Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘(Juana de Ibarbourou)’

Je te donne mon âme nue (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 16 août 2017



Je te donne mon âme nue,
comme une statue qu’aucun voile ne drape.

Nue, avec la pure impudeur
d’un fruit, d’une étoile ou d’une fleur;
de toutes ces choses qui ont l’infinie
sérénité d’Eve avant sa damnation.

De toutes ces choses,
fruits, astres et roses,
qui ne ressentent pas la honte du sexe sans présages,
et pour qui personne n’osera fabriquer des vêtements.

Dévoilée, comme le corps d’une déesse sereine,
que j’aie l’intense blancheur du lys !

Nue, et grande ouverte
par le désir d’aimer !

***

TE DOY MI ALMA DESNUDA

Te doy mi alma desnuda,
como estatua a la cual ningún cendal escuda.

Desnuda con el puro impudor
de un fruto, de una estrella o una flor;
de todas esas cosas que tienen la infinita
serenidad de Eva antes de ser maldita.

De todas esas cosas,
frutos, astros y rosas,
que no sienten vergüenza del sexo sin celajes
y a quienes nadie osara fabricarles ropajes.

Sin velos, como el cuerpo de una diosa serena
¡que tuviera una intensa blancura de azucena!

Desnuda, y toda abierta de par en par
¡por el ansia del amar!

(Juana de Ibarbourou)

Illustration: Pascal Renoux 

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

PUDEUR (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



PUDEUR

I.

Vous et moi, devant la face bleue de safre
De cette féerique après-midi,

Les mots restent noués, immobiles
Dans nos gorges d’adolescents émus.

Tout orange, le temps coule délicatement
A nos pieds,
Murmure, chuchote, rit, se tait,

Une rose fraîcheur tombe sur nos épaules
Prises dans les fines dentelles de la pudeur.

Tremblants, nous ne savons que faire
Des rêves enfermés dans nos mains.

II.

Fermons nos yeux, laissons le mystère du silence
Révéler au jour, dans la langue des dieux,
L’innocente poésie de nos âmes.

Que le soleil pur à la lumière d’or
Frôle nos cils
Pour rendre plus profonds nos regards !

Que les fioles des heures, pleines de couleurs,
Irisent et enluminent nos vies !

Ecoutons les chants que tissent
Avec tant de passion rouge
Les fleurs des lauriers-roses
Et les ailes joyeuses des oiseaux.

III.

Ainsi, avec les doux bruits de l’air
Et des herbes, à l’ombre des allées ouvertes sur l’infini,
S’écrit le livre essentiel de chaque cœur.

Ah, tous ces mots tus
Qui disent si clairement et avec tant de précision,
L’invisible désormais, l’impalpable empire
De l’amour.

***

PUDOR

I

Tu y yo, delante del rostro azul de safre
de esta tarde mágica.

Las palabras quedan anudadas, inmóviles
en nuestras gargantas de adolescentes conmovidos.

Aloque, el tiempo se hunde delicadamente
a nuestros pies,
murmura,, susurra , ríe, calla.

Una rosa fresca cae sobre nuestros hombros
asidos en los finos encajes del pudor.

Temblorosos, no sabemos que hacer,
los sueños se aprisionan en nuestras manos.

II

Cerremos nuestros ojos, dejemos el misterio del silencio
revelar al día, en la lengua de los dioses,
La poesía inocente de nuestras almas.

¡ Que el sol puro a la luz de oro
roce con nuestras pestañas
haciendo más profundas nuestras miradas!

¡ Qué los frascos de las horas, plenos de colores,
irisen e iluminen nuestras vidas!

Escuchemos los cantos que tejan
con tanta pasión roja
las flores de las adelfas
y las alegres alas de las aves.

III.

Así, con el dulce sonido del aire
yde las hierbas, a la sombra de las alamedas abiertas sobre el infinito,
se escribe el libro esencial de cada corazón.

Oh, todas estas palabras calladas
que dicen tan claramente y con tanta precisión,
el invisible, impalpable imperio
del amor.

