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Poésie

Posts Tagged ‘(Mario Luzi)’

Quel repos ? (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




    
Quel repos ? Quelle pierre
où poser sa tête ? Rien,
elle n’existe pas, cette pierre, il n’y a aucun lieu
où tu puisses demeurer. Tu dois
être. Être toujours
et rien que pour cela indéfectiblement brûler, corps et âme —
c’est ce que lui disent en se dissipant les cavernes du sommeil
où il cherchait refuge,
pour lui elles se changent en flammes.
Et lui ne se tient pas
comme il le voudrait, pas encore,
«jusqu’à quand, mon père,
réponds-moi» — ou est-ce seulement mon pauvre dialecte
et lui il resplendit
disséminé et épars dans la multitude du monde
— comme du sel ?— comme du sel et comme du sang.

***

Quale riposo ? quale pietra
su cui posare il capo ? Niente,
non c’è quella pietra, non c’è luogo
alcuno in cui tu possa stare. Devi
essere. Essere sempre
e anche solo per questo
anima e corpo indefettibilmente ardere —
gli dicono sfacendosi
le caverne del sonno
in cui cercava asilo,
gli si commutano in flamme.
E lui non si compone
corne vorrebbe, non ancora,
« fino a quando, padre mio,
rispondimi » — o è solo il mio miserabile dialetto
e lui risplende
disseminato e sparso nella moltitudine del mondo —
corne sale ? — corne sale e corne sangue.

(Mario Luzi)

Traduction de Moussia et Jean-Marie Barnaud

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Pour Joséphine, quelques nouvelles après tant d’années (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022



Illustration: Edvard Munch
    
Pour Joséphine,
quelques nouvelles après tant d’années

Qu’espères-tu, qu’attends-tu, mon amie,
qui reviens en un si triste voyage
jusqu’ici où les bourrasques
font entendre au soleil leur voix très forte et endeuillée,
au parfum de jasmin et de terre éboulée ?

Me voici à cet âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
ces vicissitudes comme suspendues ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu, ce qu’on m’a imposé,
tu entres dans mes pensées et tu en sors intacte.

Pour le reste, ce qui doit être est encore,
le fleuve coule, la campagne change,
il grêle, il ne pleut plus, un chien aboie,
la lune apparaît, rien ne s’éveille
rien ne sort de ce long sommeil aventureux.

***

Notizie a Giuseppina dopo tanti anni

Che speri, che ti riprometti, amica,
se torni per cosi cupo viaggio
fin qua dove nel sole le burrasche
hanno una voce altissima abbrunata,
di gelsomino odorano e di frane ?

Mi trovo qui a questa età che sai,
né giovane né vecchio, attendo, guardo
questa vicissitudine sospesa;
non so più quel che volli o mi fu imposto,
entri nei miei pensieri e n’esci illesa.

Tutto l’altro che deve essere è ancora,
il fiume scorre, la campagna varia,
grandina, spiove, qualche cane latra,
esce la luna, niente si riscuote,
niente dal lungo sonno avventuroso.

(Mario Luzi)

Traduction de Moussia et Jean-Marie Barnaud

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Chant (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2018



Chant

Où vas-tu, toi qui dans le vent aride cours
par une de ces rues sans saisons
derrière des murs lumineux de laquelle
un pas qui vient à retentir excite les chiens
et éveille l’écho ? Vus de la maison
d’où je te regarde, où le corps est vivant,
mouvement et quiétude se défont.

Je t’invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil ;
toi qui souffres, toi seule peut me secourir
dans ce passage aveugle du temps
vers le temps, dans cet âpre voyage
de celui que je suis à celui que je serai,
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans le sommeil.
Toi, adorée, qui souffres comme moi,
toi dont cela me donne le vertige de penser
que le temps, ce froid
parmi les astres et sur les tempes et autre chose encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence de mon ciel et la perte.

***

Dove vai che nel vento arido corri
una di quelle vie senza stagioni
dietro i cui muri luminosi
un passo che rintroni aizza i cani
e sveglia l’eco ? Visti dalla casa
da cui ti guardo, dove il corpo vive,
movimento e quietudine si sfanno.

