Posts Tagged ‘lugubre’
Posted by arbrealettres sur 28 février 2020

LE VILLAGE KARSTIQUE
I
Seul
par le village.
Dans la nuit
hurlent les espaliers
— le bora escalade
les murs, cogne
à la vitre : « Qui ? ,
La fenêtre éclaire
la nuit.
Et au bout du village
le pin gémit,
tressaille
quand il me reconnaît.
II
Les toits abrupts dans l’ombre
dorment;
toits de chaumes, toits de pierre,
lugubres tous
avec leurs fronts bas.
Les gens ont les bras croisés
sur la poitrine.
Comment ?
Pourquoi ?
« Meurs, ou reviens sur tes pas! »
III
L’océan des pins
mugit sombrement
— l’Adriatique, martèle le rivage,
cogne les ténèbres,
le bora heurte
la fenêtre morte.
La nuit pèse sur le village karstique.
Qui désespère ?
Qui se lamente,
que je le maudisse
en ce coeur malade ?
Qui ?
(Srecko Kosovel)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Srecko Kosovel), éclairer, chaume, coeur, cogner, désespérer, escalader, espalier, fenêtre, gémir, heurter, hurler, lugubre, malade, maudire, mourir, mur, nuit, ombre, pierre, pin, poitrine, se lamenter, ténèbres, village | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2019

Illustration: Ernest Pignon Ernest
DANS LA CHAMBRE
(extrait)
Chauve-souris — la peur sur les sombres grabats,
À leur chevet des sacs, lugubres paquetages.
Dans l’ombre du cachot, par d’étroits soupirails
Jaillissait sur les murs la peur blanche, sauvage.
Une terrible nuit de soupirs et de pleurs
S’étend nouée avec le vent sur les planètes,
Au ciel des milliers d’étoiles sont phtisiques,
Ta main tiède caresse une dernière larme.
Tu gis sur le grabat, mais tes yeux sont rivés
Aux planches du chariot de mort,
C’est le couteau de l’abattoir que le vent aiguise dehors
O qui viendra dans l’aube nous sauver?
Et des songes sereins avec les yeux mi-clos,
Les sourcils trempés dans le plomb ardent
On rêve de vergers en fleurs dans les prairies,
Des eaux qui prient chantent en passant.
Les vêtements qu’on a laissés dans les armoires,
Les voilà maintenant qui s’échappent tout seuls
Et chacun d’eux contient un visage, et l’on voit
Pendre au coeur de la chambre une lune rougeâtre.
(Isaïe Spiegel)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Isaïe Spiegel), abattoir, aiguiser, ardent, armoire, aube, étoile, étroit, blanc, cachot, caresser, chambre, chanter, chariot, chauve-souris, chevet, ciel, coeur, couteau, dehors, eau, en fleurs, gésir, grabat, jaillir, laisser, larme, lugubre, lune, main, mi-clos, mort, mur, nouer, ombre, paquetage, passer, peur, phtisique, planète, pleur, plomb, prairie, prendre, prier, rêver, rougeâtre, s'échapper, s'étendre, sac, sauvage, sauver, serein, seul, sombre, songe, soupir, soupirail, sourcil, tiède, vêtement, venir, vent, verger, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 août 2019

Illustration: Edward Hopper
Les anneaux fatigués
On a des envies de revenir, d’aimer, de ne pas s’absenter,
et on a des envies de mourir, combattu par deux
eaux opposées qui jamais ne vont isthmer.
On a des envies d’un grand baiser qui ensevelisse la Vie,
qui finit en l’afrique d’une agonie ardente,
suicidaire!
On a des envies… de n’avoir pas d’envie, Seigneur;
toi je te désigne d’un doigt déicide :
on a des envies de n’avoir pas eu de coeur.
Le printemps revient, revient et s’en ira. Et Dieu,
telle une courbe de temps, se répète et passe, passe
portant sur son dos l’épine dorsale de l’Univers.
Quand les tempes battent leur lugubre tambour,
quand me blesse le songe gravé sur un poignard,
on a des envies de rester planté là dans ce vers!
(César Vallejo)
Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion
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Posted by arbrealettres sur 30 mars 2019