(Juana de Ibarbourou)

Illustration: Fabienne Contat

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Le Temps (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Le Temps

Prends moi maintenant qu’il est encore tôt,
et que je porte des dahlias nouveaux dans la main;

Prends moi maintenant, tant qu’elle est noire,
ma taciturne chevelure,

maintenant que j’ai la chair odorante
et les yeux limpides et la peau de rose;

Maintenant que chausse ma plante légère
la sandale vive du printemps.

Maintenant que mes lèvres éclatent de rire
comme une cloche secouée à toute volée

Après… Ah, je sais bien
que plus tard, je n’aurai plus rien de tout cela !

Qu’ensuite ton désir sera inutile,
comme une offrande posée sur un mausolée.

Prends moi maintenant qu’il est encore tôt
et que j’ai la main riche de nards !

Aujourd’hui, et non plus tard. Avant le crépuscule
et le flétrissement de la fraîche corolle.

Aujourd’hui, et non demain ! Oh, Amant ! Ne vois tu pas
que sur la vigne poussera le cyprès ?

***

LA HORA

Tómame ahora que aún es temprano
Y que llevo dalias nuevas en la mano.

Tómame ahora que aún es sombría
Esta taciturna cabellera mía.

Ahora, que tengo la carne olorosa.
Y los ojos limpios y la piel de rosa.

Ahora, que calza mi planta ligera.
La sandalia viva de la primavera.

Ahora, que en mis labios repica la risa
Como una lampara sacudida a prisa.

Despúes… ¡ah, yo sé
Que ya nada de eso más tarde tendré!

Que entonces inútil será tu deseo
Como ofrenda puesta sobre un mausoleo.

¡Tómame ahora que aún es temprano
Y que tengo rica de nardos la mano!

Hoy, y no más tarde. Antes que anochezca
Y se vuelva mustia la corola fresca.

Hoy, y no mañana. Oh amante, ¿no ves
Que la enredadera crecerá ciprés?

(Juana de Ibarbourou)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Dépit (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Dépit

Ah, que je suis fatiguée ! J’ai tant ri,
tant, que les larmes m’en sont montées aux yeux ;
tant, que ce rictus qui contracte ma bouche
est une trace étrange de mon fou rire.
Tant, que cette intense pâleur que je montre
(comme sur les portraits de vieille lignée)
vient de la fatigue du fou rire
Qui, dans tout mon corps, glisse sa torpeur
Ah, que je suis fatiguée ! Laisse-moi dormir ;
car, comme l’angoisse, la joie rend malade.
Quelle drôle d’idée de dire que je suis triste !
Quand me suis-je vue plus joyeuse qu’à présent ?

Mensonge ! Je n’ai ni doutes, ni envies,
ni inquiétude, ni angoisses, ni peines, ni désirs,
si dans mes yeux brille la rosée des larmes,
c’est parce que j’ai fait l’effort de rire autant…

***

Despecho

¡Ah, qué estoy cansada! Me he reído tanto,

tanto, que a mis ojos ha asomado el llanto;
tanto, que este rictus que contrae mi boca
es un rastro extraño de mi risa loca.
Tanto, que esta intensa palidez que tengo
(como en los retratos de viejo abolengo)
es por la fatiga de la loca risa
que en todo mi cuerpo su sopor desliza.

¡Ah, qué estoy cansada! Déjame que duerma;
pues, como la angustia, la alegría enferma.
¡Qué rara ocurrencia decir que estoy triste!
¿Cuándo más alegre que ahora me viste?

¡Mentira! No tengo ni dudas, ni celos,
Ni inquietud, ni angustias, ni penas, ni anhelos,
Si brilla en mis ojos la humedad del llanto,
es por el esfuerzo de reírme tanto…

(Juana de Ibarbourou)

Illustration: Jeff Scher

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Le Doux Miracle (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Le Doux Miracle

Qu’est-ce que cela ? Prodige ! Mes mains fleurissent.
Des roses, des roses, des roses poussent sur mes doigts
Mon amant m’a baisé les mains, et d’elles,
Oh, grâce ! Des roses ont jailli comme des étoiles.

