Au clair de la lune
Trois petits lapins
Qui mangeaient des prunes
Comme trois coquins.
La pipe à la bouche,
Le verre à la main,
Ils disaient : « Mesdames,
Versez-nous du vin
Jusqu’à demain matin. »
(Anonyme)
Recueil: Petites Comptines pour tous les jours
Editions: Nathan
Elle croyait qu’j’étais James Dean,
américain d’origine – le fils de Buffalo Bill,
Alors admiration
Faut dire qu’j’avais la chemise à carreaux,
la guitare derrière dans l’dos
Pour faire le cow-boy très beau
Mais composition
Elle me parlait anglais tout l’temps
J’lui répondais 2, 3 mots bidon
Des trucs entendus dans des chansons,
Consternation
Elle croyait qu’j’étais coureur,
qu’j’arrivais des 24 heures
Avec mon casque en couleur,
Alors admiration
J’lui disais drapeau à damiers dérapage bien contrôlé
Admirateurs fascinés,
Télévision
Elle me dit partons à la mer, dans ton bolide fendons l’air
Elle passe pas l’80 ma traction,
Consternation
J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Elle croyait qu’j’étais chanteur,
incognito voyageur, tournées, sonos, filles en pleurs,
Alors admiration
Faut dire qu’j’avais des talons aiguilles,
le manteau d’lapin d’une fille
Des micro-bracelets aux chevilles,
Exhibition
Elle me dit chante moi une chanson
J’ai avalé 2, 3 maxitons
Puis j’ai bousillé « Satisfaction »,
Consternation
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with ma pince à vélo
Je suis bidon, je suis bidon
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Je suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis bidon
Un mégot de cigarette n’a rien de
joli.
Ce n’est pas comme les arbres imposants,
les prairies vertes ou les fleurs
de la forêt.
Ce n’est pas comme un faon délicat, un
oiseau chanteur ou un lapin
bondissant.
Mais tout cela a disparu maintenant,
Et, à la place de la fôret, se trouve
Un monde noirci d’arbres calcinés
et de chair pourrissante —
Les restes d’un autre feu de
forêt
Un mégot de cigarette n’a rien de
joli.
***
A Cigarette Butt
A cigarette butt is not a pretty
thing.
It is not like the towering trees,
the green meadows, or the for
est flowers.
It is not like a gentle fawn, a
singing bird, or a hopping
rabbit.
But these are all gone now,
And in the forest’s place is a
Blackened world of charred trees
and rotting flesh —
The remnants of another forrest
fire
A cigarette butt is not a pretty
thing.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
On veut du nougat et du chocolat,
Des bonbons au citron, des stylos,
Des poupées gentilles
Pour les petites filles
Et, pour les garçons
Des lapins qui sont
Sauteurs et polissons.
On vend de tout :
Des toutous blancs
Qui se tiennent debout,
Tout tremblants,
Des arlequins, des cailles qui rient
Et tout un lot de quincaillerie.
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies,
On entend parfois cet ordre sec :
« Garçon! Des petits pois ou un bifteck
Ou des choux farcis. »
Dans les pharmacies.
Ces pharmacies-là
Sont celles du Canada
Où l´on prend ses repas, parfois, par-ci, par-là.
On y vend aussi des pilules, mais sachez
Que la vente des cachets est un peu cachée,
Car ici, ce n´est pas un crime
De commander un ice-cream
Où l´on ajoute un peu de soda,
Mais des remèdes, on n´en voit pas.
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies,
J´entre par hasard et, le plus bizarre,
Je n´en sors qu´après deux heures et quart,
Les poches gonflées
De pommes soufflées,
De rasoirs à main
En duralumin,
De mille produits humains.
Un phonographe immense et lourd
Y joue des chansons d´amour
Et pour vingt cents, on peut entendre
Un baryton à voix tendre.
Les oiseaux sont couchés dans leur nid
Et moi, je suis couché dans mon lit.
