Posts Tagged ‘jeunesse’
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2021

QUI SUIS-JE, MOI ?…
Qui suis-je, moi ? Un autre ? Non.
Désespéré, le même que naguère
et d’une étoile amoureux. Quelle guerre
que celle-là, et qui n’a pas de nom.
J’entends ta voix, mais c’est un autre son :
celui qui naît des amours éphémères
loin dans le temps. Comme un héros d’Homère
qui d’île en île en lui-même se fond.
Qui me parlait de lui qui te ressemble
sans que jamais Amour ne nous rassemble ?
Je reste seul. Que meure un souvenir !
Que disparaisse un regret de jeunesse
et que j’apprenne à ne pas revenir
sur ce qui fait d’un printemps la caresse !
(Robert Sabatier)
Recueil: Je est un autre Anthologie des plus beaux poèmes sur l’étranger en soi
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Sabatier), amour, amoureux, éphémère, étoile, être, île, caresser, désespéré, disparaître, entendre, guerre, héros, jeunesse, loin, mourir, naître, naguère, nom, parler, printemps, rassembler, regret, ressembler, rester, revenir, se fondre, seul, son, souvenir, temps, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2021
Une vieille très vieille aimée
Riche de peines
Aux laines usées
A naufragé
Elle tenait des voiles et des cordes
Et du fil
Perdue dans ses buées
Engloutie et ouverte
La vieille goélette
Tenant ses cordelettes
La jeunesse a pleuré
Face aux murailles de la mer
Face aux silences de l’enfer
(Pierre Morhange)
Illustration: Théodore Boulard
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Posted in poésie | Tagué: (Pierre Morhange), aimée, buée, chanson, corde, cordelette, enfer, engloutie, goélette, jeunesse, laine, mer, muraille, naufragé, peine, perdue, pleurer, riche, silence, usée, vieille, voile | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021

Melancholia
(extrait)
… Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : – Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait – c’est là son fruit le plus certain ! –
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !
(Victor Hugo)
Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
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Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), accroupi, airain, ange, aube, âme, éternellement, étouffant, être, bagne, beauté, blasphème, bossu, briser, cendre, cheminer, coeur, comprendre, crétin, dent, destin, donner, doux, en fleur, enfant, enfer, fer, fièvre, front, fruit, haïr, heureux, hideux, homme, imposer, innocent, insensé, jamais, jeunesse, joue, jouer, las, libre, machine, maigrir, maudit, mauvais, mâcher, mère, meule, monstre, mouvement, oeuvre, ombre, opprobre, outil, pâleur, pensée, pensif, peuple, prison, progrès, rachitisme, rendre, rire, s'arrêter, sain, serre, servitude, seul, soir, sombre, souffle, tendre, travailler, tuer, vice | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2021

Illustration: Henri Matisse
[…]
il ne manque à l’amour que la durée
pour être à la fois l’Éden avant la chute
et l’Hosanna sans fin.
Faites que la beauté reste,
que la jeunesse demeure,
que le cœur ne se puisse lasser,
et vous reproduirez le ciel.
L’amour est si bien la félicité souveraine
qu’il est poursuivi de la chimère d’être toujours ;
il ne veut prononcer que des serments irrévocables ;
au défaut de ses joies, il cherche à éterniser ses douleurs;
ange tombé, il parle encore le langage
qu’il parlait au séjour incorruptible;
son espérance est de ne cesser jamais;
dans sa double nature et dans sa double illusion ici-bas,
il prétend se perpétuer par d’immortelles pensées
et par des générations intarissables.
[…]
(René de Chateaubriand)
Recueil: Mémoires d’outre-tombe
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (René de Chateaubriand), amour, ange, éterniser, beauté, cesser, chimère, chute, ciel, coeur, demeurer, double, douleur, durée, eden, espérance, félicité, fin, génération, Hosanna, ici-bas, illusion, immortel, incorruptible, intarissable, irrévocable, jamais, jeunesse, joie, langage, lasser, manquer, nature, parler, pensée, perpétuer, poursuivre, prétendre, prononcer, reproduire, rester, séjour, serment, souverain, tomber, toujours | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2021
Illustration: Freydoon Rassouli
Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux.
Comme le soleil fait serein ou pluvieux
L’azur dont il est l’âme et que sa clarté dore,
Tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore.
Du haut de ta splendeur, si pure qu’en ses plis
Tu sembles une femme enfermée en un lys,
Et qu’à d’autres moments l’œil qu’éblouit ton âme
Croit voir, en te voyant, un lys dans une femme,
Si tu m’as souri, Dieu ! tout mon être bondit ;
Si, madame, au milieu de tous, vous m’avez dit,
À haute voix : Bonjour, monsieur, et bas : Je t’aime !
Si tu m’as caressé de ton regard suprême,
Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand ;
Ta prunelle m’éclaire en me transfigurant ;
J’ai le reflet charmant des yeux dont tu m’accueilles ;
Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,
On sent de la gaîté sous chacun de mes mots ;
Je cours, je vais, je ris ; plus d’ennuis, plus de maux ;
Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse !
Mais que ton cœur injuste un jour me méconnaisse ;
Qu’il me faille porter en moi jusqu’à demain
L’énigme de ta main retirée à ma main :
— Qu’ai-je fait ? qu’avait-elle ? Elle avait quelque chose.
Pourquoi, dans la rumeur du salon où l’on cause,
Personne n’entendant, me disait-elle vous ? —
Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux
A passé comme passe au ciel une nuée,
Je sens mon âme en moi toute diminuée ;
Je m’en vais courbé, las, sombre comme un aïeul ;
Il semble que sur moi, secouant son linceul,
Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ;
Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre ;
Le chagrin — âge et deuil, hélas ! ont le même air —
Assombrit chaque trait de mon visage amer,
Et m’y creuse une ride avec sa main pesante.
Joyeux, j’ai vingt-cinq ans ; triste, j’en ai soixante.
(Victor Hugo)
Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aïeul, accueillir, aile, aimer, air, aller, amer, assombrir, au milieu, aurore, azur, âge, âme, éblouir, éclairer, énigme, être, bois, bondir, bonjour, brume, caresser, causer, chagrin, chambre, chanter, charmant, ciel, clarté, coeur, courber, courir, creuser, croire, décembre, demain, deuil, Dieu, diminuer, dorer, doux, emplir, enfermer, ennui, entendre, femme, feuille, fier, froid, front, gaîté, grand, injuste, inonder, jeune, jeunesse, joyeux, las, léger, linceul, loup, lys, madame, main, mal, méconnaître, monsieur, mot, nuée, oeil, passer, pencher, personne, pesant, plaire, pli, pluvieux, porter, pourquoi, pouvoir, prunelle, pur, reflet, regard, rentrer, retirer, ride, rire, rumeur, salon, secouer, sembler, sentir, serein, soleil, sombre, sourire, splendeur, suprême, trait, transfigurer, triste, trou, vieillard, vieux, visage, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2020

