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Poésie

Posts Tagged ‘mât’

JOUR (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Marc Chagall
    
JOUR

Jour, jour de notre rencontre,
temps nommé Épiphanie;
jour si fort qui vins, couleur
de moelle et de plein midi,
sans frénésie à nos pouls
tout tumulte et agonie,
tranquille comme le lait
des vaches portant sonnailles!

Jour à nous, par quel chemin,
forme sans pieds,
vint-il? Nous n’avons pas su,
n’avons pas veillé; nul signe
ne l’annonçait; nous n’avons pas
sifflé sur les collines;
il s’en venait en silence!

Tous les jours semblaient pareils;
tout à coup mûrit un Jour.
Jour pareil aux autres jours,
comme sont pareils roseaux
et sont pareilles olives
et pourtant, comme Joseph,
ne ressemblait pas à ses frères.

Ayons pour lui un sourire
parmi tous les autres jours
et qu’il les dépasse tous,
comme boeuf de grande taille
et le char devant les gerbes.

Béni soit-il des saisons,
que Nord et Sud le bénissent,
que son père l’an le choisisse
pour en faire mât de vie.

Ni rivière, ni pays,
ni métal; ce n’est qu’un Jour,
Parmi les jours des poulies,
des gréements, des blés sur l’aire,
parmi engins et besognes,

nul ne le voit, ni le nomme.
Fêtons-le et nommons-le,
en grâces à qui l’a fait
et gratitude de sol
et gratitude de l’air,
pour sa rivière d’eau vive
avant qu’il ne tombe en cendre,
en poudre de chaux moulue
et vers l’éternel déverse
son apparence de merveille.

Cousons-le à notre chair,
à nos coeurs et nos genoux
et que nos mains le pétrissent
et que nos yeux le distinguent,
qu’il brille pour nous de nuit
et nous fortifie de jour,
tels cordages pour les voiles,
tels points pour les blessures.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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UN MOT POUR LE VENT (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
UN MOT POUR LE VENT

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent.

Un autre mot, une phrase qui en soit pleine
Comme une voile, des vers
Qui se déplacent avec la légèreté du vent
Sur l’herbe ou parmi les arbres,
Qui bruissent en descendant le feuillage de la signification,
Un son qui évoque les sens, celui, soudain,
Lourd et mat, du fruit
Et de longs silences
A la surface du vent et en dessous.

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent ;
Aveugle comme Homère, méditant sur la mer vineuse,
Je médite sur le vent, fouillant
Les sources de nombreux chants en moi qui n’ont pas vu
le jour,
Révélant en un éclair la flamme constante,
Un feu au coeur du vent.

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Cent fois que je vais à la poste (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022




    
Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.

Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.

Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.

Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.

Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.

Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.

Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.

(Kibitka : traîneau couvert)

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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Jardin d’été (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Jardin d’été

Je veux aller dans ce jardin,
dans cette roseraie nonpareille
Où l’on voit des clôtures la plus belle,

Où les statues gardent mémoire
de la jeune fille que j’étais
Et moi, je les revois sous l’eau de la Neva.

Dans ce lieu caché, plein d’odeurs,
sous les tilleuls princiers,
Je crois entendre craquer
les mâts des vaisseaux.

Comme autrefois le cygne
traverse les siècles,
En extase devant la beauté de son double.

Par centaines de milliers, des pas
Dorment d’un sommeil de mort,
pas d’ennemis et d’amis,
Pas d’amis et d’ennemis.

Finira-t-il jamais, le cortège des ombres
Qui va du vase de granit
jusqu’à la porte du palais?

Mes nuits blanches là-bas
se parlent, dans un murmure,
De quelqu’un qui savait aimer
secrètement, superbement.

Partout on voit briller la perle et le jaspe,
Mais un mystère dérobe
la source de la lumière.