T’invoco per la notte
che viene e per il sonno ;
tu che soffri, tu sola puoi soccorrermi
in questo cieco transito dal tempo
al tempo, in questo aspro viaggio
da quel che sono a quello che saro
vivendo una vita nella vita,
dormendo un sonno nel sonno.
Tu, adorata, che soffri comme me,
di cui mi dà vertigine pensare
che il tempo, questo freddo
tra gli astri e sulle tempie e altro, contiene
la nascita, la malattia, la morte,
la presenza nel mio cielo e la perdita.

(Mario Luzi)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration: Cesar Santos

 

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SUPPLÉMENT AU CAHIER GOTHIQUE (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2017



Illustration: Lazo de Valdez Elisa
    
SUPPLÉMENT AU CAHIER GOTHIQUE

LA NUIT VIENT AVEC LE CHANT

La nuit vient avec le chant
prolongé du petit duc,
sème ses lumières dans la conque,
gravit les pentes humides, tremble
un peu. La force au cours de longues années
acquise en souffrant fait défaut
et la faible science désarme,
le sourire viril
ne connaît plus de calme.

Qui es-tu
toi qui attendais invisible, embusquée
à un tournant de l’âge,
que vînt ton heure ? Je te dois
ce temps de gratitude
et d’autant de douleur.

Et maintenant l’inquiétude s’insinue,
pénètre ces premières nuits d’été,
envahit le mur encore chaud, suit
le vol des lucioles sur les aires,
s’enfonce dans les sentiers où soudain
dans l’éblouissement des phares le lièvre fulgure.

Amie, comment ai-je pu ne pas comprendre ?
La vie était suspendue
tout entière comme cette veillée.
Il y a de quoi pleurer en songeant
à la façon dont j’ai gaspillé cette longue attente
avec tant de mots inadéquats,
tant d’actes irréfléchis, irréparables,
et maintenant blessé je dis peu importe
pourvu que le supplice prenne fin.

« Le salut ainsi espéré ne convient
ni à toi ni à d’autres comme toi. La paix,
si elle vient, te viendra par d’autres voies
plus lumineuses que celle-ci, plus ressenties ;
quand souffrir ne te paraîtra pas vain,
car la douleur aussi existe et doit vivre
et se changer en ton bien et celui d’autrui.
La foi est en toi, la foi est une personne. »

Cette chanson n’a plus de mots.

***

LA NOTTE VIENE COL CANTO

La notte viene col canto
prolungato dell’assiuolo,
semina le sue luci nella conca,
sale per le pendici umide, trema
un poco. La forza in lunghi anni
acquistata a soffrire viene meno
e la piccola scienza si disarma,
il sorriso virile
non ha più la sua calma.

Tu chi sei
che aspettavi invisibile, appostata
a una svolta dell’età
finché fosse la tua ora ? Ti devo
questo tempo di gratitudine
e d’altrettanto dolore.

Ed ora l’inquietudine s’insinua,
penetra queste prime notti estive,
invade il muro ancora caldo, segue
il volo delle lucciole sulle aie,
s’inselva pelle viottole ove a un tratto
nell’abbaglio dei faré la lepre saetta.

Cara, come ho potuto non intendere ?
La vita era sospesa
tutta come questa veglia.
C’è da piangere a pensare
come ho sciupato questa lunga attela
con tante parole inadeguate,
con tanti atti inconsulti, irreparabili,
e ora ferito dico non importa
purché il supplizio abbia fine.

« La salvezza sperata cosi non si conviene
né a te, ne ad altri come te. La pace,
se verrà, ti verrà per altre vie
più lucide di questa, più sofferte ;
quando soffrire non ti parra vano
ché anche la pena esiste e deve vivere
e trasformarse in bene tuo ed altrui.
La Pede è in te, la fede è una persona. »

Questa canzone non ha più parole.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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PRÉMICES DU DESERT (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2017



Illustration: Leon Levinstein
    
PRÉMICES DU DESERT

Elle s’engage entre les murs, elle est proie de la lumière…
peut-être était-ce toi, à présent c’est une apparition
ou peut-être tout ce qui n’a ni repos
ni mouvement ni lieu et n’est ni vrai
ni privé de substance, vacuité que seuls
de purs miroirs trahissent en frémissant.

C’est une figure errante, sans répit…
elle est nôtre, je la croyais une chimère
si quelqu’une par miracle apparaissait
sous des pentes arides, inconsolée,
dans des rues sombres où rien ne vit plus,
rien sinon l’espoir du tonnerre.