Illustration: Jérôme Royer
L’AGRÉABLE DE CE MONDE…
L’agréable de ce monde, je l’ai goûté,
Les heures de jeunesse sont depuis si longtemps ! si longtemps ! écoulées,
Avril et mai et juillet sont loin,
Je ne suis plus rien, je vis maintenant sans plaisir.
***
DAS ANGHENEHME DIESER WELT…
Das Angenehme dieser Welt hab’ ich genossen,
Die Jugendstunden sind, wie lang ! wie lang ! verflossen,
April und Mai und Julius sind ferne,
Ich bin nichts mehr, ich lebe nicht mehr gerne !
(Friedrich Hölderlin)
Recueil: Derniers poèmes
Traduction: Jean-Pierre Burgart
Editions: William Blake and Co.
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Posted in poésie | Tagué: (Friedrich Hölderlin), agréable, avril, écouler, goûter, heure, jeunesse, juillet, loin, longtemps, mai, maintenant, monde, plaisir, rien, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2020

La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace… ah ! Certes,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m’assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L’épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie,
Sans un peu de travail on n’a point de plaisir.
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Recueil: Fables
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), assurer, éplucher, bon, caillou, casser, coque, croire, dent, discours, fruit, goût, grimace, guenon, jeter, jeunesse, manger, mère, mentir, noix, ouvrir, personne, plaisir, ramasser, se souvenir, singe, travail, tromper, vert, vie, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2020
Recueil: L’arbre à poèmes Anthologie personnelle 1992-2012
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Abdellatif Laâbi), ami, jeunesse, monde, rêve, surprendre, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2020

Andrée Chedid
Jeunesses
On eut beau la flatter
Célébrer ses atours
Ma jeunesse s’engouffra
Dans la gorge du temps
Elle cessa de fleurir
Pour rejoindre sans détresse
La trame usuelle
Qui mène à l’ultime champ
L’été prit le relais
D’autres et d’autres jeunesses
S’aventuraient déjà
En leurs corps flamboyants.
(Andrée Chedid)
Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), atours, été, célébrer, cesser, champ, corps, déjà, détresse, flamboyer, flatter, fleurir, gorge, jeunesse, mener, prendre, rejoindre, relais, s'aventurer, s'engouffrer, temps, trame, ultime, usuel | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020

Il est de ces miracles inopinés qui jaillissent de l’instant et dont le
frémissement ressemble à une surface ridée
qui d’un seul coup se lisse et retrouve un air de jeunesse endormi
A chaque moment, sa patience.
Je n’attends de la vie que le choc de ses instants
(Ananda Devi)
Découvert chez Lara ici
Illustration: ArbreaPhotos
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Ananda Devi), attendre, choc, endormi, frémissement, inopiné, instant, jaillir, jeunesse, miracle, patience, ridée, vie | Leave a Comment »