Posts Tagged ‘lier’
Posted by arbrealettres sur 18 février 2023
Illustration: Oleg Zhivetin
Entre vos mains, ma gente dame,
je remets cet esprit qui se meurt :
il s’en va si dolent qu’Amour le regarde
avec pitié quand il le congédie.
Vous l’avez lié à sa domination
si bien qu’il n’a plus aucune force
pour l’invoquer sinon pour dire : « Seigneur,
tout ce que tu veux de moi, je le veux. »
Je sais que tout tort vous déplaît :
aussi la mort, que je n’ai pas méritée,
entre bien plus amère en mon coeur.
Ma douce dame, tant que je suis en vie,
afin que je meure en paix et consolé,
pour mes yeux daignez ne pas être avare.
***
Ne le man vostre, gentil donna mia,
raccomando lo spirito che more :
e’ se ne va si dolente ch’Amore
lo mira con pietà, che ‘l manda via.
Voi lo legaste a la sua signoria,
sí che non ebbe poi alcun valore
di poter lui chiamar se non : « Signore,
qualunque vuoi di me, quel vo’ che sia. »
Io so che a voi ogni torto dispiace :
però la morte, che non ho servita,
molto più m’entra ne lo core amara.
Gentil mia donna, mentre ho de la vita,
per tal ch’io mora consolato in pace,
vi piaccia agli occhi miei non esser cara.
(Dante)
Recueil: Rimes
Traduction: Jacqueline Risset
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: amer, amour, avare, coeur, congédier, consoler, daigner, dame, Dante, déplaire, dolent, domination, doux, entre, esprit, force, gente, invoquer, lier, main, mériter, mort, mourir, paix, pitié, regarder, remettre, s'en aller, seigneur, vie, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023

DEUX NUITS D’AMOUR
Après une nuit d’amour j’ai rêvé d’amour
sans me limiter au battage de cuisses et de seins
Qui portent mon poids ainsi qu’un esprit
Léger et libre. Je voulais être lié
À l’intérieur d’une liberté fraîche comme le nom de Dieu
À travers tous les siècles d’absence de Dieu.
Après une nuit d’amour je me suis tourné vers l’amour,
Les cuisses batteuses, les seins chantants,
Épuisé par l’acte, le désirant encore,
Dans une liberté vieille comme la terre
Et fraîche comme le nom de Dieu, à travers tous
Les siècles de beauté assombrie.
(Nissim Ezekiel) (1924-2004)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Nissim Ezekiel), absence, acte, amour, assombrir, à travers, épuiser, battage, beauté, cuisse, désirer, Dieu, encore, esprit, frais, intérieur, léger, liberté, libre, lier, nom, nuit, poids, porter, rêver, se limiter, se tourner, sein, siècle, terre, vieux, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023

Comètes
Il y a des comètes
qui traversent en un éclair
nos bouches, elles portent
la grâce
d’océans et de galaxies.
Dieu sait
que nous essayons de faire de
notre mieux.
Il y a des comètes
liées à des produits chimiques
qui télescopent nos langues
pour se consumer dans
l’air.
Je sais
que nous essayons.
Il y a des comètes
qui se rient de nous
de derrière nos dents,
elles portent des habits
de poissons et d’oiseaux.
Nous essayons.
***
Comets
There are comets
that flash through
our mouths wearing
the grace
of oceans and galaxies.
God knows,
we try to do the best
we can.
There are comets
connected to chemicals
that telescope
down our tongues
to burn out against
the air.
I know
we do.
There are comets
that laugh at us
from behind our teeth
wearing the clothes
of fish and birds.
We try.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Richard Brautigan), air, éclair, bouche, chimique, comète, dent, derrière, Dieu, essayer, faire, galaxie, grâce, habit, langue, lier, mieux, océan, oiseau, poisson, porter, produit, rire, savoir, se consumer, télescoper, traverser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
L’union amoureuse
L’aimant détourne à lui la pointe de l’aiguille de fer
Le verre en fusion rassemble le feu et la fumée
L’aigu et le grave tonnent à l’unisson des accords parfaits
Et les coeurs voisins s’attirent toujours à l’intime
Mon amour me lie à toi comme l’ombre au corps
Nous dormons côte à côte sous des draps de trame fine
Dont la soie généreuse provient de cocons jumeaux
Aux heures chaudes, nos éventails sont deux ailes qui se touche
Aux heures froides, nos épaules s’embrassent sur la natte feutrée
Tu ris soudain et me voilà hilare
Tu t’affliges alors et ma joie s’évanouit
Allant, je joins mes pas aux tiens
Partant, nous partageons la poussière du chemin
Inséparables, comme les lions des portes célestes
Je ne recherche que ta présence
Et je ne crains que ta distance
Unissons nos corps en une seule forme
Partageons nos vies dans une chambre commune
Et dans la mort, scellons nos os sous un seul tombeau.