(Anna Akhmatova)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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La frontière entre ciel et mer (Eeva-liisa Manner)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2022



    
Poem in French, English, Spanish, Dutch and in Arabic, Armenian, Bangla, Catalan, Chinese, Farsi, German, Greek, Hebrew, Hindi, Icelandic, Indonesian, Irish (Gaelic), Italian, Japanese, Kiswahili, Kurdish, Malay, Polish, Portuguese, Romanian, Russian, Serbian, Sicilian, Tamil

Poem of the Week Ithaca 713,
Eeva-Liisa Manner, Finnland, (1921–1995)

From „Die Welt ist eine Dichtung meiner Stimme“
Editura Heiderhoff

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

***

La frontière entre ciel et mer disparut
tout était une même brume transparente
givre blanc ou perles mates

dans l’air un bateau flottait aux voiles brillantes
figé comme un mirage né de la neige par magie
figé comme la lumière dans un décor sans vent

telle une hostie de lumière
sur le plateau du vent qui s’apaise.

(Eeva-Liisa Manner)
, Finlande, (1921-1995)
Traduction de Germain Droogenbroodt & Elisabeth Gerlache

***

The boundary between sky and sea disappeared,
everything was the same transparent haze,
white frost or gray-gleaming pearls.

A boat floated in the air with a shining sail,
silent as a mirage conjured by the snow,
silent as light in a windless region

like a eucharist of light
on the tray of reposing wind.

EEVA-LIISA MANNER, Finland, (1921–1995)
Translation Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster

***

El límite entre el cielo y el mar desapareció
todo era la misma bruma transparente,
escarcha blanca o perlas de brillo mate.

En el aire, flotaba un barco con una vela reluciente,
tan silencioso como un espejismo que la nieve crea,
tan silencioso como la luz en una región sin viento,

como una hostia de luz
en la bandeja del viento sosegado.

EEVA-LIISA MANNER, Finlandia, (1921–1995)
Traducción Germain Droogenbroodt – Rafael Carcelén

***

De grens tussen de hemel en de zee verdween
alles was dezelfde doorzichtige nevel,
witte rijm of matglanzende parels.

In de lucht dreef een boot met stralend zeil
stil als een door de sneeuw getoverde luchtspiegeling
stil als licht in een windstille omgeving,

zoals een hostie van licht
op het dienblad van de rustende wind.

EEVA-LIISA MANNER, Finland, (1921-1995)
Vertaling Germain Droogenbroodt

***

لاَ حُدُودَ بَينَ السَّمَاءِ والبَحْر
…. كُلُّ شَيءٍ أَضْحَى ضَبَابًا شَفَافًا.
صَقِيعٌ أَبْيَضٌ أَمْ لَآلِيءَ خَافَتَةٌ

قَارِبٌ ذٌو أَشْرِعَةٍ لَامِعَةٍ
يَطفُو
فَي السَّمَاءِ

مُجَمَّدٌ مِثْلَ السَّرَابِ وُلِدَ مِنَ الثَّلْجِ بِالسِّحْر
مُجَمَّدَةٌ مِثْلَ الضَّوءِ فِي هُدُوءِ الرِّيَاحِ
مِثْلَ مَجْمُوعَةٍ مِن الضَّوْءِ عَلَى هَضَبَةِ الرِّيحِ الهَادِئَة

إيفا – ليزامانر، فينلندا، (1921-1995)
ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Translated into Arab by Mesaoud Abdelkader

***

Երկնքի և ծովի միջև սահմանն անհետացավ,
ամեն ինչ նույն թափանցիկ մշուշը դարձավ
սպիտակ սառնամանիք կամ
մոխրագույն փայլող մարգարիտներ:

Օդում մի նավ էր լողում փայլող առագաստով,
լուռ՝ որպես ձյունով հմայված տեսիլք,
լուռ՝ որպես լույս՝ անքամի միջավայրում
ինչես լույսի հաորդություն՝
քամու հանգստացող սկուտեղի վրա:

