Posts Tagged ‘laiteux’
Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2022

Apparition
La beauté est divine
et, plus qu’humaine,
elle naît pourtant d’un simple regard,
des gestes de la servante,
du reflet de sa silhouette dans le lac de Pushkar,
du souvenir de son parfum mêlé à la sueur laiteuse,
du chant du qawwal, prière passionnée,
de l’abandon et de la possession des corps,
de la fatigue qui suit l’effort,
du sourire du gamin édenté comme du silence de l’ascète,
de ton refus digne comme de ma confiance inébranlable.
Hafez l’a si bien dit,
elle est comme la nouvelle lune qui éclaire doucement le chemin des égarés,
puis se retire sous le voile des nuages.
(Titi Robin)
Rajasthan, un voyage aux sources gitanes, 2004.
Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Titi Robin), abandon, apparition, ascète, éclairer, édenté, égaré, beauté, chant, chemin, confiance, corps, digne, divin, doux, effort, fatigue, gamin, geste, humain, inébranlable, laiteux, lune, mêlé, naître, nouveau, nuage, parc, parfum, passionné, possession, prière, reflet, refus, regard, se retirer, servant, silence, silhouette, simple, sourire, souvenir, sueur, suivre, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022

Le verger
Dans le jardin, sucré d’oeillets et d’aromates,
Lorsque l’aube a mouillé le serpolet touffu
Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates
Chancellent de rosée et de sève pourvus,
Je viendrai, sous l’azur et la brume flottante,
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
Mon coeur se dressera comme le coq qui chante
Insatiablement vers le soleil levé.
L’air chaud sera laiteux sur toute la verdure,
Sur l’effort généreux et prudent des semis,
Sur la salade vive et le buis des bordures,
Sur la cosse qui gonfle et qui s’ouvre à demi ;
La terre labourée où mûrissent les graines
Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots,
Heureuse de sentir dans sa chair souterraine
Le destin de la vigne et du froment enclos…
Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées
Au mur où le soleil s’écrase chaudement,
La lumière emplira les étroites allées
Sur qui l’ombre des fleurs est comme un vêtement,
Un goût d’éclosion et de choses juteuses
Montera de la courge humide et du melon,
Midi fera flamber l’herbe silencieuse,
Le jour sera tranquille, inépuisable et long.
Et la maison avec sa toiture d’ardoises,
Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts,
Respirera l’odeur des coings et des framboises
Éparse lourdement autour des buissons verts ;
Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente
Du feuillage flexible et plat des haricots
Sur qui l’eau de la nuit se dépose et serpente
Et coule sans troubler son rêve et son repos.
Je serai libre enfin de crainte et d’amertume,
Lasse comme un jardin sur lequel il a plu,
Calme comme l’étang qui luit dans l’aube et fume,
Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,
Je ne saurai plus rien des choses de ce monde,
Des peines de ma vie et de ma nation,
J’écouterai chanter dans mon âme profonde
L’harmonieuse paix des germinations.
Je n’aurai pas d’orgueil, et je serai pareille,
Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité,
À mon frère le pampre et ma soeur la groseille
Qui sont la jouissance aimable de l’été,
Je serai si sensible et si jointe à la terre
Que je pourrai penser avoir connu la mort,
Et me mêler, vivante, au reposant mystère
Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.
Et ce sera très bon et très juste de croire
Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils
Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil…
(Anna de Noailles)
Recueil: Poésie au féminin
Traduction:
Editions: Folio
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Anna de Noailles), air, allée, amertume, ardent, ardoise, aromate, aube, azur, éclosion, épars, étang, étroit, bordure, brugnon, brume, buis, buisson, calme, chair, chanceler, chanter, chaud, chose, coeur, coing, coller, coq, cosse, couler, courge, crainte, déposer, destin, doux, eau, effort, emplir, enclos, feuillage, feuille, flamber, fleur, flexible, flot, flotter, framboise, frelon, froment, fumer, généreux, goût, gonfler, graine, haricot, herbe, heureux, humide, inépuisable, indifférent, insatiable, ivre, jardin, jour, joyeux, juteux, kibre, labourer, laiteux, las, lever, lin, lourd, luire, lumière, maison, mûrir, melon, midi, monde, monter, mouiller, mur, nation, nuit, odeur, oeillet, ombre, ondoyer, onduler, ouvert, pareil, peine, pelure, penser, pente, pleuvoir, poire, porte, pourvu, prudent, rêve, repos, respirer, retrouver, rosée, roussir, s'écraser, s'ouvrir, salade, savoir, sève, se dresser, semis, sentir, serpenter, serpolet, silencieux, soleil, sombre, souffrir, souterrain, sucre, suspendu, temps, terre, toiture, tomate, touffu, tranquille, troubler, vêtement, venir, verdure, verger, vert, vie, vif, vigne, vivace, volet, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 février 2020

