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Poésie

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Les eaux montent (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Les eaux montent

Mon service prend fin et je descends les marches du palais
Repos du soir — je gagne enfin mes appartements
L’éclair hurlant éclate dans la nuit pleine
Les flèches de lumière vive rayent les ténèbres
De noirs nuages harcèlent les tours vermillonnes
Et le vent frappe le linteau des fenêtres.
L’eau s’écoule bouillonnante par les gouttières du toit
Des flaques jaunes noient les degrés aveugles des terrasses
Les cieux dénués s’engrènent impassibles sans se déchirer
De larges voies d’eau rejoignent abondantes un canal englouti
À Liang et Ying, les cultures meurent sous les flots du ciel
Des paysans vagabonds passent devant les bras furieux du fleuve
Les eaux montent inlassables et changent nos vies en ruine marine.

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Retouche au garni (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2020



 

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retouche au garni

la nuit file un bas rose
c’est sa dernière pose
le jour fait mine de descendre

un coq dénonce ces misères
moral
sur le linteau du ciel

(Daniel Boulanger)

Illustration: David Brayne

 

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Et pourtant les murs ne tombent pas (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2018



Les murs ne tombent pas
[43]

Et pourtant les murs ne tombent pas,
je ne sais pas pourquoi ;

un sifflement : zrr,
éclair dans une dimension

in-connue, non-déclarée ;
nous sommes impuissants,

poussière et poudre emplissent nos poumons
nos corps butent en passant

des portes tordues sur leurs gonds,
et les linteaux penchent

en diagonale ;
nous ne cessons de marcher

dans un air raréfié
qui s’épaissit en brouillard aveugle,

puis un pas rapide de côté,
car même l’air

est peu fiable,
épais quand il devrait être fin

et ténu
quand les ailes se séparent et s’ouvrent,

et l’éther
est plus lourd que le plancher,

et le plancher s’affaisse
tel un navire en détresse ;

nous ne connaissons aucune règle
de procédure,

nous sommes des voyageurs, qui découvrent
l’in-connu,

le non marqué ;
nous n’avons pas de carte;

peut-être atteindrons-nous le port,
la porte du paradis.

***

Still the walls do not fall,
I do not know why;

there is zrr-hiss,
lightning in a not-known,

unregistered dimension;
we are powerless,

dust and powder fill our lungs
our bodies blunder

through doors twisted on hinges,
and the lintels slant

cross-wise;
we walk continually

on thin air
that thickens to a blind fog,

then step swiftly aside,
for even the air

is independable,
thick where it should be fine

and tenuous
where wings separate and open,

and the ether
is heavier than the floor,

and the floor sags
like a ship floundering ;

we know no rule
of procedure,

we are voyagers, discoverers
of the not-known,

the unrecorded;
we have no map;

possibly we will reach haven,
heaven.

(Hilda Doolittle)

 

 

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Un fronton déchu (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2017



    

Un fronton déchu de son ciel.
Un portique ouvert sur l’absence.
Là-bas, le tronc écorché d’un linteau.

De quels mots consoler
ces pierres orphelines?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: Trois ménologues
Editions: Cheyne

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