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Poésie

Posts Tagged ‘joncher’

LE SENS (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2021



Illustration
    
LE SENS

Le sens ne réside pas en un lieu.
C’est comme une lèvre tronquée
ou la musique d’une planète lointaine.
Rarement c’est un palais ou une plaine,
le diamant d’un vol ou le coeur de la pluie.
Parfois c’est le bourdonnement d’une abeille, une infime présence
et le jour est un feu brûlant sur la corolle de la mer.
Il s’abreuve de violence et d’obscurité
et ses rivages sont jonchés d’oubli et de chaos.
Ses caprices contiennent toute la distance du silence
et tout l’éclat du désir. Avec une musique désespérée,
il craque parfois sous le masque du temps.
Avec des cendres d’eau, il crée des halos de pénombre
et d’un côté c’est le désert, de l’autre une cataracte.
On peut le parcourir certaines fois comme le spectre solaire
ou le sentir comme un cri en lambeaux ou une porte condamnée.
Souvent ses noms ne sont pas des noms,
mais des blessures, des murailles sourdes, des lames effilées,
de minuscules racines, des chiens d’ombre, des ossements de lune.
Toutefois, il est toujours l’amant désiré que
recherche le poète dans les remous des ténèbres.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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Les lilas (Francis Jammes)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2021



    

Les lilas qui avaient fleuri l’année dernière
vont fleurir de nouveau dans les tristes parterres.
Déjà le pêcher grêle a jonché le ciel bleu
de ses roses, comme un enfant la Fête-Dieu.
Mon coeur devrait mourir au milieu de ces choses,
car c’était au milieu des vergers blancs et roses
que j’avais espéré je ne sais quoi de vous.
Mon âme rêve sourdement sur vos genoux.
Ne la repoussez point. Ne la relevez pas,
de peur qu’en s’éloignant de vous elle ne voie
combien vous êtes faible et troublée dans ses bras.

(Francis Jammes)

 

Recueil: Clairières dans le Ciel
Traduction:
Editions: Gallimard

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Drôle de pays (Marianne Van Hirtum)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019




    
Drôle de pays

Ce fut une étrange matinée-feuille
une étrange matinée-verte
les oiseaux tombaient des arbres
comme des feuilles les oiseaux tombaient,
bientôt le sol fut jonché d’oiseaux tombés
drôle de pays.
Il pleuvait des feuilles rapides denses comme la pluie,
sorties de nuages crevés.
Drôle de pays,
il n’y eut plus que des enfants,
couraient perdus hagards cherchaient,
– ne trouvaient pas.
Ces enfants étaient faits de pluie
lorsque s’entrouvraient leurs manteaux on les voyait
d’eau glacée trempés.
Ils avaient d’immenses yeux bleus
dont ils se servaient pour se battre
que dans leurs querelles ils se jetaient au visage,
qui tombés sur la terre vous regardaient, vous regardaient.

Ne cesseront plus de vous regarder.

(Marianne Van Hirtum)

 

Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Tes mains (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2019



 

Tes mains,
jonchant les draps étaient mes feuilles mortes

(Jean Cocteau)

Illustration: Jean-Jacques Henner

 

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Mon front pâle est sur tes genoux (Stuart Merrill)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2019



 

Lauri Blank -   (53) [1280x768]

Mon front pâle est sur tes genoux
Que jonchent des débris de roses ;
O femme d’automne, aimons-nous
Avant le glas des temps moroses !

Oh ! des gestes doux de tes doigts
Pour calmer l’ennui qui me hante !
Je rêve à mes aïeux les rois,
Mais toi, lève les yeux, et chante.

Berce-moi des dolents refrains
De ces anciennes cantilènes
Où, casqués d’or, les souverains
Mouraient aux pieds des châtelaines.

Et tandis que ta voix d’enfant,
Ressuscitant les épopées
sonnera comme un olifant
Dans la danse âpre des épées,

Je penserai vouloir mourir
Parmi les roses de ta robe,
Trop lâche pour reconquérir
Le royaume qu’on me dérobe.

(Stuart Merrill)

Illustration: Lauri Blank

 

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PRUNES (Jean Grosjean)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2018



Illustration
    
PRUNES

Voilé le ciel,
rôdeurs les souffles,
émues les branches.

Soudain la colère des nuées.
La pluie se jette sur les arbres.
Les frondaisons gesticulent.

Et soudain l’averse en fuite,
le verger jonché de prunes
bleues, bouffies, talées, fendues.

(Jean Grosjean)

 

Recueil: Nathanaël
Traduction:
Editions: Gallimard

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[MOTlF PERSAN] (Sergueï Essénine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2018




    
[MOTIF PERSAN]

Au Khorassan je connais une porte
dont le seuil est jonché de roses.
Derrière, vit une péri à l’air pensif.
Au Khorassan je connais une porte
mais cette porte, je ne l’ai pu ouvrir.

Ce n’est pas qu’en mes mains la force manque
pas plus que l’or cuivré en ma chevelure.
La voix de ma péri était belle et tendre.
Ce n’est pas qu’en mes mains la force manque
pourtant cette porte, je ne l’ai pu ouvrir.

À quoi bon prouesses d’amour. Et
pour quoi ? A qui dédierai-je mes chants si,
Chaga, tu ne fais plus la farouche,
mais que ta porte je ne la puisse ouvrir,
à quoi bon, dis, prouesses d’amour ?

Il est temps de retrouver ma Rus’.
Perse ! comment te quitter ?
me séparer de toi pour toujours
à trop aimer la terre où je suis né ?
Il est temps de retrouver ma Rus’.

Adieu, Péri, adieu ! Tant pis
si ta porte je ne l’ai pu ouvrir :
Tu me fis don d’une belle douleur,
en mon pays je saurai te chanter.
Adieu, Péri, adieu.

***

(Sergueï Essénine)

 

Recueil: Journal d’un poète
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence

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Recouverts de lichen (Jean-Pierre Chambon)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2018




    
Recouverts de lichen et comme pétrifiés
des arbres morts jonchent les sous-bois
d’enchevêtrements impénétrables
et dans cette pénombre sous-marine
transpercée de longs traits de lumière
on croirait voir remontée à la mémoire
la trace évanouie de l’outre-monde

(Jean-Pierre Chambon)

 

Recueil: Tout-venant
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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L’homme qui prie (Tahar Ben Jelloun)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2017



Illustration: Annagol
    
L’homme qui prie n’attend rien de sa prière
Il lève les yeux au ciel
Des mots tombent comme neige
Jonchent le sol et mangent ses pieds
L’homme se consume
Jusqu’au dernier souffle de son illusion.

(Tahar Ben Jelloun)

 

Recueil: Que la Blessure se ferme
Editions: Gallimard

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J’ai vu la femme éclater (Mathieu Bénézet)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2017



Illustration: Letinha
    
j’ai vu la femme éclater
dans le silence de la fleur
refermée
les membres épars étaient des allumettes
jonchant le cendrier de la
vie
un oeil était de ces diamants
trouvés par hasard dans
la bouche écartelée
d’une glèbe griffée
le sang coulait dans les méandres
d’une pensée là oubliée

j’ai vu la femme éclatée
dans le silence de la fleur
refermée

(Mathieu Bénézet)

 

Recueil: … Et nous apprîmes
Editions: Flammarion

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