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Poésie

Posts Tagged ‘lunette’

SANS TÊTE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023




    
SANS TÊTE

Plus de couvercle à la marmite,
La vapeur s’envole gaiement.
Pour peu que l’on vous décapite,
La vie est pleine d’agrément.
Plus de rhume, de nez, de gouttes,
De rages de dents, de maux d’yeux,
Les migraines s’effacent toutes,
On vit au pays merveilleux.
Mais sans tête, plus de pensée…
Faut-il s’en plaindre ? Le bon vin
Dont votre gorge est arrosée
Reste un gargarisme divin.
Dès lors, que d’heures claires, nettes,
Sans lumières, sans bruits pervers !
On ne cherche plus ses lunettes,
On ne fait jamais plus de vers.

***

KOPFLOS

Man nehm den Deckel nur vom Topfe
Und sieh, wie froh der Dampf entweicht !
Wie lebt nach abgeschnittnem Kopfe
Das schwere Leben sich so leicht !
Kein Schnupfen mehr, kein Nasentropfen,
Kein Zahnweh und kein Augenbrand
Noch Stirnkatarrh noch Schläfenklopfen,
Es ist wie im Schlaraffenland.
Zwar gibt es ohne Kopf kein Denken,
Doch ist es darum nicht so schad,
Man kann mit Wein die Kehle tränken,
Es ist das beste Gurgelbad.
Und ach, wie lebt es sich so stille :
Kein Wort, kein Lärm, kein grelles Licht !
Und nie mehr sucht man seine Brille
Und nie mehr macht man ein Gedicht.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Quiz de grenouille (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023




    
Quiz de grenouille

Il serait vraiment de bon ton
Que vous revoyiez votre alphabête,
Avant de répondre aux questions
Nous concernant, nous, les rainettes.

Il est en effet très courant
Qu’on nous orthographie reinettes !
Je trouve cela consternant,
Alors qu’existent les lunettes.

Car enfin, même dans un brouil-
lard dense, à couper au couteau,
Comment confondre une grenouille
Avec une pomme à couteau ?

Quoique peut-être, un point commun
Pourrait, qui sait, les rapprocher.
Ne peut-on pas faire sauter
Une pomme et un batracien ?

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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Mon âne, mon âne (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2023




    
Mon âne, mon âne

Mon âne, mon âne
a bien mal à sa tête,
Madame lui fait faire
un bonnet pour sa tête,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.

Mon âne, mon âne
a bien mal aux oreilles,
Madame lui fait faire
une paire de boucles d’oreille,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.

Mon âne, mon âne
a bien mal à ses yeux,
Madame lui fait faire
une paire de lunettes bleues,
Une paire de lunettes bleues,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.

Mon âne, mon âne
a mal à l’estomac,
Madame lui fait faire
une tasse de chocolat.
Une tasse de chocolat,
Une paire de lunettes bleues,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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Faites confiance (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 7 juin 2022




    
Faites confiance :
il y a quelque part, qui n’attend que vous,
le poème de Darwich, de Bashô, de Whitman, de Barnaud,
de Villon, de Mandelstam, d’Hikmet,
de Prigent, de Hafiz, de Chedid,
je ne sais pas …

… Mais je sais que ce poème
vous comprendra comme
on vous a rarement compris,
qu’il vous mènera vers les autres,
et désormais
vous ne pourrez plus
vous passez de poésie
qu’un myope de lunettes.

(Jean-Pierre Siméon)

 

Recueil: Aïe un poète
Traduction:
Editions: Seuil

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POUR ALICE (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2020



Illustration: Cécile Robert Sermage
    
POUR ALICE

Est-ce un oiseau qui aboie
une lampe qui fume
un enfant qui verdoie
C’est un lapin qui chante
un homme qui rit
un prêté pour un rendu
Alice ma fille ma plume
jouons enfin au plus fin
au jugé à la tartelette
Il faut nous donner la main
les lunettes sur nos cheveux
et les cheveux sur nos lunettes

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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ÂGES DE L’HUMANITÉ (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2020




    
ÂGES DE L’HUMANITÉ

Dix ans déjà
un sucre d’orge
vingt ans à peine
une canne et des gants
trente et quarante ans
de la barbe au menton
voici la cinquantaine
un miroir et des mitaines
pour les plus de soixante ans
des lunettes et des boutons
la fleur de l’âge soixante-dix
une fleur à la boutonnière
quatre-vingts ans quatre-vingt-dix
un sucre d’orge
c’est déjà trop

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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La vie a noué sa cravate (Moshe Nadir)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2019




    
La vie a noué sa cravate,
s’est aspergée d’eau de Cologne
et s’en est allée au théâtre.

