Posts Tagged ‘maudit’
Posted by arbrealettres sur 18 février 2023

Illustration: Mario Cossu
Je suis
Je suis ce gamin lancé dans le monde
cherchant « la maison » partout
où les sourires se souviennent encore
Je suis cette langue exilée
dont l’héritage en fuite
le retient par la peau du Verbe
Je suis cette cigarette de trop
et qui, une fois éteinte
attend sagement de nouvelles brumes
Je suis cet être en chantier
à la recherche du frère ou de la sœur
passant outre les quelques miettes de sang
Je suis cette raison vacillante
accoquinée aux maudits
mais se refusant à partager leurs tristes sorts
Je suis ce bohémien avide de sensations
aveuglé par ses chimères
mais s’accrochant désespérément à une branche d’éternité
Je suis cet imposteur
dont la lucidité vengeresse
lui désigne la blessure du soleil
(Grégory Rateau)
Recueil: Imprécations nocturnes
Traduction:
Editions: Conspiration
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Posted in poésie | Tagué: (Grégory Rateau), accoquiner, attendre, aveugler, avide, éteint, éter, être, blessure, bohémien, branche, brume, caché, chantier, chercher, chimère, cigarette, désespérer, désigner, exiler, fuite, gamin, héritage, imposteur, ité, lancer, langue, lucidité, maison, maudit, miette, monde, nouveau, partager, partout, passer, peau, raison, rechercheverbe, retenir, s'accrocher, sage, sang, se refuser, se souvenir, sensation, soleil, sort, sourire, triste, trop, vaciller, vengeur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2022

Joseph
Joseph a dix-huit ans
Sur le quai d’une gare
Et la vie devant lui
Ça ne va pas durer
Le temps d’un défilé
En bleu, en blanc et puis en rouge
Trois petits tours et puis s’en vont
Baïonnette au canon
Joseph a dix-neuf ans
Englué dans la boue
Avant d’aller au feu
Il sort un carnet
Écrit une suite de mots
Destinés à un ange
Joseph a vingt ans
De l’encre sur les doigts
Et les pattes des rats
En maudites ratures
Joseph a vingt ans
Joseph avait vingt ans
(Franck Bouysse)
Recueil: Fenêtre sur Terre
Traduction:
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Franck Bouysse), aller, ange, baïonnette, blanc, bleu, boue, canon, carnet, défilé, destiner, doigt, durer, encre, engluer, feu, gare, Joseph, maudit, mot, patte, quai, rat, rouge, s'en aller, sortir, suite, tarure, temps, tour, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021

Melancholia
(extrait)
… Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : – Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait – c’est là son fruit le plus certain ! –
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !
(Victor Hugo)
Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), accroupi, airain, ange, aube, âme, éternellement, étouffant, être, bagne, beauté, blasphème, bossu, briser, cendre, cheminer, coeur, comprendre, crétin, dent, destin, donner, doux, en fleur, enfant, enfer, fer, fièvre, front, fruit, haïr, heureux, hideux, homme, imposer, innocent, insensé, jamais, jeunesse, joue, jouer, las, libre, machine, maigrir, maudit, mauvais, mâcher, mère, meule, monstre, mouvement, oeuvre, ombre, opprobre, outil, pâleur, pensée, pensif, peuple, prison, progrès, rachitisme, rendre, rire, s'arrêter, sain, serre, servitude, seul, soir, sombre, souffle, tendre, travailler, tuer, vice | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2020

Du feu, Monsieur,
Du feu, s’il vous plaît,
Rien qu’un peu de feu.
Vous n’allez pas me laisser sans feu,
Monsieur,
Sans feu, dans cette rue,
Où il n’y a que vous, Monsieur,
Dans cette maudite rue.
(Eugène Guillevic)
Recueil: Ouvrir
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2020

