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Posts Tagged ‘méditer’

« LE PENSEUR » DE RODIN (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Auguste Rodin
    
« LE PENSEUR » DE RODIN

Son menton sur sa main rude,
le Penseur se souvient qu’il est chair vouée à la fosse,
chair de fatalité, nue en face du destin,
chair qui hait la mort, qui a frémi de beauté,
frémi d’amour, tout le long de son ardent printemps
et maintenant, à son automne, sent l’envahir le flot de la vérité et de la tristesse.
Sur son front passe le « il faut mourir »
du bronze, lorsque la nuit tombe.

L’angoisse sillonne ses muscles tendus,
chaque creux de sa chair s’emplit de terreur;
il se fend, telle feuille d’automne, à la voix du Seigneur
qui l’appelle dans le bronze… Et il n’y a pas d’arbre tordu,
sur la plaine au feu du soleil, pas de lion blessé,
crispés comme cet homme qui médite sur la mort.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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UN MOT POUR LE VENT (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
UN MOT POUR LE VENT

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent.

Un autre mot, une phrase qui en soit pleine
Comme une voile, des vers
Qui se déplacent avec la légèreté du vent
Sur l’herbe ou parmi les arbres,
Qui bruissent en descendant le feuillage de la signification,
Un son qui évoque les sens, celui, soudain,
Lourd et mat, du fruit
Et de longs silences
A la surface du vent et en dessous.

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent ;
Aveugle comme Homère, méditant sur la mer vineuse,
Je médite sur le vent, fouillant
Les sources de nombreux chants en moi qui n’ont pas vu
le jour,
Révélant en un éclair la flamme constante,
Un feu au coeur du vent.

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Partant de Paumanok (Walt Whitman)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022




    
Partant de Paumanok

Partant de Paumanok à forme de poisson, où je suis né
Même bien né, élevé par les soins d’une mère parfaite,
Après avoir couru de nombreuses cités en amoureux des pavés populaires,
En habitant de ma cité de Manhattan, des savanes du sud,

Ou en soldat de campement, porteur d’un sac à dos et d’un fusil, ou en mineur californien,
Ou en homme rude dans ma maison des bois du Dakota, régime carné et eau de source,
Ou retiré pour musarder ou méditer dans quelque endroit secret,
Loin du cliquettement des foules passant par intervalles, ravies, heureuses,

Ayant la connaissance du frais, du libre bienfaiteur qu’est le fleuve Missouri, du puissant Niagara,
Des troupeaux de bisons paissant les plaines, du taureau au poitrail imposant et velu,
De la terre, des rochers, des fleurs du cinquième mois, des étoiles, de la pluie, de la neige, mon émerveillement,

M’étant instruit des notes de l’oiseau qui se moque et du vol du faucon des montagnes,
Puis ayant entendu l’incomparable à l’aube, la grive ermite des cèdres du marais,
Solitaire, chantant dans l’Ouest, j’affronte un Nouveau Monde

***

Starting from Paumanok

Starting from fish-shape Paumanok where I was born,
Well-begotten, and rais’d by a perfect mother,
After roaming many lands, lover of populous pavements,
Dweller in Mannahatta my city, or on southern savannas,

Or a soldier camp’d or carrying my knapsack and gun, or a miner in California,
Or rude in my home in Dakota’s woods, my diet meat, my drink from the spring,
Or withdrawn to muse and meditate in some deep recess,
Far from the clank of crowds intervals passing rapt and happy,

Aware of the fresh free giver the flowing Missouri, aware of mighty Niagara,
Aware of the buffalo herds grazing the plains, the hirsute and strong-breasted bull,
Of earth, rocks, Fifth-month flowers experienced, stars, rain, snow, my amaze,

Having studied the mocking-bird’s tones and the flight of the mountain-hawk,
And heard at dawn the unrivall’d one, the hermit thrush from the swamp-cedars,
Solitary, singing in the West, I strike up for a New World.

(Walt Whitman)

Traduction de Marie Etienne

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Si d’un coeur vrai (Pusol)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Si d’un coeur vrai on vit dans le monde
Pourquoi ne pas suivre la Voie chez soi ?
Si l’on connaît en toutes choses l’Un
Pourquoi seulement méditer à la montagne ?

