Posts Tagged ‘(Léopold Sédar Senghor)’
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021

TRISTESSE EN MAI
C’est la douceur fondue du soir
Transparent vers dix-sept heures au mois de Mai.
Et monte le parfum des roses.
Comme pièces de monnaie au fond de l’eau en zigzaguant
Tombe le compte lourd de ma journée.
Des cris — qui sait si c’est de haine ? —
Des mots de fronde sur des visages d’adolescents.
Poussière et dos ruisselants, enthousiasmes, essoufflements.
Des enveloppes douloureuses avec paysages de baobabs,
Corvées en file indienne et charognards sur fond d’azur.
Bien des confidences encore.
Et pour relever mes épaules,
Pour donner le courage d’un sourire à mes lèvres défaites,
Pas un rire d’enfants fusant comme bouquet de bambous,
Pas une jeune femme à la peau fraîche, puis douce et chaude,
Pas un livre pour accompagner la solitude du soir, Pas même un livre !
(Léopold Sédar Senghor)
Extrait de Poèmes perdus (1984)
Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
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Editions: Points
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), accompagner, adolescent, azur, épaule, bambou, baobab, bouquet, charognard, chaud, compte, confidence, corvée, courage, cri, défaire, donner, douceur, douloureux, doux, eau, enfant, enthousiasme, enveloppe, essouflement, file, fond, fondre, frais, fronde, fuser, haine, jeune femme, journée, lèvres, livre, lourd, mai, monnaie, monter, mot, parfum, paysage, peau, pièce, poussière, relever, rire, rose, ruisseler, soir, solitude, sourire, tomber, transparent, tristesse, visage, zigzaguer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021

TO A DARK GIRL
Tu as laissé glisser sur moi
L’amitié d’un rayon de lune.
Et tu m’as souri doucement,
Plage au matin éclose en galets blancs.
Elle règne sur mon souvenir, ta peau olive
Où Soleil et Terre se fiancent.
Et ta démarche mélodie
Et tes finesses de bijou sénégalais,
Et ton altière majesté de pyramide,
Princesse !
Dont les yeux chantent la nostalgie
Des splendeurs du Mali sous les sables ensevelies.
(Léopold Sédar Senghor)
Extrait de Poèmes perdus (1984)
Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), altier, amitié, éclore, bijou, blanc, chanter, démarche, doux, ensevelir, finesse, galet, glisser, laisser, lune, majesté, matin, mélodie, nostalgie, olive, peau, plage, princesse, pyramide, rayon, règner, sable, sénégalais, se fiancer, soleil, sourir, souvenir, splendeur, terre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021

AVANT LA NUIT
Avant la nuit, une pensée de toi pour toi, avant que je ne tombe
Dans le filet blanc des angoisses, et la promenade aux frontières
Du rêve du désir avant le crépuscule, parmi les gazelles des sables
Pour ressusciter le poème au royaume d’Enfance.
Elles vous fixent étonnées, comme la jeune fille du Ferlo, tu te souviens
Buste peul flancs, collines plus mélodieuses que les bronzes saïtes
Et ses cheveux tressés, rythmés quand elle danse
Mais ses yeux immenses en allés, qui éclairaient ma nuit.
La lumière est-elle encore si légère en ton pays limpide
Et les femmes si belles, on dirait des images ?
Si je la revoyais la jeune fille, la femme, c’est toi au soleil de Septembre
Peau d’or démarche mélodieuse, et ces yeux vastes, forteresses contre la mort.
(Léopold Sédar Senghor)
Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), angoisse, éclairer, étonner, beau, blanc, bronze, buste, cheveux, crépuscule, danser, démarche, désir, enfance, femme, filet, fixer, flanc, forteresse, frontière, gazelle, image, immense, jeune fille, léger, limpide, lumière, mélodieux, mort, nuit, or, pays, peau, pensée, peul, poème, promenade, rêve, ressusciter, revoir, royaume, rythmer, s'en aller, sable, se souvenir, soleil, tomber, tresser, vaste, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juin 2021

