoué ses boucles ondulantes
Elle dort sa tête posée sur un bras.
Qui est-ce qui l’a aidée à s’endormir ainsi,
Interrompant son vigile sur la terre ?
Ayant ramené de nulle part des murmures de silence,
Les ayant versés dans ses oreilles pour toujours.
Une cascade sans fin au fond de l’image
Jaillit sans cesse en chansons silencieuses.
Pour toujours le bruissement silencieux de la forêt,
Pour toujours on sent la présence pudique,
Aussitôt qu’elle se réveille, confuse
Elle couvrira de sa robe ses seins.
***
Beauty asleep : still life
The evening twilight is bound by a spell.
On the canvas the evening star has not set.
Having undone her undulating locks
She sleeps resting her head on an arm.
Who is it who has helped her to fall asleep
In the midst of a permanent vigil on earth ?
Having culled from nowhere murmurs of silence
And has poured them for ever inside her ears.
An unending waterfall behind the image
Keeps on gushing in silent songs.
For ever the silent rustling of the forest,
For ever stands the bashful presence,
As soon as she wakes up, ashamed
She will cover her breast with her robe.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Tantôt Dièse, Tantôt Bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: Shahitya Prakash
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Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), étoile, boucle, bras, cascade, chanson, confus, coucher, couvrir, dénouer, dormeur, fin, forêt, image, interrompre, jaillir, murmuré, nuit, nulle part, onduler, oreille, présence, pudique, ramener, robe, sans cesse, se réveiller, sein, sentir, silence, silencieuse, soir, sortilège, tête;poser, terre, toile, toujours, verser, vigile | Leave a Comment »