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Poésie

Posts Tagged ‘là-haut’

TROP TARD (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2023




    
TROP TARD

Désuet, avec sa médiocre colonnade,
Le vieux château se dresse ; et, d’une aile malade
Sur les mauves asters voletant au hasard,
Un dernier papillon frissonne.
Tout, au jardin fané d’automne,
Dit que je suis venu trop tard.

Là-haut, sur le balcon, dans ses robes de soie,
Avec un cerne autour de ses fiers yeux sans joie,
Orgueilleuse, la reine morne au teint blafard
Retient la main qu’elle veut tendre.
Point de pardon : comment comprendre
Pourquoi je suis venu trop tard ?

***

ZU SPÄT

Altmodisch steht mit schmächtigen Pilastern
Wie sonst das Schloß. Auf violetten Astern
Irrt noch ein später Falter her und hin
Mit krankem Flügelschlagen,
Und welke Beete sagen
Daß ich zu spät gekommen bin.

Und am Balkon in seidenen Gewändern,
Mit stolzen Augen in vertrübten Rändern,
Steht trüb und stolz die blasse Königin,
Und will die Hand erheben, —
Und kann mir nicht vergeben,
Daß ich zu spät gekommen bin.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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RETOUCHE A L’ÉTUDE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



Adrian Borda 09682c7556f735c6 [1280x768] 

RETOUCHE A L’ÉTUDE

Par le judas dans le plafond
le notaire observe son épouse
que vêt la peau d’un tigre
elle chante un flamenco
pour des éphèbes blancs
qui surprennent à leurs bagues
pierres de lune et serpents
les yeux du Maître, là-haut.

(Daniel Boulanger)

Illustration: Adrian Borda

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Qu’est-ce qui te fait errer dans la nuit printanière? (Heinrich Heine)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2023



 
    
Qu’est-ce qui te fait errer dans la nuit printanière?
Tu as rendu folles toutes les fleurs,
Les violettes, comme elles sont effrayées !
Les roses rougissent de honte,
Les lys sont blêmes comme la mort,
Ils se plaignent, hésitent et s’arrêtent !

Ô, chère lune, de quelle race pieuse
Sont donc les fleurs ! Elles ont raison,
Ce que j’ai fait est mal !
Mais pouvais-je savoir qu’elles écoutaient
Quand, enivré d’un brûlant amour,
Je parlais avec les étoiles là-haut?

(Heinrich Heine)

Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard

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Beauté Le peuplier (Juan Ramón Jiménez)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2023



Illustration: Claude Monet
    
Beauté
Le peuplier

Là-haut chante l’oiseau
et en bas chante l’eau.

(Là-haut et en bas,
s’ouvre mon âme.)

Entre deux mélodies,
la colonne d’argent !
Feuille, oiseau, étoile ;
fleur basse, racine, eau.
Entre deux commotions,
la colonne d’argent !

(Et toi, tronc idéal,
entre mon âme et mon âme !)

Le trille berce l’étoile,
la vague la fleur basse.

(Là-haut et en bas
me tremble l’âme.)

(Juan Ramón Jiménez)

 

Recueil: Les arbres et les poètes (Poèmes choisis pat Jean-Hugues Malineau)
Traduction: Guy Levis Mano
Editions: Actes Sud

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Odeur d’iris (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023




    
Odeur d’iris
près de la fontaine
près du mur chauffé au soleil

moiteur de la peau lèvres humides
robe froissée légère
debout contre le mur aux pierres encore chaudes

musique voluptueuse de l’eau
coulant de la nuque aux chevilles
une main savante

odeur d’iris
violente et douce comme
l’extrême pointe du plaisir
le bleu là-haut immaculé

le corps tous les secrets du corps
là près de la fontaine
en cette fin d’après-midi d’été

debout contre le mur
ouverte

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Le Vieux Chalet (Joseph Bovet)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2023




    
Le Vieux Chalet

Là-haut sur la montagne
L’était un vieux chalet
Murs blancs toit de bardeaux
Devant la porte un vieux bouleau
Là-haut sur la montagne
L’était un vieux chalet

Là-haut sur la montagne
Croula le vieux chalet
La neige et les rochers
S’étaient unis pour l’arracher
Là-haut sur la montagne
Croula le vieux chalet

Là-haut sur la montagne
Quand Jean vint au chalet
Pleura de tout son coeur
Sur les débris de son bonheur
Là-haut sur la montagne
Quand Jean vint au chalet

Là-haut sur la montagne
L’est un nouveau chalet
Car Jean d’un coeur vaillant
L’a rebâti plus beau qu’avant
Là-haut sur la montagne
L’est un nouveau chalet.

(Joseph Bovet)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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C’est un bruissement à peine (Jacques Ancet)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2022




    
C’est un bruissement à peine.
Une sorte de vibration fixe
venue de là-haut ou d’en bas,
on ne sait pas.

Avec un ciel de craie
et des visages noirs à contre-jour.
Et des cris soudain, des rires.

Et des phrases qui s’en vont,
qu’on n’a pas su comprendre.
Ou qu’on a mal entendues.
Qu’on a oubliées, déjà.

Seul est resté le silence
et, très loin,
comme au bord,
ce qui ne se tait pas.

***

Et puis, oui, on est au bord.
On ne voit rien, mais on y est.
Le passé vient par bouffées.
Comme poussé par un vent violent.
Tenir, dit-il, que faire d’autre ?
La main touche la main.
Elle y sent battre le coeur.

***

On poursuit comme on peut.
Le jour est froid, le futur une brume immobile.
Rien qui en sorte, sauf peut-être une ombre venue des yeux
et qui se déplace sans jamais prendre forme.
Quant au présent,
il tient comme en équilibre sur la pointe d’un pied.

***

En attendant, lève-toi.
Ouvre les mains.
Laisse tomber ce que tu portes.
Ne garde que ta vie.
Une brassée d’air.
Et rien.

(Jacques Ancet)

Recueil: L’âge du fragment
Traduction:
Editions: AENCRAGES

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Un rêve trop haut (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022



Illustration: Géraldine Alibeu
    
Un rêve trop haut
(petit poème bizarre à ne pas répéter en haut d’un escalier ou d’une échelle)

La première fois où j’ai voulu monter sur un nuage,
le ciel était parfaitement bleu.
Je suis tombé. C’était un dimanche.
Rien n’était ouvert tout en bas,
dans mon quartier :
pas moyen de trouver un sparadrap.
La deuxième fois où j’ai voulu monter là-haut,
il y avait bien un nuage, si beau.
Alors, j’ai sauté.
Ce cumulus était fait d’une douce vapeur,
il était si transparent à l’intérieur :
j’ai un peu flotté, puis je suis tombé.
Heureusement, j’avais réfléchi,
là on était un samedi :
tout de suite, j’ai pu aller à la pharmacie.

(Carl Norac)

Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse

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On se comprend (Yves Leclair)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2022



Illustration
    
On se comprend

C’est rudement beau et
nous sommes deux ce soir à regarder
l’orangé du couchant, une pie me tenant
compagnie. Or voici qu’elle
s’envole, rejoint un gros corbeau
tout là-haut sur le toit de l’école,
mais après confidences revient
tout près de moi dans son flagrant tilleul

(Yves Leclair)

Recueil: Plumes de poèmes
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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Quel flamboiement inattendu (Fiodor Tiouttchev)

Posted by arbrealettres sur 17 décembre 2021



    
Quel flamboiement inattendu,
Que cet arc dans les hauteurs,
Qui s’élance à travers les nues
Dans son éphémère splendeur !

Un bout fiché dans les feuillages,
Il embrasse le ciel à demi,
Il se perd dans les nuages,
Et tout là-haut s’évanouit.

Oh, cette brève vision irisée,
Quel délice pour les yeux !
C’est un cadeau qui t’est donné,
Saisis-le, vite, saisis-le !

Regarde, il pâlit déjà,
Encore une minute — eh oui !
Il s’en est allé
comme s’en ira
Tout ce qui fait notre vie.

(Fiodor Tiouttchev)

Recueil: POÈMES
Traduction: traduit du russe par Sophie Benech
Editions: Interférences

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