Posts Tagged ‘mâcher’
Posted by arbrealettres sur 29 mai 2022

TU ME DISAIS
l’aube Qui monte sur la mer du côté de Capri
Tu me disais : Ma femme est douce comme l’eau
Qui poudre aux yeux mi-clos de la biche dormante
Tu me disais : Ma femme est fraîche comme l’herbe
Qu’on mâche sous l’étoile au premier rendez-vous
Tu me disais : Ma femme est simple comme celle
Qui perdant sa pantoufle y gagna son bonheur
Tu me disais : Ma femme est bonne comme l’aile
Que Musset glorifia dans sa nuit du printemps
Tu me disais aussi : Ma femme est plus étrange
Que la vierge qui fuit derrière sa blancheur
Et ne livre à l’époux qu’un fantôme adorable
Tu me disais encore : Je voudrais lui écrire
Qu’il n’est pas une aurore où je n’ai salué
Son image tremblant dans le creux de mes mains
Tu me disais encore : Je voudrais la chanter,
Avec des mots volés dans le coeur des poètes
Qui sont morts en taisant la merveille entendue
Tu me disais enfin : Je voudrais revenir
Près d’elle à l’improviste une nuit où le songe
Peut-être insinuerait que je ne serais plus
Tu es mort camarade
Atrocement dans les supplices
Ta bouche souriant au fabuleux amour
(Bûchenwald, 15 mai 1944 – 17 mai 1945.)
(André Verdet)
Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi
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Posted in poésie | Tagué: (André Verdet), adorable, aile, amour, atroce, aube, auprès, aurore, écrire, époux, étoile, étrange, bîche, blancheur, bon, bonheur, bouche, camarade, chanter, coeur, creux, derrière, dire, dormant, doux, eau, entendre, fabuleux, fantôme, femme, frais, fuir, gagner, glorifier, herbe, image, improviste, insinuer, laisser, livrer, main, mâcher, mer, merveille, mi-clos, monter, mort, mot, nuit, pantoufle, perdre, poète, poudrer, printemps, rendez-vous, revenir, saluer, simple, songe, sourire, supplice, trembler, vierge, volé, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2021

La route communale
Le vieux cantonnier sur le bord de la route
Dont la moustache est grise
Et qui sait tant de choses
Il coupe son lard sur son pouce
Et mâche lentement son pain
En regardant rêveusement devant lui
Là-bas très loin la forêt
semble une bête qui dort
Et il vient dans le brouillard de l’été
Des visions qui ne sont pas
Tout à fait irréelles
Le vieux cantonnier referme son couteau
Dont la lame luit un moment
Et cela fait un bref éclair
Oui dure plus longtemps que son geste
Des oiseaux noirs s’envolent pesamment
(Robert Momeux)
Illustration: Paul Gavarni
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Posted by arbrealettres sur 27 mars 2021
COURS PRÉPARATOIRE
Les cailloux se font messe basse
ils s’ensecrètent
ils se broient du blanc
ils s’ébrouent
mâchent le vent
que le vent désordonné
Je me retourne et demande qui parle
ils font les étonnés
pas bougé pas parlé
cailloux
(Paul Fournel)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Fournel), étonné, bouger, broyer, cailloux, cours, demander, mâcher, messe basse, parler, s'ébrouer, vent | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021

Baluchon d’exil (Extrait)
Le troisième jour
pour remplir ma gourde
j’ai percé les ampoules
de mes pieds
lapé l’encre
du passeport
mâché le papier officiel
les initiales de mon nom
se sont imprimées sur mes lèvres
le septième jour
j’ai chaussé mon euphorie
survolé la dernière dune
vers la rive nord du mirage
le quarantième jour
je me suis présentée
à la cérémonie des diplômes
le désert m’a remis
une attestation honorifique
je me suis assise
sur un amoncellement d’os
j’ai attendu le passeur
(Souad Labbize)
Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Souad Labbize), amoncellement, ampoule, attendre, attestaion, baluchon, cérémonie, chausser, désert, diplômé, dune, encre, euphorie, exil, gourde, honorifique, imprimer, initiale, laper, lèvres, mâcher, mirage, nom, officiel, os, papier, passeport, passeur, percer, pied, remettre, remplir, rive, s'asseoir, se présenter, survoler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021

Melancholia
(extrait)
… Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : – Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait – c’est là son fruit le plus certain ! –
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !
(Victor Hugo)
Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), accroupi, airain, ange, aube, âme, éternellement, étouffant, être, bagne, beauté, blasphème, bossu, briser, cendre, cheminer, coeur, comprendre, crétin, dent, destin, donner, doux, en fleur, enfant, enfer, fer, fièvre, front, fruit, haïr, heureux, hideux, homme, imposer, innocent, insensé, jamais, jeunesse, joue, jouer, las, libre, machine, maigrir, maudit, mauvais, mâcher, mère, meule, monstre, mouvement, oeuvre, ombre, opprobre, outil, pâleur, pensée, pensif, peuple, prison, progrès, rachitisme, rendre, rire, s'arrêter, sain, serre, servitude, seul, soir, sombre, souffle, tendre, travailler, tuer, vice | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020