Illustration: Emile Vernon
LES CERISIERS.
I.
Vous souvient-il un peu de ce que vous disiez,
Mignonne, au temps des cerisiers ?
Ce qui tombait du bout de votre lèvre rose,
Ce que vous chantiez, ô mon doux bengali,
Vous l’avez oublié, c’était si peu de chose,
Et pourtant, c’était bien joli…
Mais moi je me souviens (et n’en soyez pas surprise),
Je me souviens pour vous de ce que vous disiez.
Vous disiez (à quoi bon rougir ?)…donc vous disiez…
Que vous aimiez fort la cerise,
La cerise et les cerisiers.
II.
Vous souvient-il un peu de ce que vous faisiez,
Mignonne, au temps des cerisiers ?
Plus grands sont les amours, plus courte est la mémoire
Vous l’avez oublié, nous en sommes tous là ;
Le cœur le plus aimant n’est qu’une vaste armoire.
On fait deux tours, et puis voilà.
Mais moi je me souviens (et n’en soyez surprise),
Je me souviens pour vous de ce que vous faisiez…
Vous faisiez (à quoi bon rougir ?)…donc vous faisiez…
Des boucles d’oreille en cerise,
En cerise de cerisiers.
III.
Vous souvient-il d’un soir où vous vous reposiez,
Mignonne, sous les cerisiers ?
Seule dans ton repos ! Seule, ô femme, ô nature !
De l’ombre, du silence, et toi…quel souvenir !
Vous l’avez oublié, maudite créature,
Moi je ne puis y parvenir.
Voyez, je me souviens (et n’en soyez surprise),
Je me souviens du soir où vous vous reposiez…
Vous reposiez (pourquoi rougir ?)…vous reposiez…
Je vous pris pour une cerise ;
C’était la faute aux cerisiers.
(Alphonse Daudet)
Recueil: Les amoureuses
Traduction:
Editions:
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Posted in poésie | Tagué: (Alphonse Daudet), aimer, amour, armoire, bengali, boucle, cerisier, chanter, coeur, court, créature, dire, doux, faire, faute, femme, fort, grand, joli, maudit, mémoire, mignonne, nature, ombre, oreille, oublier, parvenir, peu, repos, rougir, se reposer, se souvenir, seul, silence, souvenir, surpris, temps, tour, vaste | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2020

Illustration: Marie-Guillemine Benoist
Tu m’as désossée…
Tu m’as désossée
soigneusement
m’inscrivant
dans ton univers
comme une blessure
une prothèse parfaite
maudite nécessaire
tu as détourné mes veines
pour qu’elles se vident
dans les tiennes
irrémédiablement
en toi un demi-poumon respire
l’autre, que je sache
existe à peine
Aujourd’hui je me suis levée tôt
j’ai enduit de tacula* et d’eau froide
mon corps enflammé
je ne battrai pas le beurre
je ne mettrai pas la ceinture
j’IRAI
vers le sud sauter l’enclos
* Tacula: poudre rouge utilisée comme cosmétique.
(Paula Tavares)
Traduit du portugais par Michel Laban,
in Poésie d’Afrique au sud du Sahara, Actes Sud/Unesco,1995.
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Paula Tavares), aller, aujourd'hui, battre, beurre, blessure, ceinture, corps, désosser, détourner, eau, enclos, enduire, enflammer, exister, froid, inscrire, irrémédiable, maudit, mettre, nécessaire, parfait, poumon, prothèse, respirer, sauter, savoir, se lever, se vider, soigneux, sud, tôt, univers, veine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020

Le lundi, vingt-et-un. C’est la nuit.
La ville dort sous la brume triste.
Quel jean-foutre saisi par l’ennui
Proclama que l’amour, ça existe ?
Et, par ennui ou par habitude,
Tout le monde l’a cru — et toujours
On espère, on craint les ruptures,
Et on chante des chansons d’amour.
Mais certains découvrent le secret,
Et ceux-là, le silence les habite.
Par hasard j’ai su la vérité,
Et depuis je suis comme maudite.
(Anna Akhmatova)
Illustration: Jean-Claude Forez
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Anna Akhmatova), amour, brume, chanter, croire, découvrir, dormir, ennui, espérer, habitude, lundi, maudit, nuit, rupture, savoir, secret, triste, vérité, ville | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020

