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Posts Tagged ‘issu’

LA NUIT (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020



Illustration: Christian Schloe
    
LA NUIT

Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de loup de fougère et de menthe
voleuse de parfum impure fausse nuit
fille aux cheveux d’écume issue de l’eau dormante

Après l’aube la nuit tisseuse de chansons
s’endort d’un songe lourd d’astres et de méduses
et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
veille sur le repos des étoiles confuses

Sa main laisse glisser les constellations
le sable fabuleux des mondes solitaires
la poussière de Dieu et de sa création
la semence de feu qui féconde les terres

Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de mer de feu de loup de piège
bergère sans troupeaux glaneuse sans épis
aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige.

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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UN MIOCHE (H. Leivick)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019



Illustration: Périclès Pantazis

    

UN MIOCHE

Nuit, lucioles d’orage,
Un tortueux chemin
Je leur cherche un langage,
Je leur cherche un refrain.

Tous les mots s’émerveillent
Du plus petit discours –
Juste créé, s’éveille
Le monde âgé d’un jour.

Un bruit d’orage roule,
La voie lactée se tord
L’odeur du divin moule
Flotte partout encore.

Juste issu de l’abîme
Vers son but, son sens vrai,
Tout demeure anonyme –
Sourire, jeu, secret.

La lune, hochet-cloche,
Paraît puis déguerpit
Dieu lui-même – un mioche
Joue avec sa toupie.

(H. Leivick)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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EAU MORTE (Salvatore Quasimodo)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018




    
EAU MORTE

Eau morte, sommeil des marais
où de larges feuilles de venin macèrent,
tantôt blanche tantôt verte dans les éclairs,
tu es semblable à mon coeur.

Alentour le peuplier grisonne et le chêne vert;
feuilles et glands s’apaisent du dedans
et chacune a ses cercles issus d’un centre originaire
déformés par le sombre bourdon du vent.

Ainsi comme sur l’eau le souvenir dessine
des cercles de plus en plus grands, ainsi mon coeur
part d’un centre et quand il meurt,
eau morte il te ressemble comme une soeur.

***

ACQUAMORTA

Acqua chiusa, sonno delle paludi
che in larghe lamine maceri veleni,
ora bianca ora verde nei baleni,
sei simile al mie cuore.

Il pioppo ingrigia d’interno ed il leccio;
le foglie e le ghiande si quietano dentro,
e ognuna ha i suoi cerchi d’un unico centro
sfrangiati dal cupo ronzar del libeccio.

Cosi, come su acqua allarga
il ricordo i suoi anelli, mio cuore;
si muove da un punto e poi muore :
cosi t è sorella acquamorta.

(Salvatore Quasimodo)

 

Recueil: Et soudain c’est le soir
Traduction: Patrick Reumaux
Editions: Librairie Elisabeth Brunet

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VU DANS UN MIROIR (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018




    
VU DANS UN MIROIR

Derrière l’arbre, la maison, les étoiles,
Il y a la présence que je ne peux voir
Autrement que maison, arbre ou étoiles.

Arbre, maison, étoiles
S’étendent à l’infini à l’intérieur d’eux-mêmes
Dans le mystère du monde

Où tournent les roues de la Puissance dont bat le pouls
Issu de rien, issu de la nuit,
Feuilles, pierres et feux,

L’arbre de fête vivant autour duquel la danse
— Chromosomes, noyaux d’atomes —
Trace un dédale de branches et de feuilles,

La maison de pierre, dressée, qui s’est désagrégée
Dans le torrent en fusion quand fut précipité
Hors du chaos ce vaste monde,

Et les soleils dont l’embrasement fait renaître
Ou s’achever la course que l’arbre, la maison et le monde traversent,

Maintenus par l’Être que je ne peux connaître
Sous une autre forme que les „toiles, les pierres et les arbres
Dans le miroir de la nature, dans les yeux de la nature.

***

SEEN IN A GLASS

Behind the tree, behind the bouse, behind the stars
Is the presence that I cannot see
Otherwise than as bouse and stars and tree.

