Posts Tagged ‘maquignon’
Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020

Le bœuf, le cheval et l’âne
Un bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputaient la préséance.
Un baudet ! Direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal.
À qui l’orgueil sied-il ? Et qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Élèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d’un ton modeste et doux,
Alléguait ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l’âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres :
En voici venir trois, exposons-leur nos titres.
Si deux sont d’un avis, le procès est jugé.
Les trois hommes venus, notre bœuf est chargé
D’être le rapporteur ; il explique l’affaire,
Et demande le jugement.
Un des juges choisis, maquignon bas-normand,
Crie aussitôt : la chose est claire,
Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère,
Dit le second jugeur, c’était un gros meunier,
L’âne doit marcher le premier ;
Tout autre avis serait d’une injustice extrême.
Oh que nenni, dit le troisième,
Fermier de sa paroisse et riche laboureur ;
Au bœuf appartient cet honneur.
Quoi ! Reprend le coursier écumant de colère ;
Votre avis n’est dicté que par votre intérêt !
Eh mais ! Dit le normand, par qui donc, s’il vous plaît ?
N’est-ce pas le code ordinaire ?
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Recueil: Fables
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), affaire, alléguer, arbitre, au-dessus, avis, âne, écumer, élever, baudet, bienséance, boeuf, cheval, clair, code, colère, confrère, coursier, dicter, docile, doux, exercice, expliquer, exposer, extrême, fermier, force, gagner, honneur, injustice, intérêt, juger, laboureur, maquignon, meunier, modeste, naissance, noble, ordinaire, orgueil, paroisse, rang, rapporteur, riche, se disputer, service, talent, titre, ton, utilité, valeur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 avril 2020

Illustration
VOICI ET VOILÀ
Voici les maquignons
les vendeurs d’arbalètes
les joueurs de caramel
les enfants sans icônes
Voici des fleurs sans épaulettes
des garçons malheureux
des amis sans pétrole
Voici le coeur à coeur
et la monnaie violette
Voilà une paire de claques
des sabots élastiques
et voici des voilà
et voilà des voilà
Nous n’en finirons pas
c’est bien ce qu’on demande
quand voilà les voilà
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Soupault), ami, arbalète, élastique, épaulette, caramel, clauqe, coeur, demander, enfant, finir, fleur, garçon, icône, joueur, malheureux, maquignon, monnaie, paire, pétrole, sabot, vendeur, violette, voici, voilà | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2018

PLUTOT QUE DE DEVOIR MOURIR
Homme, plutôt que de devoir mourir,
Que n’accepterais-tu de devenir ?
Bien volontiers tu descendrais l’échelle
Et de bon coeur tu manierais la pelle,
Toi comte, si fier de ton rang hautain,
Tu accepterais d’être ton larbin,
Et dépouillant bagues, bracelet-montre,
Tu décrotterais les chevaux sans honte.
Toi, l’évêque, pour qu’on ne cloue tes planches,
De ton linceul, tu trousserais les manches.
Pour mieux serrer l’outil, grand magistrat,
Tu graisserais tes paumes d’un crachat.
Où s’en vont les morts? Effrayant mystère…
Tu serais vacher, pour rester sur terre,
Voire équarisseur — et non pour un an,
Mais pour tout un siècle. Des nuits durant,
Bringueballant par la boue et le noir,
Tu ferais le maquignon dans les foires.
Tu irais encor plus bas sans façon :
Tu passerais les briques au maçon ;
Tu laverais les tripes nauséeuses
Dans des cours glacées, pauvre miséreuse…
Car tu accepterais de devenir
N’importe quoi plutôt que de mourir :
Bohémienne, s’il le fallait, ou nègre,
Esquimau, nain, bouffon… D’un coeur allègre,
Tu abandonnerais même à jamais
Ton humaine forme, et tu te ferais
Oiseau migrateur, corbeau, ou encore
Renard affamé, cheval aux yeux morts ;
Ou rien qu’un arbre, un rosier, par exemple,
Voire un saule creux… Ou l’herbe qui tremble,
Ou l’insecte qui habite dessous ;
Moins encore : un ver ou même la boue,
Ignoble berceau mais qui a sa part
Du chaud soleil et lui rend son regard.
(Gyula Illyès)
Illustration: Igor Morski
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Gyula Illyès), abandonner, accepter, berceau, boue, chaud, corbeau, crachat, décrotter, descendre, devenir, graisser, hautain, herbe, homme, honte, ignoble, maquignon, miséreuse, mourir, noir, outil, pelle, regard, soleil, trembler, tripe, ver | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2018

CHANSON DE LA FORTUNE
Comme elle a les yeux bandés,
Elle a d’abord demandé
Où aller.
Des maquignons qui passaient,
Des bagues à tous leurs doigts,
Ont entouré ses poignets
De leur fouet.
Elle a couché avec eux
Et ils ont coupé pour eux
Ses cheveux.
Et ils l’ont gardée depuis
Dans l’enceinte qui est faite
De leurs ventres.
Il ne faut pas la maudire
O vous tous qui supputiez
Ses sourires !
Elle ignore où elle va…
A ses poignets les cuirs gras
Lui font mal.
C’est ce bandeau, ce bandeau…
Oh ! derrière ce bandeau
Ses yeux peut-être sont beaux
Et pleins d’eau.
Qu’on arrache ce noir scel
Et nous la verrons, qui sait ?
Avec des yeux de pucelle,
Donner du pain aux moineaux.
(Charles Vildrac)
Illustration: Pino Settanni
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Vildrac), arracher, bague, bandeau, beau, chanson, cheveux, coucher, enceinte, fortune, fouet, ignorer, mal, maquignon, maudire, moineau, pain, pucelle, sourire, ventre, yeux, yeux bandés | Leave a Comment »