Posts Tagged ‘(Kathleen Raine)’
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021

REINE DES BOIS
AUJOURD’HUI la Présence
M’a mis sous les yeux
La reine des bois à la blanche écume
De pétales immaculés,
Les quadruples étoiles innombrables
Ouvrent des coeurs de vie,
Dans un jardin de Londres
Elles poussent en un bois printanier
Devant la cité et derrière
Des machines dont le bruit
Déchire le ciel.
Les blanches étoiles
N’entendent pas; elles me disent
« Les bois existent toujours ».
Le muguet
Recherche le terreau de feuilles
Et les merles
Bâtissent de nouveau, réparent
Les accrocs que nous faisons
Dans les temps et dans les lieux.
Les bois immémoriaux
Sont ici, sont tout près,
Les blanches étoiles passent
L’invisible frontière:
« Viens à nous », disent les fleurs,
« Nous te montrerons le chemin. »
***
WOODRUFF
TODAY the Presence
Has set before me
Woodruff’s white foam
Of petals immaculate,
Fourfold stars numberless
Open life’s centres,
In a London garden
They grow in a spring wood
Before the city and after
Machines whose noise
Tears the sky.
The white stars
Do not hear; they tell me
The woods are always’.
Lily-of-the-valley
Feels for loam of leaves
And the blackbirds
Build anew, repair
The rents we tear
In times and places.
Immemorial woods
Are here, are near,
The white stars cross
The invisible frontier:
`Come to us’, the flowers say,
` We will show you the way.’
(Kathleen Raine)
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), accroc, écume, étoile, bâtir, bois, bruit, chemin, ciel, cité, coeur, déchirer, dire, fleur, frontière, invisible, jardin, montrer, pétale, présence, printanier, réparer, reine, terreau, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2019

L’INSTANT
Jamais, jamais plus
Cet instant, jamais
Ces lentes rides
A travers l’eau lisse,
Et jamais plus ces
Nuages blancs et gris
Dans le ciel cristallin vif
Bleu comme le cri du sterne,
Strident parmi l’air léger,
Salé par l’océan,
Adouci par les fleurs.
Ici coïncident
Les longues histoires
Des formes récurrentes
Qui se touchent en un point
Et se quittent dans l’instant,
Les vagues rapides
Du vent et de l’eau,
Le rythme plus lent
De l’usure des roches,
De l’enfoncement des terres.
Dans les lacs fertiles
Le cycle de vie
Des algues brunes
Entrecroise
Les fréquences
Des divers coquillages
Chacun avec son arc
Sa spirale singulière
Filée à partir d’un point
En ton et demi-ton
D’une octave formelle.
Ici viennent planer
Les mouettes blanches
Qui lentement tournent
Au-dessus des îles
OEillets de mer et herbe salée,
Eider et fou de Bassan,
Courlis et cormoran,
Chacun a son mode .
Personnel d’extase
Nouée dans le dessin,
Le courant incessant
De l’espèce perpétuelle,
Répétée, renouvelée
Par le vouloir de la joie
Dans des oeufs mis à l’abri
De corniches escarpées.
Le soleil qui se lève
Sur une terre, se couche
Sur une autre.
Rapidement les fleurs
Croissent et se flétrissent,
Le grand iris jaune
Déploie sa corolle
Quand les primevères se fanent,
Les volutes des fougères
Se déroulent, les moucherons
Dansent le temps d’une heure
Dans l’air du soir,
La phalène brune émerge
De sa chrysalide
Et les os de l’alouette
Tombent épars dans l’herbe.
Le soleil qui s’est levé
De la mer ce matin
Ne reviendra jamais,
Car la lumière diffuse
Qui fait briller les feuilles
Et miroite sur l’eau
Poursuivra cette nuit
Son très long voyage
Hors de l’univers.
Jamais plus ce soleil,
Ce monde, jamais plus
Cet unique témoin.
***
THE MOMENT
Never, never again
This moment, never
These slow ripples
Across smooth water,
Never again these
Clouds white and grey
In sky sharp crystalline
Blue as the tern’s cry
Shrill in light air
Salt from the ocean,
Sweet from flowers.
Here coincide
The long histories
Of forms recurrent
That meet at a point
And part in a moment,
The rapid waves
Of wind and water
And slower rhythm
Of rock weathering
And land sinking.
In teeming pools
The life cycle
Of brown weed
Is intersecting
The frequencies
Of diverse shells
Each with its variant
Arc or spiral
Spun from a point
In tone and semitone
Of formal octave.
Here come soaring
White gulls
Leisurely wheeling
In air over islands
Sea pinks and salt grass,
Gannet and eider,
Curlew and cormorant
Each a differing
Pattern of ecstasy
Recurring at nodes
In an on-flowing current,
The perpetual species,
Repeated, renewed
By the will of joy
In eggs lodged safe
On perilous ledges.
The sun that rises
Upon one earth
Sets on another.
Swiftly the flowers
Are waxing and waning,
The tall yellow iris
Unfolds its corolla
As primroses wither,
Scrolls of fern
Unroll and midges
Dance for an hour
In the evening air,
The brown moth
From its pupa emerges
And the lark’s bones
Fall apart in the grass.
The sun that rose
From the sea this morning
Will never return,
For the broadcast light
That brightens the leaves
And glances on water
Will travel tonight
On its long journey
Out of the universe,
Never this sun,
This world, and never
Again this watcher.
(Kathleen Raine)
Illustration: Andrew Judd
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Kathleen Raine), abri, adouci, alouette, îles, ciel, coïncider, coquillage, corolle, cri, cristallin, eau, enfoncement, entrecroiser, fleur, instant, iris, jamais, joie, lac, lisse, miroiter, monde, nuage, océan, octave, oeillets, os, phalène, planer, primevère, quitter, récurrente, ride, roche, se flétrir, spirale, sterne, témoin, terre, univers, usure, vague, voyage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018

