Posts Tagged ‘(Manuel Bandeira)’
Posted by arbrealettres sur 10 août 2019

CHANSON POUR MA MORT
Bien que natif du Nord,
Ne suis brave ni fort.
La vie, je l’ai aimée
Et veux t’aimer, ô mort,
— Ma mort, et cependant
Je ne te choisirai.
D’amour j’eus dans ma vie
Autant qu’amour se peut :
J’aimai, sans être aimé,
Etant aimé, j’aimai.
Mort, en toi j’oublierai
Aujourd’hui qu’en ma vie
Je n’ai rien fait qu’aimer.
Je sais, c’est ennuyeux
De mourir, mais mourrai
— Quand tu seras servie —
Sans d’immenses regrets
De cette amère vie,
Que j’ai, pourtant, aimée.
(Manuel Bandeira)
Illustration: Ibara
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Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2018

NUIT MORTE
Petrópolis, 1921
Nuit morte.
Auprès du réverbère
Les crapauds gobent les moustiques.
Personne ne passe sur la route.
Pas même un ivrogne.
Et pourtant j’y devine une procession d’ombres.
Ombres de tous ceux qui y sont passés.
Ceux qui vivent encore et ceux qui déjà furent.
Le ruisseau pleure.
La voix de la nuit…
(Non de cette nuit, mais d’une autre plus vaste.)
(Manuel Bandeira)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2018
![boeuf [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/10/boeuf-800x600.jpg?w=571&h=380)
BOEUF MORT
Comme dans les eaux troubles d’une crue,
Je me sens à demi submergé
Parmi les ruines du présent
Divisé, subdivisé,
Où roule, énorme, le boeuf mort,
Boeuf mort, boeuf mort, boeuf mort.
Arbres du calme paysage,
Avec vous — altiers, si riverains! —
L’âme demeure, l’âme interdite,
Interdite à jamais.
Tandis que le corps, lui, s’écoule avec le boeuf mort,
Boeuf mort, boeuf mort, boeuf mort.
Boeuf mort, boeuf démesuré,
Boeuf épouvantablement, boeuf
Mort, sans forme ni sens
Ni signification. Ce qu’il fut
Personne ne le sait. Désormais c’est un boeuf mort.
Boeuf mort, boeuf mort, boeuf mort!
(Manuel Bandeira)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2018

VERLAINE
Je ne puis te donner fruit ni fleur. Feuille ou branche,
Si. Feuille d’orme, non, ni d’agreste glycine.
Feuille de la forêt, parfumée de résine,
A ta gloire apportant la rosée du matin.
(Manuel Bandeira)
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Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2018

VISITE NOCTURNE
Rio, décembre 1947
On a frappé à ma porte,
Je fus ouvrir, nul ne vis.
Est-ce l’âme de la morte ?
Aucun ne vis, mais quelqu’un
Entra dans la chambre vide
La chambre aussitôt changea.
Je me couchai dans le lit,
Près du lit quelqu’un s’assit.
Est-ce l’âme de la morte ?
Morte ? Innocence ? Ou l’enfance ?
Ou les projets avortés,
Ou ce qui fut et n’est plus ?
Bénite soit qui revint!
Trois fois bénite la morte,
Qui qu’elle soit, cette morte
Qui a frappé à ma porte.
(Manuel Bandeira)
Illustration: Jean Charles Nicaise Perrin
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Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2018

PREPARATION A LA MORT
La vie est un miracle.
Chaque fleur,
Avec sa forme, sa couleur, son parfum,
Chaque fleur est un miracle.
Chaque oiseau,
Avec son plumage, son vol, son chant,
Chaque oiseau est un miracle.
L’espace, infini,
L’espace est un miracle.
Le temps, infini,
Le temps est un miracle.
La mémoire est un miracle.
La conscience est un miracle,
Tout est miracle.
Tout, excepté la mort.
— Bénie soit la mort, qui est la fin de tous les miracles.
(Manuel Bandeira)
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Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2018

PLATRE
Cette petite statue de plâtre, quand elle était neuve
— Le plâtre très blanc, les lignes très pures, —
Suggérait imparfaitement l’image de la vie
(Quoique la figure pleurât).
Depuis de longues années je l’ai chez moi.
Le temps l’a vieillie, l’a rongée,
l’a barbouillée d’une patine jaune sale.
Mes yeux, de tant la regarder,
L’ont imprégnée de mon humanité ironique de phtisique.
Un jour une main maladroite
Par inadvertance la fit choir et la brisa.
Alors je m’agenouillai plein de rage,
recueillis ces tristes fragments et reconstituai la statuette qui pleurait.
Et le temps passa sur les blessures et obscurcit encore davantage
la souillure mordante de la patine…
Aujourd’hui ce petit plâtre commercial
Est touchant. Il vit, et me fait maintenant songer
Que seul est vraiment vivant ce qui a déjà souffert.
(Manuel Bandeira)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 6 août 2018

CIEL
Le petit enfant regarde
Vers le ciel couleur d’azur,
Lève sa petite main
Et voudrait toucher le ciel.
Il ne sent pas cet enfant
Que le ciel est illusion
II croit qu’il ne l’atteint pas,
Mais le ciel est dans sa main.
(Manuel Bandeira)
Illustration: Thomas-Alexander Harrison
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Posted by arbrealettres sur 2 juin 2018

A une étoile
J’ai vu une étoile si haute,
J’ai vu une étoile si froide!
J’ai vu une étoile à luire
Dedans ma vie si futile.
C’était une étoile si haute!
C’était une étoile si froide!
C’était une étoile tout seule
Étincelle au bout du jour.
Pourquoi si distante
pour arriver auprès de moi
ne descendait pas cette étoile?
Pourquoi si haute luisait-elle ?
Et j’ai entendu dans l’ombre profonde
la réponse qu’elle me faisait
Pour donner un espoir
Plus triste à la fin de ma journée.
***
A estrela
Vi uma estrela tão alta,
Vi uma estrela tão fria!
Vi uma estrela luzindo
Na minha vida vazia.
Era uma estrela tão alta!
Era uma estrela tão fria!
Era uma estrela sozinha
Luzindo no fim do dia.
Por que da sua distância
Para a minha companhia
Não baixava aquela estrela?
Por que tão alta luzia?
E ouvi-a na sombra funda
Responder que assim fazia
Para dar uma esperança
Mais triste ao fim do meu dia.
(Manuel Bandeira)
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Posted by arbrealettres sur 27 mai 2018

LA RIVIÈRE
Petrópolis, 1948
Etre comme la rivière qui s’écoule
Silencieuse dans la nuit.
Ne pas craindre les ténèbres de la nuit.
S’il y a des astres au ciel, les réfléchir.
Et si les cieux se couvrent
de nuages,
Comme la rivière les nuages sont eau,
Les réfléchir aussi sans tristesse
Dans les profondeurs tranquilles.
(Manuel Bandeira)
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