Le poète Qu sut dire l’amour au plus vrai ;
Le nôtre surpasse encore les mots.
(Yang Fang)
(IVe siècle)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Yang Fang), accord, aigu, aiguille, aile, aimant, aller, amour, amoureux, épaule, éventail, céleste, côte-à-côte, chambre, chaud, chemin, cocon, coeur, commun, corps, craindre, dire, distance, dormir, drap, fer, feu, feutré, fin, forme, froid, fumée, fusion, généreux, grave, heure, hilare, inséparable, intime, joie, joindre, jumeau, lier, lion, mort, mot, natte, ombre, os, parfait, partager, partir, poète, pointe, porte, poussière, présence, provenir, rassembler, rechercher, rire, s'affliger, s'attirer, s'évanouir, s'embrasser, savoir, sceller, se détourner, se toucher, soie, soudain, surpasser, tombeau, tonner, toujours, trame, union, unir, unisson, verre, vie, voisin, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
Le « fu »* de la Chouette
Le grand homme ne fléchit pas.
Il reste droit au coeur de mille changements ;
Ils ne sont pour lui qu’une même compromission.
L’homme abêti s’enchaîne aveugle à la coutume
Et souffre sans fin comme un prisonnier qui s’engeôle.
Le sage sait plier au bel abandon des choses.
Il lie sa vie au rythme saint du Tao seul.
Mais voici la foule qui s’enténèbre
Dans la soif et la haine qui plombent leur coeur.
Limpide et calme, l’homme véritable
Trouve la paix céleste dans le Tao seul.
Écartant la sagesse, oublieux des formes,
Dégagé, hors du souci de soi, vif et sauvage,
Plein d’une ampleur vide, il vole sur les ailes du Tao.
Porté par le flux, il navigue à la proue du monde.
Il trouve repos sur les îlots du fleuve,
Libérant son corps au destin,
Départie des craintes égoïstes,
Sa vie est flottaison,
Sa mort est grand repos.
Dans le calme tranquille
Qui rappelle au coeur des printemps,
Une barque sans amarre au courant sans objet.
Il regarde la perle de vide que sa vie a sertie.
Son destin ajouré le libère du chagrin d’exister.
(Jia Yi)
(201-169)
(*Fu: poème chinois en prose)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Jia Yi), abandon, abêtir, aile, ajourer, amarre, ampleur, aveuglé, écarter, égoïste, îlot, barque, calme, céleste, chagrin, changement, chose, chouette, coeur, compromission, corps, courant, coutume, crainte, dégager, départir, destin, droit, exister, fin, fléchir, fleuve, flottaison, flux, forme, foule, haine, homme, libérer, lier, limpide, monde, mort, naviguer, objet, oublieux, paix, perle, plein, plier, plomber, porter, printemps, prisonnier, proue, rappeler, regarder, repos, rester, rythme, s'enchaîner, s'engeôler, s'enténébrer, sage, sagesse, saint, sauvage, sertir, soif, souci, souffrir, Tao, tranquille, trouver, véritable, vide, vie, vif, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2022

Illlustration: Pascal Renoux
Il n’y a pas de théorème du désir
Pas plus qu’il n’y a de théorème de la saveur d’une eau de montagne
pans la bouche de l’exténué
Il boit sa vie
Il n’y a qu’une vérité à mille chemins
Devant le corps aimé
Il est une aube plénière
Dont la lumière appelle la pensée-mésange de l’amant :
S’il y a une vérité dans le désir
Seule l’atteint cette pensée à mille chemins
Le coeur aussi se donne comme un paysage
Seul donc le désir de s’y perdre le mérite
Car ici l’ignorance nous accroît
C’est très simple l’immense pour qui s’est intérieurement dévêtu
Une paupière une hanche un souffle sur la joue
Cela d’un coup efface le monde
La fureur l’excès leur langage
C’est toujours à partir de ce vide
Que nous aimons
En lui que nous buvons notre vie
Est-ce de l’ordre de l’explosion ?
Explosion silencieuse et immobile
À la jonction de deux corps
Qui est la conjonction de deux limites
Ainsi détruites ?
Serait-ce l’apparition d’un espace neuf
Contraire mais lié
À l’espace ordinaire des besognes de l’existence ?
La porte d’or
Par où l’on revient dans sa vie
Déshabitué éclairé
Retour d’exil :
Gestes enfin habités
Regards tenus
Expansion d’une prairie intérieure
Avec affleurement de sources
Celles que l’amant entend
Quand il pose son oreille sur le sommeil de l’aimée
Beau chahut l’amour dans la maison des hommes
Table renversée écrous levés
Est-ce bien de l’ordre de l’explosion ?