LA VOYAGEUSE
J’ai dormi cent ans sous une aubépine
Et l’arbre devint la racine et les branches de ma pensée
Et ses pétales blancs fleurirent dans ma couronne.
J’ai flotté mille ans dans un lac
Et mes yeux en pleurs ont pu contenir
La clarté diffuse de la lune et le nuage brûlant.
Oui, mon regard connaît
L’eufraise, l’églantine et l’asphodèle.
J’ai vu l’arc-en-ciel s’ouvrir, s’éteindre le soleil.
Vent qui souffle sur les terres,
J’ai dressé des temples de neige, des châteaux de sable,
Et je les ai laissés vides comme une main morte.
Éphémère ailé, je suis né
Avec des yeux multiples et des ailes scintillantes
Que les flammes doivent flétrir, les eaux noyer.
Je dois vivre, je dois mourir,
Je suis le souvenir de tout désir,
Je suis les cendres du monde, et le feu qui met le feu.
***
THE TRAVELLER
A hundred years I slept beneath a thora
Until the tree was root and branches of my thought
Until white petals blossomed in my crown.
A thousand years I floated in a lake
Until my brimful eje could hold
The scattered moonlight and the burning cloud.
Mine is the gaze that knows
Eyebright, asphodel, and briar rose.
I have seen the rainbow open, the sun close.
A wind that blooms about the land
I have raised temples of snow, castles of land
And left them empty as a dead hand.
A winged ephemerid I am born
With myriad eyes and glittering wings
That flames must wither or waters drown.
I must live, I must die,
I am the memory of all desire,
I am the world’s aches, and the kindling Eire.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), aile, arbre, arc-en-ciel, asphodèle, aubépine, églantine, éphémère, blanc, branche, brûlant, cendre, château, clarté, connaître, contenir, couronné, désir, diffus, dormir, dresser, eau, eufraise, feu, flamme, flétrir, fleurir, flotter, lac, laisser, lune, main, monde, mort, mourir, multiple, naître, neige, noyer, nuage, pétale, pensée, pleur, racine, regard, s'éteindre, s'ouvrir, sable, scintiller, soleil, souffler, souvenir, temple, terre, vent, vide, vivre, voyageur, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018