CRÉPUSCULE
Vois les corbeaux — ah ! les « Corbeaux »
Du poète Demetresco —
Ils passent dans la nuit, s’enfuient
Par-dessus la ville transie,
Et tout au loin ils disparaissent…
Cependant que toute d’argent
Dans le crépuscule d’argent
La lune s’allume et caresse
De rayures couleur d’argent
Le vaste et lugubre caveau…
Ah ! ma chérie, ah ! les « Corbeaux »
Du poète Demetresco…
(George Bacovia)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2019

Le dernier souvenir
J’ai vécu, je suis mort. – Les yeux ouverts, je coule
Dans l’incommensurable abîme, sans rien voir,
Lent comme une agonie et lourd comme une foule.
Inerte, blême, au fond d’un lugubre entonnoir
Je descends d’heure en heure et d’année en année,
À travers le Muet, l’Immobile, le Noir.
Je songe, et ne sens plus. L’épreuve est terminée.
Qu’est-ce donc que la vie ? Étais-je jeune ou vieux ?
Soleil ! Amour ! – Rien, rien. Va, chair abandonnée !
Tournoie, enfonce, va ! Le vide est dans tes yeux,
Et l’oubli s’épaissit et t’absorbe à mesure.
Si je rêvais ! Non, non, je suis bien mort. Tant mieux.
Mais ce spectre, ce cri, cette horrible blessure ?
Cela dut m’arriver en des temps très anciens.
Ô nuit ! Nuit du néant, prends-moi ! – La chose est sûre :
Quelqu’un m’a dévoré le coeur. Je me souviens.
(Charles Leconte de Lisle)
Illustration: Euan MacLeod
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Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2019

Aux morts
Après l’apothéose après les gémonies,
Pour le vorace oubli marqués du même sceau,
Multitudes sans voix, vains noms, races finies,
Feuilles du noble chêne ou de l’humble arbrisseau ;
Vous dont nul n’a connu les mornes agonies,
Vous qui brûliez d’un feu sacré dès le berceau,
Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies,
Ajoutés au fumier des siècles par monceau ;
Ô lugubres troupeaux des morts, je vous envie,
Si, quand l’immense espace est en proie à la vie,
Léguant votre misère à de vils héritiers,
Vous goûtez à jamais, hôtes d’un noir mystère,
L’irrévocable paix inconnue à la terre,
Et si la grande nuit vous garde tout entiers !
(Charles Leconte de Lisle)
Illustration: Ettore Aldo Del Vigo
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Charles Leconte de Lisle), agonie, apothéose, arbrisseau, brute, chêne, feuille, fumier, garder, génie, héritier, héros, laché, léguer, lugubre, misère, monceau, morne, mort, multitude, mystère, nom, nuit, oubli, paix, race, saint, vorace | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018

Qui es-tu ?
J’ai l’impression de descendre au fond d’un gouffre obscur,
Plus bas, plus bas, et toujours plus profond, dans le remous noir de l’ombre…
Et je marche dans des pas inconnus…Qui es-tu ? Qui est devant moi ?
Qui es-tu et d’où viens-tu, mon maître, mon prophète ?
Qui es-tu, toi qui m’éclaires du flambeau du danger sanguinaire ?
Es-tu Virgile ? qui mena Dante sur le lit des Enfers ?
Es-tu l’ombre lugubre de Manfred ? qui avançait en tenant une arme ?
Ou bien, étranger aux bienheureux, es-tu le sombre Baudelaire ?
Qui que tu sois — après toi, dans ces cercles de l’enfer,
Je descends, frère de la malédiction éternelle, réclamant la ténèbre,
Dans la Nuit, le Désarroi, dans le cœur même mourant du chaos…
— Qui que tu sois, devant moi — montre-moi ton visage…
— Es-tu Satan ?…
(Bogusław Adamowicz)
Découvert ici: poetespolonais
Illustration: Alberto Donaire
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Posted in poésie | Tagué: (Bogusław Adamowicz), arme, éclairer, cercle, chaos, coeur, danger, désarroi, descendre, enfer, flambeau, gouffre, inconnu, lugubre, marcher, montrer, noir, nuit, obscur, ombre, profond, prophète, qui, remous, Satan, sombre, vas, visage | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 août 2018