***

PRIMIZIE DEL DESERTO

S’AVVIA TRA I M URI, È PREDA DELLA LUCE

S’avvia tra i muri, è preda della luce…
forse eri tu, ora è un’apparizione
o forse è tuno ció che non ha pace
o sede o movimento e non è vero
né insostanziale, vanità che solo
puni specchi tradiscono fremendo.

È una vaga figura, non ha requie…
è nostra, la credevo una chimera
se alcuna ne appariva per miracolo
sono aride pendici inconsolata
per vie cupe ove mente vive più,
riente se non la speranza del tuono.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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NOUVELLES A GIUSEPPINA APRÈS TANT D’ANNÉES (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2017




    

NOUVELLES A GIUSEPPINA APRÈS TANT D’ANNÉES

Qu’espères-tu, qu’attends-tu, amie,
revenant en si sombre voyage
jusqu’ici où dans le soleil les orages
ont une très haute voix de deuil,
de jasmin embaument et d’avalanches ?

Je me trouve ici à cet âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
cette vicissitude suspendue ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu, ce qu’on m’imposa,
tu entres dans mes pensées et tu en sors indemne.

Tout le reste qui doit être est encore,
le fleuve coule, la campagne change,
il grêle, la pluie cesse, un chien aboie,
la lune sort, rien ne se réveille,
rien du long sommeil aventureux.

***

NOTIZIE A GIUSEPPINA DOPO TANTI ANNI

Che speri, che ti riprometti, arnica,
se torn per cosí cupo viaggio
fin qua dove nel sole le burrasche
hanno una voce altissima abbrunata,
di gelsomino odorano e di frane ?

Mi trovo qui a questa eta che sai,
né giovane né vecchio, attendo, guardo
questa vicissitudine sospesa ;
non so più quel che volli o mi fu imposto,
entri nei miei pensieri e n’esci illesa.

Tuno l’altro che deve essere è ancora,
il flume scorre, la campagna varia,
grandira, spiove, qualche cane lacra,
esce la luna, riente si riscuote,
niente dal lungo sonno avventuroso.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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CHANT (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2017



    

CHANT

Où vas-tu toi qui dans le vent aride parcours
une de ces routes sans saisons
où derrière les murs lumineux
tout pas qui résonne excite les chiens
et réveille l’écho ? Vus de la maison
d’où je te regarde, où le corps vit,
mouvement et quiétude se défont.

Je t’invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil ;
toi qui souffres, toi seule peux me secourir
en ce passage aveugle du temps
au temps, en cet âpre voyage
de ce que je suis à ce que je serai
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans le sommeil.
Toi, adorée, qui souffres comme moi,
me prend un vertige à penser
que le temps, froid
parmi les astres, sur les tempes et tout autre, contient
ta naissance, ta maladie, ta mort,
ta présence dans mon ciel et ta perte.

***

CANTO

Dove vai che nel vento ando corn
una di quelle vie senza stagioni
dietro i cui mur luminosi
un passo che rintroni aizza i cani
e sveglia Peco ? Visti dalla casa
da cui ti guardo, dove il corpo vive,
movimento e quietudine si sfanno.

T’invoco per la noue
che viene e per il sonno ;
tu che soffri, tu sola puoi soccorrermi
in questo cieco transito dal tempo
al tempo, in questo aspro viaggio
da quel che sono a quello che sari)
vivendo una vita nella vita,
dormendo un sonno nel sonno.
Tu, adorata, che soffri come me,
di cui mi dà vertigine pensare
che il tempo, questo freddo
tra gli asti e supe temple e altro, contiene
la nascita, la malattia, la morte,
la presenza nel mio cielo e la perdita.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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DE LA TOUR (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2017




    
DE LA TOUR

Cette terre grise lissée par le vent dans ses croupes,
dans son galop vers la mer,
dans sa ruée de troupeaux sous les dômes
et les contreforts de l’intérieur, vue
dans le vertige depuis les glacis, file
la lumière, file de mystérieuses années-lumière,
file un seul destin de multiples façons,
dit : « regarde-moi, je suis ton étoile »
et en cet instant s’enfonce plus profond
dans le coeur l’épine de la vie.
Cette terre toscane nue et pure
où court la pensée de celui qui reste
ou qui, issu d’elle, s’en éloigne.