J’AIME TA LETTRE
J’aime ta lettre, plus douce que l’après-midi du Samedi
Et les vacances, ta parole de songe bleu.
La fragrance des mangues me monte à la nuque
Et comme un vin de palme un soir d’orage, l’arôme féminin des goyaves.
Les tempêtes suscitent les humeurs, le palais blanc s’ébranle dans ses assises de basalte
L’on est long à dormir, allongé sous la lampe sous la violette du Cap.
La saison s’est annoncée sur les toits aux vents violents du Sud-Ouest
Tendue de tornades, pétrie de passions.
Les roses altières les lauriers-roses délacent leurs derniers parfums
Signares à la fin du bal
Les fleurs se fanent délicates des bauhinias tigrées
Quand les tamariniers aux senteurs de citron allument leurs étoiles d’or.
Du ravin monte, assaillant mes narines, l’odeur des serpents noirs
Qui intronise l’hivernage.
Dans le parc les paons pavoisent, en la saison des amours.
Rutilent dessus les pelouses, pourpres princiers, les flamboyants
Aux coeurs splendides, et les grands canas d’écarlate et d’or.
M’assaillent toutes les odeurs de l’humidité primor-diale, et les pourritures opimes.
Ce sont noces de la chair et du sang — si seulement noces de l’âme, quand dans mes bras
Tu serais, mangue mûre et goyave ouverte, souffle inspirant ah ! haleine fraîche fervente…
J’aime ta lettre bleue, plus douce que l’hysope
Et sa tendresse, qui me dit que tu es m’amie.
(Léopold Sédar Senghor)
Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), aimer, allonger, allumer, altier, amie, amour, annoncer, après-midi, arome, assaillir, assise, âme, étoile, bal, basalte, blanc, bleu, bras, chair, citron, coeur, délacer, délicat, dormir, doux, féminin, flamboyant, fleur, fragrance, frais, goyaves, haleine, hivernage, humeur, humidité, hysope, introniser, lampe, laurier, lettre, mangue, monter, mur, narine, noce, noir, nuque, odeur, or, orage, palais, palme, paon, parc, parfum, parole, passion, pavoiser, pétrir, pourpre, pourriture, princier, ravin, rose, s'ébranler, saison, samedi, sang, se faner, senteur, serpent, soir, songe, splendide, susciter, tamarinier, tempête, tendre, tendresse, toit, tornade, vacances, vent, vin, violent, violet | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juin 2021
Illustration: Karamba Dramé
AUX TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS MORTS POUR LA FRANCE
Voici le Soleil
Qui fait tendre la poitrine des vierges
Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards
Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.
J’entends le bruit des canons — est-ce d’Irun?
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
Vous mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
On promet cinq cent mille de vos enfants à la gloire des
futurs morts, on les remercie d’avance futurs morts
obscurs
Die Schwarze schande !
Écoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée jadis dans les palabres du village
Écoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.
Nous n’avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de vos femmes anciennes
— Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l’ardeur des vivants.
Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes, comme en saison sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres oublieuses.
Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mouriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l’amitié de vos camarades d’âge.
Ah ! puissé-je un jour d’une voix couleur de braise, puissé-je chanter
L’amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons.
Écoutez-nous, Morts étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est.
Recevez ce sol rouge, sous le soleil d’été ce sol rougi du sang des blanches hosties
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs sénégalais
MORTS POUR LA RÉPUBLIQUE !
Tours, 1938.
(Léopold Sédar Senghor)
Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), ancien, apporter, ardeur, écouter, épeler, banc, blanc, boire, braise, bruit, camarade, canon, chaleur, chanter, chaud, clair, colère, coucher, couleur, enceinte, enfant, entendre, entrailles, femme, fleurir, fort, France, frère, futur, gloire, hostie, inconnu, larme, lèvres, louer, maternel, mémoire, mort, mourir, noir, nom, nommer, nuit, obscur, oreille, oubliux, palabre, peau, personne, peur, plaine, plainte, pleureuse, poitrine, préférer, promettre, réchauffer, réveiller, remercier, rougir, saison, salut, sénégalais, sec, sol, soldat, soleil, solitude, sombre, sourire, tendon, tendre, terre, tirailleur, tombe, torrent, tranchée, vieillard, vierge, village, vivant, voix, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2020
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), beauté, coeur, en plein coeur, femme, foudroyer, nu, obscure | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2020

Seul le rythme provoque le court-circuit poétique
et transforme le cuivre en or, la parole en verbe
(Léopold Sédar Senghor)
Illustration
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), court-circuit, cuivre, or, parole, poétique, provoquer, rythme, transformer, verbe | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2020

Cher frère blanc
Quand je suis né, j’étais Noir
Quand j’ai grandi, j’étais Noir
Quand je vais au soleil, je suis Noir
Quand j’ai peur, je suis Noir
Quand je suis malade, je suis Noir
Quand je mourrai, je serai Noir
Tandis que toi, Frère Blanc
Quand tu es né tu étais Rose
Quand tu as grandi, tu étais Blanc
Quand tu vas au soleil, tu es Rouge
Quand tu as froid, tu es Bleu
Quand tu as peur, tu es Vert
Quand tu es malade, tu es Jaune
Quand tu seras mort, tu seras Gris
Alors, de nous deux, qui est l’homme de couleur?
(Léopold Sédar Senghor)
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Posted in humour, méditations, poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), bleu, couleur, frère, grandir, gris, homme, jaune, malade, mourir, naître, noir, peur, rose, rouge, soleil, vert | 7 Comments »
Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2020

Le poème fait transparentes
toutes choses rythmées.
(Léopold Sédar Senghor)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), poème, rythme, transparente | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2020

Mains blanches,
Gestes délicats,
Gestes apaisants.
Mais l’appel du tam-tam
bondissant
par monts
et
continents
Qui l’apaisera, mon coeur,
A l’appel du tam-tam
bondissant,
véhément,
lancinant?
(Léopold Sédar Senghor)
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