Enlacements
Quatre vers à lire
près d’un verre à boire
cinq volubilis
sur la margelle du soir
(Marcel Lapeyre)
Traduction:
Editions: Revue de poésie Friches
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2021
Enlacements
Quatre vers à lire
près d’un verre à boire
cinq volubilis
sur la margelle du soir
(Marcel Lapeyre)
Posted in poésie | Tagué: (Marcel Lapeyre), boire, enlacement, lire, margelle, soir, verre, vers, volubilis | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2021
J’écris ces vers, ainsi qu’on fait des cigarettes,
Pour moi, pour le plaisir ; et ce sont des fleurettes
Que peut-être il valait bien mieux ne pas cueillir ;
Car cette impression qui m’a fait tressaillir,
Ce tableau d’un instant rencontré sur ma route,
Ont-ils un charme enfin pour celui qui m’écoute ?
Je ne le connais pas. Pour se plaire à ceci,
Est-il comme moi-même un rêveur endurci ?
Ne peut-il se fâcher qu’on lui prête ce rôle ?
– Fi donc ! lecteur, tu lis par-dessus mon épaule.
(François Coppée)
Posted in poésie | Tagué: (François Coppée), écouter, écrire, épaule, charmé, cigarette, connaître, cueillir, endurci, faire, fleurette, impression, instant, lecteur, lire, par-dessus, peut-être, plaire, plaisir, prêter, rêveur, rôle, rencontrer, route, se fâcher, tableau, tressaillir, valoir, vers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2021
Illustration: Maximilien Luce
J’adore la banlieue avec ses champs en friche
Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche
Me parle de quartiers dès longtemps démolis.
Ô vanité ! Le nom du marchand que j’y lis
Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.
Je m’attarde. Il n’est rien ici qui ne me plaise,
Même les pissenlits frissonnant dans un coin.
Et puis, pour regagner les maisons déjà loin,
Dont le couchant vermeil fait flamboyer les vitres,
Je prends un chemin noir semé d’écailles d’huîtres.
(François Coppée)
Posted in poésie | Tagué: (François Coppée), adorer, affiche, ancien, écaille, banlieue, champ, chemin, coin, coucgant, démolir, flamboyer, friche, frissonner, huître, lire, loin, longtemps, maison, marchand, mépreux, mur, noir, nom, orner, parler, pissenlit, plaire, prendre, quartier, regagner, rien, s'attarder, semer, tombeau, vanité, vermeil, vieux, vitre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2021
Mon père, quelle tristesse !
Aujourd’hui encore lassé de lire le journal,
je me suis amusé avec les fourmis du jardin.
***
(Ishikawa Takuboku)
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Ishikawa Takuboku), aujourd'hui, fourmi, jardin, journal, lasser, lire, père, s'amuser, tristesse | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2020
Illustration: Oleg Zhivetin
PAGE LUE
Je ne l’avais point encore aperçu
Que – déjà – il me trouvait belle.
Je ne lui avais point encore souri
Que – déjà – il avait éprouvé qu’il m’aimait.
Je ne lui avais point encore parlé
Que – déjà – il m’avait juré un amour éternel
Et quand – après – je l’ai regardé,
Il a détourné les yeux.
Et quand – après – je lui ai souri,
J’ai senti son cœur rassasié.
Et quand – après – j’ai balbutié « Je t’aime »
Il m’a répondu : Assez ! Azizé me plaît davantage.
(Anonyme)
Posted in poésie | Tagué: (anonyme), aimer, amour, apercevoir, éprouver, éternel, balbutier, beau, coeur, davantage, détourner, jurer, lire, page, parler, plaire, rassasier, répondre, regarder, sentir, sourire, trouver, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020
Illustration
… Jean Ruet aussi est mort ;
Il avait vingt-quatre ans ;
C’était un gars de Saint-Ay
Dans les vignes, sur la Loire.
Jean Ruet a été tué !
Qui donc aurait pu croire
Que celui-là mourrait ?
Il était si vivant
Que c’était grand plaisir
De voir ce garçon-là,
Son nez humant l’espace,
Ses fins sourcils farceurs
Ses gestes de danseur,
Et d’entendre son rire !
Son œil, quand il lisait
La guerre dans les journaux,
Était l’œil de Panurge
Écoutant Dindenault.
Et la belle santé
Excluant la rancune,
Nos grands chefs militaires
Excitaient sa gaîté.
Il est mort un matin
Qu’il pliait son grand corps
Pour saisir aux épaules
Un mort dans un boyau.
