Et que je brûle en mer
M’apaise enfin dans ma légende
Sur un rivage qu’enchanterait
L’histoire inutile des vagues.
O Dieu
Enlève-moi le feu
Et dis-moi qu’il est bien
Que l’amandier fleurisse
Qu’il me faut accepter sa chance
Sans que j’aie faim à manger la terre
Pour devenir une fois
Sa femme de printemps
O Dieu
Guéris mon corps
De la blessure de l’homme
Préserve-le
D’être sous son baiser
Etang, forêt, marée
Permets que nous dormions ensemble
Nus
Ce n’est pas vrai
Que j’ai crié son nom
J’arracherais plutôt mes lèvres
Avec le vent
Si le vent voulait encore de moi.
Il venait
Je le touchais
Sous le manteau de sortilèges
Je descendais de lui
Comme on descend des rois.
O Dieu
Emporte-moi
Donne-moi
Juste assez de rosée
Juste assez de soif
Je ne veux être qu’une enfant triste
Qui regarde le couchant s’éteindre
Dans la candeur de ses doigts
Elle croyait qu’j’étais James Dean,
américain d’origine – le fils de Buffalo Bill,
Alors admiration
Faut dire qu’j’avais la chemise à carreaux,
la guitare derrière dans l’dos
Pour faire le cow-boy très beau
Mais composition
Elle me parlait anglais tout l’temps
J’lui répondais 2, 3 mots bidon
Des trucs entendus dans des chansons,
Consternation
Elle croyait qu’j’étais coureur,
qu’j’arrivais des 24 heures
Avec mon casque en couleur,
Alors admiration
J’lui disais drapeau à damiers dérapage bien contrôlé
Admirateurs fascinés,
Télévision
Elle me dit partons à la mer, dans ton bolide fendons l’air
Elle passe pas l’80 ma traction,
Consternation
J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Elle croyait qu’j’étais chanteur,
incognito voyageur, tournées, sonos, filles en pleurs,
Alors admiration
Faut dire qu’j’avais des talons aiguilles,
le manteau d’lapin d’une fille
Des micro-bracelets aux chevilles,
Exhibition
Elle me dit chante moi une chanson
J’ai avalé 2, 3 maxitons
Puis j’ai bousillé « Satisfaction »,
Consternation
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with ma pince à vélo
Je suis bidon, je suis bidon
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Je suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis bidon
Et puis passent les saisons,
l’automne et ses premières gelées
mordent les anneaux de blé.
Les frimas de l’hiver
recouvrent les mots doux de l’été.
Ainsi s’enfuit l’amour oublié,
ainsi passe le temps d’aimer,
ainsi va la vie…
Ce n’est pas facile d’aimer.
Mais l’amour chante
dans le bleu de l’été,
mais l’amour rit dans le vert
des grands prés,
mais l’amour rôde
à l’ombre des vergers…
Qu’importent les complaintes,
voici venir l’amour avec
son grand manteau brodé.
Taisez-vous, taisez-vous !
Laissez-nous écouter
sa chanson.
(Martine Laffon)
Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives
Tu viendrais
dans ta précipitation tu jetterais ton manteau sur la chaise
tu courrais vers la chambre
tu me trouverais à ma table occupé à quelque chose
sans que je sois étonné de ta venue
sans le rire de la surprise
et tu t’assiérais même à côté de moi
sans que je remarque ta présence
et tu verrais de tes propres yeux
combien j’ai du mal
à essayer de recoller ta photo déchirée
***
(Luqman Dayrakyi)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
Comme la petite Pierre est heureuse
Qui se promène seule sur la Route,
Et ne se soucie pas des Carrières
Et ne craint pas les Contraintes
— Son Manteau d’un Brun élémentaire
Qu’un Univers en passant a revêtu
Et indépendante comme le soleil,
S’associe ou rayonne seule,
Accomplissant un Décret absolu
En toute simplicité —
***
How happy is the little Stone
That rambles in the Road alone,
And does’nt care about Careers
And Exigencies never fears
— Whose Coat of elemental Brown
A passing Universe put on,
And independent as the sun,
Associates or glows alone,
Fulfilling absolute Decree
In casual simplicity —
(Emily Dickinson)
Recueil: Ses oiseaux perdus
Traduction: de l’américain par François Heusbourg
Editions: Unes
Quand on est amoureux
on met une seule personne
jolie de préférence
bien au centre du monde
Et quand on aime
d’un amour de personne
on met le monde
au coeur du monde
Bien sûr on n’est jamais à l’abri
d’une rechute
mais quand même quelle douceur
d’aller partout
avec l’insouciance de ce saint
qui entrant dans le château du roi
enlevait son manteau et l’accrochait à
un rayon de soleil
continuant d’avancer impassible
comme si ce geste
était le geste le plus naturel du monde
Oui quel bonheur d’aller ainsi
aimant et ne retenant rien
de ce qu’on aime
Vivre Nella
Vivre respirer chanter
comme si l’on n’y était
plus
pour personne
Sur les toits blêmes, j’ai jeté notre manteau d’oubli.
Nous nous sommes absentés
Laissant l’ombre déchirée du grand chêne sur les marches.
Le cri des terreurs,
L’angle qui rive nos murailles.
Sur mon épaule droite, j’ai pris l’enfant-roi.
Nos traces, le long des terres déteintes,
Avaient la chaleur des gorges d’oiseaux.
L’oeil de l’enfant est né dans le soleil;
Son jardin, où résident les silences,
N’a plus de solitude autour d’un arbre-mort.
Parce que rien n’est simple, j’ai ravi l’enfant-roi.
Et nous voici ensemble:
Ses printemps
Mes automnes
Nos magies
Et mon pas.