LE PÉRIPLE
pour Winifred Nicholson
En gravissant la colline de fossiles
J’ai recueilli des petites pierres soudées:
Je me suis souvenue de la mer archaïque
Où jadis ces cailloux furent mes os.
Je marchais le long du mur d’Hadrien;
Le vent du nord soufflait, venant du pôle.
Oh, je fus cet assaut de violence
Contre les remparts du monde!
Au crépuscule, dans une crypte déserte,
J’ai éprouvé la peur de toutes mes morts :
Des formes que j’avais vues avec des yeux de bête
Peuplaient l’obscurité de mystères.
Je suis restée près d’un torrent
Et d’un tertre où poussaient des chardons;
Ce lieu qui si longtemps avait été mon lieu,
Maintenant mon coeur y pourrit sous terre.
J’ai été la truite qui hante le lac,
L’ombre, la présence qui traverse l’eau.
Tant et tant de vies dont je laisse
Les os épars, les ailes brisées !
J’ai été l’animal qui meurt,
Œil qui se ferme sur l’aubépine dentelée,
Carcasse étouffée bientôt par la mousse,
Crâne englouti sous les fougères.
Les traces de mes pas s’enfoncent dans les sables mouvants
Et les champs d’orge ont bu mon sang, .
Ma sagesse a tracé la spirale d’un coquillage,
Mon labeur a dressé un tumulus de pierres sur une colline.
De loin je suis venue et je dois aller loin,
Il y a tant de tombes qu’habite ma douleur,
Mais toujours les doigts morts font naître
Les fleurs que je bénis de mes yeux vivants.
***
THE JOURNEY
For Winifred Nicholson
As I vent over fossil hill
I gathered up small jointed stones,
And I remembered the archaic sea
Where once these pebbles moere my bons.
As I walked on the Roman wall
The wind blew southward from the pole.
Oh I have been that violence hurled
Against the ramparts of the world.
At nightfall in an empty kirk
I felt the fear of all my deaths:
Shapes I had seen with animal eyes
Crowded the dark with mysteries.
I stood beside a tumbling beck
Where thistles grew upon a mound
That man, a day had been my home,
Where now my heart rots in the ground.
I was the trout that bannis the pool,
The shadowy presence of the stream.
Of many many lives I leave
The scattered bone and broken wing.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), aile, aller, animal, archaïque, assaut, aubépine, épars, éprouver, bénir, bête, boire, briser, caillou, carcasse, champs, colline, coquillage, crâne, crépuscule, crypte, désert, doigt, douleur, dresser, eau, engloutir, fleur, forme, fossile, fougères, gravir, habiter, jadis, labeur, laisser, loin, marcher, mer, monde, mort, mourir, mousse, mur, mystère, naître, obscurité, oeil, ombre, orge, os, périple, pôle, peupler, peur, pierre, présence, recueillir, rempart, rester, sables mouvants, sagesse, sang, se fermer, se souvenir, soudé, souffler, spirale, tombe, torrent, traverser, tumulus, venir, vent, vie, violence, vivant, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018

UNE FEMME A SON AMANT
Je suis le feu
Calmé, devenu l’eau,
Une vague
Se dressant de l’abîme.
Dans mes veines
La marée gouvernée par la lune
S’élève, arbre de fleurs
Qui s’envolent en écume.
Je suis l’air
Pris dans un filet,
L’oiseau prophétique
Qui chante dans le reflet d’un ciel,
Je suis un rêve avant le néant.
Je suis une couronne d’étoiles,
Je suis le moyen de mourir.
***
WOMAN TO LOVER
I am fire
Stilled to water,
A wave
Lifting from the abyss.
In mi veins
The moon-drawn tide rires
Into a tree of flowers
Scattered in sea-foam.
I am air
Caught in a net,
The prophetic bird
That sings in a refiected sky,
I am a dream before nothingness,
I am a crown of stars,
I am the ive to die.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), abîme, air, amant, arbre, écume, étoile, calmer, chanter, ciel, couronné, devenir, eau, femme, feu, filet, fleur, gouverner, lune, maré, mourir, moyen, néant, oiseau, prendre, prophétique, rêve, reflet, s'élever, s'envoler, se dresser, vague, veine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018

