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Septembre attaché au figuier (Vénus Khoury-Ghata)

Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018



Illustration: Marina Katsaros
    
Septembre attaché au figuier
On tournait le dos à l’été ramasseur de noix vides
Siffleur de jeunes abeilles
Les derniers feux de la saint-jean enfumaient les lampes insomniaques
Les encriers

Suspendus à la ceinture du père
On courait moins vite que le paysage
Le chemin risquait d’arriver sans nous à la maison
se lover dans nos lits
renverser l’écuelle du chat
manger les graines jaunes du canari

Mais le père se disait plus long que le chemin
Plus fort que le train
Des épaules de loup au long cours
Des bras hauts comme des madriers
Le père trayait la forêt le fleuve entre chien et crépuscule
fendait d’un coup de hache le froid récalcitrant

Une forge dans sa poitrine le père abritait le feu

Seule l’odeur blanche de la neige le calmait
Ses coulées sur nos murs avaient la douceur du ventre de l’alouette
La compassion des pierres du cimetière

(Vénus Khoury-Ghata)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/

Recueil: Poème sur « Enfances »
Traduction:
Editions: Printemps des poètes 2012

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LE POÈTE A SON AIMÉE (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2016



LE POÈTE A SON AIMÉE

Aimée, en cette nuit crucifiée tu t’es
sur les deux madriers cintrés de mon baiser;
et ta peine m’a dit que Jésus avait pleuré
et qu’il était un vendredi-saint plus doux que ce baiser.

En cette nuit étrange où tant regardé tu m’as,
la Mort fut joyeuse et a chanté dans son squelette.
En cette nuit de septembre on a célébré
ma seconde chute et le plus humain des baisers.

Aimée, nous mourrons côte à côte ; serrés l’un contre l’autre ;
éminente, notre amertume par intervalles se desséchera;
au fond de l’ombre, nos lèvres défuntes noyées se seront.

Alors, nulle trace de reproches dans tes yeux béats ;
alors, je ne t’offenserai plus. Alors, comme deux petits enfants
dans le tombeau, serrés l’un contre l’autre, nous nous endormirons.

***

EL POETA A SU AMADA

Amada, en esta noche tú me has crucificado
sobre los dos maderos curvados de mi beso;
y tu pena me ha dicho que Jesús ha llorado,
y que hay un viernesanto más dulce que ese beso.

En esta noche rara que tanta me has mirado,
la Muerte he estado alegre y ha cantado en su hueso.
En esta noche de setiembre se ha oficiado
mi segunda caída y el más humano beso.

Amada, moriremos los dos juntos, muy juntos;
se irá secando a pausas nuestra excelsa amargura;
y habrán tocado a sombra nuestros labios difuntos.

Y ya no habrán reproches en tus ojos benditos;
ni volveré a ofenderte. Y en una sepultura
los dos dos dormiremos, como dos hermanitos.

(César Vallejo)

Illustration: Odd Nerdrum

 

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