Mais lente mais douce
Et sa rumeur qui dort dans la main du coeur
(Jean-Pierre Siméon)
Recueil: Le désir en nous comme un défi au monde 84 Poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Siméon), accroître, affleurement, aimer, amant, apparition, appeler, atteindre, auble, éclairer, écrou, besogne, boire, bouche, chemin, coeur, conjonction, contraire, corps, déshabituer, désir, détruit, devant, dormir, doux, eau, eddacer, enfin, entendre, espace, excès, exil, existence, expansion, explosion, exténué, fureur, geste, habité, hanche, homme, ignorance, immense, immobile, intérieur, jonction, joue, langage, lent, lever, lier, limite, lumière, main, maison, mérite, mésange, monde, montagne, neuf, or, ordinaire, oreille, paupière, paysage, pensée, plénier, porte, poser, prairie, regard, renverser, retour, revenir, rumeur, saveur, se dévêtir, se donner, se perdre, silencieux, simple, souffle, source, table, ténu, théorème, vérité, vide, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022
![Emilia Castaneda (16) [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/10/emilia-castaneda-16-1280x768.jpg?w=690&h=963)
L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA
Belle d’aube et de caresses
Bulles de fard et de fleurs
Tout ce qui fut notre ivresse
Remonte des profondeurs
Des bruyères me reviennent
Au rythme des baisers las
Est-ce ta lèvre ou la mienne
Qui brûlait cette nuit-là
Est-ce plaie ou plainte Sont-ce
Des ecchymoses de ciel
Ou les lisières de ronces
D’un météore charnel
Sais-je quand surgit le doute
Entre la sève et le sang
Ou quand s’effeuillèrent toutes
Les fleurs du buisson ardent
Etait-ce un soir de dimanche
Que la lézarde s’ouvrit
Quand je touchai sur ta hanche
Un pressentiment d’oubli
Ce qui fut à jamais passe
Au gré de l’ombre et des jours
Tes mots n’ont sur la terrasse
Qu’un lointain reflet d’amour
Etait-ce un soupçon d’abîme
Est-ce toi serait-ce moi
Qui retombait de la cime
Qu’on n’atteint jamais deux fois
Est-ce pour la trop cruelle
Loi vaine d’un vain destin
Que notre flamme éternelle
N’eut qu’un instant de matin
Je cherche et toi sais-tu qu’est-ce
Qui lie et qui délia
Au tréfonds de notre ivresse
L’en-dedans de l’au-delà
(Robert Goffin)
Illustration: Emilia Castaneda
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Goffin), abîme, amour, atteindre, au-dedans, aube, bruyère, bulle, caresse, charnel, cime, délier, destin, en deça, hanche, ivresse, lézarde, lier, météore, oubli, plaie, plainte, pressentiment, profondeur, reflet, retomber, ronce, soir, soupçon, terrasse, toucher, tréfonds | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022

Le dernier des « Sept Poèmes d’amour en guerre »
Au nom du front parfait profond
Au nom des yeux que je regarde
Et de la bouche que j’embrasse
Pour aujourd’hui et pour toujours
Au nom de l’amour enterré
Au nom des larmes dans le noir
Au nom des plaintes qui font rire
Au nom des rires qui font peur
Au nom des rires dans la rue
De la douceur qui lie nos mains
Au nom des fruits couvrant les fleurs
Sur une terre belle et bonne
Au nom des hommes en prison
Au nom des femmes déportées
Au nom de tous nos camarades
Martyrisés et massacrés
Pour n’avoir pas accepté l’ombre
Il nous faut drainer la colère
Et faire se lever le fer
Pour préserver l’image haute
Des innocents partout traqués
Et qui partout vont triompher.
(Paul Éluard)
Recueil: Au rendez-vous allemand
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Eluard), accepter, amour, aujourd'hui, beau, bon, bouche, camarade, colère, couvrir, déporter, douceur, drainer, embrasser, enterré, femme, fer, fleur, front, fruit, guerre, haut, homme, image, innocent, larme, lier, main, martyriser, massacrer, noir, nom, ombre, parfait, partout, peur, plainte, préserver, prison, profond, regarder, rire, se lever, terre, toujours, traquer, triompher, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 juin 2021
Mon sang
se lie
à toutes vos soifs
Mon cœur
se peuple
de toutes vos fièvres
Ma bouche
s’emplit
de toutes vos voix
Hier et Demain
sont d’un seul âge !
(Andrée Chedid)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), âge, bouche, coeur, demain, emplir, fièvre, hier, lier, peuple, sang, soif, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 juin 2021
Quelle est donc, disent-ils, cette femme inconnue,
Qui seule eût mis la main au frein de son coursier?
Qu’il appelait toujours et qui n’est pas venue?
Où l’avait-il trouvée? Où l’avait-il perdue?
Et quel nœud si puissant avait su les lier,
Que, n’ayant pu venir, il n’ait pu l’oublier?
(Alfred de Musset)
Illustration: Margarita Sikorskaia
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Posted in poésie | Tagué: (Alfred de Musset), appeler, coursier, femme, inconnue, lier, noeud, oublier, puissant | Leave a Comment »