Mes années, plus de quarante, essaiment toutes
hors de leur nid d’abeilles. Elles cherchent
ici plus qu’ailleurs leur pain, s’enquièrent
de nous, de vous murés dans la croûte
de ce corps lumineux. Et persiste,
persiste à pulluler la mort — la vie —
tendre et hostile, claire et inconnaissable.

Voilà ce que l’oeil saisit de cette tour de guet.

***

DALLA TORRE

Questa terra grigia lisciata dal vento nei suoi dossi
nella sua galoppata verso il mare,
nella sua ressa d’armento sotto i gioghi
e i contrafforti dell’interno, vista
nel capogiro dagli spalti, fila
luce, fila anni luce misteriosi,
fila un solo destino in moite guise,
dice : « guardami, sono la tua stella »
e in quell’attimo punge più profonda
il cuore la spina della vita.
Questa terra toscan brulla e tersa
dove corre il pensiero di chi resta
o cresciuto da lei se ne allontana.

Tutti i miei più che quarant’anni sciamano
fuori del loro nido d’ape. Cercano
qui più che altrove il loro cibo, chiedono
di noi, di voi murati nella crosta
di questo corpo luminoso. E seguita,
seguita a pullulare morte e vita
tenera e ostile, chiara e inconoscibile.

Tanto afferra l’occhio da questa torre di vedetta.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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À LA MÈRE (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2017



Illustration: Guy Baron
    
UNE LIBATION

À LA MÈRE

Peut-être, rompu le mystère, dans la lueur
de mon souvenir paraîtras-tu une ombre,
un rien vêtu de douleur.
Toi, la même, toi comme jamais :

le paysage seul changera de couleur.
Dans une nuée de cendre et de soleil,
identique, mais proche de la blancheur
du ciel tu passeras sans un mot.

Je te verrai subsister dans le vague
des regards le soir, dans le retard
des feux qui s’éteignent en une aiguille
de lumière rouge où tremble le regard.

***

UN BRINDISI

ALLA MADRE

Forse, infranto il mistero, nel chiarore
del mio ricordo un’ombra apparirai,
un nonnulla vestito di dolore.
Tu, non diversa, tu come non mai :

solo il paesaggio muterà colore.
In un nembo di cenere e di sole
identica, ma prossima al candore
del cielo passerai senza parole.

Io ti vedrò sussistere nel vago
degli sguardi serali, nel ritardo
dei fuochi che si spengono in un ago
di luce rossa a cui trema lo sguardo.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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AVÈNEMENT NOCTURNE (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2017



Illustration
    
AVÈNEMENT NOCTURNE

TERRE

Je reconstruis de roses ton passé
car sur les déserts, amèrement,
le soleil à présent fouille les buissons,
les colonnes, et les mouettes sur la mer
verte gonflée de vents et de méduses aspirent
à la chaleur que répandent tes peuples !
Et une mère sur les rochers soucieuse
abandonne son flanc aux profondes
comètes, ô astres, les chèvres humainement
s’arrêtent au bord des torrents
d’autrefois, le nuage sur les temples
se défait, se souvient de l’encens.
Telle est ma mémoire. Mais au couchant
descend une jeunesse qui brille d’événements,
je regarde : humide le vaisseau laboure
l’avenir, parfait au-dessus des rocs
pèse le faucon et dans les sentiers les jacinthes
vivent d’une charité que j’ignore.

***

AVVENTO NOTTURNO

TERRA

Ricompongo di rose il tuo passato
io perché sui deserti amaramente
fruga il sole i cespugli e le colonne
ora, e il cabre effuso dai tupi popoli
ricercano i gabbiani sopra il verde
mare gonfio di venti e di meduse !
E una madre sui sassi pensierosa
abbandona il suo franco aile profonde
comete, astri, si fermano le capre
umanamente al ciglio dei torrenti
d’un tempo, la nuvola sui templi
si disanima memore d’incenso.
Tale la mia memoria. Ma a ponente
cala la gioventù lustra di eventi,
io guardo : umido solea nel futuro
il vascello, perfetto sui macigni
pende il falto e nei viottoli i giacinti
vivono d’una carita ch’io ignoro.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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