Illustration: William Blake
Même étourdiment,
ne fais plus mal à personne !
Singe que tu es,
tu n’en subirais pas moins
la conséquence des actes.
(Ryôkan)
Traduction: A.L. Colas
Editions: Folio
Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2021
Illustration: William Blake
Même étourdiment,
ne fais plus mal à personne !
Singe que tu es,
tu n’en subirais pas moins
la conséquence des actes.
(Ryôkan)
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Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2021
Illustration: Freydoon Rassouli
Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux.
Comme le soleil fait serein ou pluvieux
L’azur dont il est l’âme et que sa clarté dore,
Tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore.
Du haut de ta splendeur, si pure qu’en ses plis
Tu sembles une femme enfermée en un lys,
Et qu’à d’autres moments l’œil qu’éblouit ton âme
Croit voir, en te voyant, un lys dans une femme,
Si tu m’as souri, Dieu ! tout mon être bondit ;
Si, madame, au milieu de tous, vous m’avez dit,
À haute voix : Bonjour, monsieur, et bas : Je t’aime !
Si tu m’as caressé de ton regard suprême,
Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand ;
Ta prunelle m’éclaire en me transfigurant ;
J’ai le reflet charmant des yeux dont tu m’accueilles ;
Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,
On sent de la gaîté sous chacun de mes mots ;
Je cours, je vais, je ris ; plus d’ennuis, plus de maux ;
Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse !
Mais que ton cœur injuste un jour me méconnaisse ;
Qu’il me faille porter en moi jusqu’à demain
L’énigme de ta main retirée à ma main :
— Qu’ai-je fait ? qu’avait-elle ? Elle avait quelque chose.
Pourquoi, dans la rumeur du salon où l’on cause,
Personne n’entendant, me disait-elle vous ? —
Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux
A passé comme passe au ciel une nuée,
Je sens mon âme en moi toute diminuée ;
Je m’en vais courbé, las, sombre comme un aïeul ;
Il semble que sur moi, secouant son linceul,
Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ;
Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre ;
Le chagrin — âge et deuil, hélas ! ont le même air —
Assombrit chaque trait de mon visage amer,
Et m’y creuse une ride avec sa main pesante.
Joyeux, j’ai vingt-cinq ans ; triste, j’en ai soixante.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aïeul, accueillir, aile, aimer, air, aller, amer, assombrir, au milieu, aurore, azur, âge, âme, éblouir, éclairer, énigme, être, bois, bondir, bonjour, brume, caresser, causer, chagrin, chambre, chanter, charmant, ciel, clarté, coeur, courber, courir, creuser, croire, décembre, demain, deuil, Dieu, diminuer, dorer, doux, emplir, enfermer, ennui, entendre, femme, feuille, fier, froid, front, gaîté, grand, injuste, inonder, jeune, jeunesse, joyeux, las, léger, linceul, loup, lys, madame, main, mal, méconnaître, monsieur, mot, nuée, oeil, passer, pencher, personne, pesant, plaire, pli, pluvieux, porter, pourquoi, pouvoir, prunelle, pur, reflet, regard, rentrer, retirer, ride, rire, rumeur, salon, secouer, sembler, sentir, serein, soleil, sombre, sourire, splendeur, suprême, trait, transfigurer, triste, trou, vieillard, vieux, visage, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020
Il faut que tu le dises lentement,
syllabe après syllabe
tout comme tes mains articulent
les formes de mon corps,
longent les longues galeries du désir
et les murs du labyrinthe vacillent.
Maintenant ne parle pas,
enlève juste les nœuds
dans mes cheveux
et ceux de mes pensées
qui me font mal,
coiffe ma tristesse
pour qu’elle soit belle
avant que je parte :
je suis encore cette douceur, mon amour,
mais je suis aussi la sœur têtue d’Ariane
et je ne te donnerai pas la pelote.
Pas encore.