Chansons
I
Mon coeur est vaste comme une mer,
ton visage y sourit baigné de soleil,
en profonde, douce solitude,
où délicatement vague sur vague se brise.
Est-ce la nuit ? Est-ce le jour ?
Je ne sais.
Mais ton visage baigné de soleil me sourit,
si charmant et si doux,
et je suis heureux comme un enfant.
II
C’est le vent à minuit
qui frappe à ma fenêtre.
C’est l’averse tendre,
qui tombe goutte à goutte délicate à mon toit.
C’est le rêve de mon bonheur,
qui passe sur mon coeur caressant comme le vent.
C’est l’haleine de ton regard
qui passe sur mon coeur comme un baume de pluie.
III
Dans la solitude j’aperçois d’aveuglants éclairs
qui, traversant le bleu ténébreux du ciel nocturne,
jaillissent des sourcils sombrement voûtés,
d’ondoyantes nuées.
Dans la solitude, flamboie au loin le tronc des pins
aux flancs vaporeux de la montagne.
Plus loin, environnée de rouge clarté,
la pâle fumée fuit vers le bois.
Dans les lueurs d’un ciel lointain
ruisselle la pluie délicate et sans bruit,
triste et lugubre à sa façon.
En tes yeux mouillés de larmes,
se prolonge un regard,
qui douloureusement, d’un chagrin cordialement
dissipé de toi et moi,
d’heures disparues et d’un bonheur enfui,
a rappelé le souvenir commun.
IV
Aux heures paisibles je pense souvent
à ce qui avec tant d’attrait m’angoisse et m’effraie,
quand, inattendu, à mon insu,
un doux rêve s’étend sur moi.
Je ne sais ce qu’ici je pense et je rêve,
je ne sais ce qu’il me reste à vivre;
– et pourtant quand je mis ainsi ravi,
le coeur me bat avec un tel désir.
(Friedrich Nietsche)
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Posted by arbrealettres sur 30 août 2018
Le voyou
Je m’balade le soir
Au fond des vieilles ruelles
Au milieu des poubelles
Sous un grand ciel tout noir
Les deux mains dans les poches
Je parcours l’boulevard
Sifflant comme un gavroche
Ou un oiseau bavard
Tous les pauvres gamins
De mon triste quartier
Se tiennent par la main
Assis des jours entiers
Je leur dis des merveilles
Sous leur regard farouche
Un rire fend leur bouche
Des lèvres aux oreilles
Ces gosses qui ne voient
En leurs quatre saisons
Qu’un lugubre horizon
Sont pendus à ma voix
Eux qui pour jouer n’ont
Qu’un désert terrain vague
Ils rêveront qu’ils sont
Soulevés par la vague
Je leur dis que l’oiseau
Chante en do ou en si
Perché sur un roseau
Qui pousse loin d’ici
Ils n’veulent pas me croire
Et pourtant mon histoire
Je la certifie vraie
Et l’écris à la craie.
(Jean-Baptiste Besnard)
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Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2018
Frayeur
Il y avait un homme sous mon lit,
j’en étais sûr.
D’un doigt tremblant,
j’éteignis la lumière,
puis je m’allongeai sur le lit,
les yeux clos,
et me mis à gémir longuement
dans le creux de mes mains nouées,
comme dans une conque.
J’imaginais
combien il devait avoir peur,
dans l’ombre,
en entendant cette plainte lugubre
et incompréhensible.
A la fin,
il dut se sauver.
En effet, quand,
ayant rallumé la lampe,
j’osai regarder sous le lit,
il n’y était plus.
(Luc Decaunes)
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