C’est tout un art de balayer
c’est un métier digne d’estime
les ruisseaux comme des torrents
cavalent cavalent cavalent
on doit savoir les diriger
y concentrer les ordures
qu’il faut absolument glisser
sous les ouatures
crottes de chiens vieilles lettres
mégots bâtonnets de sucettes
épingle à cheveux verre brisé
l’ajonc mouillé
d’une gracieuse parabole
les fait choir
en bas du trottoir
sans une parole
ces artistes municipaux
ont depuis peu souvent la peau noire
ils ont un air mélancolique.
pensent-ils à la Martinique ?
à un marigot africain ?
lorsqu’ils ont le balai en main
du matin
au soir
(Raymond Queneau)