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Posts Tagged ‘légendaire’

Oracle pour toi seule (Lyonel Trouillot)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022



    

Oracle pour toi seule,
je t’aurai menti par amour
sur les choses de ce monde,
ne te laissant jamais en manque
d’épopées ni de féeries
et plus tu y croyais,
et plus je te mentais.

Je ne regrette pas
tous ces songes inventés.
Il y a un temps pour l’illusion
qui nous permet d’aimer la vie.
Je te l’ai accordé.

J’ai couvert ton enfance
d’un rideau protecteur
d’images, de berceuses,
et de personnages légendaires.
Comme les champs de lavande
cachent un temps au marcheur
1a puanteur des villes.

(Lyonel Trouillot)

 

Recueil: Le doux parfum des temps à venir
Traduction:
Editions: Actes Sud

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Je ne suis qu’un viveur lunaire… (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 11 août 2019



Franz Skarbina  Jules Laforgue

Je ne suis qu’un viveur lunaire
Qui fait des ronds dans les bassins,
Et cela, sans autre dessein
Que devenir un légendaire.

Retroussant d’un air de défi
Mes manches de mandarin pâle,
J’arrondis ma bouche et – j’exhale
Des conseils doux de Crucifix.

Ah ! oui, devenir légendaire,
Au seuil des siècles charlatans !
Mais où sont les Lunes d’antan ?
Et que Dieu n’est-il à refaire ?

(Jules Laforgue)

Illustration: Franz Skarbina

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Le mot de Cambronne (Jean Villard–Gilles)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018




    
Le mot de Cambronne

On nous dit qu’il est de Cambronne.
C’est bien possible, mais voilà
Très sincèrement je m’étonne
Que notre humanité bougonne
Ait pu s’en passer jusque-là.

Souvenez-vous des temps d’Homère !
Homère d’alors, quel mordant
T’eût donné ce mot légendaire
Si tu avais, grand visionnaire,
Pu te le mettre sous la dent !

Que serait donc notre existence
Si nous devions nous en passer ?
N’est-il pas bon français de France,
Riche en couleurs, riche en nuances ?
Essayez de le remplacer,

Par exemple, sortant de table,
Quand, ayant abusé, hélas,
Par trop de nectars délectables,
Dans une obscurité du diable,
Vous tombez sur un bec de gaz !

Vous le lâchez, ça vous soulage,
Vous ne sentez plus la douleur.
Ah ! Messieurs, le bel avantage,
Quel secours, quel appui ! J’enrage
Quand je vois d’austères censeurs

Aux visages de funérailles
Vouloir nous ôter ce trésor,
Ce cri – jailli sous la mitraille –
Du fond des humaines entrailles
D’un héros marchant à la mort !

Il peut tout dire : ardent, lyrique,
Tendre ou sec, placide, enragé,
Plébéien, aristocratique,
Il est à nous, il est unique,
Ils ne l’ont pas à l’étranger !

Je le vois, rocher solitaire,
Car de tous les mots que l’on sait
Il est presque seul, sur la terre,
À ne pas avoir, ô mystère,
De rime dans les mots français.

Si, une seule, le mot : perde…
Là devant, je me sens perdu,
Car il faut une rime à perdre,
Maintenant, et je n’ai que…
Pardon…ce fut sous-entendu !

Pourtant cet illustre vocable,
Je voudrais que, par un décret,
Il fût, en ces temps misérables,
Dont la cruauté nous accable,
Mis en quelque sorte au secret,

Afin qu’au fond de ce silence,
Tendant lentement ses ressorts,
Accumulant force et puissance,
Se chargeant d’âpre violence,
Au nom des vivants et des morts,

Il puisse, un jour, jaillir, sublime,
Du cœur des peuples outragés,
Tendres moutons, pauvres victimes,
Rejetant dans les noires abîmes,
D’un seul coup, leurs mauvais bergers !

Cri vengeur, cri pur, cri superbe,
De l’éternelle humanité,
Que nous leur jetterons en gerbe,
Quand, enfin, nous leur dirons : MERDE !
En saluant la Liberté !

(Jean Villard–Gilles)

 

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Des âges légendaires (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2018



Illustration

    

Des âges légendaires perçus dans la distance
inventaient une écriture de roches.

La phrase s’étendait se nouait s’élevait
tour à tour éclat danse ou prélude.

Tel fut le pouvoir du jeu.

(Georges-Emmanuel Clancier)

Recueil: Contre-Chants
Traduction:
Editions: Gallimard

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Être des frères (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2016



… Puisqu’autour de ce feu voici nos coeurs tout nus
Sans honte et simplement tenant assemblée
Comme il sied à ceux-là d’une tribu
Qui ont fait un bouquet de leurs destinées,
O nous, si réchauffés autour de ce coeur chaud,
Étranglons, étouffons en nous les chiens voraces
Que l’ancêtre Caïn a laissés dans la race,
Ces chiens de toute humanité, griffes et crocs!
Ah! étranglons-les pendant qu’ils dorment!
Et que nous appliquions notre vouloir d’hommes
Au bonheur légendaire
Dont s’est éprise, au long des temps, cette race :
Être des frères, ô vous mes frères!
Et des frères qui s’embrassent.

(Charles Vildrac)

Illustration; Peter Paul Rubens

 

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J’ai chaud de vos coeurs (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2016



… j’ai chaud de vos coeurs
qui brûlent ensemble
à l’entour de moi,
et ma piété les contient tous
comme une église.
Vous êtes là et je vous vois, vos yeux sont bons.
Tout est tranquille et je repose;
j’allonge ma quiétude,
ainsi qu’un grand chien noir,
aux pieds de votre vigilance

(Charles Vildrac)

Illustration: Eloi Flore

 

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La plaque sensible (André Hardellet)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2015



 

La plaque sensible n’interprète pas,
elle donne à voir avec une objectivité qui me bouleverse ;
elle frappe au coeur un réel devenu presque légendaire et qu’elle transfigure,
aussi humble soit-il, par sa charge de temps accumulé…

(André Hardellet)

 

 

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