Ô plus j’ai la haine
Ô plus ils me font de la peine
Ce n’est pas un drame
Si je ne fais plus la fête (fais plus la fête)
Lous, es-tu sereine
Ou fais-tu juste la guerre?
La vie est une chienne qu’il faut tenir en laisse
Vivre me hante
Tout ce qui m’entoure m’a rendu méchante
Si je rate, je recommence
Quand je suis triste, je chante
Ne jamais tout donner de moi
Dans ce monde c’est le diable qui est roi
Elles me disent que j’ai la poisse
« Blague à part » devient « Lous à part »
Seule, seule, seule
Si je pouvais je vivrais seule
Loin des problèmes et des dilemmes
Na na na na na
Si je pouvais je vivrais seule
Loin de mes chaines et des gens que j’aime
Na na na na
Si je pouvais je vivrais seule
Loin des problèmes et des dilemmes
Na na na na na
Si je pouvais je vivrais seule…
J’adore ces grands oiseaux stupides
qui traînent en laisse le firmament
qui trahit cela même que les oiseaux brident :
le ciel est une caverne bleue, limpide
(Inger Christensen)
Recueil: La chambre peinte
Traduction:
Editions: LE BRUIT DU TEMPS
Le monde est en feu, je l’aime.
En feu la laisse du chien qui m’a conduit aveugle
dans un amour ancien,
en feu le chacal qui hurle dans une chambre de soldat face
à une porte fermée à clé,
la queue-de-cheval derrière une nuque hollandaise,
les lèvres où s’étale un lipstick canadien,
en feu le glaïeul qui a griffé la tête
d’une poétesse de Kiryat Ono,
en feu les vers de celle qui a toujours écrit
sur les roues du camion qui a fini par l’écraser,
en feu le sol qui garde les traces
de ma première danse,
en feu la lune
et ses dunes de sable,
la tempête,
la mer dont les vagues se mettent à genoux
devant l’allumette
qui met le feu aux poudres.
(Ronny Someck)
Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Le père distribue la soupe à la tribu rongée d’amour
La mère signe le pain d’une croix salvatrice
où les enfants broiront l’ardeur de leurs baisers
le foin de leurs pensées s’incendie d’avenir.
Dans la tiédeur des mets languissent de belles lèvres
et le vin sent le sang, le sang frère et caché
le sang si doux dans la chair de verre :
« Que les enfants ont soif ! que les enfants ont faim ! »
Tous les désirs vivants semblent dormir ici
chiens muselés gardés la laisse au poing
et tous les tièdes yeux regardent dans la nuit
l’essaim des mouches blanches farder la terre.
C’est le silence et l’harmonie des coeurs
le père songe à la vache qui vèle
la mère songe au froid de cette neige
sur le froid du tombeau de l’enfant mort.
Jean-Paul songe à des chairs sans ombre
aux seins de la servante entrevus dans la grange
et Jeanne songe au berger de la sente :
ah ! neige née sur le feu de mon sang.
Les parents rient, des liserons de neige regardent la famille,
un Christ de poussière se meurt sur le mur
un Dieu laid comme un homme montre son coeur à nu,
l’horloge bat, ô mon coeur ! ô mon coeur ! si lente…