Et je vais par le sentier en criant le charme à tue tête,
et dans le bonheur le sourire alterne avec les pleurs
et sous le miracle de mon enchantement
se parfument de roses les ailes du vent.

Les gens qui passent murmurent en me voyant :
« Ne voyez vous pas qu’elle est folle ? Qu’elle rentre chez elle.
Elle dit que des roses ont poussé de ses mains
et elle les va agitant comme des papillons ! »

Ah, bien pauvres les gens qui n’entendent jamais rien à
un miracle de ce genre, qui ne comprennent seulement
que ne naissent les roses que sur les rosiers
et qu’il n’y a de blé que celui des champs de blé !

Qui ont besoin de lignes, de couleur, de forme,
et qui n’admettent que la réalité pour norme.
Qui, quand l’un se prend à dire : « J’y vais avec douceur »
se mettent à la chercher immédiatement.

Qu’ils me disent folle, qu’ils me jettent en cellule,
qu’avec sept clés ils ferment la porte,
qu’ils mettent un chien pour monter la garde,
geôlier rude, geôlier fidèle.

Je chanterai le même chant :  » Mes mains fleurissent.
Des roses, des roses, des roses poussent sur mes doigts »
et toute ma cellule aura la fragrance
d’un immense bouquet de roses de France !

***

EL DULCE MILAGRO

¿Que es esto? ¡Prodigio! Mis manos florecen.
Rosas, rosas, rosas a mis dedos crecen.
Mi amante besóme las manos, y en ellas,
¡oh gracia! brotaron rosas como estrellas.

Y voy por la senda voceando el encanto
y de dicha alterno sonrisa con llanto
y bajo el milagro de mi encantamiento
se aroman de rosas las alas del viento.

Y murmura al verme la gente que pasa:
« ¿No veis que está loca? Tornadla a su casa.
¡Dice que en las manos le han nacido rosas
y las va agitando como mariposas! »

¡Ah, pobre la gente que nunca comprende
un milagro de éstos y que sólo entiende
Que no nacen rosas más que en los rosales
y que no hay más trigo que el de los trigales!

Que requiere líneas y color y forma,
y que sólo admite realidad por norma.
Que cuando uno dice: « Voy con la dulzura »,
de inmediato buscan a la criatura.

Que me digan loca, que en celda me encierren
que con siete llaves la puerta me cierren,
que junto a la puerta pongan un lebrel,
carcelero rudo carcelero fiel.

Cantaré lo mismo: « Mis manos florecen.
Rosas, rosas, rosas a mis dedos crecen ».
¡Y toda mi celda tendrá la fragancia
de un inmenso ramo de rosas de Francia!

(Juana de Ibarbourou)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le Figuier (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Le Figuier

Parce qu’il est rugueux et laid
parce que toutes ses branches sont grises,
j’ai pitié pour le figuier.

Dans ma villa il y a cent beaux arbres :
pruniers ronds
droits citronniers
et orangers aux bourgeons lustrés.

Au printemps,
tous se couvrent de fleurs
autour du figuier.

Et le pauvre semble si triste
avec ses branches tordues qui jamais
ne s’ornent de bourgeons serrés.

Alors,
chaque fois que je passe à ses côtés
je dis, en procurant
à mon accent la douceur et l’allègresse :
« C’est le figuier, le plus beau
des arbres de mon jardin. »

S’il m’écoute,
s’il comprend la langue que je parle,
quelle douceur si profonde se nichera
dans sa sensible âme d’arbre !

Et peut être la nuit,
quand le vent évente sa palme,
engourdi de joie, le figuier lui raconte :
« Aujourd’hui l’on m’a dit que j’étais beau. »

***

LA HIGUERA

Porque es áspera y fea,
porque todas sus ramas son grises,
yo le tengo piedad a la higuera.

En mi quinta hay cien árboles bellos:
ciruelos redondos,
limoneros rectos
y naranjos de brotes lustrosos.