LES MALICES DU VENT
Le vent n’arrête pas de me faire des malices
Il pose sur la page un tout petit insecte
dessiné si fin avec des yeux si microscopiques
des couleurs si pâles dans les verts étouffés
et des gris si transparents que je perds dix minutes
à le regarder Il reste d’abord immobile comme médusé
puis se met en route pour traverser la feuille
et je ne sais plus du tout comment commençait le poème
que je m’étais décidé à me mettre à écrire
Je vais chercher le manuel d’entomologie
pour essayer de percer à jour l’identité de mon insecte
qui est probablement un hétéroptère le berytines minor
Je n’en suis pas sûr cependant Il faudrait vérifier
mais le vent embrouille les pages et je n’arrive pas
à trouver son portrait dans les planches en couleurs
J’essaie de me souvenir de l’amorce du poème
Il y avait au début l’odeur du seringa
et le goût que doit avoir une certaine couleur
laiteuse et vive couleur du jour juste avant le soleil couchant
(un goût d’amande amère et de sorbet au citron)
Mais le vent fait tomber de l’arbre au-dessus de ma tête
les premières feuilles mortes de l’année
des feuilles de cerisier roussies par la canicule
Les feuilles bousculent le poème qui reprenait forme
et voilà mon poème éparpillé et défeuillé qui s’en va
Il faut se résigner et changer de sujet
Je vais écrire un poème qui commencera ainsi
Le vent n’arrête pas de me faire des niches
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), amande, amer, amorce, arrêter, écrire, éparpiller, étouffer, bousculer, canicule, cerisier, citron, commencer, couleur, dessiner, embrouiller, feuille, fin, forme, goût, gris, identité, immobile, insecte, laiteux, malice, manuel, médusé, microscopique, mort, niche, odeur, page, pâle, perdre, poème, portrait, poser, regarder, roussir, sûr, se décider, se résigner, seringa, soleil couchant, sorbet, transparent, traverser, vérifier, vent, vert, vif, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2019

Les fleuves bleus du feu
Déchirent la campagne laiteuse.
On entend craquer les os
De la terre
Qui se met à sentir
Comme une femme en amour.
Bonne sueur de joie
Remontant les grilles de la pluie,
Bonnes larmes
Et larmes pour les jambes des femmes
Inquiétantes colombes.
(Jean Rousselot)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Jean Rousselot), amour, bleu, campagne, colombe, craquer, déchirer, entendre, femme, feu, fleuve, grille, inquiétant, jambe, joie, laiteux, larme, os, pluie, sentir, sueur, terre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 septembre 2019
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in haïku, poésie | Tagué: (René Maublanc), calme, ciel, laiteux, mer, miroir, s'inverser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018

Illustration
Mer et brume
fusion laiteuse
Chacune se nourrit
de l’autre
l’absorbe
Au loin la corne
dite de brume
tente de les séparer
De glisser entre elles
le tranchant aigu
de la différence
N’y parvient pas
Brame
insistante
impuissante
Profil bas
le jour
et pesanteur du ciel
Brume de mort
infiltrée
dans le crépuscule
des cellules
Ni lame
ni corne
sachant disjoindre
Fusion morne
(Claude Pujade-Renaud)
Recueil: Instants incertitudes
Traduction:
Editions: Le Cherche Midi
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Claude Pujade-Renaud), absorber, aigu, autre, bramer, brume, cellule, ciel, corne, crépuscule, différence, disjoindre, fusion, glisser, impuissant, infiltrer, insister, jour, laiteux, lame, loin, mer, morne, mort, parvenir, pesanteur, savoir, séparer, se nourrir, tenter, tranchant | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 3 mars 2018

