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Poésie

Posts Tagged ‘mélancolie’

Moi je ne l’ai pas invitée (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 2 juin 2023



Illustration
    
moi
je ne l’ai pas invitée
à me rendre visite
elle tourne autour de moi
je la chasse
mais
telle une mouche noire
telle une mouche noire et laide
elle vole ici et là
et se pose au fond de mon coeur
la mélancolie
est une vache idiote
qui rumine
l’herbe et la paille de ma joie

(Maram al-Masri)

Recueil: Cerise rouge sur carrelage blanc
Editions: Bruno Doucey

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RETOUCHE A LA MÉLANCOLIE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



RETOUCHE A LA MÉLANCOLIE

L’amour garde la chambre
et ceux qu’il a mis au monde
observent la pendule
dont les étoiles tombent
prises du haut mal
qui vide le ciel.

(Daniel Boulanger)

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Il n’est pas rare que je me plonge dans un livre de haïkus (Thierry Cazals)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2023



    

Il n’est pas rare que je me plonge dans un livre de haïkus
quand je traverse des événements rudes et âpres :
décès d’un proche, maladie, creux de la vague…

Se frotter à la beauté abrupte et sans apprêt du haïku
aide à affronter les épreuves de la vie,
ces moments où la réalité semble se dérober sous nos pas.

Dans ces instants-là,
tous les ornements de la littérature tape-à-l’oeil
sonnent creux et faux.

On a soif d’authenticité, de dénuement,
de simplicité radicale.

Ce n’est pas par de mièvres flonflons
que l’on soigne le vague à l’âme ou la mélancolie,
mais par le silence sec des déserts
et l’eau glacée des torrents.

(Thierry Cazals)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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Richesse (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023




    
Richesse

J’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu,
j’ai l’un comme la rose,
l’autre comme l’épine.
De ce qu’on m’a ôté,
ne suis dépossédée :
j’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu
et suis riche de pourpre
et de mélancolie.

Ah! bien-aimante rose!
Ah! bien-aimée épine!
Tel le double contour
de deux beaux fruits jumeaux,
j’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu…

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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Jamais content (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Jamais content

Elle me dit que j’ pleure tout le temps
Que j’ suis comme un tout p’tit enfant
Qu’aime plus ses jeux, sa vie, sa maman
Elle dit que j’ pleure tout le temps
Que j’ suis carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content

Déjà mes parents, dans le temps
Voulaient que j’aille faire le charmant
Chez des amis d’ mon grand-père
Des pharmaciens, des notaires
Qui me trouvaient carrément vulgaire
Très ordinaire
Carrément vulgaire
Très ordinaire

Puis on m’a enrôlé d’office
À Pau, dans les parachutistes
Ils voulaient que j’ tombe des avions
Accroché à un champignon
Je leur ai carrément dit Non
Pas beau, l’avion
Carrément dit Non
Pas beau, l’avion

Je me suis sauvé en Angleterre
J’ faisais le frenchman, super lover
Je me teignais les cheveux, les sourcils
Pour être plus brun, pour faire viril
Carrément débile
J’trouve pas mon style
Carrément débile
J’trouve pas mon style

J’ai chopé la mélancolie
En faisant des chansons sur mon lit
Une commande pour chanteur pas bien
Fallait que j’dise France Américain
Ça m’a carrément miné
Tout dégoûté
Carrément miné
Tout dégoûté

Promoteurs, ils voulaient, canailles
Que j’ fasse dessous d’ table, homme de paille
Construire des tours de carton bleu
Pour que les petits garçons mettent leurs jeux
J’y ai carrément mis le feu
Bien fait pour eux
Carrément mis le feu
Bien fait pour eux

Elle me dit que j’ pleure tout le temps
Que j’ suis comme un tout p’tit enfant
Qu’aime plus ses jeux, sa vie, sa maman
Elle dit que j’ pleure tout le temps
Que je suis
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content (jamais content)
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant
Jamais content (jamais content)
(Carrément méchant
Jamais content
Carrément méchant)

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

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De celui qui passe (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 10 février 2023




    
De celui qui passe
mouillant de larmes sa manche
les sauniers dans leur cabane
d’où s’élèvent les fumées vespérales
voient-ils la mélancolie?

***

Yukisuguru
Bode mo shiho ya no
yuhu keburi
tatsu tote ama no
sabishi to ya minu

(Anonyme)

Recueil: En longeant la mer de Kyôto à Kamakura
Traduction: Le groupe Koten
Editions: Le bruit du Temps

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SUR UN AIR LENT (Li Qing Zhào)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR UN AIR LENT

Quêter, quérir, fouiller, fureter,
Froidure vide, froid dur limpide,
Morne monotonie, amère mélancolie, lamentable ennui…
Douceur subite, retour du froid,
Cette saison où je souffre le plus de respirer ;
Avec trois gobelets et deux coupes de vin clair,
Comment y résister, quand le soir vient, quand le vent s’énerve ?
Voici les oies sauvages parties,
Le plus cruel à mon coeur,
Pourtant nous étions bien complices aux temps passés.

Partout au sol les chrysanthèmes s’amoncellent,
Défraîchis et déchus
à présent, qui viendrait prendre la peine de les ramasser ?
Veillant près de la fenêtre,
Solitaire, par moi-même comment parviendrai-je à rejoindre l’obscurité ?
Au sterculier vient s’adjoindre la bruine,
Qui jusqu’au crépuscule dégoutte et dégouline ;
Et toute cette composition,
Comment le seul mot de « souci » pourrait-il en donner le sens ?

***

(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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SUR L’AIR DE LA BELLE DE YU (Li Yù)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR L’AIR DE LA BELLE DE YU

Floraisons de printemps et lunaisons d’automne, quand finiront-elles ?
De ce qui fait le passé, que saisit-on vraiment ?
Lorsque sur la petite pagode la nuit dernière vint le vent d’est,
L’ancien royaume ! Je n’ai pas eu la force, baigné par la clarté de la 1une,
d’en retrouver le souvenir.

Les balustrades sculptées et les marches de jade,
sans doute subsistent-elles encore !
C’est seule la fraîcheur de notre jeunesse qui s’altère.
Dites-moi : peut-il se trouver autant de mélancolie
Que ce que tout un fleuve charrie vers l’est d’eaux printanières ?

***

(Li Yù) (937 – 978)

 

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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Photographe (Umar Qaddur)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023




    
Photographe

C’est un homme
nous pourrions lui rajouter
un banc dans un jardin
un peu de mélancolie et d’attente
ce ne serait pas mal, un brin d’automne
et des passants.

***

(Umar Qaddur)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Je n’aime que les livres dont les pages sont imbibées de ciel bleu (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



Je n’aime que les livres dont les pages sont imbibées de ciel bleu
– de ce bleu qui a fait l’épreuve de la mort.
Si mes phrases sourient c’est parce qu’elles sortent du noir.
J’ai passé ma vie à lutter contre la persuasive mélancolie.
Mon sourire me coûte une fortune.
Le bleu du ciel, c’est comme si une pièce d’or
tombait de votre poche et qu’en l’écrivant je vous la rendais.
Ce bleu en majesté dirait la fin définitive du désespoir
et ferait monter les larmes aux yeux.
Vous comprenez ?

(Christian Bobin)

 

 

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