A une pauvre vieille femme
mâchant une prune dans
la rue un sac de papier
plein dans la main
Quel goût elles ont pour elle
Quel goût elles ont
pour elle. Quel goût
elles ont pour elle.
(William Carlos Williams)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 9 juin 2020

Illustration: Ron Mueck
ET LE MORT RESTE PAUVRE
Chaque mort qui part
Laisse aux vivants ses douleurs.
Les uns
En font des habits de deuil,
D’autres de tristes sourires.
Certains les changent
En paroles de circonstance,
D’autres les adoptent
Parmi leurs propres douleurs
Et les laissent grandir.
Quelques-uns les trempent dans le vin
Et n’en font qu’une bouchée,
D’autres les mâchent avec le pain
Et boivent du vin par dessus.
Peu à peu les douleurs du mort
Sont des douleurs d’un autre,
On oublie même celui que les souffrit.
Et le mort reste pauvre,
Il reste comme un serf,
Attaché à la terre.
(Mihai Beniuc)
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Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), adopter, attacher, boire, bouchée, changer, circonstance, deuil, douleur, grandir, habit, laisser, mâcher, mort, oublier, pain, parole, partir, pauvre, rester, serf, souffrir, sourire, terre, tremper, triste, vin, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 mai 2020
L’an passé
L’an passé n’a pas passé,
il continue incessamment.
En vain je fixe de nouveaux rendez-vous.
Tous sont rendez-vous passés.
Les rues, toujours de l’an passé,
et les gens, les mêmes aussi,
avec les mêmes gestes et les mêmes paroles.
Le ciel a exactement
les couleurs connues de l’aurore,
du plein soleil, de la dérive du jour
comme au plus répété de l’an passé.
Bien qu’enterrés, les morts de l’an passé
on les enterre tous les jours.
J’écoute les peurs, je compte les libellules,
je mâche le pain de l’an passé.
Et il en sera toujours ainsi désormais.
Je ne parviens pas à évacuer
l’an passé.
(Carlos Drummond de Andrade)
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Posted in poésie | Tagué: (Carlos Drummond de Andrade), an, aurore, évacuer, continuer, fixer, geste, incessamment, libellule, mâcher, pain, parole, passé, peur, rue, soleil | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2020

LA ROUE
I
Chante, étranger sur le trottoir
Ta voix n’écarte aucun volet
Au soleil blanc reste en arrêt
Chante plus fort chante plus noir
Dos au mur aveuglant
Face au fronton des façades
La note frappera la seule vitre en flammes
Aux mille éclairs vois le sourire du temps
Comme
un grand visage
qui se nomme
II
O doux éclatement
Le livre s’est ouvert
et j’ai vu du coeur qui ne ment
déborder les souvenirs de mon enfance
Comment
dis-moi comment
ce passé s’est ouvert
que tu gardais si pieusement
pour habiter ce coeur d’abondance
La bouche de blessure
avait-elle mis son secret
dans la grenade mûre
Si longtemps
si longtemps après
C’est bien ma solitude
comme une ancienne fleur
qui plus tard a germé dans ce feu
Où donc
jadis perdue
III
La parole est morte
Et le monde est venu
Et les rues sont pleines de monde
Personne ne passe la porte
Tout se nomme refus
Et les ruines s’enivrent de monde
Au fond de la chaussée
une grande fleur d’encre
qui rature la joie
L’attente folle
couleur de fuite
un souvenir géant
qui efface tout
IV
Coeur dévasté pour rire
beauté usée par les sales regards
Le triste et le gai
comme des éventails
et la blessure comme un loup
L’histoire finit
lorsqu’il n’est plus temps
V
La rue suit sa pente
Les hommes leur chemin
ou suivent les passantes
Moi seul je me souviens
Le soleil las poursuit sa route
Les fenêtres s’entrouvrent
au silence à la fraîcheur
Une grande roue tourne
et tourne grande roue
où les hommes s’usent
La terre mâche la terre
(Robert Guiette)
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Guiette), arrêt, attente, aveuglant, écarter, éclair, éclatement, étranger, blessure, chanter, chaussée, chemin, coeur, déborder, dos, enfance, façade, fenêtre, finir, flamme, fleur, fort, fou, fraîcheur, frapper, fronton, gai, grenade, habiter, histoire, homme, jadis, livre, loup, mâcher, mentir, noir, note, ouvert, parole, passante, passé, pente, perdu, porte, poursuivre, regard, rire, roue, route, rue, s'user, sale, se nommer, silence, soleil, solitude, sourire, souvenir, temps, terre, triste, trottoir, visage, vitre, voix, volet | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2019

Dès l’aube, on s’ébroue, on s’étrille :
A grande eau, la merde des langes !
Et puis on s’épile, on s’arrange
Dans la grande psyché du jour.
Déjà, l’on est de vieux amis,
Nous deux le chewing-gum de la vie !
On mâche, on mâche et si, parfois,
C’est la carotide d’un autre,
Des mots bizarres comme « Epeautre »
Ou le soleil tombé d’un toit,
Qu’importe, puisque l’on est là ?
Qu’importe, puisque l’on est sauf ?
(Jean Rousselot)
Illustration
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