Posts Tagged ‘(Lucien Becker)’
Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022

Chemin
Je saute dans la barque que m’offrent les mouvements rêveurs de la nostalgie
et je m’en vais vers mon enfance couronnée des gouttes de rosée de l’accueil.
Serait-ce donc une seconde aurore ?
Non.
C’est une veillée funèbre d’automne où un cercueil
— je sais qu’il est fait de souvenirs – me cherche comme une proie.
O forêts vierges de senteurs pures et d’yeux piqués
comme des étendards sur l’arête molle des insouciances,
O Eden où fleurit la neige de nos cris et de nos rires
et qui répètes dans ton soliloque désespéré les échos de noms doux comme des étoiles.
Je vous ai à peine traversés tant mes pieds étaient pleins d’air
et tant je réclamais le bâillon de l’adolescence !
(Lucien Becker)
Illustration: Lisa Lea Bemish
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Posted in poésie | Tagué: (Lucien Becker), adolescence, aurore, écho, étendard, étoile, baillon, barque, cercueil, chemin, cri, doux, fleurir, forêt, insouciance, neige, nostalgie, offrir, parole, pied, proie, réclamer, rêveur, rire, sauter, senteur, soliloque, souvenir, traverser, veillée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 avril 2020

Avant d’entrer dans les bois,
la pluie frappe aux feuilles
qui sont pour elles le seuil
d’une solitude sans poids.
Elle a parcouru tout l’espace
pour venir sans hâte couler
dans d’obscurs sentiers
où rien ne doit marquer son passage.
Il suffit pourtant d’un rayon de soleil
pour qu’éclate sa présence,
pour qu’un instant la forêt pense
aux vitres dont elle l’émerveille.
Un couchant doit surgir
de cet incendie d’eau
où la terre s’éclaire de ce qu’elle a de plus beau
parce qu’elle aime les forêts à en mourir.
(Lucien Becker)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
Recueil: Rien que l’amour
Traduction:
Editions: La Table Ronde
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Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2020

Illustration: Egon Schiele
Sur ton corps lisse de caillou
mes mains vont, forêts en liberté,
comme vers des sommets d’où je retombe,
source altérée de soleil.
Ton cœur est si proche de mon cœur
que nos artères se mêlent les unes aux autres
et ne retrouvent plus à nos fronts qu’une seule tempe
pour faire battre l’espace.
Bateau venu de la haute mer,
je vais très loin au fond de tes plages
et je me renverse dans les fougères
qui naissent de ton corps entr’ouvert.
Lorsque nous n’avons plus pour respirer
que l’air écrasé dans nos baisers,
le jour qui nous sépare a beau faire,
il n’arrive pas à être aussi nu que toi.
(Lucien Becker)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
Recueil: Rien que l’amour
Traduction:
Editions: La Table ronde
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Posted in poésie | Tagué: (Lucien Becker), air, altérer, arriver, artère, écraser, baiser, bateau, battre, caillou, coeur, corps, entr'ouvrir, espace, forêt, fougère, front, jour, liberté, lisse, loin, main, mer, naître, nu, plage, proche, renverser, respirer, retomber, retrouver, séparer, se mêler, soleil, sommet, source, tempe, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 août 2018

Illustration: Carole Cousseau
LE DÉSIR N’A PAS DE LÉGENDE (XIX)
Le soleil reste sur ta bouche
à la place où miroite encore un baiser.
Ton visage lui appartient mais il me le rend
pour des nuits plus longues que ma vie.
Ton corps pour lequel je m’éveille
s’éclaire plus vite que le jour
parce que le soleil surgit à toutes les places
où il y a des cailloux à pétrir.
Les forêts se dénudent pour lui
dans le secret de leurs clairières
mais c’est sur ta gorge
qu’il fait pousser ses plus beaux fruits.
La terre lui présente une à une
ses vallées les plus riches,
mais c’est sur ton ventre qu’il s’arrête,
simple bouquet de flammes.
(Lucien Becker)
Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde
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Posted in poésie | Tagué: (Lucien Becker), appartenir, baiser, bouche, bouquet, caillou, clairière, corps, désir, flamme, forêt, fruit, gorge, légende, miroiter, nuit, pétrir, rendre, rester, riche, s'arrêter, s'éclairer, s'éveiller, se dénuder, secret, simple, soleil, surgir, vallée, ventre, vie, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2018

Enlacés par l’herbe que l’air fait monter jusqu’à nos lèvres,
nous oublions dans notre chambre les paysages
qui venaient vers nous au pas de la terre,
les beaux paysages qui nous prenaient pour des statues.
Vagues s’en allant à la rencontre l’une de l’autre,
nos corps n’ont que la flaque des draps
pour apprendre que l’amour est une montagne
qui s’élève à chaque coup de soleil.
Nous n’avons que nos bras et nos jambes
pour serrer un instant les forêts
qu’un éclat de soleil enfonce dans notre chair
et fait flamber jusqu’au dernier arbre.
Nos dernières paroles se sont arrêtées loin de nous,
enfin coupées de leur tronc de sang.
Nous entrons seuls dans un monde ouvert sur nos visages
comme sur son propre noyau.
(Lucien Becker)
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Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2018

