«J’aime l’automne quand tout le monde
rentre dans sa maison
on a fait ses provisions
moi j’ai ramassé du fourrage
pour en faire des oreillers
bien secs j’ai beaucoup mangé
pour être grasse sous ma fourrure
et maintenant bonsoir m’sieurs dames. »
La marmotte dort dans son trou
les feuilles tombent puis la neige
le vent souffle les bois gémissent
la marmotte ferme ses petits
poings sur son oreiller
( *)
Vous partez, chevalier, pourquoi ?
« Mais, pour la guerre de Cent Ans ! »
Ça vous fera bien cent vingt mois
Sans retourner en Vendômois
Où votre épouse vous attend
Elle vous attend sans émoi
Écartant tous ses prétendants
Filant, jouant au jeu de l’oie
Vous partez, chevalier, pourquoi ?
Les années passent, il fait froid
Votre épouse a les cheveux blancs
Ses os brinquebalent, sa voix
Se casse, toujours elle attend
Mais pourquoi, chevalier, pourquoi ?
Pour parler, dit le cochon,
ce que j’aime c’est les mots porqs :
glaviot grumeau gueule grommelle
chafouin pacha épluchure
mâchon moche miches chameau
empoté chouxgras polisson.
J’aime les mots gras et porcins :
jujube pechblende pépère
compost lardon chouraver
bouillaque tambouille couenne
navet vase chose choucroute.
Je n’aime pas trop potiron
et pas du tout arc-en-ciel.
Ces bons mots je me les fourre sous le groin
et ça fait un pöeme de porq.
(Jacques Roubaud)
Recueil: Les poèmes ont des oreilles
Traduction:
Editions: Rue du Monde
Qu’est-ce qu’il court, le furet !
Va-t-il passer par ici ?
Repassera-t-il par là?
Qu’est-ce qu’il court, le furet !
Regardez ! C’est lui, là-bas !
Va-t-il passer par ici ?
Attention ! Il vient ici !
Repassera-t-il par là ?
Regardez ! C’est lui, là-bas !
Attention ! Il vient ici !
Qu’est-ce qu’il court, le furet !
Les vagues touchent le sable
Montent la pente s’affaissent
Avec leurs rouleaux d’écume
Et retournent dans la mer
Les vagues touchent le sable
L’une après l’autre les vagues
Montent la pente s’affaissent
Et retournent dans la mer
L’une après l’autre les vagues
Avec leurs rouleaux d’écume
Les vagues touchent le sable
Cinq éléphants font la danse
Tourne, tourne le rondeau
Leurs cinq trompes se balancent
Cinq éléphants font la danse
Ébahissant les badauds
Tourne, tourne le rondeau
Ils barrissent en cadence
Ébahissant les badauds
Leurs cinq trompes se balancent
Ils barrissent en cadence
Cinq éléphants font la danse
Rondeauderdrome des éléphants, B
Cinq éléphants font la danse
Tourne, tourne le rondeau
Leurs cinq trompes se balancent
Ils barrissent en cadence
Ébahissant les badauds
Tourne, tourne le rondeau
Ils barrissent en cadence
Cinq éléphants font la danse
Ébahissant les badauds
Leurs cinq trompes se balancent
Cinq éléphants font la danse
Pour le rondeau des rondeaux
Il faut disposer en rond
Douze écoliers : six garçons
Et six filles, puis il faut
Que tous sachent leur leçon
Sans oublier un seul mot
Pour le rondeau des rondeaux
Un rondeau, ce n’est pas long
Le septième fait l’écho
Du premier et de nouveau
Le même en dernier répond
Pour le rondeau des rondeaux
La moule bâille au clair de lune
Entre les étoiles de mer
L’arapède au rictus amer
Et l’oursin aux aiguilles brunes
La vague idiote l’importune
Et le crabe aux pinçons pervers
La moule bâille au clair de lune
Le vent qui souffle de la dune
Lui flanque un frisson dans la chair
Ah vivre au coeur du Loir-et-Cher
Près d’une plantation d’agrumes
La moule bâille au clair de lune
Pendant qu’elles prennent leur bain
Dans leurs baignoires de poussière
Les dames moineaux font les fières
La poussière ça va au teint
Les messieurs moineaux pour leur plaire
Leur offrent mes miettes de pain
Pendant qu’elles prennent leur bain
Certaines, des aventurières
Viennent picorer dans ma main
Aux pigeons je ne donne rien
Réservant ma tartine entière
Aux moineaux qui prennent leur bain