Consentir
Derrière l’horizon
Tout au revers de soi
Nul obstacle
N’interrompt le regard
Tout s’accomplit
Tout s’accorde
Quand mort et vie
S’abordent.
(Andrée Chedid)
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2020
VALSE POUR CAMILLE CLAUDEL
Mettre le cap près du soleil…
Ian Curtis
Tu tournes sans relâche
jusqu’à enlacer l’univers
tu cherches
infiniment
cette seconde avant le contact
celle qui nous mène
à l’essentiel vertige
tu tournes et t’en retournes
en suspens continu
en volutes instables
toute une vie en bascule
pour ce seul tourbillon
qui te prend maintenant
ce lent tourbillon de langueur
cette ronde enfantine
qui fait vaciller les siècles
en drapé de nuit
douce et profonde
l’enroulement
l’étreinte
l’ardent abandon
jamais
tu n’interromps
le souffle du vivant
par effleurements
par torsades
par souvenirs renversés
tu avances
petite châtelaine de l’intensité
spontanément universelle
tu avances et tournes
promesse
des plus savants déséquilibres
par sinuosités
par accès de véhémence
par étourdissements
voici le temps
d’offrir toute ta lumière
fol amour
qui tout emporte
tu sombres
et prends les poissons du ciel
dans un flot d’onyx
tu écoutes
ce qui tournoie en toi
pour jaillir
hors de tous les sillons
labourer les nuages
pénétrer la parole
éclairer les atomes
nue
si sauvage et si nue
te laissant submerger
par l’impossible
sous l’emprise d’un amour
qui se déverse
sans fin dans l’amour
bienheureuse
par l’étendue
de ta seule consumation
sous l’emprise d’un tourment
de haute haleine
tu sens
palpiter l’invisible
possédée dépossédée
tu ramasses
les comètes errantes
pour en faire des fagots
allez
allez
entre dans la ronde
jusqu’à son point de rupture
allez
entre dans la ronde
pour recueillir la vie
jusque dans la mort
allez
trois petits tours encore
et puis t’en vas vers le silence
(Zéno Bianu)
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Posted by arbrealettres sur 27 février 2020
Illustration: ArbreaPhotos
ET S’IL PLAIT
Et s’il plaît à la lune
De coucher sur les dunes
Et s’il plaît au soleil
D’ajourner son réveil
Et s’il plaît à la source
D’interrompre sa course
Et s’il plaît à l’oiseau
De quitter son rameau
Et s’il plaît à l’orage
De brouiller le rivage
Et s’il plaît au violon
D’imiter l’oisillon
Laissons faire les Muses
Et que chacun s’amuse
D’un éclair, d’un rayon
D’un vol de papillon
(Isabelle de Gill)
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Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2019
je râle après ton absence – toujours hélée jamais
acquise jamais
interrompu le coeur
(Guy Viarre)
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Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2019
Illustration: Lauri Blank
La dormeuse
La tombée de la nuit semble être prise d’un sortilège.
Sur la toile, l’étoile du soir ne s’est pas couchée.
Ayant dénoué ses boucles ondulantes
Elle dort sa tête posée sur un bras.
Qui est-ce qui l’a aidée à s’endormir ainsi,
Interrompant son vigile sur la terre ?
Ayant ramené de nulle part des murmures de silence,
Les ayant versés dans ses oreilles pour toujours.
Une cascade sans fin au fond de l’image
Jaillit sans cesse en chansons silencieuses.
Pour toujours le bruissement silencieux de la forêt,
Pour toujours on sent la présence pudique,
Aussitôt qu’elle se réveille, confuse
Elle couvrira de sa robe ses seins.
***
Beauty asleep : still life
The evening twilight is bound by a spell.
On the canvas the evening star has not set.
Having undone her undulating locks
She sleeps resting her head on an arm.
Who is it who has helped her to fall asleep
In the midst of a permanent vigil on earth ?
Having culled from nowhere murmurs of silence
And has poured them for ever inside her ears.
An unending waterfall behind the image
Keeps on gushing in silent songs.
For ever the silent rustling of the forest,
For ever stands the bashful presence,
As soon as she wakes up, ashamed
She will cover her breast with her robe.
(Rabindranath Tagore)
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Posted by arbrealettres sur 7 mars 2019
Un rideau de lumière
interrompt l’office des ténèbres.
Alors nous comprenons que la lumière
est aussi un office,
le rite originaire,
la liturgie nue
d’une révélation
sans autre exégèse.
Et l’ombre le sait.
C’est pourquoi elle s’ouvre devant la lumière.
(Roberto Juarroz)
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Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2018
La Mort donne un sens à l’Objet
Sur quoi l’OEil eût glissé
A moins qu’un Être disparu
Tendrement nous supplie
De penser devant de petits ouvrages
Au Pastel – ou en laine –
«C’est le dernier qu’ont fait Ses doigts » —
Si diligents avant –
Que le Dé ne pèse trop lourd –
Que les points ne cessent – d’eux-mêmes –
Alors on l’a rangé parmi la Poussière
Sur les étagères du Placard –
J’ai un Livre – offert par un ami –
Dont le Crayon – ici et là –
A coché tel passage qu’Il aimait –
Au Repos – sont Ses doigts –
Aujourd’hui – je le lis – sans le lire –
Les Larmes m’interrompent –
Effacent les Gravures
À Réparer, hors de Prix –
***
Death sets a Thing significant
The Eye had hurried by
Except a perished Creature
Entreat us tenderly
To ponder little workmanships
In Crayon — or in wool —
With « This was last Her fingers did »—
Industrious until —
The Thimble weighed too heavy –
The stitches stopped — themselves —
And then ’twas put among the Dust
Opon the Closet shelves –
A Book I have – a friend gave –
Whose Pencil – here and there –
Had notched the place that pleased Him —
At Rest – His fingers are –
Now – when I read – I read not —
For interrupting Tears –
Obliterate the Etchings
Too Costly for Repairs –
(Emily Dickinson)
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Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2018
Viens un temps où mendier s’interrompt,
Lorsque les lèvres qui depuis si longtemps intercédaient
Découvrent que leur prière est vaine.
« Tu ne devrais pas » est un coup d’épée plus tendre
Qu’un Dieu déçu disant
« Disciple, prie encore ».
***
There comes an hour when beggin stops,
When the long interceding lips
Perceive their prayer is vain.
« Thou shalt not » is a kinder sword
Than from a disappointing God
« Disciple, call again ».
(Emily Dickinson)
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Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2018
Il est une Zone aux Années égales
Que nul Solstice n’interrompt –
Dont le Soleil crée un perpétuel Midi
Et parfaites sont les Saisons –
Dont l’Été dans l’Été persiste
Avant que les Siècles de Juin
Et les Siècles d’Août cessent
Et que la Conscience soit – Midi –
***
There is a Zone whose even Years
No Solstice interrupt –
Whose Sun constructs perpetual Noon
Whose perfect Seasons wait –
Whose Summer set in Summer, till
The Centuries of June
And Centuries of August cease
And Consciousness – is Noon –
(Emily Dickinson)
Posted in poésie | Tagué: (Emily Dickinson), égale, été, cesser, conscience, interrompre, midi, parfaite, perpétuel, persister, saison, siècle, solstice, zone | Leave a Comment »