(Pusol)

Recueil: Les mille monts de lune Poèmes de Corée
Traduction: Sunmi Kim
Editions: Albin Michel

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Une oie pond un oeuf dans une bouteille (Zen)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2021




    
« Une oie pond un oeuf dans une bouteille.
Plus tard, l’oeuf éclot et une oie en sort.
Comment cette dernière sort-elle de la bouteille ? »
demande le maître à son disciple.

Le moine se retire pour méditer.
Vingt ans plus tard, il sollicite un entretien avec le maître
et lui annonce qu’il a résolu le koan.

« Comment l’as-tu résolu ? demande le maître.

– L’oie est sortie », répond l’élève.

(Zen)

 

Recueil: Le doigt et la lune (Alexandro Jodorowsky)
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Son Nom (T.S. Eliot)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2021



Quand vous voyez un chat, silencieux, méditer,
La cause, sachez-le, est sa quête insondable:
Il a l’esprit perdu dans la contemplation
De la pensée de la pensée de la pensée de son nom,
Son nom ineffable, affablement ineffable,
Indicible, profond – et singulier -, son Nom.

(T.S. Eliot)

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LA LUMIÈRE ÉBLOUIT L’INVISIBLE (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



Illustration: Giorgio de Chirico
    
LA LUMIÈRE ÉBLOUIT L’INVISIBLE
(Le Philosophe et le Poète)

Un des états extrêmes qu’atteint l’homme
dans les peintures métaphysiques :
un mannequin d’osier
traversé de songes et d’énigmes.

Le ciel est sans oiseaux et les façades ont des fenêtres aveugles.
Dans la pénombre de la pièce, au premier plan,
deux Figures méditantes, de plâtre et de treillis,
contemplent un tableau posé sur un chevalet

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

Sur un fond outremer presque vide,
le tableau dessine le trajet d’astres capricieux
ou bien la chute des Esprits élémentaires de la matière.
On peut y voir, si l’on préfère,
les théorèmes de la Nuit.

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

Que se disent les deux Figures ?
—jusqu’où s’étend le bleu du doute ?
demande le Philosophe.
—jusqu’au parloir de l’orage,
répond le Poète.

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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EMPÉDOCLE (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2021



 
    

EMPÉDOCLE

«J’ai rêvé d’un suicide où dans la conquête et le dépassement de la mort
il me serait loisible de regretter pour la première fois le monde, de poursuivre mon geste
avec la certitude qu’il est absurde et vain.
Je devine, en mes chairs, un fourmillement d’êtres oisifs qui n’attendent que ma mort pour naître. »

Quarante ans de méditation ont conduit Empédocle dans le cratère du Stromboli.
À cet instant, pour la première fois,
il a vu un volcan, un ciel bleu, une fumée sulfureuse,
une mort apprise chaque jour et enfin récitée dans le feu de la terre.

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Un râteau a tracé ces tranquillités immobiles (Brigitte Sensevy)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2021




    
Un râteau a tracé ces tranquillités immobiles.
L’espace clos médite à présent.
Montagnes immenses sur des îles lointaines, elles seules
se permettent de sursauter au bruissement des ginkgos.
De rêveries en absence de soi, les cercles concentriques
du silence s’emparent du coeur de celui qui ne fait que passer.

Il pense qu’il ne fait que passer sur la terrasse surplombante
mais cet espace longtemps encore s’insinuera dans ses pensées.

(Brigitte Sensevy)

 

Recueil: Bruissement d’elles
Traduction:
Editions: L’Harmattan

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Myson (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2020



    

Myson

Myson fut connu dans la Grèce
Par son amour pour la sagesse ;
Pauvre, libre, content, sans soins, sans embarras,
Il vivait dans les bois, seul, méditant sans cesse,
Et par fois riant aux éclats.
Un jour deux grecs vinrent lui dire :
De ta gaîté, Myson, nous sommes tous surpris :
Tu vis seul ; comment peux-tu rire ?
Vraiment, répondit-il, voilà pourquoi je ris.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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