En las primaveras,
todos ellos se cubren de flores
en torno a la higuera.

Y la pobre parece tan triste
con sus gajos torcidos que nunca
de apretados capullos se visten…

Por eso,
cada verz que yo paso a su lado,
digo, procurando
hacer dulce y alegre mi acento:
-Es la higuera el más bello
de los árboles en el huerto.

Si ella escucha,
si comprende el idioma en que hablo,
¡qué dulzura tan honda hará nido
en su alma sensible de árbol!

Y tal vez a la noche,
cuando el viento abanique su copa,
embriagada de gozo, le cuente:
-Hoy a mi me dijeron hermosa.

(Juana de Ibarbourou)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Racine Sauvage (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Racine Sauvage

Elle m’est restée gravée dans les yeux
la vision de ce chariot de blé
grinçant et lourd, qui passa,
semant d’épis le droit chemin.

– Ne prétends pas maintenant que je plaisante !
Tu ne sais pas dans quels profonds souvenirs
je me suis absorbée !

Depuis le fond de mon âme me remonte
une saveur de pitanga aux lèvres.
Mon épiderme sombre possède encore
je ne sais quels parfums de blé amoncelé.

Ah, je voudrais t’emmener avec moi
dormir une nuit dans le champ
et dans tes bras rester jusqu’au jour
sous le toit affolé d’un arbre !

Je suis la même que cette fille sauvage
qui te côtoyait il y a des siècles.

***

Me ha quedado clavada en los ojos
la visión de ese carro de trigo
que cruzó rechinante y pesado
sembrando de espigas el recto camino.

¡No pretendas ahora que ría!
¡Tu no sabes en qué hondos recuerdos
estoy abstraida!

Desde el fondo del alma me sube
un sabor de pitanga a los labios.
Tiene aún mi epidermis morena
no sé que fragancias de trigo emparvado.

¡Ay, quisiera llevarte conmigo
a dormir una noche en el campo
y en tus brazos pasar hasta el día
bajo el techo alocado de un árbol!

Soy la misma muchacha salvaje
que hace años trajiste a tu lado.

(Juana de Ibarbourou)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Comme le printemps (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Comme le printemps

Comme une aile noire j’ai déployé ma chevelure
sur tes genoux.

Fermant les yeux tu en as humé l’odeur,
et tu m’as demandé alors :

« Dors-tu sur des pierres couvertes de mousse ?
Attaches-tu tes tresses avec des branches de saules?
Ton coussin est il fait de trèfles? Ta chevelure est-elle si noire
parce que tu y as écrasé un épais et sombre jus de baies sauvages ?
Quel parfum étrange et frais t’entoure !
Tu sens les ruisselets, la terre, les forêts.
Quel parfum utilises-tu ? »

Et en riant je t’ai dit :

« Aucun, aucun !
Je t’aime et je suis jeune, je sens le printemps.
Cette odeur que tu sens est celle d’une chair ferme,
de joues claires et du sang neuf.
Je te veux et je suis jeune, voilà pourquoi j’ai
les mêmes parfums que le printemps !  »

***

COMO LA PRIMAVERA

Como una ala negra tendí mis cabellos
sobre tus rodillas.

Cerrando los ojos su olor aspiraste,
dicendome luego:

-¿Duermes sobre piedras cubiertas de musgos?
¿Con ramas de sauces te atas las trenzas?
¿ Tu almohada es de trébol? ¿Las tienes tan negras
porque acaso en ella exprimiste un zumo
retinto y espeso de moras silvestres?
¡Qué fresca y extraña fragancia te envuelve!
Hueles a arroyuelos, a tierra y a selvas.
¿Que perfume usas? Y riendo te dije:

-¡Nintuno, ninguno!
Te amo y soy joven, huelo a primavera.
Este olor que sientes es de carne firme,
de mejillas claras y de sangre nueva.
¡Te quiero y soy joven, por eso es que tengo
las mismas fragancias de la primavera!

(Juana de Ibarbourou)


Illustration:
Fabienne Contat

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :