Posts Tagged ‘lustrer’
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022

Illustration: ArbreaPhotos
Deux mois
Les petits ont deux mois; fourrés comme des ours,
Lustrés comme des loirs, ils sont bien de leur race.
Juin flambe en eux, jamais leur souplesse n’est lasse ;
Il faut à leurs ébats les seize heures des jours.
Dressant leurs reins arqués sur leurs pieds de velours
Ils s’affrontent; soudain, l’un à l’autre s’enlace;
Ils roulent; tous leurs jeux sont des assauts de grâce;
Auprès d’eux les chevreuils bondissants semblent lourds.
La grâce en les enfants, la beauté dans les roses,
La nature impuissante en ses métamorphoses,
N’a que deux fois produit le chef-d’oeuvre parfait.
Hors d’elle, l’art vagit empêtré dans ses langes.
Qu’a fait l’orgueil humain ? les peintres, qu’ont-ils fait ?
Corrège, des amours, et Raphaël, des anges !
(Hippolyte Taine)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Hippolyte Taine), amour, ange, arquer, art, assaut, ébat, beauté, bondissant, chef-d'oeuvre, chevreuil, deux, dresser, empêtré, enfant, flamber, fourrer, grâce, humain, impuissant, jeu, jour, juin, lange, las, loir, lourd, lustrer, métamorphose, mois, nature, orgueil, ours, parfait, peintre, petit, pird, produit, race, rein, rose, rouler, s'affronter, s'enlacer, soudain, souplesse, vagir, velours | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022

Illustration: ArbreaPhotos
LE CHAT
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.
Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.
Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.
Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.
(Maurice Rollinat)
Recueil: le chat en cent poèmes
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Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Maurice Rollinat), abriter, accroupi, aiguiser, alcôve, amante, aménité, ami, amour, angora, apporter, ardent, armoire, austère, âme, âtre, été, étrangeté, être, baume, beauté, bizarre, bleu, bondir, bras, brin, bureau, câlin, chair, chambre, charmant, charmé, chat, chaud, clair, clair de lune, clé, cligner, colombe, compagnie, comprendre, consoler, corps, couché, courir, couvrir, créature, creux, cri, croc, cueillir, décembre, désir, doigt, doux, enchanté, encre, enfant, enfer, enjôler, ennui, face, fauteuil, fauve, femme, fer, feu, flamber, fomâtre, fourrure, foyer, frapper, frémir, frôler, gai, gîte, genêt, genoux, gouttière, gras, grâce, homme, humer, jet, jeter, laisser, langue, lourd, lovelace, lubricité, lueur, lustrer, luxure, lynx, magique, matou, membre, miauler, mignon, miniature, minois, mollesse, monstrueux, mouiller, mysticité, nacre, noir, nonne, nuit, objet, oeil, onduler, ongle, panthère, parfum, passé, passion, patte, pause, pénombre, pelote, plaire, plaisir, plastique, pleurer, poêle, poitrail, prunelle, purger, râle, regard, regimber, renaître, ressusciter, revoir, robe, ronfler, ronronner, rose, rouler, s'amuser, s'échapper, s'enivrer, s'incarner, salir, se cambrer, se pourlécher, serpent, silence, singe, solitaire, sombre, somnolent, souris, Sphinx, table, tache, téton, tête, temps, tigre, tour à tour, triomphant, triste, vague, velours, velu, vivre, volupté, voluptueux, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022

Illustration: ArbreaPhotos
Le Petit Chat
C’est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.
Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.
Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.
Tout d’abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.
Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini.
Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.
Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon ;
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.
Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.
Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.
Mais dès que je lui dis : « Il faut que je travaille,
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant ! »
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.
(Edmond Rostand)
Recueil: Les Musardises
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Posted in poésie | Tagué: (Edmond Rostand), abattre, agate, écrivailler, étendu, étonné, balancer, bleu, boire, bouchon, bouger, bruit, chat, clapotis, comique, débarbouiller, délicat, drap, drôlet, effrayer, effronté, entendre, envoyer, essuyer, extrême, fermer, feuillet, ficelle, flairer, flanc, frôler, fuir, galoper, gracieux, gros dos, happer, intriguer, invisible, jaune, joli, jouer, laisser, lait, langue, longtemps, lustrer, manchon, méchant, mimique, mine, minet, mordre, mouillé, moustache, museau, nez, noir, nonchalance, ourson, page, pataud, patte, pause, petit, plume, poil, propre, queue, rêche, regarder, relever, renifler, replier, ressembler, rester, revenir, rond, rose, rouge, s'accroupir, s'amuser, s'apercevoir, s'asseoir, saisir, sauter, se lécher, se lisser, se pourlécher, se renverser, soucoupe, suivre, suspendu, table, tache, tapage, ternir, tigre, tirer, travailler, velours, vivant, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2018