Էվա Լիիզա Մաններ, Ֆինլանդիա (1921–1995)
Translated into Armenian Armenuhi Sisyan

***

অদৃশ্য হয়েছে সীমানা আকাশ আর সমুদ্রের মাঝখানে,
সবকিছুই ছিল একরকম স্বচ্ছ আবছায়া,
সাদা তুষারপাত অথবা ধূসর -উজ্জ্বল মুক্তমালা ।

একটি নৌকা ভেসে বেরিয়েছিল বাতাসে সাথে নিয়ে দীপ্তময় পাল,
মরীচিকার মতো নীরব তুষারের সনির্বন্ধ অনুরোধে,
আলোর মত নির্বাক একটি বাতাসবিহীন এলাকায়

যেন যীশুর একটি নৈশ ভোজের আলোর
মতো শান্ত বাতাসের বারকোশ

ইইভা-লিসা ম্যানার, ফিনল্যান্ড (১৯২১-১৯৯৫)
অনুবাদ জার্মেইন ড্রুজেনব্রুড্ট – স্ট্যানলি বারকান
Bangla Translation: Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

La frontera entre el cel i el mar va desaparèixer,
tot era la mateixa boira transparent,
gelades blanques o perles lluents.

A l’aire flotava un vaixell amb una vela brillant
silenciós com un miratge evocat per la neu,
silenciós com la llum en una regió sense vent,

com una hòstia/eucaristia de llum
a la safata del vent en repòs.

EEVA-LIISA MANNER, Finlàndia, (1921-1995)
Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

天与海的分界限消失了,
万物都是一样的透明薄雾,
白霜或灰色闪烁的珍珠。

一只船扬起闪亮的帆在空气中漂浮,
寂静如一个由雪幻化的海市蜃楼,
寂静如一个无风环境中的光亮

就像静风的托盘
上的一个光的圣餐。

原作:芬 兰 依娃-里萨· 曼纳 (1921–1995)
英译:杰曼·卓根布鲁特-斯坦利·巴坎
汉译:中 国 周道模 2022-01-01
Translated into Chinese by Willam Zhou

***

مرز میان آسمان و دریا ناپدید می‌شود،
همه چیز مانند مه شفاف بود،
شبنم یخ بسته یا یا مرواریدهای درخشان خاکستری.

کشتی،
خاموش مانند سرابى كه برف تداعى مى‌کند،
خاموش مانند منطقه‌یی بدون باد
مانند مراسم عشای ربانی نور
در طبق بادی در خواب.

اوا-لیزا مانر، فنلاند، ( ۱۹۹۵-۱۹۲۱)
ترجمه: سپیده زمانی
Translated into Farsi by Sepideh Zamani

***

Die Grenze zwischen Himmel und Meer verschwand,
alles war der gleiche durchsichtige Dunst,
weisser Reif oder mattglänzende Perle.

In der Luft schwamm ein Boot mit strahlendem Segel
still wie eine vom Schnee gezauberte Luftspiegelung,
still wie Licht in windloser Gegend,

wie eine Hostie des Lichtes
auf dem Tablett des ruhenden Windes.

EEVA-LIISA MANNER, Finnland, (1921–1995)
Übersetzung Ingrid Schellbach-Kopra und Stefan Moster

***

Έσβησε η γραμμή ανάμεσα σε θάλασσα και ουρανό
όλα μεταμορφώθηκαν σε μια διάφανη αχλή
λευκή παγωνιά ή λαμπερά μαργαριτάρια

με λαμπερό πανί μια βάρκα έπλεε στον αέρα
σιωπή οφθαλμαπάτη από το χιόνι ξεπηδά
φως σιωπηλό στ’ απάνεμο λειβάδι

Ευχαριστία του φωτός
στο δίσκο του ξεκούραστου ανέμου

EEVA-LIISA MANNER
Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translated into Greek by Manolis Aligizakis

***

• / אווה-ליסה מנר, פינלנד
EEVA-LIISA MANNER, (1921–1995)

הַגְּבוּל בֵּין שָׁמַיִם וְיָם נֶעֱלַם,
הַכֹּל הָיָה אוֹתוֹ אֵד שָׁקוּף
כְּפוֹר לָבָן אוֹ פְּנִינִים בּוֹהֲקוֹת בְּאָפֹר.

