VOYAGE
Les figuiers de Barbarie nous tirent la langue ;
quant au maïs, de sa hauteur,
— avec son petit toupet mal peigné
et son cahier sous le bras —
il nous salue de ses manches brisées.
Les agaves font de la gymnastique suédoise
en colonne par cinq cents
et le soleil — de la police secrète —
(il fait son coup en douce)
dénonce notre ridicule fuite
dans la lanterne magique du pré.
Le soir venu, nous nous vengerons
en allumant nos fanaux
et en abattant les forêts.
Un arbre ou l’autre
veut enseigner la philologie.
Les nuages, inspecteurs de monuments,
secouent les maquettes des montagnes.
Qui veut jouer au tennis avec des nopals
et des figuiers de Barbarie
sur le réseau télégraphique ?
Plus tard, nous prendrons un bain russe
dans une chaumière perdue dans la montagne ;
une douche d’arc-en-ciel nous suffira.
Nous nous sécherons avec un stratus.
(Salvador Novo)