A l’aurore
La bécasse lustre ses ailes
Cent fois.
Mais les nuits où tu ne viens pas,
Moi,j’en compte le nombre.
(Anonyme)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (anonyme), aile, bécasse, compter, lustrer, nombre, nuit, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2018

Illustration: Catherine Herbo
LA CONDUITE DE LA BÊTE
On vient enfin sortir
de sa bauge assombrie
la bête sans remords
au poil lissé et lustré
son oreille a frémi
et des milliers comme elle
ont traversé les siècles avec lenteur
il a gelé à pierre fendre
au plus noir des celliers
et même dans les chambres
mais un soleil pâle
va bientôt se montrer
sur l’immense route de l’hiver.
(Jean Follain)
Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), assombrir, bauge, bête, cellier, chambre, conduite, frémir, geler, hiver, immense, lenteur, lisser, lustrer, noir, oreille, pâle, poil, remords, route, se montrer, siècle, sortir, traverser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 avril 2018

Illustration
Ennui
Du dimanche immobile
l’ennui
coule en des pensées
traînantes,
errances de la mémoire,
viols de sépultures d’amours.
Et tandis que le jour
te dépasse,
tu retournes
les tiroirs
et cherches
lustrant les souvenirs ternis
à te souvenir…
Quand l’as-tu reçu, ton premier baiser ?
L’été dans les dunes
ou un soir noyé sous la pluie ?
La couleur de ses yeux ?
Sa chemise était-elle
vraiment bleu ciel ?
***

(Alexàndra Galanou)
Recueil: Dans les recoins des mots
Traduction:
Editions: Circé
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Posted in poésie | Tagué: (Alexàndra Galanou), amour, été, baiser, bleu, chemise, chercher, ciel, couler, couleur, dépasser, dimanche, dune, ennui, errance, immobile, lustrer, mémoire, noyer, pensée, pluie, recevoir, retourner, sépulture, soir, souvenir, ternir, traîner, viol, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2018

Illustration: Mariano Fortuny Madrazo
LÉDA
Le cygne paraît de neige dans la nuit,
et son bec est d’ambre quand l’aube reluit ;
le crépuscule suave qui bientôt se perd
rosit les ailes candides de sa lumière.
Et puis, sur les ondes du lac azuré,
après que l’aurore perdit sa teinte vermeille,
les ailes tendues et le col recourbé,
le cygne est d’argent, baigné de soleil.
Tel est-il, quand il lustre ses plumes de soie,
olympique oiseau que l’amour a meurtri,
et dans les flots sonores, viole Léda,
un bec recherchant les lèvres cramoisies.
La belle soupire, dévêtue et vaincue,
et pendant que ses plaintes s’envolent au vent,
des vertes profondeurs d’un feuillage dru
étincellent les yeux troubles de Pan.
(Rubén Darío)
Recueil: Chants de vie et d’espérance
Traduction: Lionel Igersheim
Editions: Sillage
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Posted in poésie | Tagué: (Ruben Dario), aile, ambre, amour, argent, aube, aurore, azuré, étinceler, baigner, bec, belle, candide, col, cramoisi, crépuscule, cygne, dévêtu, dru, feuillage, lac, lèvres, Léda, lumière, lustrer, meurtrir, neige, nuit, oiseau, onde, pan, paraître, plainte, plume, profondeur, reluire, rosir, s'envoler, se perdre, soie, soleil, soupirer, suave, teinte, tendu, trouble, vaincu, vermeil, vert, yeux | Leave a Comment »