סִירָה רִחֲפָה בָּאֲוִיר כְּשֶׁמִּפְרְשָׂהּ זוֹהֵר,
דּוֹמֶמֶת כְּמוֹ תַּעְתּוּעַ שֶׁעָלָה בָּאוֹב בַּשֶּׁלֶג,
דּוֹמֶמֶת כְּאוֹר בִּסְבִיבָה לְלֹא רוּחַ

כְּמוֹ טֶקֶס הוֹדָיָה שֶׁל אוֹר
עַל טַס שֶׁל רוּחַ רְגוּעָה.

תרגום לאנגלית: ג’רמיין דרוגנברודט, סטנלי ברקן,
אינגריד שניילבאך-קופרה וסטפן מוסטר
תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן
תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן
Translated into Hebrew by Dorit Weisman

***

आकाश और समुद्र के बीच की सीमा गायब हो गई,
सब कुछ वही पारदर्शी धुंध था,
सफेद ठंढ या धुमैला-चमकदार मोती।

एक चमकदार पाल के साथ हवा में तैरती एक नाव,
बर्फ से घिरी एक मृगतृष्णा के रूप में मौन,
हवा रहित वातावरण में प्रकाश की तरह मौन

प्रकाश के कृतज्ञता की तरह
हवा को रोकने की थाल पर।

ईवा-लिइसा मैनर, फ़िनलैंड, (1921-1995)
ज्योतिर्मय ठाकुर द्वारा हिंदी अनुवाद l
Hindi translation by Jyotirmaya Thakur.

***

Skilin hurfu milli himins og hafs,
allt var eins í gagnsærri móðu,
hvítt frost eða gráglitrandi perlur.

Bátur sveif undir skínandi seglum,
þögull eins og tíbrá sem snjórinn töfrar fram,
þögull eins og birta á lygnu landi

eins og heilög birtukvöldmáltíð
á bakka vinds sem lægir.

EEVA-LIISA MANNER, Finnlandi, (1921–1995)
Þór Stefánsson þýddi samkvæmt enskri þýðingu
Germains Droogenbroodt og Stanleys Barkan
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Translated into Icelandic by Thor Stefansson

***

Batas antara langit dan laut menghilang,
segalanya nampak sama kabut transparan,
embun beku putih atau mutiara abu-abu berkilau.

Perahu melayang di udara dengan layar bersinar,
hening bagai fatamorgana disulap oleh salju,
hening bagai pendar alam tak ada bayu

seperti nur ekaristi
di atas nampan menyimpan angin.

Eeva-Liisa Manner, Finland, (1921–1995)
Translation Lily Siti Multatuliana (Indonesia)
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Translated into Indonesian by Lily Siti Multatuliana

***

Théaltaigh an teorainn idir muir is spéir
b’ionann an domhan agus brat uige

Bád faoi sheol ar snámh san aer
mearú súl ar sneachta lom
solas sochair ar chlár na farraige

Abhlann úr ar bharr na dtonn.

EEVA-LIISA MANNER, an Fhionlainn, (1921–1995)
Leagan Gaeilge le Rua Breathnach
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Translated into Irish (Gaelic) by Rua Breathnach

***

Il confine fra terra e cielo scomparve,
ogni cosa era della stessa chiara foschia,
brina gelata o perle di grigio scintillante.

Una barca galleggiava nell’aria con una vela luccicante,
silenziosa come un miraggio evocato dalla neve,
silenziosa come un luce in quel luogo senza vento

come un’eucarestia di luce
come un vassoio di vento che riposa .