Il fait froid ce soir, il fait nuit,
Alors tendrement, je dis :
« Bonne nuit, bonne nuit, Suzy.
Bonne nuit, bonne nuit, Suzy,
Suzy, oh oui, bien sûr.
Certainement, oui, bonne nuit,
Bonne nuit, Suzy jolie… euh…
Bonne nuit. »
{Off: C´est une chanson qui s´appelle « Bonne nuit Suzy »}
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies,
Je suis très heureux
Car j´y viens joyeux parler français
pt ce plaisir-là est unique là-bas,
Dans les pharmacies
Si, si, si bémol…
Du Canada.
Deux moines étaient assis dans la nature.
L’un des deux était entouré de lapins et l’autre, non.
Celui qui n’avait pas de lapin autour de lui dit à l’autre:
« Tu es un saint! C’est incroyable!
Tous les lapins sont assis autour de toi, tandis que moi,
ils me fuient.
Quel est ton secret ?
– Je n’ai pas de secret.
Je ne mange pas de lapin.
C’est tout. »
(Zen)
Recueil: Le doigt et la lune (Alexandro Jodorowsky)
Traduction:
Editions: Albin Michel
– Maman,
Toi qui es du Capricorne’,
Toi qui connais tout et rien
Depuis les Mérovingiens’,
Qui discute savamment
Du tiers et du tremblement,
Pourquoi les escargots ont-ils toujours des cornes
Comme les Martiens enfermés au zoo ?
– Mon petit,
Tu n’as pas mangé tes radis
Ni la soupe aux pissenlits,
Tu ne te laves jamais les mains
Tu baves
Tu fais enrager Firmin
Je ne te dirai plus rien !
– Oh ! si, maman, dis-moi !
Je mangerai les radis
Et la soupe aux pissenlits,
Je ferai comme Pilate’ :
Je me laverai les mains
Avec un savon romain
Fabriqué pour diplomates,
Je ne baverai pas plus
Que la pipe d’Esaiii,
Je donnerai à Firmin
Toutes mes crottes de lapin.
Et encore bien d’autres choses
Que je ferai comme un rien
Pour accéder à la glose,
Le gloussement du genre humain.
– S’ils ont des cornes, mon enfant,
C’est pour corner certainement
Aux carrefours, dans les tournants
Au sein des encombrements,
Ça évite les accidents.
Des attentes sans nombre
Parcourent les jungles du coeur.
Les unes hurlent comme les loups.
Qu’elle arrive une bonne fois, elle,
La femme, colonne en marbre de la lune,
Dansant sur des alpages ensoleillés;
D’autres guettent aux alentours de ponts
Pour vous attirer dans le gouffre;
D’autres dorment, ours dans leur tanière
Ou serpents engourdis
Par les brumes de l’automne;
Les unes croisent votre sentier,
Lapins effrayés,
Et courent, courent à travers champs.
Mais il y a une grande attente
Qui ressemble à l’ombre.
Elle est tantôt devant, tantôt derrière,
Elle se roule à vos pieds,
Elle s’apprête à vous saisir la nuque,
Elle s’arrête, vous abandonne
Puis se remet à vous pister.
Parfois vous l’oubliez, elle commence alors
A suinter doucement sur votre cerveau
Sa pluie froide.
Vous vous secouez, elle s’enfuit.
Une fois,
Quand vous ne serez pas sur vos gardes,
Elle jettera sur vous ses filets
Où se brisent désespérées
Toutes les flèches de la lumière.
Est-ce un oiseau qui aboie
une lampe qui fume
un enfant qui verdoie
C’est un lapin qui chante
un homme qui rit
un prêté pour un rendu
Alice ma fille ma plume
jouons enfin au plus fin
au jugé à la tartelette
Il faut nous donner la main
les lunettes sur nos cheveux
et les cheveux sur nos lunettes
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset