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BESTIAIRE DES AMANTS (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2020



Illustration: Pierre Paul Rubens
    
BESTIAIRE DES AMANTS

Amants endormez-vous
après de tendres soins
serrez-vous aimez-vous
vos rêves iront loin
Bien au-delà du jour
au profond du sommeil
du bon-chaud de l’amour
renaîtra le soleil
Un écureuil viendra
Entre vos deux orteils
un lézard glissera
Tous vos amis de nuit
la loutre et le renard
le chat et la fourmi
accourront sans retard
à pas feutrés de rêve
jusqu’au chant de l’alouette
et se mélangeront
sans mordre ni crier
au jaune hérisson
à la fauvette huppée
Les hôtes amicaux
viendront à pas feutrés
jusqu’au cocorico
d’un grand coq très distrait
qui chassera enfin
cette ménagerie
que la soif ni la faim
n’auront jamais surpris
Sur la main de l’enfant aimée
un rossignol vient et se pose
(La gazelle viendrait aussi
mais elle a peur et elle n’ose)

La truite et le chien de mer
s’en vont naviguant de conserve
Le toucan l’étoile de mer
restent tous deux sur la réserve
Devant le bélier qui insiste
pour que le chat touche à ses cornes
ne sachant trop si elle existe
longuement pleure la licorne
La taupe et le corbeau
s’en vont à petits pas
Le renard les chevaux
marchent tout près du rat
et la chauve-souris
veille sur la dormeuse
tandis qu’une perdrix
lui chante une berceuse
La girafe et le chien
le lion le pangolin
le zèbre et la vigogne
flairent les endormis
les lèchent doucement
et parlent en amis
aux fidèles amants
qui s’éveillent enfin
lorsque le réveil sonne
et leur rend leur matin
de vraies grandes personnes.

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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NUITS (André Pieyre de Mandiargues)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2018



Illustration
    
NUITS

Des nuits parfois sont mornes.

Les jardins n’ont plus d’odeur
Il n’est plus de frisson aux feuilles
Le ciel bas est plus rouge entre tant de portiques
Les places sont hantées de spectrales statues
Qui passe en vain s’y hâte.

Des nuits s’appesantissent à l’égal de nos jours.

Nuits d’une vieille ville
Trop vieille
Sans oiseaux sans licornes
Sans cavaliers ni dames folles
Ni faons blessés ni biches ni loups-cerviers
Ni sang frais sur les murs des palais ancestraux.

Les jeux de mains les jeux de mots sont feux
Jeux de mots jeux de mains où l’amour s’égarait
Parmi les cascades les lucioles les pierreries
La mousse des dentelles rompues
Les écharpes de soie jetées sur des yeux fiers
Les rires sous les pluies de pétales.

Nuits comme un théâtre de velours défunt
Où s’exaltent nos souvenirs diminués.

Matins étayés de béquilles.

Il reste un goût de cendre et de pourri
Un goût de fleurs croupies d’eaux fanées
Ce goût d’être déçu qui nous plaît plus que tout.

(André Pieyre de Mandiargues)

 

Recueil: L’âge de craie suivi de Dans les années sordides Astyanax et Le Point où j’en suis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Je suis comme la licorne (Thibaut de Champagne)

Posted by arbrealettres sur 27 mai 2018


 


 

Je suis comme la licorne
Qui s’ébahit en regardant
La jeune fille
Eprouvant un si doux malaise
Qu’elle se pâme en son giron ;
Alors on la tue par trahison.
C’est ainsi que m’ont blessé à mort
l’Amour et ma dame, en vérité :
Ils ont pris mon coeur que je ne puis ravoir.

Dame, quand je fus devant vous
Et que je vous vis pour la première fois,
Mon coeur était si tremblant
Qu’il resta, entre vos mains, quand je partis.
Il fut alors conduit, sans rançon,
Captif en la douce prison
Dont les piliers sont de désir,
Et les portes de beau regard,
Et les anneaux de bon espoir.

(Thibaut de Champagne)

 

 

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Si loin, si proche (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



Si loin, si proche

Cavale d’or vert
Enfantine amazone
Fleur et licorne
Aussi blanche qu’altière.

Vol immobile
D’après l’amour
D’après le secret
D’après le feu
De chair et de songe.

Si loin, si proche,
Partie pour un soleil seul,
Pour l’orgueil muet
Du sang qui s’apaise,

Et mon regard sur ton sillage,
Sur ton silence de profil,
Sur ta gorge et ta jambe
Appelle.

(Georges-Emmanuel Clancier)

Illustration

 

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LA LICORNE (Max Rouquette)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



LA LICORNE

ATTENTIVE à l’écho de son pas
dans la clarté de l’ombre et la forêt d’étoiles
la Bête marche unique en son éternité.
Pas ténébreux, effroi des bêtes,

elle illumine et courbe au-dessus des collines
les chênes enivrés de lune.
Senteur de vierge et parfum d’immortelle

lui sont le dernier prix d’un sommeil de rocher,
source limpide à la soif qui la brûle,
nuit sans étoile où son sommeil se fond.
Belle licorne douce bête de rêve,

enivrement d’une chair accomplie,
ton pas qui sonne éternel me fait peur
et bien plus ton sommeil qui de la mort me parle.

***

L’UNICORN

AFECCIONADA au resson de son pas
dins la lutz d’ombra e la seuva d’estèlas
la bèstia va unenca en son etèrne.

Pas de tenèbra, espavent de feruna,
emblanquinèla e fa dinar suis serres
los roires embriagats de luna.