TU ME REPROCHES…
Tu me reproches d’effleurer ta lèvre à peine
Comme un vent caressant les feuilles en chemin
Et d’enfoncer ensuite avidement mes mains
Dans la terre vers les racines qui l’étreignent.
J’aime bien le feuillage au murmure enivrant,
Pourtant c’est la racine que je lui préfère :
Elle, qui n’a pas le baiser de la lumière,
Transmet à l’arbre son frisson en gémissant.
Ce qui se passe en nous, en nos jeux passionnés,
Certes ni toi ni moi nous ne le savons guère;
Mais je comprends que tu voudrais te dominer,
Pour ne pas me céder m’être plus étrangère.
Une force inconnue et qu’on ne peut soumettre
Nous couche tous les deux au sol et nous pénètre.
Notre amour, ce frère jumeau de la folie,
Etait un feu, c’était un immense incendie.
Et, sachant bien qu’il ne pouvait que nous détruire,
Qu’à ce maudit éclatement aucun de nous
Ne saurait échapper, comme dans la forêt
En flammes, sans aucun espoir de se sauver,
Toutes les bêtes vont périr épouvantées,
Hurlant et s’entre-déchirant, luttant à mort,
Cherchant en vain de quel côté prendre la fuite,
Alors que sur les eaux passe un courant de feu —
Nous deux, serrés l’un contre l’autre, restons là,
Ainsi que dans un conte, ne comprenant rien.
Nous avons mis le feu au bois de la sagesse
Et brûlons vifs, dans les flammes, dans la fumée.
(Mihai Beniuc)
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Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), aimer, amour, arbre, avidement, à mort, à peine, échapper, éclatement, épouvanter, étranger, étreindre, baiser, bois, brûler, caresser, céder, côte, chemin, chercher, comprendre, conte, coucher, courant, détruire, dominer, eau, effleurer, en vain, enfoncer, enivrer, espoir, feu, feuillage, feuille, flamme, folie, forêt, force, frère, frisson, fuite, fumée, gémir, guère, hurler, immense, incendie, inconnu, jeu, jumeau, lèvre, lumière, lutter, main, maudit, murmuré, passer, passionné, pénétrer, périr, préférer, racine, reprocher, rester, s'entre-déchirer, sagesse, savoir, se passer, se sauver, serrer, sol, soumettre, terre, transmettre, vent, vif, vouloir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 8 avril 2020

Illustration: Philippe Geluck
GRAMMAIRE
Peut-être et toujours peut-être
adverbes que vous m’ennuyez
avec vos presque et presque pas
quand fleurissent les apostrophes
Est-ce vous points et virgules
qui grouillez dans les viviers
où nagent les subjonctifs
je vous empaquette vous ficelle
Soyez maudits paragraphes
pour que les prophéties s’accomplissent
bâtards honteux des grammairiens
et mauvais joueurs de syntaxe
Sucez vos impératifs
et laissez-nous dormir
une bonne fois
c’est la nuit
et la canicule
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Soupault), adverbe, apostrophe, bâtard, canicule, dormir, empaqueter, ficeler, fleurir, grammaire, grammairien, grouiller, honteux, impératif, joueur, laisser, maudit, mauvais, nager, nuit, paragraphe, peut-être, point, presque, prophétie, s'accomplir, s'ennuyer, subjonctif, sucer, syntaxe, toujours, virgule, vivier | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 février 2020
Se sentir maudit?
– Et qui Bénirait?
(Guillevic)
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Posted in poésie | Tagué: (Guillevic), bénir, maudit, sentir | Leave a Comment »