(Aksinia Mihaylova)
Posted in poésie | Tagué: (Aksinia Mihaylova), amour, Ariane, articuler, beau, cheveux, coiffer, corps, désir, dire, donner, douceur, encore, enlever, faire, forme, galerie, labyrinthe, lent, long, longer, main, mal, mur, noeud, parler, partir, pas encore, pelote, pensée, soeur, syllabe, têtu, tristesse, vaciller | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020
CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ
Je n’ai pas pu être ton printemps…
STANKA PENTCHEVA
Pendant que j’évoque les esprits
de mes ancêtres païens
pour qu’ils m’apprennent les pas de la ronde
qui peut amener deux jours d’été
en plein décembre,
il aiguise les cisailles rouillées
de ses devoirs familiaux
et découpe les soleils
que je dessine au-dessus de la ville.
Tu n’étais pas encore née
quand j’ai vécu mon printemps,
me dit-il, tu es venue trop tard
pour être mon automne
et je ne sais que faire
avec tous ces soleils
qui font mal aux yeux
de mon quotidien.
Chaque matin depuis lors j’étale
tous les soleils et lunes découpés
pour composer une nouvelle carte céleste :
celle des constellations d’humilité.
Chaque matin il s’assoit sur le balcon
pour boire son café
mais un brouillard épais et humide
s’empare de son corps
et j’ai du mal à trouver
sur ma carte
où placer le soleil noir
qui apparaît
au fond de sa tasse de café.
(Aksinia Mihaylova)
Posted in poésie | Tagué: (Aksinia Mihaylova), aiguiser, amener, ancêtre, apparaître, apprendre, au-dessus, automne, épais, été, évoquer, balcon, boire, brouillard, café, carte, cisaillé, constellation, corps, décembre, découper, dessiner, devoir, esprit, faire, familial, fond, humide, humilité, jour, lune, mal, matinétaler, né, noir, païen, pas, place, printemps, quotidien, ronde, rouille, s'asseoir, s'emparer, soleil, tard, tasse, trouver, venir, ville, vivre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2020
La brebis et le chien, de tous les temps amis,
Se racontaient un jour leur vie infortunée.
Ah ! Disait la brebis, je pleure et je frémis
Quand je songe aux malheurs de notre destinée.
Toi, l’esclave de l’homme, adorant des ingrats,
Toujours soumis, tendre et fidèle,
Tu reçois, pour prix de ton zèle,
Des coups et souvent le trépas.
Moi, qui tous les ans les habille,
Qui leur donne du lait, et qui fume leurs champs,
Je vois chaque matin quelqu’un de ma famille
Assassiné par ces méchants.
Leurs confrères les loups dévorent ce qui reste.
Victimes de ces inhumains,
Travailler pour eux seuls, et mourir par leurs mains,
Voilà notre destin funeste !
Il est vrai, dit le chien : mais crois-tu plus heureux
Les auteurs de notre misère ?
Va, ma sœur, il vaut encor mieux
Souffrir le mal que de le faire.
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), adorer, ami, assassiner, auteur, brebis, champ, chien, confrère, coup, dévorer, destinée, donner, esclave, faire, famille, fidèle, frémir, fumer, funeste, habiller, heureux, homme, infortune, ingrat, inhumain, lait, loup, main, mal, malheur, matin, méchant, mieux, misère, mourir, pleurer, raconter, recevoir, reste, seul, soeur, songer, souffrir, soumis, tendre, travailler, trépas, victime, vie, zèle | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2020
Illustration: Georges Jeanclos
L’extase – moi, ça m’intéresse,
L’extase.
J’ai comme idée
De ce que c’est,
Une petite idée.
Je pense que ce n’est pas mal :
Avoir bien mangé, bien bu
Et l’extase encore
Par-dessus. L’extase.
La vraie belle vie.