Un obus est tombé
Au bord du parapet
Et sa gerbe a criblé
Notre gentil Jean Ruet.
Sur le brancard j’ai vu
Son corps blanc et splendide :
La mort n’avait pas pu
Abîmer sa poitrine.
Hélas ! j’ai vu ses traits
S’amincir et se fondre
Pendant qu’il répétait
L’adresse de sa mère.
Nous l’avons enterré
Dans un bas-fond d’Argonne ;
J’ai vu trois jours après
L’eau qui couvrait la place.
[…]
(Charles Vildrac)
Posted in poésie | Tagué: (Charles Vildrac), abîmer, adresse, écouter, épaule, bas-fond, boyau, chef, corps, couvrir, cribler, croire, danseur, eau, entendre, enterrer, espace, exciter, exclure, farceur, fondre, gaîté, garçon, gars, gerbe, geste, guerre, hélas, humer, journal, lire, matin, mère, militaire, mort, mourir, nez, obus, oeil, place, plaisir, plier, poitrine, rancune, répéter, rire, s'amincir, saisir, santé, sourcil, tomber, trait, tuer, vigne, vivant, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2020
HOMMAGE AU SOUFFLE
Tu t’avances pour lire
et les mots se reflètent sur ton visage
le désir prie toujours
même quand la langue se tait
tu t’avances
comme un frère universel
contre le bourdonnement du Grand Malheur
contre les dressages intensifs
tu le sais
chaque rose est une syllabe
précipitée
depuis le dernier étage de la hauteur
chaque rose
est un hommage
au souffle couleur feu
chaque rose
repousse le noir du monde
tu le sais
le souffle est le fil du chapelet
le souffle avec toi
le souffle devant toi
le souffle derrière toi
contre toutes les flaques de néant
tu inclines ton visage
vers le ciel
tu te laisses chuter
vers les constellations
le verbe en croix
et le désordre divin
la pensée est dans la bouche
dit Tzara
le vide se vide de son plein
dit Luca
tu ne laisses pas la mort
descendre vers l’été
tu ne passes rien sous silence
tu enroules l’alphabet sur lui-même
tu remontes vers ton centre
tu t’entraînes pour l’éternité
tu installes des barricades pour les vivants
les hauts vivants
fenêtres ouvertes sur la voix
neige de New York et cendres de Bénarès
les vivants de toujours
boussoles au coeur battant
les vivants qui rattrapent la lumière
les vivants aux langues d’herbes folles
les vivants
jusqu’à l’extrémité des terres
le tourbillon des exilés de tout
le compte à rebours des précipices
porteurs d’offrandes
renverseurs du coeur
les vivants aux énergies sans nombre
ceux qui prennent refuge dans l’immense
les guerriers à la peau sonore
les allumeurs d’amour
(Zéno Bianu)
Posted in poésie | Tagué: (Zéno Bianu), allumeur, amour, énergie, cendres, centre, chapelet, chuter, ciel, constellation, croix, désir, descendre, dressage, exilé, frère, guerrier, herbe, hommage, langue, lire, malheur, mort, néant, offrande, porteur, précipice, prier, refuge, repousser, rose, s'avancer, se refléter, souffle, syllabe, universel, visage, vivant | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020
Illustration: Giovanni Giacometti
Mère oubliée
Il paraît que mes enfants sont grands
Moi je dirai qu’ils sont indifférents
Il paraît qu’on ne doit pas se voir souvent
Et c’est là mon principal tourment.
Chacun suit son chemin
Moi je suis au bout du mien
Chacun va vers son destin
Et notre famille, qu’est-ce qu’elle devient ?
Moi je ne suis plus que chagrin.
Il paraît que ce n’est pas normal
D’avoir au coeur aussi mal
Mais il n’y a pas de médicament
Pour cesser d’être maman.
Il paraît que mes petits enfants
N’ont pas besoin de grande maman.
On ne les berce plus, il y a la télé
On ne leur lit plus, il y a les dessins animés
D’ailleurs lire des livres en papier
Il paraît que c’est démodé.
(Tricia Benoit)
Posted in poésie | Tagué: (Tricia Benoit), aller, au bout, bercer, cesser, chacun, chagrin, chemin, coeur, démodé, dessin animé, destin, devenir, enfant, famille, grand, grande maman, indifférent, lire, livre, mal, maman, mère, médicament, normal, oublier, papier, paraître, petit-enfant, suivre, télé | 1 Comment »