Ritou, ta tête est belle sous des cheveux
où le soleil est pris comme dans un filet
et le soir les lampes s’allument plus douces
au contact de tes boucles et de ton regard.
Sûre de toi, tu tends les mains à la pluie
et tu t’étonnes de ne pouvoir la retenir.
Les mots sont dans ta bouche comme les pousses
qui trouent la terre dans la fraîcheur du matin.
Les herbes font contre ton visage
leurs bonnes caresses de bêtes
et toutes les fleurs te fêtent
comme si le monde venait de naître avec toi.
Quand tu entres dans la mer,
tu ris de n’avoir plus de jambes
et l’eau que tu fais jaillir
retombe sur toi comme un feuillage.
Les papillons te poursuivent
pour se poser sur tes yeux
et la rosée est pour tes joues
ton premier baiser d’amour.
dont il ne connaît que les bords
et où il se cogne jusque dans ses rêves.
Enchaîné à ses pas, il reste sur place
malgré l’appel amical du couchant
et son désespoir est si grand
qu’il ne peut, même en pleurant, perdre la face.
Il n’a plus que la ressource
de ramener les limites de l’horizon
à celles de son lit où, plomb,
il descend au fond de la plus noire des sources.
(Lucien Becker)
Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde
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Posted by arbrealettres sur 29 avril 2018

Les chemins partent sans ma voix
et tournent dans les moissons reposées.
Je foule des routes qui ne vont
que vers la souffrance ou la mort.
Pourquoi choisir à chaque carrefour?
On m’ouvre des bras sans charnières.
Je veille sous la lampe du front
Le regard aussi grand que les murs.
Chaque soir, je me referme avec des gestes
qui sont ceux d’une enfance mal cicatrisée.
La rue frappe mon pied désorienté
par les mille années de sommeil d’une nuit.
Le vent ne me quitte pas au premier tournant.
J’aborde enfin à la clarté du jour
qui surgit de chaque pierre dénudée
et n’atteint pas le visage douloureux
qui monte avec les doigts du sang
derrière les vitres où se fane mon œil.
(Lucien Becker)
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Posted by arbrealettres sur 15 mars 2018

Quand le vent force les fenêtres,
annoncé par tant de portes, tant de forêts battantes,
et que le soir passe sa tête
dans ce qui reste, immobile et défiguré,
Quand la rue s’accroche aux lumières qui, d’un seul coup, tirent à elles tout le ciel,
lourdes du feu qui s’écoule des carreaux, étranges prisonniers au long des villes,
il faut dominer l’amour, le dénuder
du sang qui en fait une soif sans remède,
le jeter aux gueules du sexe
comme un vivant qui s’éveille en plein incendie,
il faut oublier les mots trop tendres
qui tremblent dans la bouche comme des feuilles
et, crispé sur la chair comme les racines autour de la terre,
il faut fermer la femme à la clarté du jour.
Dans la ville, que le soir rassemble en hâte autour des murs, autour des lampes livides,
la pluie tombe, transpercée de vent et le monde comme un tunnel rampe dans la nuit.
(Lucien Becker)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2017

Pierre
Les villages somnolent sous leur couvercle de pierre
rêvant tout haut dans la voix des batteuses
les matins se soulèvent d’argent
entre les arbres immobiles d’attente et d’espoir
l’espace jeté sur le monde
se consume comme un peu d’alcool trop bleu
vos fantômes se couchent au seuil des portes
spongieux d’incertitude
Un souffle menu comme un fil de lumière
s’échappe de leurs poumons de soie rouge
De vieilles prières d’amour
apprises au long des routes
étanchent leurs lèvres pâles
Quelques lambeaux de femme
flottent dans leur cœur vide…
Les charrues jouent mal du violon
sur les coteaux savonnés de brume.
Automne, ô belle fille baignée de larmes
ô belle blonde qui plonge tes seins nus
dans la paume transparente du soleil
tes yeux sont trop clairs de regrets
Ta bouche entr’ouverte brille d’un peu de ciel
ta poitrine se plaint dans la brise exténuée
Nul ne sait où tombe ton regard
où se désespèrent muettes tes feuilles mortes
Nul ne sait si la mort fait mourir
Si le soleil est éternel de l’autre côté du monde.
(Lucien Becker)
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Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2017

Illustration: Pascal Renoux
LES POUVOIRS DE L’AMOUR (XIII)
Aucun des mots ne peut s’user
que j’emploie pour nommer mon amour
et ta bouche en relève sur ma bouche une trace
qui se décalque à travers nos baisers.
Je calme la lueur sourde de ton ventre
comme le soleil une tempête
et je me retrouve toujours avec une tête
unie à la tienne par-dessus des siècles de mort.
Nue jusqu’à laisser voir ton coeur
dans la transparence de ses battements,
tu n’as plus contre moi pour limites
que celles d’un jour sans terre à éclairer.
Je veux sceller au tien mon visage
afin que je puisse mourir en toi
au moment où il ne restera autour de moi
que le ciel grand ouvert de ton regard.
(Lucien Becker)
Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde
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