EEVA-LIISA MANNER, Finlandia, (1921–1995)
Traduzione di Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan -Ingrid Schnellbach-Kopra – Stefan Moster – Luca Benassi

***

空と海の境目が消え
すべては同じ透明のもや
白い霜あるいは鈍く光る真珠

空中には光る帆の船が浮かび
雪に呼び起こされる蜃気楼のように
また風のない土地の光のように静かだった

まるで休止する風のお盆の上
光の聖餐の主人のように

エーヴァ・リーサ・マナー(フィンランド, 1921-1995)
Translated into Japanese by Manabu Kitawaki

***

Mpaka kati ya anga na bahari ukatoweka,
kila kitu kilikuwa sawa na ukungu wa uwazi,
theluji nyeupe au lulu zinazometa kwa kijivu.

Mashua ilielea angani ikiwa na tanga linalong’aa,
kimya kama sage iliyochongwa na theluji,
kimya kama mwanga katika mazingira yasiyo na upepo

kama Ekaristi ya nuru kwenye trei ya kurudisha upepo.

EEVA-LIISA MANNER, Finland, (1921–1995)
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Na pia Bob Mwangi Kihara
Translated into Kiswahili by Bob Mwangi Kihara

***

Sînor di navbera esmên û zeryayê de hindabû
hemî wekhev zelal di nav temê de xavêdihatin,
qeşaya sipî yan mirariya teysok,

li banî naweyekê avjenîdikir bi tirêja babirekê,
hêmin e wek leylaneke cadûyî tibê ji berfê peydabûyî,
hêmin e wek ronahiyê li hevêrka bêbayî,

wek şahîneteke ronahiyê
li ser tepsiya bayê hêmin.

EEVA-LIISA MANNER, 1921 – 1995, Fînlenda
Translation into Kurdish by Hussein Habasch

***

Sempadan di antara langit dengan laut menghilang
semuanya ialah jerebu telus yang sama,
bekuan putih atau mutiara berkilauan kelabu.

Sebuah sampan terapung di udara dengan layar bersinar,
sunyi bak fatamorgana ditenung salji,
sunyi bak cahaya dalam suasana tanpa angin
bak eucaris cahaya
di atas dulang angin yang tenang.

EEVA-LIISA MANNER, Finland, (1921–1995)
Terjemahan Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Malayan translation by Dr. Irwan Abu Bakar

***

Zatarła się granica między niebem i morzem,
wszystko było tą samą przejrzystą mgłą,
szronem czy też perłami pobłyskującymi szarością.

W powietrzu unosiła się łódź z jaśniejącym żaglem,
cicha jak ułuda, którą wyczarował śnieg,
cicha jak światło w bezwietrznej atmosferze

jak świetlista eucharystia
na patenie zasypiającego wiatru.

EEVA-LIISA MANNER, Finlandia (1921–1995)
Przekład na angielski: Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Przekład na polski: Mirosław Grudzień – Anna Maria Stępień

***

A fronteira entre o céu e o mar esfumou-se,
tudo era a mesma névoa transparente,
orvalho branco ou pérolas de brilho fosco.

Um barco flutuava no ar com uma vela brilhante,
silencioso como uma miragem convocada pela neve,
silencioso como a luz num lugar sem vento

como uma hóstia de luz
na bandeja do levíssimo vento.

EEVA-LIISA MANNER, Finlândia, (1921–1995)
Tradução portuguesa: Maria do Sameiro Barroso
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster

***

Se șterse granița dintre văzduh și mare,
totul se înfășură în aburul acela transparent
de brumă neîntinată, de perlă satinată.

Plutea în aer barca sub pânze sclipitoare,
tăcută oglindire de nea în cleștar vrăjit
ca liniștea luminii în țara fără vânt,

azimă din lumină
pe tava brizei netezite.

EEVA-LIISA MANNER, Finlanda, (1921–1995)
Traducere: Germain Droogenbroodt și Gabriela Căluțiu Sonnenberg
Translated into Romanian by Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

Исчезла грань между небом и морем
все стало одним прозрачным туманом
белым инеем, сверкающим жемчугом.