Illustration
Né du lent basculement du crépuscule
un frisson de vent parcourt la roselière
et crible de rouille le miroir de l’étang
où faiblit la lueur laiteuse des nénuphars
d’un fourré alors s’extirpe un oiseau noir
qui dans l’air engourdi peine à s’élever
et dont le lugubre ululement prélude
à l’imminente vacillation des présences
(Jean-Pierre Chambon)
Recueil: Tout-venant
Traduction:
Editions: Héros-Limite
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Chambon), air, étang, balancement, crépuscule, cribler, engourdi, faiblir, fourré, frisson, imminent, laiteux, lent, lueur, lugubre, miroir, nénuphar, noir, oiseau, parcourir, peiner, préluder, présence, roselière, rouille, s'élever, s'extirper, ululement, vacillation, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 juin 2017

Illustration: ArbreaPhotos
L’ÎLE NOUS RESTE EN MÉMOIRE
L’île nous reste en mémoire
comme le changement sur un miroir
ou une rivière souterraine.
L’île se perd en allant.
Elle semble être tranquille.
Une moitié à présent dans l’ombre
et pourtant elle augmente en allant,
aussi mémorable que les phases de la lune.
Elle fait des avances inaperçues
avec un semblant d’abandon ;
elle glisse entre les doigts,
une pierre au lustre laiteux…
Non, tu ne peux la tenir, elle
se tortille comme une femme ! Ses nuits
nous restent en mémoire : les yeux
d’or de la chèvre noire tirant sur sa
corde nous fixent quand nous passons,
le coq leghorn, blanc
comme un corps nu se tortillant, la croix
incluse dans un code secret, la nuit
incluse dans la rose…
Oh, le poids de nos flots
comparé à celui d’une île
Car nous sommes ancrés, l’île
un constant et blanc glissement !
***
THE ISLAND IS MEMORABLE TO US
The island is memorable to us
as the change of a mirror
or an underground river.
The island loses in going.
It appears to be still.
Half of it, now, is in shadow,
and yet it increases in going,
memorable as the moon’s changes.
It makes unnoticed advances
with an appearance of yielding;
it slips through the fingers,
a stone with a milky luster…
No, you cannot hold it, it
twists like a woman! Its nights
are memorable to us: the black
rope-straining goat’s golden
eyed gaze at our passings,
the leghorn rooster, white
as a bare body’s twisting, the cross
enclosed by the cipher, the night
enclosed by the rose…
Oh, heavy our flow
compared to the weight of an island!
For we are the anchored, the island
a constant white gliding!
(Tennessee Williams)
Recueil: Dans l’hiver des villes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Seghers
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Tennessee Williams), abandon, ancre, augmenter, avance, île, changement, code, coq, croix, flot, glisser, inaperçu, inclus, laiteux, lune, lustre, mémoire, miroir, ombre, pierre, poids, présent, rivière, rose, se perdre, secret, souterrain, tenir, tortiller, tranquille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2016

Je suis un homme maintenant
et pourrais être militaire
et quand on me dit de parler
je sais pourquoi je dois me taire
Quoique me sentant peu au monde
je dis bonjour ça va bonsoir
à mes semblables que je croise
et qui me le rendent parfois
Certes je sais que mon royaume
est bien de ce monde Voilà
ce qui m’embarrasse plutôt
je récupère mal le temps
que j’ai passé à faire l’âne
en laissant ma pauvre maman
s’occuper à torcher mon cul
à me donner le sein si tant
il est vrai qu’elle fit ce geste
de laiteuse et pâle tendresse.
(Georges Perros)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations | Tagué: (Georges Perros), âne, bonjour, bonsoir, croiser, cul, donner, embarrasser, geste, homme, laiteux, maman, militaire, parler, pauvre, pâle, récupérer, royaume, s'occuper, savoir, se sentir, se taire, sein, semblable, tendresse, torcher | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 mai 2016
QUELQUES MINUTES
Le pin bas des marais tient haut sa couronne: un chiffon noir.
Mais ce qu’on voit n’est rien
à côté des racines, du système de racines disjointes,
furtivement reptiles. Immortelles ou demi-mortelles.
Je tu il elle se ramifient aussi.
Au-delà de ce qu’ils veulent.
Au-delà de Métropolis.
Du ciel laiteux de l’été, il tombe de la pluie.
C’est comme si mes cinq sens étaient branchés à un autre être
se déplaçant avec autant d’obstination
que ces coureurs vêtus de clair dans un stade où ruisselle la nuit.
(Tomas Tranströmer)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Tomas Tranströmer), chiffon, coureur, couronné, déplacer, furtivement, immortelle, laiteux, marais, pin, pluie, racine, ramifier, reptile, ruisseler, sens, stade | Leave a Comment »