LE MONDE
Il brûle dans le vide,
Maintenu par rien.
Il voyage immobile.
Voyageur du vide
Maintenu en brûlant
Rien n’est immobile.
Brûlant il voyage,
Maintenu par le vide.
Immobile il n’est rien.
Rien mais il voyage
Vide brûlant
Maintenu par l’immobile.
***
THE WORLD
It burns in the void,
Nothing upholds it.
Still it travels.
Travelling the void
Upheld by burning
Nothing is still.
Burning it travels.
The void upholds it.
Still it is nothing.
Nothing it travels
A burning void
Upheld by stillness.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018

Illustration
L’ESPRIT TUTÉLAIRE
L’esprit est étrange
Qui regarde avec mes yeux,
Travaille de mes mains,
Dont l’élan attise ma poussière
Et dans mon âme affirme
Ses certitudes.
Mais je peux fermer à tout ce qu’il connaît
L’esprit éternel,
Nier
L’amour qui bouge en moi
Quand l’esprit souffle.
Ceci, mon être
Dressé depuis le commencement du temps,
Que cette puissance l’utilise.
***
THE TUTELARY SPIRIT
The mind is strange
That looks out of my eyes
Labours with my bands,
Whose impulse surs my dust
And in my soul affirms
Its certainties.
Yet I can close
The eternal mind to all it knows,
Dent’
The love that moves in me
When the spirit blows.
This my being
Raised up from lime’: beginning
May the power use.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), affirmer, amour, attiser, âme, élan, éternel, étrange, être, bouger, certitude, commencement, connaître, dressé, esprit, fermer, mai, nier, poussière, puissance, regarder, souffler, temps, travailler, tutélaire, utiliser, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018

Illustration: Marc Chagall
LE SPECTRE INVISIBLE
Que j’apprenne, si je l’ose, l’ordre du vent,
Du feu, de la tempête, et de la mer.
Que j’apprenne si je l’ose dans quel mode de l’être
Tombe la feuille de l’arbre.
Partout
Il y a des brèches dans l’air,
Des tombes ouvertes pour nous recevoir,
Après la septième couleur
Et avant la première
C’est l’obscurité.
Au-delà du son, le silence
Qu’entendent les chauves-souris
Et le poisson des profondeurs qui perçoit le pouls des vagues,
Au-delà des sens, les sphères qui tournent, ces fileuses,
Atomes et étoiles
Qui tissent nos vies.
Les amants cherchent un refuge
Dans l’abîme
D’où ils s’élancent,
Car dans les profondeurs de l’amour nous sondons
Le vide
Derrière la vie mortelle,
Et à travers notre sommeil
Se meuvent des puissances cachées
Étranges comme des nébuleuses,
Les rêves qui ne sont pas les nôtres.
***
THE INVISIBLE SPECTRUM
Learn, if I dare, the order of the wind,
Fire, tempest and the sea.
Learn if I dare into what mode of being
The leaf falls from the tree.
Everywhere
There are bolet in the air,
Graves open to receive us,
After the seventh colour
And before the first
Lies darkness.
Beyond sound, silence
Audible to bats
And deep-sea fish that feel the throb of waves,
Beyond senne, the spinning spheres,
Atoms and stars
That weave our dives
Loyers seek sanctuary
In the abyss
From which they fly,
For in love’s depths we sound
The void
Beyond mortality
And through our sleep
Move latent powers
Strange as nebulae,
Dreams not ours.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), abîme, air, amant, amour, apprendre, arbre, atome, au-delà, à travers, étoile, étrange, être, brèche, caché, chauve-souris, chercher, couleur, derrière, entendre, feu, feuille, fileuse, invisible, mer, mode, mortel, nébuleuse, obscurité, ordre, oser, ouvert, percevoir, poisson, pouls, première, profondeur, puissance, rêve, recevoir, refuge, s'élancer, se mouvoir, sens, septième, silence, someil, son, sonder, spectre, sphère, tempête, tisser, tombe, tomber, tourner, vague, vent, vide, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018

