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Poésie

Posts Tagged ‘maternel’

Puisqu’il nous est refusé (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023




    
Puisqu’il nous est refusé
de garder en mémoire
la chaleur du sang maternel,
nous pouvons au moins revenir sans cesse
à notre enfance,
cette brève béatitude
qui, de toute façon, est la dernière
de notre existence.

Ejectés dans la vie,
nous ne faisons ensuite qu’un long détour
depuis le premier cri,
quand, pour la première fois, la lumière nous blesse les yeux,
jusqu’au moment où le doigt entouré d’un foulard
nous les refermera,
pour que nous engloutisse à nouveau
la nuit consolatrice.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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L’orphelin (Blanchard)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2023




    
L’orphelin.

(Rien ne peut remplacer l’affection maternelle:
soyez particulièrement bons pour l’orphelin qui en est privé.)

Enfants, quand votre bonne mère,
Le soir, vous tient sur ses genoux,
L’orphelin couche sur la terre…
Petits enfants, y pensez-vous?

Vous avez tout en abondance,
Caresses, bonbons et joujoux;
Lui, ne connaît que la souffrance…
Petits enfants, y pensez-vous?

Quand personne ne vous surveille,
Parfois vous gaspillez vos sous…
Il est sans pain depuis la veille;
Petits enfants, y pensez-vous?

Tendez la main à la misère,
Vous qui le pouvez… C’est si doux
De faire du bien sur la terre !
Petits enfants, y pensez-vous?

(Blanchard)

 

Recueil: Mon premier Livre de Récitation
Traduction:
Editions: Prieur et compagnie

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ON SORT ET ON ENTRE… (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023



Illustration: Fred Einaudi
    
ON SORT ET ON ENTRE…

On sort et on entre
On entre et on sort
On change de ventre
C’est là notre sort.

Maternelle terre
Ventre maternel
Ô double lumière
De notre tunnel.

De ventre je change
L’un l’autre m’aimant
Le dernier nous mange
Maternellement.

D’une nuit en route
Vers une autre nuit
La joyeuse voûte
Trompe notre ennui.

Trop de solitude
Ne m’a pas ôté
Ma vieille habitude
De l’éternité.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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CIEL NOCTURNE (Mario Wirz)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2022



CIEL NOCTURNE

Un ciel nocturne
se déploie au-dessus de nous
dans un grand mouvement
maternel
nous marchons ainsi
un instant protégés

(Mario Wirz)

 

 

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Mère et enfant réfugiés (Chinua Achebe)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2022




    
Mère et enfant réfugiés

Nulle Vierge à l’Enfant ne pourrait se mesurer
à cette image de la tendresse maternelle
pour un fils qu’elle devrait bientôt oublier.
L’air était lourd d’odeurs

de diarrhée d’enfants non lavés
aux côtes délavées et aux derrières
décharnés qui avancent d’un pas laborieux
traînés par des ventres vides et gonflés. Tant
de mères avaient cessé depuis longtemps
de prodiguer leurs soins, mais pas celle-ci; elle arborait
un sourire fantôme entre ses dents
et dans ses yeux le fantôme de l’orgueil
d’une mère tandis qu’elle peignait telle la touffe de cheveux
couleur rouille qui restait sur son crâne et puis –

dans ses yeux un chant – elle a commencé à les
séparer avec soin… Dans une autre vie ça
aurait été un peu banal
un acte sans conséquence avant son
petit-déjeuner et l’école; mais en cet instant

son geste était de fleurir
une tombe minuscule

(Chinua Achebe)

Traduit de l’anglais par Frieda Ekotto, &ware Sou! Brother, Heinemann, 1971.

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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AUX TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS MORTS POUR LA FRANCE (Léopold Sédar Senghor)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2021



Illustration: Karamba Dramé
    
AUX TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS MORTS POUR LA FRANCE

Voici le Soleil
Qui fait tendre la poitrine des vierges
Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards
Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.
J’entends le bruit des canons — est-ce d’Irun?
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
Vous mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
On promet cinq cent mille de vos enfants à la gloire des
futurs morts, on les remercie d’avance futurs morts
obscurs
Die Schwarze schande !

Écoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée jadis dans les palabres du village
Écoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.
Nous n’avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de vos femmes anciennes
— Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l’ardeur des vivants.
Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes, comme en saison sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres oublieuses.
Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mouriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l’amitié de vos camarades d’âge.
Ah ! puissé-je un jour d’une voix couleur de braise, puissé-je chanter
L’amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons.
Écoutez-nous, Morts étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est.
Recevez ce sol rouge, sous le soleil d’été ce sol rougi du sang des blanches hosties
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs sénégalais
MORTS POUR LA RÉPUBLIQUE !

Tours, 1938.

(Léopold Sédar Senghor)

 

Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points

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L’idée de l’infini (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2021


 


Alexander Maranov   2

Deux choses, dans mon enfance,
m’ont introduit à l’idée de l’infini :
l’odeur de l’encens à l’église
et la chaleur du lit maternel.

(Franz Hellens)

Illustration: Alexander Maranov

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Je me lèverai et j’irai vers toi (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2021



Illustration
    
Je me lèverai et j’irai vers toi,
Traversant les nuits d’insomnie, franchissant
La ligne incandescente des étoiles.
Je sais que tu es loin,
Mais que par toi
tout sera retrouvé.

Je me lèverai et j’irai vers toi,
Enjambant l’abîme d’un pas résolu, ignorant
Toutes distances qui séparent.
Je sais que tu es proche,
Que je dois te chercher
au plus intime de moi.

J’irai vers toi, sûr de te retrouver,
Car je n’oublie point une scène de jadis:
Après une longue fugue, je suis revenu au logis,
L’ombre maternelle s’est retournée, a dit:
« Te voilà! », j’ai répondu: « Me voici! »,
et j’ai fondu en larmes.

(François Cheng)

 

Recueil: La vraie gloire est ici
Editions: Gallimard

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Pas de nom (Rhissa Rhossey)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020



Rhissa Rhossey
    
Pas de nom

Non, frère d’outre-mer
Surtout pas de nom
Je ne suis pas le fils
Du vent et des nuages
Je suis le fils de la fange
De la fange stérile et rouge
Sables, montagnes et pierres
Je suis le fils de la terre
Maternelle
Silence, oubli, mépris
Je suis l’enfant des douleurs
Éternelles
Non, frère, je ne suis pas
Je ne suis plus
Le Seigneur du désert
Mais l’esclave
Des horizons nus

(Rhissa Rhossey)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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UNE JOURNÉE QUI COMMENCE (Yvon Le Men)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2020



écoliers rl

UNE JOURNÉE QUI COMMENCE

Le même cartable de cuir
Prix d’un mois de travail
Les mêmes baisers furtifs
Au bord de la route,
Le même vélo historique et quotidien
Tous les trois, la marche en avant
Au goût d’appréhension,
Les camarades qui accrochent leurs yeux
Aux souliers de la grande soeur
A la blouse lavée et raccommodée
Le chef serrant une poignée de main de traître,
Mais le soir, une nourriture
Réchauffée,
Savoureuse.
Maternelle,
Amoureuse,
Une communion solidaire
Après,
Un partage du livre :
Les hommes auront la force d’être ;
Il faut comprendre,
Rappelle la voix fatiguée
Et forte du Père.

(Yvon Le Men)

Illustration: Robert Doisneau

 

 

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