Elle a chaussé ses lunettes
– la vie est un peu myope –
et s’est mise à observer la scène.

Au premier acte, sur le plateau,
c’était une fête exceptionnelle,
une fête comme elle n’en avait jamais vu.

Des amoureux apparaissaient
qui parlaient un langage tel que la vie, depuis qu’elle vit,
n’en avait jamais entendu.

Dieu, la vie ouït-elle jamais de pareils propos !
Au deuxième et au troisième acte survinrent des malheurs
si originaux que la vie dut ôter ses lunettes pour les essuyer.

Jamais, en nul lieu, en nul temps,
la vie n’avait vu des gens se comporter de cette façon.
Le rideau est tombé sur le dernier acte
et la vie a applaudi, crié bravo.

Quand la vie a quitté la représentation, il était déjà tard.
Elle a comparé ce qu’elle avait vu au théâtre
et en a conclu que la vie ne sait pas du tout vivre.
Qu’il lui faudrait, de temps à autre, faire un saut au théâtre
pour apprendre comment les gens se comportent,
afin de savoir quoi faire en des circonstances analogues.

Et, depuis lors, la vie va régulièrement au théâtre,
et la vie devient chaque jour plus intéressante,
meilleure, plus raffinée, plus dramatique.

(Moshe Nadir)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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LES LUNETTES (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019


 


 

LES LUNETTES

J’étais un livre. On effeuillait mes pages
Pour découvrir des signes, des empreintes
Or, je rêvais des archives terrestres
Ou d’un feu noir, mais chacun me lisait.

Des doigts mouillés, des feuillets et des notes
Sur tout mon corps, et même cette plante
Se desséchant entre mes dents. La mordre
Fut mon désir tout le long d’un hiver.

Déchirez-moi. Je suis autre que Bible,
Autre que vers d’un poème fardé
Car je suis chair, et livre est la parure
Où je me cache. Et nul ne trouvera
Le seul secret que je cache en mes pages :

Il faut me lire avec les yeux des morts.

(Robert Sabatier)

Illustration: Vladimir Kush

 

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POUR CONCLURE (Menno Wigman)

Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2019




    
POUR CONCLURE

Je connais l’affliction des copyrettes,
des hommes mornes aux journaux jaunis,
des mères à lunettes aux avis de déménagement,

l’odeur des papiers à lettres, relevés de compte,
formulaires d’impôts, contrats de location,
cette encre de rien qui dit que nous existons.

Et j’ai vu des cités les dortoirs mort-nés,
où sans gloire les hommes contrefont des hommes,
et presque sans défaut la rue une rue.

Qui est-ce qu’ils copient ? Qui est-ce que
je copie moi-même ? Père, mère, monde, ADN,
te voilà avec un nom radieusement tien,

dans la tête un espoir habilement calqué
de repos, promotion, progéniture et chèques.
Et moi, qui glapissant habite ces tercets,

si seulement j’avais choses nouvelles à dire.
Lumière. Ciel. Amour. Maladie. Mort.
Je connais l’affliction des copyrettes.

***

TOT BESLUIT

Ik ken de droefenis van copyrettes,
van holle mannen met vergeelde kranten,
bebrilde moeders met verhuisberichten,

de geur van briefpapieren, bankafschriften,
belastingformulieren, huurcontracten,
die inkt van niks die zegt dat we bestaan.

En ik zag.Vinexwijken, pril en doods,
waar mensen roemloos mensen willen lijken,
de straat haast vlekkeloos een straat nabootst.

Wie kopiëren ze? Wie kopieer
ik zef? Vader, moeder, wereld, DNA,
daar sta je met je stralend eigen naam,

je hoofd vol snugger afgekeken hoop
op rust, promotie, kroost en bankbiljetten.
En ik, die keffend in mijn canto’s woon,

had ik maar iets nieuws, iets nieuws te zeggen.
Licht. Hemel. Liefde. Ziekte. Dood.
Ik ken de droefenis van copyrettes.

(Menno Wigman)

 

Recueil: L’affliction des copyrettes
Traduction: Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkin
Editions: Cheyne

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Avec des pas d’arpenteur (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2019



Illustration: Gilbert Garcin
    
Avec des pas d’arpenteur
Avec des lunettes d’astronome
Avec des insomnies d’alchimiste
Avec des bottes d’explorateur
Avec une seule mesure d’homme
S’étourdir de démesure
Vaincre à l’infinitif

(André Velter)

 

Recueil: Le Haut-Pays suivi de La traversée du Tsangpo
Traduction:
Editions: Gallimard

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