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JE T’AIMERAI SANS TOI (Anne-Marie Kegels)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2023




    
JE T’AIMERAI SANS TOI…

Je t’aimerai sans toi. Ne me fais jamais signe.
Un ajonc peut flamber sur la lande, à midi,
solitaire en son mal et seulement nourri
d’argile avaricieuse au bout de sa racine.

Enterre au fond de toi mon nom ensommeillé.
Reste plus ténébreux qu’un buis de cimetière.
Je t’ai volé jadis les neiges de janvier et j’ai
coupé sur toi mes plus hautes javelles.

Va, ressemble à un mort. Debout dans mon désert
je sens bouger en moi des foisons de semences.
L’amour qui te cherchait dans sa famine immense
t’a dépassé enfin et brûle l’univers.

(Anne-Marie Kegels)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Traduction:
Editions: Marabout

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CHANSON D’AMOUR (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2020



Illustration: William-Adolphe Bouguereau
    
CHANSON D’AMOUR

Viens, toi, chanson d’amour,
Du coeur des éléments,
Sur l’aile de l’orage,
Dans le hurlement des cyclones.
Viens des abîmes de la nuit,
A cheval sur les tourbillons,
Avec le bouillonnement des eaux profondes,
Que t’amènent les pâtres de l’air
En troupeaux d’étoiles
Aboyées par le tonnerre.
Viens,
Tourbillon de démons,
Chair des nuages
Fouettée par l’éclair,
Brisée sur l’échine des ténèbres.
Viens, taureau du crépuscule
Déchiré par la dent-faucille de la lune

Apparue aux gencives du ciel.
Viens,
Frémissement de l’aube,
Avec, sur la tête, la javelle d’or du soleil,
Réveille
Le nénuphar sur le lac,
La tourterelle dans son nid
La voix de
l’usine dans sa poitrine de métal,
La jeune fille dans les bras du sommeil,
Les ivrognes dans la lie du vin,
L’amoureuse dans
sa chair enlacée,
Les abeilles dans la chaleur de la ruche.
Viens sur mille sentiers,
Neige fondue,
Pluie mêlée au soleil,
Herbe folle écartelant la terre,
Feuille tombée,
Raisins au pressoir,
Balbutiement du moût dans les tonneaux,
Cristallise-toi d’un coup
Dans les mots murmurés par l’homme
A l’oreille de la bien-aimée,
Enveloppés dans un baiser,
A peine compris,
Frêles et chauds :
Je suis près de toi.

(Mihai Beniuc)

 

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QUATRE CANTOS (Pierre Emmanuel)

Posted by arbrealettres sur 13 août 2019



QUATRE CANTOS

Pourquoi verte, l’éternité ?
O douloureuse, ô ineffable
fougère encore repliée
Qui n’a senti en lui crier
les premières feuilles des arbres
ne sait rien de l’éternité.

Brune sous les javelles blondes
Pareille à la terre en été
C’est toujours le matin du monde
Quand nous saluons la beauté.

Qui me sépare de ma mort ?
un miroir où mon âme morte
a perdu le poids de son corps
Qui me sépare de ma vie ?
l’ombre à reculons qui m’épie
et me fascine en me fuyant
Qui me sépare de mon dieu ?
moi innombrable qui me prends
au piège de mes visages
Mais dans l’Ombre où je suis damné
l’Autre muet me dévisage.

Ce corps battu à mort
sur l’aire nue de l’âme
qu’espère-t-il ? le van
qui criblera ses astres.

(Pierre Emmanuel)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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RENOUVEAU (Gaston Couté)

Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018



Illustration: Matthew Denman
    
RENOUVEAU

Ben oui, notre amour était mort
Sous les faux des moissons dernières,
(la javelle fut son suaire…)
Ben oui, notre amour était mort,
Mais voici que je t’aime encor !

Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds
Comme lorsqu’on cloue une bière,
J’ai battu les gerbes sur l’aire ;
Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds
Sur le cercueil de notre amour

Et pan pan ! les fléaux rageurs
Ont écrasé, dessous leur danse,
Le bluet gris des souvenances
(Et pan pan ! les fléaux rageurs !)
Avec le ponceau qu’est mon cœur !

Dedans la tombe des sillons
Quand ce fut le temps des emblaves,
Comme un fossoyeur lent et grave,
Dedans la tombe des sillons
J’ai mis l’amour et la moisson

Des sillons noirs un bluet sort
Tandis qu’une autre moisson bouge ;
Avec un beau ponceau tout rouge,
Des sillons noirs un bluet sort,
Et voici que je t’aime encor !

(Gaston Couté)

 

 

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Brune (Pierre Emmanuel)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2018



Illustration: Georges Laugée
    
Brune sous les javelles blondes
Pareille à la terre en été
C’est toujours le matin du monde
Quand nous saluons la beauté

(Pierre Emmanuel)

 

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Retouche au bengale (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2017



    

retouche au bengale

javelle du crépuscule
un rugissement fait craquer les couleurs

et l’on entend du milieu de l’ombre
dans leur cendre encore chaude
la plainte d’un amour bref

(Daniel Boulanger)

 

Recueil: Les dessous du ciel
Editions: Gallimard

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Le bluet (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2016



 

Le bluet

C’est la reine des hirondelles
Qui porte collier de bluets,
Bluets des champs et des javelles,
Bluets.
C’est la reine des hirondelles
Qui s’éclaire avec des chandelles
Et des bluets.

(Robert Desnos)

Illustration

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BUCOLIQUE (Louis Bouilhet)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2016



BUCOLIQUE

Quand, pareilles aux blés mûrs,
Les étoiles toutes blondes
Ont couvert des cieux obscurs
Les solitudes profondes,

La nuit se met en chemin,
Moissonneuse à la peau brune
Qui, pour faucille, a sa main
Tient le croissant de la lune ;

Par le vaste firmament,
Elle fauche, à perdre haleine,
Les épis de diamant
Qui se couchent sur la plaine.

Mais le temps la presse fort,
La besogne est malaisée,
Et, sur la terre qui dort,
Sa sueur tombe en rosée ;

Dans son grand sac tout gonflé,
Elle emporte les javelles
Qui, comme des grains de blé,
Vont semant leurs étincelles ;

Puis, quand revient le jour bleu,
Elle court, traînant ses voiles,
Dans les greniers du bon Dieu,
Tasser ses gerbes d’étoiles.

(Louis Bouilhet)

 

 

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