LE FIL
Seule la vierge connaît l’histoire de la vie,
Le mythe implicite dans le bourgeon soyeux
Dont les feuilles sont les pages jamais ouvertes du coeur.
Les filandres de son rêve flottent dans la nuit;
Leurs fils fragiles portent la somnambule
(Que nul n’éveille ma bien-aimée, ou elle est perdue).
Quand l’ange est venu elle connaissait son visage
Et à une question étrange de l’étranger
Elle donna la réponse de tout temps prédestinée.
Les jeunes araignées tissent d’abord des toiles parfaites
Puis avec l’âge leur travail devient moins sûr.
La vieillesse tisse des haillons, des lambeaux, des loques.
Mater Dolorosa, à la fin d’un mythe usé,
Se souvenant du passé, mais non du futur,
A perdu son fil, telle une vieille araignée.
Car le temps nous défait, l’obscurité efface
Les figures du rouet nocturne de Pénélope.
Les étoiles qui tournent cassent les fils ténus de la rêverie
Et la vieille fileuse emmêle ses écheveaux de mort.
***
THE CLUE
Only the virgin knows the life story,
The myth implicit in the silk-spun bud
Whose leaves are the unopened pages of the heart.
The gossamer of her dream frets out across the night;
Its fragile thread upholds the somnambulist —
(Let none awaken my beloved, or she is lost)
When the ange’ came, she knew his face
And to the stranger asking a strange thing
Gave the answer predestined before time.
Young spiders weave at first their perfect webs,
Later, less certain, they weave worse.
Old age spins tattered cobwebs, rags and shreds.
Mater Dolorosa, at the end of a spent myth,
Remembering the part, but not the future,
Has lest ber due, like an old spider,
For time undoes us, darkness defaces
The figures of Penelope’s night loom.
Revolving stars wind up the tenuous threads of day-dream
And the old spinner ravels skeins of death.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), ange, araignée, écheveau, étrange, étranger, éveiller, bien-aimé, bourgeon, coeur, connaître, effacer, feuille, fil, filandre, fileuse, flotter, fragile, haillon, histoire, lambeau, loque, mort, mythe, nuit, obscurité, ouvert, page, parfait, Pénélope, perdu, porter, prédestiné, question, réponse, rêve, rêverie, rouet, somnambule, soyeux, ténu, toile, usé, venir, vie, vieillesse, vierge, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018

SOI
Qui suis-je, qui
Parle, fait de poussière,
Qui regarde, fait d’argile?
Qui entend
La pierre muette,
Et touche du doigt, de l’os,
L’eau fragile?
Qui pour la forêt respire le soir,
Voit pour la rose,
Et sait
Ce que l’oiseau chante?
Qui suis-je — qui craint pour le soleil
La diabolique obscurité,
Et tient en équilibre
L’atome et le chaos?
Qui, né du rien, a contemplé
Le visage aimé?
***
SELF
Who am I, who
Speaks from the dus!,
Who looks from the clay ?
Who bears
For the mute stone,
For fragile water feels
With finger and bone?
Who for the fores! breathes the evening,
Sees for the rose,
Who knows
What the bird sings?
Who am I, who for the sun fears
The demon dark,
In order bolds
Atom and chaos?
Who out of notbingness has gazed
On the beloved face?
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), aimé, argile, atome, équilibre, chanter, chaos, contempler, craindre, diabolique, doigt, eau, entendre, fait, forêt, fragile, muet, obscurcir, oiseau, os, parler, pierre, poussière, regarder, respirer, rose, savoir, soi, soir, soleil, tenir, toucher, visage, voir | Leave a Comment »