В воздухе плыла лодка с ослепительным парусом
тихо, как мираж, заколдованный снегом
тихо, как свет в полнейшем безветрии

как гостия* света
на подносе утихающего ветра.
*Гостия – хлеб в виде маленькой лепёшки в католицизме, используемый для таинства причастия

ЭЭВА ЛИИСА МАННЕР, Финляндия, (1921-1995)
Перевод Гермайна Дрогенбродта
Перевод на русский язык Дарьи Мишуевой
Translated into Russian by Daria Mishueva

***

Nestade granica između neba i mora,
sve beše samo providna magla,
belo inje prigušenog sjaja bisera.

U vazduhu lebdeše brod sa sjajnim jedrom
besčujan kao fatamorgana izazvana snegom,
besčujan kao svetlo u oblasti bez vetra,

kao pričešće napravljeno od svetla
na poslužavniku odmarajućeg vetra.

EEVA-LIISA MANNER, Finland, (1921-1995)
Sa engleskog prevela S. Piksiades
Translated into Serbian by S. Piksiades

***

Lu cunfini tra celu e mari scumparìu,
tuttu era cummugghiatu di la stissa negghia trasparenti,
risinu biancu o perli grigi lucenti.

Na barca cu na vila brillanti galliggiau nta l’aria,
silinziusa comu un miraggiu richiamatu di la nivi
silinziusa comu na luci ntôn postu senza ventu
comu n‘eucaristia di luci

supra la guantera dû ventu ripusatu.
Eeva-Liisa Manner, Finland, (1921–1995)
Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla

***

ஆகாயத்திற்லும், கடலிற்கும் உள்ள எல்லை மறைந்து விட்டது
எல்லாமே அதே ஒளிமறைவற்ற மூடுபனி
வெள்ளைப் பனி-உறைப்பனி அல்லது சாம்பல் பளக்கும் முத்துக்கள்

காற்றில் ஒரு படகு பளபளக்கும் ஒரு மிதந்தது-பாய்மரத்தோடு
பனியுடன் மாயத்தோற்றத்தின் நிசப்தமாக
காற்றற்ற சூழ்நிலையில் உள்ள விளக்கின் நிசப்தத்துடன்

ஒளியின் நற்கருணை போல
நம்பிய காற்றின் டட்டினைப்போல.
ஆக்கம், மொழிமாற்றம்

ஈவா லிஸா மான்னர்-ஃபின்லண்ட் (1921- 1995)
Translation Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan
Ingrid Schnellbach-Kopra & Stefan Moster
Translated into Tamil by DR. N V Subbaraman

Recueil: ITHACA 713
Editions: POINT
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MARINE (Fernand Gregh)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2021



MARINE

Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.

Et le roulis si doux,
Si tranquille,
Que le pont semble immobile
Devant nous,

Et qu’à travers le ciel libre,
Au vent frais
Où l’écheveau des agrès
Tremble et vibre,

On dirait que, dans l’air bleu,
Oscillante,
C’est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu…

A peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D’un récifs que bat toujours
L’eau profonde.

L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers.

L’ombre est orageuse et chaude ;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.

Et, sourd murmure à l’avant
Monotone,
J’écoute l’eau qui moutonne
En rêvant.

Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance…

Et je suis aussi bercé
Sur l’eau grise
Je me sens parmi la brise
Balancé,

Au long murmure de la grève
Doux amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve…

(Fernand Gregh)

Illustration: Geneviève Goulley

 

 

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Pensée d’une nuit en voyage (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2020



Illustration: Nora Auric
    
Pensée d’une nuit en voyage

Rive aux herbes menues. Brise légère
Barque au mât vacillant, seule dans la nuit
S’ouvre la plaine aux étoiles qui descendent
Surgit la lune, soulevant les flots du fleuve