(Eugène Guillevic)
Posted in poésie | Tagué: vie, mal, vrai, beau, boire, extase, manger, (Eugène Guillevic), penser, idée, par-dessus, intéresser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2020
Si, des femmes, toutes les mains voulaient s’enlacer,
Pour former une ceinture embrassant l’Univers;
Si, des femmes, toutes les voix fredonnaient le même air,
Dissiper la langueur, et prôner liberté;
Si, des femmes, tous les cœurs battaient au même rythme,
Ranimer le vieux monde, par le mal étouffé;
Si seulement toutes les femmes le voulaient bien;
Il naîtrait au vieux monde un cœur neuf, plein d’amour et de vie,
Impulsant sans arrêt du bonheur à foison.
(Ndèye Coumba Diakhaté)
Posted in poésie | Tagué: (Ndèye Coumba Diakhaté), air, amour, arrêt, étouffer, battre, bonheur, ceinture, coeur, dissiper, embrasser, enlacer, femme, foison, former, fredonner, impulser, langueur, liberté, main, mal, monde, naître, neuf, plein, prôner, ranimer, rythme, univers, vie, vieux, voix, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2020
Un mal la ronge…
Un mal la ronge
qui est mal fatal
un mal la ronge
peu à peu
la prive
de tout plaisir
de tout désir
malgré quoi
elle lutte
résiste
jour après jour
pied à pied
malgré quoi
obstiné
le mal
lui aussi
poursuit son oeuvre
pas à pas
lui aussi
la détruit
la réduit
à peu de chose
à presque rien
Elle se bat pourtant
et luttera encore jusqu’au jour
où
« courage »
à son tour
ne sera plus
que lettre morte.
(François Deblué)
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Le virus à maman (Pierre Perret)
Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2021
Le virus à maman
Avez-vous passé le virus à maman?
Voilà, voilà, comment on s’y prend
La toute première fois on n’pense pas à mal
Aujourd’hui l’virus ça semble banal
On va à l’EHPAD faire des embrassades
À sa pauv’ maman que le dentier fout le camp
En plus d’être cardiaque elle s’paye un cancer
Heureusement pour elle qu’elle a un Alzheimer
Virus passé, pour commencer
T’as des tuyaux plein les trous d’nez
S’il prolifère, là c’est plus moche
T’as plus qu’à faire sonner les cloches
Pour passer l’année sans choper le virus
Voilà, voilà, il faut de l’astuce
Avant qu’il n’attaque faut changer ton masque
Puis te faire tester toutes les cavités
Fais bien le contraire de c’qu’y disent de faire
Car on sait maintenant qu’ils se gourent tout l’temps
Après l’confinement, si y’a moins d’macchabés
Après l’couvre-feu y’a trois fois plus d’bébés
Leur confinement, leur couvre-feu
C’est blanc-bonnet mais pas blanc-bleu
La faute aux jeunes, la faute aux vieux
Faut un coupable, c’est jamais eux
Chez l’grand vizir et ses marquis
T’as l’remonte-pente mais pas les skis
Chez l’jupiter quoiqu’il goupille
On a l’bordel mais pas les filles
À l’Elysée la famille Tuche
Ils nous ont pris pour des nunuches
Vérantanplan et l’Salomon
Ils nous ont pris pour des couillons
(Pierre Perret)
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Posted in poésie | Tagué: (Pierre Perret), Alzheimer, année, astuce, attaquer, aujourd'hui, banal, bébé, blanc, bleu, bonner, bordel, cancer, cardiaque, cavité, changer, choper, cloche, commencer, comment, confinement, contraire, couillon, coupable, couvre-feu, dentier, dire, EHPAD, Elysée, embrassade, faute, fille, goupiller, heureusement, jeune, Jupiter, macchabée, mal, maman, marquis, masque, moche, nez, nunuche, passer, pauvre, penser, premier, proliférer, remonte-pente, se gourer, ski, sonner, tester, trou, tuyau, vieux, virus, vizir, voilà | 2 Comments »