Olor de verge e perfum d’immortala
li son l’ultime prètz d’un sòm de ròca,
fònt d’aiga linda a la set que l’enfuòca,
nuòch sens estèla ont s’ajaça e s’escònd.

Bèl unicòrn doça bèstia de sòmi,
embriagament d’una carn espelida,
crente ton pas qu’etèrne restontís
e mai ton sòm que la mòrt me recòrda.

(Max Rouquette)

Illustration

 

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BÊTES DE NUIT (Georges Jean)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



BÊTES DE NUIT

Au milieu de la nuit
Le chat rêve aux souris.

Le chien songe qu’il ronge
Tous les os à la ronde.

L’araignée fait le guet
Au secret de ses rets.

Les insectes cachés
Grignotent le plancher.

La licorne et sa corne
A nos oreilles cornent,
Une étrange musique
Dans les pays magiques.

Et les bêtes du rêve
Dans nos têtes se lèvent
Et dans notre sommeil
Font mûrir le soleil !

(Georges Jean)

Illustration

 

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Je suis semblable à la licorne (Thibaut de Champagne)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



Je suis semblable à la licorne
Qui contemple, fascinée,
La vierge que suit son regard.
Heureuse de son tourment,
Elle tombe pâmée en son giron,
Proie offerte au traitre qui la tue.
Ainsi de moi, je suis mis à mort.
Amour et ma dame me tuent.
Ils ont pris mon coeur, je ne peux le reprendre.

Dame, quand je fus pour la première fois
Devant vous, quand je vous vis,
Mon coeur si fort tressaillit
Qu’il est resté auprès de vous quand je partis.
Alors il fut emmené sans rançon
Et enfermé dans la douce prison
Dont les piliers sont de désir,
Les portes, de contemplation,
Et les chaînes, de bon espoir.

Amour a la clef de la prison,
Il la fait garder par trois portiers :
Beau visage a nom le premier,
Beauté exerce ensuite son pouvoir ;
Obstacle est mis devant l’entrée,
un être sale, félon, vulgaire et puant,
Plein de malveillance et de scélératesse.
Ces gardiens rusés et rapides
Ont tôt fait de se saisir d’un homme !

Qui pourrait supporter les brimades
Et les assauts de ces geôliers ?
Jamais Roland ni Olivier
Ne remportèrent de si rudes batailles.
Ils triomphèrent, les armes à la main,
Mais ceux-là, seule Humilité peut les vaincre
Dont Patience est le porte-étendard.
En ce combat dont je vous parle,
Il n’est d’autre recours que la pitié.

Dame, je ne redoute rien tant
Que de manquer à vous aimer.
J’ai tant appris la souffrance
Qu’elle m’est liée tout entier à vous.
Et même, s’il vous déplaisait,
Je ne pourrais renoncer à vous
Sans emporter au moins mes souvenirs.
Mon coeur, lui, restera en prison,
Et peut être moi-même…

(Thibaut de Champagne)

 

 

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LICORNE (Charles le Quintrec)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



 

Pascal Dugourd  femme-licorne

LICORNE

Licorne au corps si doux de femme
Fine tête de demoiselle
Le verbe amour blesse ton âme
Ton rire tremble jusqu’au ciel
Dans les seigles tu dis : je t’aime
J’aime le feu que tu réclames.

Tu pratiques jeux de jeunesse
Licorne folle de mes yeux
Dans les seigles que le jour blesse
Ta voix veinulée qui me veut
Femme qui naît de ma tendresse
Tes jambes nues, ta bouche bleue.

Folle, ma folle je veux croire
A la vérité de ta peau
Tes yeux, tes seins réclament gloire
Ta bouche déchire les mots
Tu marcheras dessus les eaux
Je chevaucherai ta victoire.

Bouche contre bouche au galop
Par les seigles et les forêts
Folle, tous les cris que je te tais
Mes lèvres mouillées de tes mots
Tes mots rouges comme des plaies
Ton rire en moi comme un sanglot.

(Charles le Quintrec)

Illustration: Pascal Dugourd

 

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La licorne devant le miroir (T. Carmi)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



&

   
La licorne devant le miroir

Ma Dame,
Si vous n’aviez pas tenu
Devant moi, ce miroir

Je n’aurais pas su
Que j’étais mélancolique et col monté.
Je n’aurais pas su
Que je n’avais qu’une corne,
La barbe rare et des lèvres épaisses.

Ma Dame,
Sans fâcherie,
Si votre main amère n’avait tenu
Devant moi ce miroir

Jamais je n’aurais osé vous approcher
Et poser mes serres crochues
Sur vos genoux.

Ma Dame,
Si vous n’aviez point appelé l’écho de mon corps,
Nous ne serions pas devenus trois :

Moi, vous et moi-même,
Et au-dessus de nous
Une corne hautaine.

(T. Carmi)

 

Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: S. Reich
Editions: Gallimard

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Le dragon, l’ange et la licorne (Alain Bosquet)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2018



Dieu dit:
« C’était un cas d’urgence;
je me suis demandé
à quoi servaient mes créatures
les plus bizarres:
le dragon, l’ange et la licorne.
J’ai convoqué ceux en qui je croyais,
réels, puissants, incontestables:
le baobab, le cheval de labour,
la montagne accoudée à la mer.
Ils ont tenu dix conférences
sans se mettre d’accord.
J’ai donc gardé
le dragon, l’ange et la licorne;
pour éviter quelques malentendus,
j’ai cru bon cependant de les rendre invisibles. »

(Alain Bosquet)

Illustration: Antonio Chacon

 

 

Illustration: Antonio Chacon

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