L’homme laisse-t-il un nom par ses seuls écrits?
Vieux et malade, que le mandarin s’efface !
Errant, errant, à quoi puis-je ressembler
– Une mouette des sables entre terre et ciel

(Du Fu)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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Nos mots (Luciole)

Posted by arbrealettres sur 1 février 2020




    
Nos mots

Quand le silence hurle,
Se fait assourdissant
Que des sons minuscules
Se font cris de géants
Nos mots sont des compas,
Nous guident sur l’océan
Nos mots comme continents,
Il nous restera ça

Quand les nuages filent
Sans qu’on puisse les toucher
Dans le bleu tendres îles,
Impossible d’accoster
Nos mots sont des trois mâts
Naviguent dans ces nuées
Nos mots comme nos voiliers,
Il nous restera ça

Et quand le ciel pleure,
Se grise de sanglots
Que les sons, les couleurs
Se prennent dans les rouleaux
Nos mots à bouts de bras
Sont nos armes, nos flambeaux
Nos mots comme drapeaux,
Il nous restera ça

Quand les portes sont fermées,
Que l’on reste au-dehors
Quand on a beau frapper
De nos mains, de nos corps
Nos mots resteront là,
Gravés dans le décor
Nos mots comme trésor,
Il nous restera ça

Quand mes lèvres sont scellées,
que je ne sais que dire
Quand je ne sais que pleurer
quand je voudrais sourire
Mes mots glissent tous bas,
pour éviter le pire
Mes mots comme des soupirs,
il me restera ça

Quand on voudrait fixer
Chaque souvenir chaque nuit
Pour ne rien oublier
De chaque sensation
Les mots sont nos combats,
Les mots sont l’émotion
Nos mots comme chansons
Il nous restera ça
Il nous restera ça

(Luciole)

 

Paroliers : David Babin / Angelo Foley / Lucile Gerard

   

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La route pointée vers la haute mer (Robert Guiette)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020



La route pointée vers la haute mer
mais si près des premières vagues
et si près des innocentes plages
où nos pas s’arrêtent

comme un mât dans le ciel inverse
qui s’effrange
je me perds
autour de moi-même

(Robert Guiette)


Illustration: Patrice Rivoallan

 

 

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Eclat d’un miroir Dans la boue (Louis Guillaume)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2019



miroirs-dans-boue

Eclat d’un miroir
Dans la boue. A toute heure
La cassure saigne,
Y vit un plein visage
Qui se souvient.
Tout envol le raie
Et s’y engouffre
L’horizon.
Le souffle dernier
Qui l’a terni
Renaît. Buées, nuées,
Toutes sont là. Même la nuit
Au fond des sources
Le soleil poursuit sa course.
Tout le jour il répond
Aux questions du soir.
Piège à regards. Un pas
L’écrase un peu plus.

*

Es-tu sûr d’être là ?
Est-ce bien toi qui parles ?
Une foule se bouscule
Devant la porte.
Derrière, la lumière…
Il faut feindre d’ignorer.
Tout savoir est suspect.
Seul devant le guichet.
De l’autre côté, tout recommence,
Un autre peuple, une autre attente.

*

Encore toi, la main tendue
Vers un reflet. La glace
Eclate. Tes doigts saignent.
Une voix t’appelle
Au bout du couloir.
L’escalier monte dans le noir.
Tu es là-haut.
Peut-être.

*

Grande marée qu’aspire
La lune pleine. Tout se cache
Dans cette poitrine.
Sommeil sur l’autre rive.
Ici, morsure du réveil.
Ton épaule
Attend, creux de vague.
Un arbre se couche sur le sable
La main remplie
De coquillages. Nacre et goudron.
Pourriture et sel. La nuit
Sort ses monstres. Une étoile
De mer est rongée par un crabe.
Un mât. Un mouchoir de fumée.
Une aile. La distance d’un rêve.
Un oiseau minuscule dit
Le bonheur d’être aveuglé
Par un jour encore.

(Louis Guillaume)

 

 

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