Tree, bouse and stars
Extend to infinie within themselves
Into the mystery of the world

Where whirl the wheels of power whose pulses beat
Out of nothing, out of night,
Leaves, Stones and fares,

The living tree whose maypole dance
Of chromosome and nucleus
Traces the ma

The standing bouse of Stone that poured
In malien torrent when was hurled
Out of chaos this great world,

And suns whose kindling begins anew
Or ends the course that tree, bouse, world nove through,

Upheld by being that I cannot know
In other foret than stars and stones and trees
Assume in nature’ s glass in nature’s eyes.

(Kathleen Raine)

 

Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit

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Remous (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2018




    
Remous

Toutes ces brumes
Issues de nos chagrins

Tous ces orages
Qui bataillent entre nos tempes

Toutes ces ombres
Qui emmurent l’espérance

Tous ces cris
Qui entravent notre chant

Toute ces craintes
Qui retiennent nos pas

Toutes les clartés
Qui naissent de ces remous!

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Territoires du souffle
Traduction:
Editions: Flammarion

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Issu de notre chair (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2018



Illustration: Beata Nowakowska-Kiwior
    
Issu de notre chair
Tissée de siècles
Et d’océans
Quel verbe
Criblera nos murs
Sondera nos puits
Modèlera nos saisons ?

Avec quels mots
Saisir les miettes
Du mystère
Qui nous enchâsse
Ou de l’énigme
Qui nous surprend ?

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Je marche en moi (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018



Illustration: Gao Xingjian
    
Je marche en moi

Je marche en moi, je creuse dans mes brumes,
j’ouvre la nuit, j’avance par les mots,
j’entends mon pas, je découvre des rites
et des futurs dormant dans le passé.

Je suis issu de l’errance d’un être.
Il me façonne à sa main, nous allons
de cercle en cercle aux confins du réel.

Notre regard jamais ne se détache
de ce qui fut, voyant ce qui sera.

Je vis de l’autre, en l’autre je suis moi
multiplié par la folle aventure
quand nous portons ce bouclier d’aurore.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Tu rêves toi (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018



Illustration: Gao Xingjian
    
Tu rêves toi

Tu rêves toi d’être un peu tous les autres.
Pour te traduire il te faut cent langages.
Rien n’y suffit, pas même la nature
avec les voix de son choeur innombrable.

Petit maillon fragile dans la chaîne,
poumon léger du grand souffle cosmique,
aurais-tu peur de rester seul au monde
quand la seconde assassine le siècle ?

Tu es issu d’un poème sans fin
et tu le lis comme on soulève un roc
pour établir le socle millénaire
de l’inconnu qui dirige ta quête.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Harmonie (Jean-Claude Demay)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2017



Harmonie

Tu as cette beauté issue du fond des âges
Il passe dans tes yeux l’aile même des anges
Et tous les univers et tous les paysages
Soudain sont révélés par ta voix très étrange

Incarnant les splendeurs tes gestes sont très lents
Tu ressembles alors aux déesses antiques
Qui regardent au loin s’éloigner l’océan
Ton sourire semble provenir de l’Attique

Les étoiles tremblent au rebord de tes cils
Ton regard est pareil aux astres qui tournoient
Sous la voûte nocturne qui danse gracile

Aux stridences des astres et semblerait-il
Que ton visage s’illumine des éclats
De bonheur de liesse et de profonde joie

(Jean-Claude Demay)

Illustration: James Sant

 

 

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Marine (Jean-Claude Demay)

Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2017



Marine

Dans le fracassement du ressac des écumes
Par delà la ligne la plus courbe des plages
Entreverrons-nous les aubes qui s’exhument
Devers ces nuits issues des plus anciens âges

Quand la marée se lève aux pélagiques grèves
Et que les nostalgies orchestrent nos dérives
Nous traversons toujours ces identiques rêves
Où nous apercevons les anges qui ravivent

Nos souvenirs étranges et si délicats
Que nous croirions aussi aborder à ces passes
S’ouvrant tout grand sur les écueils de l’au-delà

Notre âme elle-même ne semblerait-il pas
Qu’elle divague encor sur les vagues qu’effacent
Les très mystérieuses houles de l’espace

(Jean-Claude Demay)

Illustration

 

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